Carnets sur sol

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Discographie - Le concerto pour violoncelle d'Elgar sans Du Pré


(Partielle : plutôt une proposition de parcours.)

Parce qu'on a tous envie de se laisser dégouliner de temps à autre, de s'érabliser avec délices dans une mer de sucres visqueux... un petit concerto pour violoncelle d'Elgar ne fait pas de mal. Ce n'est pas virtuosement orchestré (tutti patauds), c'est plus rhapsodique que cérébral, mais ça fonctionne très bien lorsque l'humeur concorde avec la grandiloquence sans subtilité.

Personnellement en tout cas, je suis très client, et j'en ai fréquenté de plus baroqueux ou de plus rigoristes que moi qui aimaient à s'abandonner à ce concerto où triomphent à la fois le mauvais goût post-romantique anglais (trois tares simultanées) et une forme d'émotion assez naïve, qu'on pourrait rapprocher de l'exaltation devant les grands espaces d'une vallée boisée, ou l'inquiétude grisante du vaisseau perdu au creux de la mer par temps gris.

Comme beaucoup aussi, j'ai longtemps cru, sans vraiment le vérifier, que la version Du Pré / LSO / Barbirolli (qui n'était pas ma première, je précise) réglait d'une certaine façon la question, tant l'emphase coutumière de la soliste convenait si parfaitement à cet univers-là. Et plus que dans l'importe laquelle de ses autres versions avec d'autres chefs.


Et puis, parce qu'on gagne toujours à chercher un peu autour de ce qui est indépassable, manière de bousculer ses certitudes et de percer d'autres voies, j'ai découvert qu'il en allait autrement.

Au fil du temps, nos goûts changent, je ne parviens toujours pas à savoir si c'est en mieux. Et je me suis progressivement détourné de Jacqueline Du Pré. D'abord dans d'autres répertoires, particulièrement ses Sonates pour violoncelle de Brahms, d'un son extraordinaire, si ample qu'on pourrait s'y perdre pendant des années, mais aussi d'une grande robustesse, un peu lisses à force d'être toujours intenses. Là aussi, en allant un peu chercher, j'ai découvert d'autres lectures d'apparence moins généreuse, plus élégantes (par exemple Thedéen / Pöntinen), où la demi-teinte et la pudeur avaient leur place.

Pour Elgar, je ne souhaite pas le moins du monde défaire le mythe : la symbiose des (mauvais ?) goûts est d'une certaine manière assez inégalable entre Du Pré et Elgar. Néanmoins, lorsqu'on y revient avoir s'être un peu libéré l'oreille du modèle, on peut être moins persuadé de son caractère absolu. J'y entends, en fait, un phénomène assez proche des interprétations de Callas : le moindre portamento y est souligné, les effets de style y sont en tout cas extrêmement visibles, et les moments forts sont très ostensiblement soulignés - une forme d'expression au stabilo. A l'opéra, cela produit pour effet de renforcer les mots ou les notes qui sont déjà forts, et qui "sonnent" d'une certaine façon déjà seuls.
Or, avec un son aussi profond, pour l'une et l'autre, un timbre aussi personnel, une présente aussi prégnante... était-il vraiment besoin d'ajouter ce surcroît de pathos, comme pour bien nous dire où il faut s'émouvoir ? Les moyens artistiques de ces deux musiciennes étaient suffisants, à mon sens, pour ne pas avoir recours à ce type d'emphase un peu "carrée".

