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Les nouvelles modes de l'information


Non, rien de profond à dire (un peu plus structurant, il y a ceci), mais un brin d'émerveillement devant quelques tendances (respectivement comique, préoccupante et futile).

Hier, à l'occasion du décès de Jérôme Savary, étonnamment relayé avec une certaine abondance dans les médias généralistes :

Bonjour [Quel-qu'ait-été-son-prénom], vous êtes en direct de l'Opéra-Comique.

C'était mardi, 15h. Evidemment la place était vide, on ne pouvait pas même interroger le spectateur ébaubi.

La mode de l'hendécaplex est très sympathique, mais aller jusqu'à dépêcher un journaliste pour couvrir une rubrique nécrologique en direct d'un lieu désert où le défunt ne travaillait plus depuis près de six ans, c'est peut-être pousser le zèle un peu loin.

A l'inverse de cet ultra-professionnalisme, il semble que Twitter soit devenu un alibi formidable pour faire dire tous les gros mots et toutes les outrances qu'on ne peut en principe jamais proférer à l'antenne ou dans les journaux. Le temps passé à lire, ou la place occupée par les captures d'écran, émanant d'anonymes qui ont seulement l'heur de parler avec excès (ou d'avoir la même opinion que celui qui écrit le papier), devient particulièrement pénible.
Il faut dire que c'est commode, par le pouvoir de la citation, on peut traîner les gens dans la boue en donnant en pâture des déclarations à l'emporte-pièce (souvent sans intérêt, et de toute façon pas conçues pour être lues à grande échelle), sans bien sûr n'avoir rien dit soi-même. Le chef-d'oeuvre de la prétérition. Le comble simultané de la complaisance et de la lâcheté.


Et tout cela pendant que, plus grave, tout le journalisme audio et audiovisuel semble s'acharner, tout en invitant force spécialistes, à prononcer "Beppe Grillo" à l'espagnole. Ca ne coûte pourtant pas cher de se renseigner en ouvrant Wikipédia, ou tout simplement de le prononcer à la française.
Décidément, notre société a perdu le sens des priorités. Heureusement qu'il fait plus doux en mars, sinon, en plus de tous ces drames, il n'y aurait plus de saisons.


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Commentaires

1. Le samedi 9 mars 2013 à , par Ouf1er

"il semble que Twitter soit devenu un alibi formidable pour faire dire tous les gros mots et toutes les outrances qu'on ne peut en principe jamais proférer à l'antenne ou dans les journaux. "

Parfait ! Je suis effaré comme toi de voir l'importance que prenne ces déclarations à l'emporte-pièce, dénués le plus souvent de toute subtilité et de finesse. Nous sommes bien dans l'ère de la communcation-choc.

Cela dit, l'avantage supplémentaire des comptes twitter, c'est de pouvoir envoyer des messages directs à l'attention des titulaires desdits comptes. Aprés, il ne faut peut-être pas trop se faire d'illusions sur le fait que ces messages soient effectivement lus par leurs destinataires, mais on preferera parfois garder cette illusion.

2. Le samedi 9 mars 2013 à , par David Le Marrec

Sauf erreur, ces réponses n'étant pas visibles par les lecteurs de ces comptes (heureusement : c'est le truc qui m'effrayait le plus à propos de Facebook, que n'importe qui vienne barbouiller la page qui regroupe tous les éléments constitutifs de ta vie !), l'effet est limité.

Mais le problème, à mon sens, ne se situe pas dans les participants à Twitter. On peut discuter de la pertinence d'écrire en si peu de caractères - j'ai essayé, et impossible d'exprimer quelque chose de précis ou de nuancé, il y a pas de place pour les "mais" ! Néanmoins, lorsqu'on va lire Twitter, on ne peut pas ne pas être conscient de cela : des micro-instantanés, des paroles informelles comme celles qu'on a le temps de lancer à la volée à quelqu'un qu'on croise dans un couloir. Ca a son charme aussi.

Le problème réside surtout dans l'utilisation qui en est faite par beaucoup de médias sérieux. Quand c'est la parole d'un ministre, ok : c'est un officiel, il doit assumer. Mais quand on prend la parole d'anonymes juste parce que les propos sont outrés et supposément amusants, on donne une forme de prime à l'extrémisme et à l'attaque ad hominem. Ces messages ne sont pas cités en raison de la qualité de l'auteur (et encore moins des propos), mais simplement parce qu'il permettent de relayer des insultes que les journalistes n'auraient pas le droit de formuler.

Combien de fois ai-je lu des articles, jubilant manifestement, reproduire des insultes (et sur Twitter, il n'y a pas la place pour les justifier) sur des hommes publics... Ca aurait paru sous la plume des journalistes, on les aurait poursuivis pour injure ou diffamation. Une forme de porte ouverte insupportable à l'invective et la calomnie, que quelques-uns empruntent avec un peu trop d'entrain à mon gré.

« CecompteTwitter a dit : "Machin est un espion / un escroc / un voleur / un traître / un fasciste / un pédophile." »

Quand c'est un anonyme, c'est désagréable, déplacé, répréhensible. Quand ça paraît dans un journal, c'est en principe un délit (et c'est heureux !).

3. Le dimanche 10 mars 2013 à , par Olivier

Salut David et Ouf1er !
il y a encore quelques mois, j'étais de ceux qui lisaient 15 articles différents de la même info et qui lisaient les messages s'y rapportant sur twitter pour savoir ce que les gens (en tout cas ceux qui s'expriment sur twitter) en pensaient. Aujourd'hui, je ne lis plus que science&vie; et pour le reste, je préfère me promener dans la nature et observer les oiseaux qui twittent avec tellement plus de talent que les poulets obèses de twitter qui n'ont jamais su voler.
Les politiques, que j'étais le premier à défendre jusque là _qu'ils soient de gauche ou de droite_ ont fini par me lasser avec leurs réactions "à vif" qui ressemblent plus à de la censure politiquement correcte qu'à de l'argumentation sur le fond. Aussi, les investissements de prestige qu'ils votent localement alors même que leur ville est en crise ont fini par m'écoeurer au plus haut point. Je pense que les media ont autant leur part de responsabilité que nos politiques qui en ont fait un instrument indomptable, comme si on écoutait une musique infinie, disgracieuse et pleine de notes inutiles que personne ne saurait comment arrêter. Je préfère maintenant écouter moins de musique mais la choisir avec le meilleur soin.

4. Le mardi 12 mars 2013 à , par David Le Marrec

Bonjour Olivier !

La surdose d'information peut être assez désespérante, c'est vrai.

Cela dit, le phénomène que je relevais ici ne concerne pas les hommes politiques (ou alors en tant que victimes) : je parlais bien des anonymes érigés au rang de "source" le temps d'une invective. Quand c'est un ministre ou un chef de parti, ce n'est pas forcément intéressant, mais ça émane au moins de quelqu'un dont on a les références.

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