[Carnet d'écoutes n°121] – les tubes de l'été : Volkmann, Kalinnikov, Andriessen, quatuors, Kitayenko, Currentzis…
Par DavidLeMarrec, mardi 7 août 2018 à :: Carnet d'écoutes :: #3030 :: rss
Contrairement aux apparences, Carnets sur sol est en pleine effervescence, accaparé par la préparation de quelques notules qui s'élaborent doucettement depuis des mois.
Cependant, comme il ne s'agit pas de vous laisser sans soutien à votre bon goût naturel, en cette période de Grand Désœuvrement, vous trouverez ici quelques impressions, laissées en vrac, sur certaines de mes écoutes de ces derniers mois. Manière d'avoir trace, pour celles à qui je n'ai pas encore eu le loisir de consacrer une notule bien méritée (Andriessen !), de certaines figures intéressantes. Évidemment, quand c'est pour dire que j'ai écouté les quatuors de Mendelssohn ou les symphonies de Beethoven, ça revêt un peu moins d'intérêt – mais précisément, c'est du vrac.
À propos de la cotation : Les binettes se lisent comme les tartelettes au citron ou les putti : elles ne concernent que les œuvres, pas les interprétations (en général choisies avec soin, et détaillées le cas échéant dans le commentaire). Ces souriards ne constituent en rien une note, et encore moins un jugement sur la qualité des œuvres : ils indiquent simplement, à titre purement informatif, le plaisir que j'ai pris à leur écoute. Je peux avoir modérément goûté l'écoute de chefs-d'œuvre et jubilé en découvrant des bluettes, rien de normatif là-dedans. 1 => agréable, réécoute non
indispensable
Un 2 est donc déjà une bien bonne note, il ne s'agit pas de le lire
comme une « moyenne » atteinte ou non.2 => à réécouter de temps en temps 3 => à réécouter souvent 4 => œuvre de chevet 5 => satisfaction absolue |
Lundi
¶ Méhul, La Chasse du jeune Henri, ouverture




¶ Tamberg, Symphonie n°1


¶ Tamberg, Symphonie n°2


Du soviétisme gentil associé d'églogues façon Comodo-de-la-3-de-Mahler. Mignon.
¶ Offenbach, Grande-Duchesse, version Lafaye

(mais le Trio des Conspirateurs, c'est




Mardi
¶ Schoeck, Venus, Venzago (Musiques Suisses)





¶ Zavaro, Manga-Café, Les Apaches, Masmondet


Livret qui peine à trouver son ton (et sans tension), mais ambiance sympa.
¶ Bernstein, Trouble in Tahiti, Les Apaches, Masmondet



Mercredi
¶ Trios de Mendelssohn, Estrio (Decca)





Bonne version. J'ai eu une épiphanie récente avec le final du 2 dans la version J.Fischer/Müller-Schott.
¶ Trios 1 & 2 de Schumann, Trio Karénine (Mirare, je crois)




Petits jeunes, appréciés en vrai en juillet dernier. Apparemment ils font leur trou même au disque.
¶ Autres Trios de Schumann, Trio Brahms de Vienne (Naxos)




Dont les transcriptions des pièces pour piano-pédalier !
¶ Nocturnes de Fauré, intégrale Jean-Michel Damase (Accord)


Assez sec, vraiment scolaire au niveau des articulations. Pas la même auteur de vue qu'en tant que compositeur.
Jeudi
¶ Stenhammar, Quatuor 3 (intégrale Caprice)





¶ Stenhammar, Quatuor 2 (intégrale Caprice)





¶ Stenhammar, Quatuor 4 (intégrale Caprice)




L'intégrale du Quatuor Stenhammar est meilleure, mais j'ai celle-ci (très bien aussi) sous la main. Quelles œuvres, bon sang !
Vendredi
¶ Szymanowski, Concerto pour violon n°1




Steinbacher / Radio Berlin ex-Est / Janowski, chez PentaTone.
Superbe orchestre, mais Steinbacher sonne vraiment tirée dans cet enregistrement.
¶ Szymanowski, Concerto pour violon n°1




Anna Akiko Meyers, Philharmonia, Kristjan Järvi (chez Avie)
Orchestre logiquement plus vif, mais là aussi, l'œuvre met à l'épreuve la violoniste, son pas très agréable.
¶ Szymanowski, Concerto pour violon n°1




Tasmin Little, BBCSO, Gardner (chez Chandos)
Bien mieux côté violon, et belle direction, mais même s'il s'agit d'un Chandos relativement récent, je trouve la prise de son de l'orchestre un peu trop lointaine et floue pour l'œuvre.
Il faudra que j'essaie, dans ce cas, Skride-V.Petrenko et Jansen-Gergiev, les deux adorés en salle, mais pas testé le rendu sur disque. Il faut dire que c'est l'une des œuvres que j'adore en vrai (peut-être parce qu'elle m'épargne l'écoute d'un véritable concerto ?), mais que je vais spontanément moins écouter en choisissant un disque.
Samedi
¶ Gounod, Faust, version originale et traditionnelle, Rousset et annexes chez Plasson