Il existe donc d'autres façons d'aborder ce concerto. La parution de Mørk / Birmingham / Rattle (Naïve) avait fait quelque bruit, et il est exact que la vision en est très différente - comme toujours avec ce violoncelliste, nette, assez froide, et le son étroit et tendu contraste avec la générosité sans limites de Du Pré, assurément. Mais l'intérêt de couper du sirop d'érable avec des légumes verts m'échappant un peu, j'avoue ne pas changer de came pour si peu.
D'autres lectures m'ont davantage convaincu, et même plus que Du Pré en théorie ; toutefois je ne suis pas persuadé, pour des raisons similaires, d'y revenir si souvent. Bengtsson / Symphonique d'Islande / Jacquillat (Danacord) et Thedéen / Malmø / Markiz (BIS) regardent beaucoup plus du côté de la délicatesse, de la poésie mélancolique, tout à fait dénuée de tristesse au demeurant. La réalisation du premier n'est pas aussi parfaite que les autres (prise de son essentiellement), et le second accuse peut-être quelques baisses de tension, mais le principe est intéressant. Avec un violoncelle plus fruste mais un orchestre extrêmement inspiré, Wallfisch / Liverpool / R. Dickins (Nimbus) creuse le même sillon.

Dans cette perspective, c'est à Noras / Radio Finnoise / Saraste (Finlandia) que je donnerais la palme. L'orchestre est splendide, et comme toujours avec Saraste, au profit de couleurs très lumineuses (ici assez pastorales), tout à fait inhabituelles dans ce concerto qui ne perd pourtant rien en solennité. Les deux compères s'autorisent de réels moments de rêverie suspendue, sans jamais relâcher la tension. De quoi renouveler très conséquemment sa vision du concerto, des moments qui semblaient transition entre deux éclats chez Du Pré deviennent le coeur du discours, avec une qualité de contemplation remarquable.

Néanmoins, l'ivresse elgarienne étant ce qu'elle est, on peut retrouver les mêmes plaisirs défendus qui nous faisaient chérir Du Pré dans une version qui allie ce magnétisme du timbre, cette grandeur de la phrase à une sobriété dépourvue de tout phrasé baveux ou complaisant. La présence magnétique Callas avec le port de Tebaldi.
Cette petite merveille n'est pas bien ancienne, il s'agit de la version Gastinel / Birmingham / J. Brown (Naïve), dont l'ample intensité n'est jamais poussée jusqu'à la complaisance ou l'excès de bonne volonté expressive.
Elle a en tout cas, à l'usage, complètement remplacé Du Pré dans mes écoutes.

Ce disque est librement disponible à l'écoute, avec un joli couplage original (concerto de Barber), et je ne saurais évidemment trop vous recommander de le découvrir.


Cliquez sur la pochette pour aller écouter l'album.


Si vous avez l'âme à cela, bien sûr. Les êtres qui ne conservent plus la moindre trace de fange sous leurs semelles spirituelles s'en dispenseront. Ils voudront peut-être plutôt aller s'abreuver aux épures, lumineuses jusqu'à l'insoutenable, du Requiem de Févin-Divitis dont une seconde version (Organum, après Doulce Mémoire) paraissait au début de cette année. Et dont je n'ai toujours pas eu le temps de faire état. [1]

Notes

[1] Mais d'autres l'ont déjà fait avec un enthousiasme et une érudition admirables.


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Commentaires

1. Le lundi 5 novembre 2012 à , par Palimpseste

Salut David,

Pour ma part, je n'ai jamais bien compris l'engouement pour ce concerto. Ou plutôt si, je devine qu'à l'époque où les concertos pour violoncelle écrits par de grands compositeurs se comptaient sur les doigts d'une main, avoir quelque chose par Elgar, ça faisait son petit effet. Prokofiev, Chostakovitch, Hindemith, Dutilleux, Lutoslawski, Ligeti et Britten sont passés par là et du coup, cette pièce semble bien anecdotique à côté.

Alors oui, il a un petit charme mélancolique sympa et l'introduction met vraiment en appétit mais est-ce assez pour en faire un pilier du répertoire? Tant qu'à faire, Du Pré amène une force de conviction bienvenue mais même avec elle, je ne passe pas le deuxième mouvement, après, c'est le roupillon assuré.

2. Le lundi 5 novembre 2012 à , par David Le Marrec

Bonsoir !

