Carnet d'écoutes - Robert SCHUMANN, Das Paradies und die Peri (Le Paradis et la Péri), Op.50 - Daniel Harding, Stockholm
Par DavidLeMarrec, mardi 22 mai 2007 à :: Carnet d'écoutes - Opéra romantique allemand :: #619 :: rss
Diffusion hier soir sur France Musique[s] de l'oeuvre, avec la distribution suivante :
Sally Matthews : la Péri
Malin Christensson : soprani
Ingeborg Danz : l'ange
Christoph Prégardien : narrateur
Andrew Staples : ténor
Christopher Maltman : baryton
Choeur de la Radio Suédoise
Orchestre Symphonique de la Radio suédoise
On en profite pour évoquer un détail de l'oeuvre qui nous amuse.
(Et on évoquera incidemment certains pans du Mendelssohn dramatique sacré.)
Vous l'aurez sans doute déjà remarqué, sur CSS, on est un rien badin, de temps à autre. Non, pas seulement sur Mahler, mais aussi sur Debussy - souvenez-vous, nous proposions quelques rapprochements envisageables mais improbables.
Manière d'expédier l'interprétation, on saluera les solistes, et on regrettera le sens peu différencié du style des formidables orchestres nordiques. Dans Schumann, l'épaisseur ne pardonne pas, surtout que l'oeuvre est orchestrée de façon particulièrement peu inventive et lisible.
Daniel Harding, réputé pour sa tendance aux phrasés tranchés, ce qui est fascinant chez Schubert (on se souvient d'une Neuvième très précisément menée), très intéressant chez Mozart (climats cyclothimiques inédits) et un peu frustrant chez Brahms, peine ici à extraire l'oeuvre d'un flot de cordes opaques. La faute peut-être à la tradition stylistique de l'orchestre, mais comme souvent, les oeuvres vocales de Schumann, mal servies orchestralement, peinent à révéler leurs réels mérites.
En tout état de cause, le principe de ce type d'oratorio se trouve mené à son degré de perfection, avec une ferveur, un relief et une orchestration d'une autre trempe chez Mendelssohn, dans Paulus et surtout Elias, explicitement inspirés des Passions de Bach, mais qui en poussent bien plus loin la mobilité des ensembles et la poussée dramatique.
Helmut Rilling fusionne ces traditions d'un siècle d'intervalle avec un rare bonheur dans ce couplage enregistré en 1994 pour Haenssler Classics, et reparu sous licence chez Brilliant Classics pour une misère.
Paulus : Juliane Banse, Ingeborg Danz, Michael Schade, Andreas Schmidt.
Elias : Christine Schäfer, Cornelia Kallisch, Michael Schade, Wolfgang Schöne.
A chaque fois, Gächinger Kantorei Stuttgart et Bach-Collegium Stuttgart sont magistralement de la partie.
On peut aussi considérer l'adaptation de la Passion selon saint Matthieu, réalisée en 1841 pour la même église Saint-Thomas de Leipzig. Les clarinettes y ont évidemment leur part, le clavier disparaît du continuo (qui est en revanche étoffé dans les figures violoncellistiques), etc. Tempi lents bien évidemment.
D'ordinaire, les versions exécutées sur orchestres traditionnels sont simplement tirés de la partition de Bach, sans modifications notables. Il existe cependant une version qui reprend la rénovation mendelssohnienne, celle de Christoph Spering :
ou
- Chorus Musicus Köln, Das Neue Orchester ;
- Wilfried Jochens (Evangéliste), Peter Lika (Jésus) ;
- Angela Kazimierczuk (soprano), Alison Browner (alto), Markus Schäfer (ténor), Franz-Josef Selig (basse).
- Paru chez Opus 111 en avril 1992, deux disques pour un total de 132 minutes.
Ce n'est pas nécessairement la version la plus bouleversante de cette passion[1], mais le document se prête bien à une mention ici, en guise de document stimulant.
Mais notre petit émerveillement aura été[2] pour la parenté surprenante entre le traitement de la gamme descendante de la dernière intervention du ténor-narrateur et une autre intervention orchestrale d'opéra, assez éloignée stylistiquement et chronologiquement.
De toute façon, mieux vaut s'en émerveiller avant l'apothéose bien gentille que nous concocte Schumann.
Chez Schumann (version Harding) :
Et puis ceci :
Vivaldi, Il Farnace (version Jordi Savall, Furio Zanasi chante).
La parenté se passe de commentaire, et pour deux raisons.
D'abord parce qu'elle est réellement flagrante, même gamme, sur la même pulsation calme et rebondissante.
Ensuite parce que nous ne voyons aucune possibilité d'établir une influence entre les deux oeuvres.
Donc cette remarque ne sert à peu près à rien.
N'était la beauté du geste.
Bonne soirée.
Notes
[1] Furtwängler, Solti, Herreweghe I, van Veldhoven, Harnoncourt III, McCreesh, dans des genres très différents, voire Rilling, sont tous de belles réussites que je peux recommander. Bien que Scherchen, introuvable aujourd'hui, ratatine la concurrence.
[2] Vous le savez bien, il nous en faut peu, ç'aurait pu être une méditation sur la forme JT ou mieux, sur les interventions de Mélanie Delloye-Betancourt. Oui, vous revenez de loin, mais ne perdez rien pour attendre.
Commentaires
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