¶ Beethoven, intégrale symphonique





1,2,3,4, Ouvertures par Solti 74.
5,9, Musiques de scène, Wellington par Dausgaard & Chambre de Suède.
Le reste est en cours.
¶ Nowowiejski, Symphonie n°2, OP Poznań, Borowicz (chez DUX)



¶ Nowowiejski, Symphonie n°3, OP Poznań, Borowicz (chez DUX)



Tradi, quelque part entre du postromantisme à ostinatos et du présoviétisme gentil. Sympa.
¶ Grigori Frid, Das Tagebuch von Anne Frank




L'opéra d'une heure de Grigori Frid mélange de façon très étonnante les styles du XXe siècle… le Prélude est d'une atonalité acide, avec des stridences et des agrégats hostiles, tandis que le chant s'apparente bien davantage à l'univers des lieder de Max Reger, du jazz, en tout cas de la tradition. Tout cela se mélange, alterne, avec un résultat qui peut ressembler à du Berg de jeunesse comme à de l'atonalité libre du second XXe… assez séduisant en réalité, d'autant que dans la représentation que j'ai vue, Nina Maria Edelmann chante avec un timbre, une diction et une éloquence magnétisants.
¶ George Stephănescu, Cântecul fluierașului, Gheorghiu, Jeff Cohen.


Très naïf, typé jeune romantique même si plus tardif (Flotow…).
¶ Tiberiu Brediceanu, Cine m-aude cântând, Ruxandra Cioranu, Ecaterina Barano



David DiChiera, Cyrano ; Opéra de Detroit


→ Il s'agit du véritable texte (coupé et parfois arrangé – « hanap » devient « coupole »), mis en musique par David DiChiera (né en 1935) dans une langue complètement tonale, et simple (beaucoup d'aplats, pas particulièrement virtuose). L'accent porte évidemment davantage sur le texte (d'ailleurs les facéties de l'acte I sont conservées, pas seulement l'histoire d'amour), mais je trouve cependant le résultat moins prégnant musicalement que chez Tamberg, clairement.
¶ Battistelli, Richard III ; Opéra de Genève



→ Dans un langage quelque part entre l'atonalité polarisée et la tonalité élargie, Battistelli écrit dans une langue non dépourvue de lyrisme… Il fait un grand usage des chœurs, notamment dans la scène finale, où ils flottent en beaux agrégats, impalpables, au-dessus de la scène jonchée des cadavres que foule le nouveau roi. Mérite d'être entendu.
¶ Schoeck, Besuch in Urach ; Harnisch, Berne, Venzago





¶ Corigliano, The Ghost of Versailles, air du Ver ; Brenton Ryan, Plácido Domingo





https://www.youtube.com/watch?v=AhebF07M4lY (page de l'artiste)
¶ Rihm, Das Gehege

Très monotone pour du monodrame. C'est tiré de Botho Strauß : une femme rêve de se faire déchirer [sic] par un aigle, ouvre sa cage, mais comme il est vieux et impuissant, elle le tue.
Cool.
Mais la musique est tout sauf vénéneuse et tourmentée ou paroxystique, assez poliment ennuyeux.
Et à présent, une petite pause légèreté :
¶ Langgaard, Fortabelsen ; Dausgaard









Très étonnant tout de même : surtout orchestral, des aspects wagnériens, et quand le chœur arrive ça ressemble à du Elgar.

¶ Reimann, L'Invisible, sur trois pièces de Maeterlinck


L'opéra réunit trois courtes pièces de Maeterlinck, L'Intruse, Intérieur et La mort de Tintagiles ; on y retrouve la langue postberguienne de Reimann, peut-être moins aride que dans Lear. Je trouve personnellement la langue musicale de Reimann (à la fois grise et très dramatique) assez incompatible avec l'univers de Maeterlinck, mais les critiques ont été dithyrambiques. Il faut dire que la distribution, réunissant le délicieux Thomas Blondelle et la miraculeuse Rachel Harnisch, magnifie tout ce qui peut l'être dans cette partition.
¶ Riisager, Études (ballet) ; National du Danemark, Rozhdestvensky




Des orchestrations de pièces pédagogiques de Czerny. Contre toute attente, c'est réjouissant ; quel sens de la couleur ce Knudåge !
¶ Gordon Getty, Usher House ; Elsner, É. Dupuis, L. Foster (PentaTone)



Dans un langage qui évoque l'atonalité romantique (héritage revendiqué de Schönberg), un peu gris, mais avec un certain sentiment de naturel et de liberté, une variation autour de la nouvelle de Poe. Getty parle de la prévalence de sa propre nécessité intérieure sur le fait de faire de la nouveauté. (pour autant, cela ressemble bien à de l'opéra du second XXe)
¶ Beethoven, Missa Solemnis ; Popp, Minton, Mallory Walker, Howell, Chicago, Solti