Précisément, je trouve que l'intérêt ne faiblit pas avec Gastinel / Brown ou Noras / Saraste, contrairement aux versions Du Pré ou Thedéen. Et puis, après tout, il y a tellement peu de concertos pour violoncelle romantiques célèbres (Schumann, assez peu joué par ailleurs, Saint-Saëns, et puis ?)... La liste que vous citez remplit un autre besoin, pas du tout dans la même esthétique.

3. Le mardi 6 novembre 2012 à , par Palimpseste

C'est lundi alors on se vouvoie?

"Et puis, après tout, il y a tellement peu de concertos pour violoncelle romantiques célèbres(Schumann, assez peu joué par ailleurs, Saint-Saëns, et puis ?)"

Euh... Dvorák, non? C'est fait exprès de ne pas citer le meilleur? Schumann est assez peu joué, c'est vrai et surprenant. Sans être sa meilleure oeuvre, c'est quand même un fort beau concerto. Saint-Saëns, je goûte moins mais il est quand même bien supérieur à celui d'Elgar. J'essayerai quand même Gastinel pour voir.

"La liste que vous citez remplit un autre besoin, pas du tout dans la même esthétique."

Oui c'est exact mais ce que je voulais dire, c'est que si ce concerto à beaucoup été enregistré, c'est surtout parce qu'on avait vite fait le tour du répertoire. Ce n'est plus le cas maintenant.

4. Le mercredi 7 novembre 2012 à , par David Le Marrec

C'est mardi alors on se tutoie !

Oui, Dvořák, était-il même besoin de le citer (son absence n'était pas volontaire, pardon), effectivement un sommet du genre. Peut-être celui que j'écoute le plus volontiers, je te rejoindrai là-dessus. J'aime beaucoup ceux de Saint-Saëns pour ma part.

J'ai beau être quasi-inconditionnel de Schumann, je classe tout de même ce concerto parmi ses oeuvres mineures, contrairement à son concerto pour violon qui a beaucoup moins bonne réputation, et qui est de mon point de vue l'une de ses oeuvres les plus fascinantes.


Oui c'est exact mais ce que je voulais dire, c'est que si ce concerto à beaucoup été enregistré, c'est surtout parce qu'on avait vite fait le tour du répertoire. Ce n'est plus le cas maintenant.

Mais c'était clair d'emblée, et tu as sans doute raison. Non pas qu'il n'ait pas existé de concertos pour violoncelle auparavant mais, comme tu le signalais plus haut, pas de noms aussi prestigieux ou appréciés du grand public et de la critique.

Bonne (fin de) soirée !

5. Le mercredi 7 novembre 2012 à , par Palimpseste

Bonjour,

"Oui, Dvořák, était-il même besoin de le citer (son absence n'était pas volontaire, pardon), effectivement un sommet du genre. Peut-être celui que j'écoute le plus volontiers, je te rejoindrai là-dessus"

Oh le bel háček, je suis jaloux (le mien, c'est du copié-collé)...

Pour moi aussi, c'est concerto romantique pour violoncelle auquel je reviens le plus souvent, et de loin. Quelques regrets: que Beethoven, Brahms et Tchaïkovsky n'en ait pas écrit alors qu'ils y avaient pensé, et peut-être même commencé à le faire pour les deux derniers. Hors des grands noms, je citerais celui en la mineur de Vieuxtemps.

"J'ai beau être quasi-inconditionnel de Schumann, je classe tout de même ce concerto parmi ses oeuvres mineures."

Ah oui, il y a certainement mieux chez lui en particulier dans la musique de chambre ou le piano. Je ne connais pas le concerto pour violon.

Bonne après-midi.

6. Le mercredi 7 novembre 2012 à , par David Le Marrec

Mais le mien aussi, j'ai un fichier spécifique où je conserve prêts à l'emploi mäkčeň et autres diacritiques, de façon à pouvoir les insérer sans tapisser mes murs en Unicode.

C'est juste pour Vieuxtemps, au même titre que ses autres concertos, ceux pour violoncelle, qui sont beaucoup plus rarement enregistrés, méritent l'écoute, toujours une certaine forme d'élégance dans ce lyrisme qu'on peut trouver académique, mais qui n'est pas dénué d'inspiration, à mon gré.

Le concerto pour violon de Schumann a peu d'adeptes, je dois dire (alors que beaucoup vantent son concerto pour violoncelle), sans doute parce qu'il est particulièrement déroutant. Son premier mouvement semble refuser de se soumettre à la logique mélodique, comme s'il sombrait dans une sorte d'hébétude d'où n'émergent que des morceaux de discours. Le troisième, lui, peu au contraire être trouvé d'une gaîté assez conventionnelle... Mais je trouve les trois très convaincants, chacun dans leur goût propre.

7. Le jeudi 24 janvier 2019 à , par Klari

Hello !

Tu sais que je n'ai jamais pu rentrer dans ce concerto ? Ou plutôt dans la version Du Pré / Barbirolli ?

C'est chose faite depuis la version Hoffman/Arming/Liège ! (Concert et cd aussitôt acheté à lentracte)

Morale : tu as écrit cette notule trop tôt..

8. Le jeudi 24 janvier 2019 à , par DavidLeMarrec

(Prosterné, face contre terre.)

Klari du Klariscope chez moi ! Et moi qui n'ai pas rangé ce désordre, grand Dieu…

Figure-toi que j'ai écouté ce disque… avant-hier, et je vais en parler très prochainement dans le fil sur les nouveautés (bien que cela date déjà de novembre dernier). J'adore Gary Hoffman depuis toujours, et effectivement il n'y a pas mieux pour la partie de violoncelle, d'une éloquence rare (et la densité, la diversité du son…). En revanche côté orchestre, c'est vraiment pas fabuleux, tout mou et exclusivement cordé… Donc ça ne surpasse pas forcément Gastinel pour moi, mais l'orchestre étant assez peu capital dans cette œuvre, ça en fait un des plus beaux choix possibles, complètement.

Heureux de découvrir ta joyeuse épiphanie !

9. Le jeudi 24 janvier 2019 à , par Klari

Très heureuse, moi aussi...

Et bien, je l'ai écouté donner une master class au Cnsm (tu imagines, le son qu'il a sans la pression du concert, sans public, sans caméras ? ). Le lendemain j'avais mes billets pour aller l'écouter à Bruxelles.

J'ai passé un excellent weekend et 30 minutes à 1m50 du maître...:-)

10. Le samedi 26 janvier 2019 à , par DavidLeMarrec

Quand je l'ai découvert par France Musique il y a presque 20 ans, j'ai immédiatement été foudroyé, au delà du son (juste parfait, pas de ces sons de violoncelle qui geignent, ni qui se complaisent dans leur ronronnante volupté), par l'évidence musicale de ce gars… et il s'avère qu'il donne peu de concerts en France, et qu'il n'a pas enregistré énormément de disques non plus (ses Mendelssohn sont très grands, bien sûr).

En effet, joli coup de foudre que tu racontes là !!

11. Le dimanche 27 janvier 2019 à , par Laurent :: site

Affreuse honte, j'étais complètement passé à côté de cette notule !
N'ayant dans l'oreille que cette unique version Du Pré / Barbirolli, je vais m'empresser d'aller écouter celle de Gastinel.
Merci pour cette étude comparative :)

12. Le lundi 28 janvier 2019 à , par klari

"l'emphase coutumière de la soliste convenait si parfaitement à cet univers-là"
tu sais quoi ? j'en suis de moins en moins sûre. la prochaine fois qu'on se prend un café (ça arrivera !) je te confierai une anecdote de violoncelliste qui m'en douter ;-) #teaser #coffeetime

13. Le lundi 28 janvier 2019 à , par antoine

Connais pas Gastinel mais Du Pré/Barbirolli ça chatouille quand même la tripe! Personne ne connait celui d'Atterberg, en particulier l'enregistrement sous la baguette du magnifique Rasilainen?