Je n'aurais jamais cru que Solti ni Decca puissent commettre ça. Ce chœur pléthorique semi-amateur, cette prise de son solide…

J'ai entendu la semaine passée la première exécution de l'Ode à la France, la dernière œuvre de Debussy – inachevée, certes, la dernière achevée restant Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon (remerciement à son fournisseur en 1918).
Il s'agit d'une cantate avec soprane et chœurs (laissée à l'état d'accompagnement avec piano), représentation des derniers moments de Jeanne d'Arc, sur un assez méchant poème de Louis Laloy.
La musique hésite entre le dépouillement du Debussy « national » qui regarde vers Couperin et Rameau et les harmonies complexes d'Usher…
Je ne trouve pas le résultat très heureux, quelque chose du Noël des enfants qui n'ont plus de maison, mais qui se prendrait très au sérieux (et sans du tout le même caractère direct des mélodies : je parle de l'esprit, pas du style musical à proprement parler très différent). Plutôt Jeanne d'Honegger-Claudel, le prosaïsme en moins.
Il n'empêche qu'entendre un Debussy de maturité aussi ambitieux (il nous en reste un quart d'heure, sauvé par Emma après la mort de Claude Achille), qui n'a jamais été gravé (et guère représenté hors de la soirée de création, en 1928), voilà qui constitue une réelle expérience !
(Le reste du concert, avec des inédits de Caby, Ladmirault, Cartan, Auric, Ropartz… était autrement plus nourrissant musicalement, ai-je trouvé. Mais celui-ci occupe une place particulière, puisqu'on pourrait croire tout avoir entendu de Debussy…)
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Cette semaine.
¶ Riisager, Études, ballet d'après des orchestrations de Czerny.
Beaucoup plus intéressant que supposé, grâce au talent de coloriste de Riisager. A ses faiblesses bien sûr, sur 40 minutes.
Quelques opéras donnés cette saison.
¶ (David) Little, JFK
→ Reprise d'une commande pour Fort Worth et l'American Lyric Theater. Assez étrange matériau musical : des boucles d'arpèges en accompagnement (qui évoquent presque plus les musiques de séries DC Comics que l'influence minimaliste, d'ailleurs), et une écriture mélodique qui sent l'influence du musical, sans être particulièrement évidente. Toutefois, ça a l'air de fonctionner avec une certaine fluidité, en tout cas musicalement – je n'ai pas réussi à bien suivre en audio seul (et je n'ai pas le livret).
¶ (Avner) Dorman, Wahnfried
→ Opéra satirique protéiforme, tantôt atonal post-bergien, tantôt cabaret grinçant, qui met en scène l'univers domestique des Wagner. Chamberlain (le théoricien racialiste) y fait un discours sur fond de défilé de walkyries, et à l'exception du Maêêêêêtre, tous sont là : Cosima, Siegfried, Winifred, Isolde, Bakounine, Hermann Levi, l'Empereur… et même un Wagnerdämon !
¶ Bryars, Marilyn Forever
→ Créé à au Long Beach Opera il y a deux ans, je crois – en tout cas pas une création. Le projet est de montrer Monroe dans l'intimité plutôt que dans la gloire publique, et utilise des styles musicaux assez variés, ça se déhanche comme du jazz blanc, les voix ne sont pas toujours purement lyriques. Joli (malgré le sujet qui m'intéresse très peu), mais je n'en ai entendu que des extraits.
¶ Reimann, L'Invisible
→ L'opéra réunit trois courtes pièces de Maeterlinck, L'Intruse, Intérieur et La mort de Tintagiles ; on y retrouve la langue postberguienne de Reimann, peut-être moins aride que dans Lear. Je trouve personnellement la langue musicale de Reimann (à la fois grise et très dramatique) assez incompatible avec l'univers de Maeterlinck (ici traduit en allemand), mais les critiques ont été dithyrambiques. Il faut dire que la distribution, réunissant le délicieux Thomas Blondelle et la miraculeuse Rachel Harnisch, magnifie tout ce qui peut l'être dans cette partition.
(Jack) Heggie, Moby-Dick
→ L'opéra de Jack Heggie est manifestement un succès (puisqu'il aussi été donné, ces dernières années, à San Francisco et Adelaide, au minimum), et il faut dire que sa veine tonale mais riche, lyrique mais variée ne manque pas de séduction. Le texte du livret, simple et sans façon, la place efficace des chœurs, permettent d'entrer aisément dans cette veine épique, très directe.
Puis grosse crise quatuors.
¶ Schumann 3, Ébène SQ (bande)