14. Le mardi 29 janvier 2019 à , par Diablotin

Du coup, je suis allé lire la notule consacrée au concerto pour violoncelle d'Elgar, pour voir quelles autres alternatives tu proposais : je n'y ai trouvé aucune des miennes, dans un concerto que j'aime vraiment beaucoup, et qui sont, sans ordre de préférence :
• Weilerstein / Staatskapelle Berlin -Barenboim, Decca 2012 -ça y est, tu es tombé de ta chaise :-D !!!
• Starker / Philharmonia - Slatkin, RCA 1992
• Maisky / Philharmonia, Sinopoli, DGG 1990. -Plus généralement, j'ai toujours trouvé Sinopoli excellent dans Elgar, où il se montre moins singulier que dans d'autres oeuvres-.
La seconde version dirigée par Elgar himself -1928, violoncelle : Beatrice Harrison- est intéressante historiquement, et beaucoup moins "dégoulinante" que bien des versions postérieures, malgré l'usage abondant du portamento -le son est excellent pour l'époque, c'est un enregistrement électrique de belle qualité-.

15. Le mardi 29 janvier 2019 à , par DavidLeMarrec

Bonsoir, cohorte nombreuse ! Merci pour ces enrichissements…

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@ Laurent :
On ne répétera jamais assez à quel point CSS est un lecture saine. Si l'abo n'était pas aussi cher, on le lirait tous les jours. Du Pré / Barbirolli est bien sûr une excellente référence, dans un genre qui ressemble à l'émotion immédiate qu'apportent le timbre de Ferrier ou Callas (artistes par ailleurs considérables, mais qui ne seraient pas forcément aussi emblématiques si on considérait les seules qualités musicales). Cela paraît si bien coller à ce concerto, essentiellement mélodique, qu'on pourrait croire que les deux sont indissociables ; or, d'autres artistes y réussissent aussi bien dans une optique moins emphatique ou plus subtilement sophistiquée… Lectures complémentaires donc. (D'ailleurs ça y est, tu me donnes envie de réentendre Du Pré, que je n'ai pas écoutée depuis assez longtemps, ayant moi aussi découvert le reste de la discographie assez tard, tant ses deux disques s'identifiaient pleinement à cette musique.)

Pas sûr que Gastinel soit celle que je t'aurais recommandée en premier, mais je t'en prie, tente, c'est vraiment très réjouissant aussi.

--

@ Klari :
Ce vil chantage ne te grandit pas. :)
Avec plaisir, bien sûr.

J'ai moi aussi lu des propos moins amènes (rarissimes, encore plus que pour Callas qui est quand même assez méprisée par les antibelcantistes, ou même que Ferrier), et on m'a même rapporté récemment un propos « plus grande imposture musicale de tous les temps comme [je ne suis plus sûr, mais ce devait être Rieu, Bocelli, quelqu'un qui n'avait pas grand rapport] ». Mais enfin, le moins qu'on puisse dire est qu'elle joue très très (très très) bien du violoncelle.
Ma réserve à moi, c'est qu'elle brosse dans le sens du poil, avec un son extraordinairement dense, robuste dans les graves, si bien qu'on s'occupe moins de la musicalité (qui est belle, mais probablement plus sommaire que chez d'autres moins dotés du côté du son, du type Thedéen). Les graves de ses Sonates de Brahms sont tels qu'on ne se pose presque plus la question de la musique qu'elle joue, comme lorsqu'on est soudain fasciné par un grain de voix. Mais enfin, ce n'est pas sa faute !