Voilà qui me rajeunit… je les avais entendus dans cette œuvre au début des années 2000 (2004, 2005 ?) la donner en concours (où ils avaient terminé deuxièmes ex æquo avec le Quatuor Aviv, pas de premier prix cette année-là…), et je n'avais pas alors adoré ce qu'ils faisaient (assez rugueux). Ils ont combien affiné leur discours (ou moi éduqué mon oreille, possible aussi) depuis cette époque ! Vraiment devenu un quatuor important, indépendamment de leur place médiatique privilégiée (Mathieu Herzog est incroyable dans ses solos).
¶ Mendelssohn 1, Ébène SQ (bande)




¶ Mendelssohn 2, Ébène SQ (bande)




¶ Mendelssohn 2, Ébène SQ (studio Virgin)




¶ Mendelssohn 6, Ébène SQ (bande)





¶ Fanny Mendelssohn, Ébène SQ (bande)



¶ Mendelssohn 1, Emerson SQ (DGG)




¶ Mendelssohn 2, Emerson SQ (DGG)




¶ Mendelssohn 4, Emerson SQ (DGG)



¶ Mendelssohn 5, Emerson SQ (DGG)



¶ Mendelssohn 6, Emerson SQ (DGG)





¶ Dvořák 12, Escher SQ (BIS)



¶ Tchaïkovski 1, Escher SQ (BIS)



¶ Tchaïkovski 1, Atrium SQ (Sony)



¶ Stenhammar 2, København SQ (Caprice)





¶ Stenhammar 3, Gotland SQ (Caprice)





¶ Stenhammar 4, Gotland SQ (Caprice)




¶ Stenhammar 1, Stenhammar SQ (BIS)



¶ Stenhammar 2, Stenhammar SQ (BIS)





¶ Stenhammar 3, Stenhammar SQ (BIS)





¶ Stenhammar 4, Stenhammar SQ (BIS)




¶ Stenhammar 5, Stenhammar SQ (BIS)





¶ Stenhammar 6, Stenhammar SQ (BIS)




¶ Schubert 14, Haas SQ





Et pour élargir :
¶ Schubert, Quintette à cordes, Haas SQ




¶ Schubert, Quintette avec piano, bande amateur





¶ Haydn, Trio n°44, Trio Sōra



¶ Brahms, Trio n°1, Trio Sōra





(actuellement en résidence à Verbier, dont elles ont remporté le prix spécial… j'en ai dit à plusieurs reprises le plus grand bien, vraiment un des symptômes du dynamisme musical dans le domaine chambriste, où l'on fait aujourd'hui infiniment mieux, techniquement, stylistiquement, et même en matière d'ardeur, qu'hier.





J'ai commencé à écouter ce matin (le premier tiers). C'est bien sûr excellent, avec quelques réserves par rapport à la discographie (qui de sinistrée dans les années 90, où les seules versions réellement convaincantes étaient Hogwood et Harnoncourt, est devenue pléthorique en grandes versions, avec Wentz, Mackerras, Steinberg, Jacobs, De Marchi, Rhorer !) : malgré toute l'animation et la poésie dont Nézet est capable, ça reste un peu tradi, il me manque le grain des orchestres sur instruments d'époque, ou alors fouettés par Harnoncourt, Mackerras ou Steinberg, les violons sont vraiment lisses. Sinon, vents superbes et très belle distribution.
En audio seul, ce n'est pas non plus la version la plus incarnée – Villazón paraît tellement chanter autre chose qu'un empereur romain… on dirait plutôt Aleko en version ténor… (pas tant au niveau du style à proprement parler que du caractère de la voix, des inflexions de la diction)
Bref, excellent, mais pour l'instant pas une version à laquelle j'aurai envie de beaucoup revenir, considérant l'offre hallucinante de ces dernières années.
Cinq œuvres parmi d'autres, de genres différents, dont j'entends peu parler, et qui me paraissent tellement grisantes.
Buonaventura RUBINO, Vespro per lo Stellario della Beata Vergine di Palermo
Milieu du XVIIe, une sorte de récapitulation générale de tous les genres du siècle dans cette cérémonie d'une heure, constituée d'une multitude de cantates, de cinq à dix minutes, dont de nombreuses chaconnes (certaines à 4 temps !). Jubilatoire en diable, si j'ose dire.
Antonio Casimir CARTELLIERI, Symphonie n°1
Au tournant du XIXe siècle, un compositeur qui tire toutes les conséquences de Mozart tout en absorbant les tempêtes romantisantes du dernier Haydn, d'une séduction mélodique et dramatique hors du commune – il faut aussi entendre la Troisième, ou les nombreux concertos pour clarinette.
Antonín DVOŘÁK, Armida
Alors qu'il s'agit du grand Dvořák de maturité, on ne le donne jamais (mais on le trouve au disque, avec Šubrtová et Blachut) ; le compositeur y tempère son style habituel par échos de fanfares archaïsantes qui changent assez radicalement l'équilibre général de sa musique par rapport à ses œuvres folklorisantes (ou plus wagnérisantes, comme Rusalka). Et une très belle réussite, d'un style différent.
Hermann von WALTERSHAUSEN, Oberst Chabert
Compositeur au destin singulier, amputé de ses deux membres droits pour le sauver d'un cancer dans son enfance, mais pianiste-gaucher virtuose, chef d'orchestre loué et, avons-nous pu découvrir récemment, compositeur éminent.
Sur le sujet hautement porteur du Colonel Chabert de Balzac, un opéra plein de réminiscences et de poésie, dans un langage à la fois sensible à la simplicité des élans romantiques et à la complexité de l'écriture « décadente ». Un grand bijou, remonté récemment par Jacques Lacombe, documenté par CPO, et qui sera repris à Bonn le 13 juillet.
Plus d'infos : http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2018/01/10/2991-waltershausen-la-difformite-et-la-gloire .
Robert STILL, Quatuors 1,2,3,4
Les quatuors de Still évoluent au fil du des styles du XXe siècle, et, ce qui est très fort, chacun présente un visage très abouti et avenant à la fois des langages successifs qu'il y aborde. (Un peu comme Bacewicz, mais ici chaque quatuor ne constitue pas une évolution, vraiment un style distinct).
Le ballet est sold out à Garnier toute la semaine, mais pour le lied, ça ne se bouscule pas !
Pourtant, Piotr Beczała y chantait Dichterliebe de Schumann-Heine, et des mélodies délicieuses de Dvořák, Rachmaninov, même Karłowicz !

Grosse glotte et raretés.
Le cas de Beczała est très intéressant : la voix est à la fois en arrière (placement polonais, malgré ses études autrichiennes) et riche en résonances hautes (surtout dans les aigus).
De même, pas très expressif, mais sa sobriété met en valeur les mots et les langues. Je n'en attendais rien et j'ai été bouleversé par son (sa) Dichterliebe : rien de singulier, d'une grande sobriété, et justement il ne fait jamais primer la ligne sur le naturel de la diction… Dans « Hör' ich das Liedchen » ou « Allnächtlich », c'est toute la saveur brute de l'œuvre de Heine-Schumann qui nous frappe, sans truchement d'interprète… l'œuvre toute nue (et quels beaux graves, très timbrés !).
J'ai moins aimé le reste : le timbre reste très blanc, et les œuvres sont moins marquantes. Le gentil romantisme du jeune Karłowicz de fin d'études, le folklore tsigane convenu de Dvořák.
Les Rachmaninov (en particulier les stances de « Ne poj, krasavica » et les figuralismes fluviaux de « Vesennije vodi ») sont beaucoup plus entraînants, pour finir !
Un véritable festival linguistique ; 1h30 de récital, 4 bis très expansifs (zarzuela, Zueignung de Strauss, Werther, Catarì) et… 7 langues ! Allemand (très bon, malgré des « -en » pas tout à fait exacts), polonais (savoureux), tchèque (très en arrière et… polonais), russe (polonais aussi, asséché, sans les mouillures…), espagnol (avec une belle gouaille !), français (blanchâtre, mais c'était son emblématique Werther !), italien (généreux et expansif, avec Catarì)…
Impressionnés (avec mon accompagnateur, lecteur occasionnel de ce forum), dans Werther, par sa capacité (la voix était un peu prise dans le centre de gravité plus bas et la moindre projection des lieder) à changer totalement le placement *en cours d'émission* pour faire sortir glorieusement les aigus lorsqu'ils semblaient bloqués…
Amusant : rien qu'à l'entendre jouer, je me doutais que Sarah Tysman n'était pas principalement une cheffe de chant (plus de doigts, moins de logique) ni une soliste (peu de relief). De fait, elle semble beaucoup faire carrière comme accompagnatrice. Très agréablement fluide, mais sans grand relief aussi. Souplesse réelle, sans être totalement à son aise : sans être passionnant, c'était suffisant au plaisir de la soirée.
En fin de compte, outre le parcours original, on en retire un Dichterliebe très émouvant, et une générosité remarquable pour un artiste qui est en cours de répétitions au pied levé pour son second Lohengrin et son premier Bayreuth !
¶ Hjalmar BORGSTRØM, Thora Paa Rimol – Stene, Bjørkøy, Moe, Trondheim SO, Terje Boye Hansen
Un de mes opéras fétiches.

Pour ne rien gâcher, c'est joué par le Symphonique de Trondheim, le plus bel orchestre du monde connu.