--

@ Antoine : Gastinel n'est pas du tout aussi viscérale ; elle passe par d'autres canaux – en cela, je la trouve plus nourrissante à la longue, mais ça ne dispense pas de vivre l'expérience particulière des versions Du Pré.

Si, si, bien sûr, je gage qu'ici tout le monde admire les concertos d'Atterberg (effectivement Rasilainen ne rate rien… intégrale symphonique splendide, sa Première de Nielsen est merveilleusement élancée, lyrique et lumineuse, également).

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@ Diablotin :
J'avais été très agréablement surpris par Weilerstein-Barenboim en effet (mais cette notule a été publiée quelques semaines avant la parution, je crois, en tout cas je ne l'avais pas écouté à l'époque). À la réécoute il y a peu, assez déçu, j'ai trouvé ça assez uniforme ; je suppose que j'ai été avant tout agréablement surpris qu'une violoncelliste à la mode et Barenboim fasse du bon boulot. Bref, c'est bon, mais on reste dans l'univers essentiellement de l'affect brut, sans l'impact de Du Pré (même avec Barenboim première manière).

Je n'ai pas essayé les deux autres – je n'associe pas vraiment Maisky (que j'aime beaucoup) au son chaleureux attendu, et les témoignages de Slatkin chez RCA sont assez mous (Starker, que je ne suis pas particulièrement par ailleurs, pourrait être très bien, c'est vrai !).

Je tenterai – Elgar inclus, donc. Merci pour ces recommandations !

16. Le mercredi 30 janvier 2019 à , par Laurent :: site

J'ai écouté Elgar par Gastinel (ainsi que son Barber d'ailleurs que je ne connaissais que par Yo-Yo Ma). Écoute très intéressante avec une lecture effectivement assez différente de celle de du Pré (moins d'emphase, plus intérieur). Je vais réécouter les 2 à la suite dans les prochains jours. Mais ce n'est pas interdit que je garde les deux et que j'alterne en fonction de l'humeur :)

17. Le jeudi 31 janvier 2019 à , par DavidLeMarrec

Content que ça t'ait plu !

J'ai réécouté de mon côté les deux Du Pré, et j'avoue que face aux jeunes violoncellistes (Hecker-Anvers-De Waart, ça envoie aussi !), ça a quand même un peu vieilli, tant le niveau technique s'est élevé.

18. Le lundi 4 février 2019 à , par klari

hello David !

Ah, mais je ne voulais pas être aussi virulente, hein. Evidemment que la lecture Du Pré a une valeur remarquable. Et oui, elle joue très très très très bien. Ma réserve (qui rejoint la tienne) est que j'ai distinctement l'impression que les émotions qu'elle transmet via ce concerto sont les siennes. Celle d'une jeune femme remarquablement douée et excellente violoncelliste, mais qui s'approprie un texte pour en faire autre chose, et faire dire autre chose à ce texte. Qui marche, certes.

En l'occurrence, Hoffman me semble beaucoup plus proche, avec cette lecture intérieure, sans effets de manche, des aspects contemplatifs, crépusculaires de ce concerto, qui est un le chant du cygne d'Elgar, quand même.

le reste avec un café.
(le 26 ?)

19. Le mardi 5 février 2019 à , par DavidLeMarrec

Je ne sais pas si ça fait dire autre chose à ce concerto (ça parle, de la musique ?), mais on se rejoint dans la mesure où je trouve que c'est d'abord l'intensité du son, avant celle du discours, qui émeut.

(Cela dit, j'ai réécouté suite à multiples conversations récentes : programmation du concerto lors de deux schubertiades récentes par un compère violoncelliste assez incroyable, réactions à mes impressions sur le disque Hoffman… Et en fait, je trouve surtout, après avoir laissé reposer si longtemps, que ça sonne vieilli, ça n'a pas la finition des jeunes virtuoses. Le disque Hecker-Anvers-De Waart en témoigne également avec brio !)

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