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=> Battistelli, Richard III, bande vénitienne de cette année



Dans un langage quelque part entre l'atonalité polarisée et la tonalité élargie, Battistelli écrit dans une langue non dépourvue de lyrisme… Il fait un grand usage des chœurs, notamment dans la scène finale, où ils flottent en beaux agrégats, impalpables, au-dessus de la scène jonchée des cadavres que foule le nouveau roi. Mérite d'être entendu.
=> (Gordon) Getty, Usher House ; Elsner, É. Dupuis, Foster (PentaTone)


Évoque l'atonalité romantique (héritage revendiqué de Schönberg), un peu gris, mais avec un certain sentiment de naturel et de liberté, une variation autour de la nouvelle de Poe. Getty parle de la prévalence de sa propre nécessité intérieure sur le fait de faire de la nouveauté. (pour autant, cela ressemble bien à de l'opéra du second XXe)
=> (Gordon) Getty, The Canterville Ghost ; Gewandhaus, Foremny (PentaTone)


Ce versant plus comique du legs de Wilde a aussi été capté chez PentaTone, avec le Gewandhaus de Leipzig (direction Foremny, le chef de la monographie Oskar Fried). La déclamation est évidemment plus à nu, sans être particulièrement savoureuse, mais cela s'écoute sans grand effort, même si l'absence de séduction particulière du langage renforce un peu le côté braillard inhérent à l'opéra post-1800 en général.
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Cycle Kalinnikov
=> Kalinnikov, Symphonie n°1, O de l'URSS, Kuchar (Naxos)




Je découvre à ma honte l'existence de Kalinnikov, protégé de Tchaïkovski à la santé fragile (réfugié vers le climat de Crimée alors que sa carrière portait ses premiers fruits…), et cette Première Symphonie, baignant dans les grands espaces et le folklore, splendide. Un mouvement lent avec cor anglais et cordes suspendues qui scintillent. Le final ressasse certes son thème (modérément) varié, mais les relances harmoniques de la coda sont splendides (on songe vraiment au Tchaïkovski de la Première Symphonie !).
=> Kalinnikov, Symphonie n°1, Philharmonique de Moscou, Kondrachine (Melodiya)
Interprétation lourdement cuivrée, on passe vraiment à côté des subtilités que j'ai entendues dans ma découverte avec Kuchar.
=> Kalinnikov, Symphonie n°1, Philharmonique de Malaisie, Bakels (BIS)
Bonne lecture, très occidentale.
=> Kalinnikov, Symphonie n°1, Symphonique de Russie (lequel ?), Veronika Dudarova (Olympia)
Là tout le contraire, un son et une verve tellement russe !

=> Kalinnikov, Symphonie n°2, Écosse RNO, N. Järvi (Chandos)


=> Kalinnikov, Symphonie n°2, O de l'URSS, Kuchar (Naxos)
Järvi est vraiment mou et Kuchar toujours remarquable là-dedans, mais la symphonie m'a paru d'un romantisme plus convenu, sans les saillances de la première.
=> Kalinnikov, Suite orchestrale, Orchestre d'État de l'URSS, Svetlanov (Melodiya)



Quelque part entre la suite de caractère et la grande pièce plus ambitieuse… je suis partagé, dépend vraiment de langle sous lequel on le regarde.
=> Kalinnikov, Tsar Boris (musique de scène), Budapest SO, Jancsovics (Marco Polo)



Très réussi, vraiment de l'atmosphère.
=> Kalinnikov, Poème épique, Budapest SO, Jancsovics (Marco Polo)



=> Kalinnikov, Le Cèdre et le Palmier, Budapest SO, Jancsovics (Marco Polo)




=> Kalinnikov, Le Cèdre et le Palmier, Orchestre d'État de l'URSS, Svetlanov (Melodiya)
=> Kalinnikov, Bilina , Orchestre d'État de l'URSS, Svetlanov (Melodiya)



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Cycle (Friedrich Robert) Volkmann
=> Volkmann, Richard III (ouverture), Philharmonique de la NDR de Hanovre, Werner Andreas Albert (CPO)




Oh, intense !
=> Volkmann, Symphonie n°1 en ré mineur, Philharmonique de la NDR de Hanovre, Werner Andreas Albert (CPO)
Final étrangement naïf en comparaison du reste.



=> Volkmann, Symphonie n°2 , Philharmonique de la NDR de Hanovre, Werner Andreas Albert (CPO)
Tout de suite en majeur, globalement plus cohérent avec son style.



=> Volkmann, Concerto pour violoncelle, Philharmonique de la NDR de Hanovre, Werner Andreas Albert (CPO)
Très beau (quoique bref, 16'), dans le goût des concertos de Dvořák ou Röntgen.



=> Volkmann, Ouverture posthume en ut majeur, Philharmonique de la NDR de Hanovre, Werner Andreas Albert (CPO)



=> Volkmann, Quatuor à cordes n°1, Mannheimer SQ (CPO)


=> Volkmann, Quatuor à cordes n°4, Mannheimer SQ (CPO)



=> Volkmann, Quatuor à cordes n°2, Mannheimer SQ (CPO)


=> Volkmann, Quatuor à cordes n°5, Mannheimer SQ (CPO)



J'étais peut-être trop occupé lorsque je les ai découverts. Du bon romantisme du rang, rien de particulièrement saillant de remarqué, même si quelques moments retiennent l'attention dans le 4 et le 5.
=> Volkmann, Trio piano-cordes n°1, Ravensburg Beethoven Trio (CPO)


=> Volkmann, Trio piano-cordes n°2, Ravensburg Beethoven Trio (CPO)


Sympa, pas très marquant non plus, même si le final du deuxième est assez dense et réjouissant.
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Cycle Cras (et assimilés)
=> Cras, Quatuor n°1, Louvigny SQ (Timpani)




Je n'avais jamais mesuré à quel point c'est un bijou, plus encore que le trio ou le quintette, je crois.
=> Cras, Quintette piano-cordes, Louvigny SQ, Jacquon (Timpani)




=> Cras, Sonate violoncelle-piano, Khramouchin, Jacquon (Timpani)




=> Cras, Trio piano-cordes (Timpani)




=> Cras, Largo violoncelle-piano, Khramouchin, Jacquon (Timpani)




=> Cras, Chœurs sacrés a cappella ou avec orgue (Timpani)



Délibérément archaïsant, très agréable, mais pas son sommet.
=> Lekeu, Quatuor en sol, Camerata SQ




=> Lekeu, Molto adagio, Camerata SQ





Chefs-d'œuvre.
=> Fauré-Messager, Messe des Pêcheurs de Villerville, Herreweghe



Adorable, très touchant.
=> Chausson, Concert, Jansen, Stott & friends (bande de la radio néerlandaise)




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Cycle transcriptions d'orgue (suite)
=> Vivaldi, Les 4 Saisons, Hansjörg Albrecht




=> Wagner, extraits du Crépuscule des dieux, Hansjörg Albrecht




Très chouette, même si Albrecht demeure toujours d'un maintien assez raide pour ce type d'exercice.
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Cycle Kitayenko
=> Grieg, Holberg, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)




=> Respighi, Antiche danse ed arie per liuto, Suite n°3, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)



=> Puccini, Missa di Gloria, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)




=> Brahms, Deutsches Requiem, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)





=> Chostakovitch, Symphonie n°10, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)




=> Donizetti, Miserere, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)


=> Rachmaninov, Cloches, Larin, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)



=> Prokofiev, Symphonie n°1, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)





=> R. Strauss, Suites de danses d'après Couperin, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)

=> Tchaïkovski, Fantaisie de concert, Philharmonique de Moscou, Kitayenko (Melodiya)


Tout est intéressant, évidemment les pièces archaïsantes traitées avec un gros son paraissent un peu à côté du sujet. Étrange Miserere de Donizetti aussi, qui veut manifestement imiter le grégorien et qui est chanté comme l'Obikhod. Mais partout, quelle verve des timbres (ces bassons !).
Deutsches Requiem insolite, très belles Cloches, Missa di Gloria parmi les plus intenses (au disque, j'ai une faiblesse pour Morandi-Palombi, Pappano-Alagna et Scimone-Carreras, mais celle-ci est du même tonnel, quoique pas du tout dans le même univers), tandis que la Dixième de Chosta est au contraire remplie d'une étrange plénitude. Très beau coffret.
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Symphonies
=> Mendelssohn, Symphonie n°3 ; COE, Nézet-Séguin





=> Mendelssohn, Symphonie n°4 ; COE, Nézet-Séguin





Splendide, limpide, cursif, vraiment parfait.
=> Holst, Symphonie en fa « Cotswolds » (1900), Ulster O, Falletta.



Très mignon, avec un effet très rétro des trompettes.
=> Sgambati, Symphonie n°1, La Vecchia (1880)


Rien à faire, ça ne me passionne pas. Orchestration chiche, pas de mélodies, je m'ennuie assez, surtout qu'elle est longue. Un peu marri que ce soit Benedictus qui me fasse la leçon sur les symphonies gentilles pour cette fois.

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Opéra légers
=> Mozart, Clemenza ; Nézet-Séguin





Confirme les impressions de l'acte I : très bien, mais reste tradi, on est habitué à mieux dans cette œuvre désormais, ainsi que de la part de Nézet.
=> Donizetti, Don Pasquale, Opéra de Paris, Pidò 2018 (CultureBox)

J'ai tenu un quart d'heure en avance rapide, qui m'a confirmé qu'hors de l'air « Pura siccome un'angelo » au tout début, cet opéra m'ennuie atrocement. Au passage, Sempey continue de progresser, il devient réellement intéressant. Et Pidò tire comme toujours le meilleur de ces partitions en les faisant claquer avec esprit.

=> Boito, Mefistofele (tout), Marinov avec Ghiuselev (Capriccio)




Que de trouvailles mélodiques, et puis ces simples chœurs célestes bien conjoints mais progressant par chromatismes, quel régal !
=> Boito, Mefistofele (prologue), Poggi, Neri, Capuana
=> Boito, Mefistofele (prologue), Del Monaco, Siepi, Serafin
=> Boito, Mefistofele (prologue), Poggi, Siepi, Votto
=> Boito, Mefistofele (prologue), Pavarotti, Ghiaurov, De Fabritiis
=> Boito, Mefistofele (prologue), La Scola, Ramey, Muti
=> Boito, Mefistofele (épilogue), Poggi, Neri, Capuana
=> Boito, Mefistofele (épilogue), Christoff, Gui
=> Boito, Mefistofele (épilogue), Del Monaco, Siepi, Serafin
=> Boito, Mefistofele (épilogue), Pavarotti, Ghiaurov, De Fabritiis
=> Boito, Mefistofele (épilogue), Vargas, Abdrazakov, Luisotti
=> Offenbach, Grande-Duchesse, trio des conspirateurs, Minkowski




Tout le reste de l'opéra, je m'en passe très volontiers, mais ce moment est délectable.

=> Wagner, Rheingold, Nimsgern, Soffel, Jung, Wlashiha, Jerusalem ; Bayreuth, Solti 83 (bande radio)





Cette version est absolument parfaite en plus, comme sa Walkyrie-surœ.
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Divers
=> Spohr, Messe en ut mineur Op.54, Radio de Berlin (CPO)


Agréable.
=> Spohr, Psaumes Op.85, Radio de Berlin (CPO)




Là, beaucoup plus sérieux, avec de beaux mouvements fugués, une ambition musicale autrement intéressante !
=> Puccini, Missa di Gloria, Morandi (Naxos).




Avec Palombi en solo. Une des toutes meilleures versions (avec Pappano et Scimone), pour ne pas dire la meilleure, fonctionne très bien, chœurs d'opérette (!) hongrois inclus.
=> Puccini, Preludio sinfonica, Morandi (Naxos).




Très réussi dans son genre planant !
=> Szymanowski, Demeter, Ewa Marciniec, Philharmonique de Varsovie, Wit (Naxos)


Profusion d'une chatoyance paradoxalement grise, pas vraiment touché, vraiment le Szyma qui ne m'est pas très accessible.
=> Szymanowski, Penthesilea, Iwona Hossa, Philharmonique de Varsovie, Wit (Naxos)




=> Szymanowski, Penthesilea, Iwona Hossa, Philharmonique de Varsovie, Wit (Naxos)
=> Szymanowski, Penthesilea, Iwona Hossa, Philharmonique de Varsovie, Wit (Naxos)
Trissé.

=> Szymanowski, Stabat Mater, Philharmonique de Varsovie, Wit (Naxos)



Un des Szymanowski auxquels je reviens le plus volontiers (avec les concertos pour violon, les trois premières symphonies, le Roi Roger, les Mythes…), ce qui veut dire pas si souvent, en réalité…
Lorsque Jourdain dit à ses maîtres « il y a du mouton là-dedans » (sa ridicule chansonnette qui contient une comparaison ovine), on joue évidemment pour les spectateurs d'époque sur l'équivoque avec « il y a du Mouton là-dedans » (donc l'inspiration d'une grande figure de la musique de cour).
Pour une fois que la musique permet de frimer dans les dîners en ville, ne croyez surtout pas que je vais m'en priver.
Joseph Ermend BONNAL – 1860-1944
J'ai compté deux disques chez Pavane (musique de chambre, orgue), un disque chez Arion (Quatuors).
Les Quatuors (1927 et 1938) sont vraiment écrits dans un langage ravélien, c'en est frappant. Avec moins de facéties rythmiques et d'effets, un Ravel proche de celui du Quatuor, en plus mou. C'est vraiment bien écrit.
On entend vraiment l'ardeur et la finesse du chef qui affleure, le rendu est splendide, le Philharmonia a rarement aussi bellement et finement joué. Superbes versions de ces pages. (On me signale en revanche une hénaurme erreur de lecture : il y a une erreur de clef pour les violoncelles sur le matériel d'orchestre, qui déplace leur ligne d'une quinte, et Heras-Casado ne bronche pas malgré les dissonances.)
Francesco Malipiero : Impressions d'après nature (1914-1922)
De vrais beaux moments, étonnants comme les superpositions de cloches (figurées d'une façon assez différente de ce que j'ai entendu chez les autres musiciens, plus une recherche de reproduction de l'effet musical que timbrale), réjouissants comme le bal champêtre ; d'autres plus platement illustratifs, voire pénibles comme le Festival du Va d'Enfer qui est une boucle quasi-minimaliste pas vraiment inspirée.
Toujours pas convaincu que Malipiero soit un compositeur de première farine (dans le genre chatoyant, Riisager m'étonne et me réjouit davantage), mais ce sont de belles pièces qui méritaient en effet d'être distinguées et découvertes !
(le couplage avec les Pause del silenzio, assez redoutablement ennuyeuses, met encore plus en lumière l'inspiration de Malipiero dans ce cycle !)
Erkki Melartin : Symphonie N°5 "Sinfonia brevis" (1915-1916)
Donc, écoute de cette Symphonie n°5 (tirée de l'intégrale Tampere PO / Leonid Grin). Très séduit par le début : thème très identifiable, ton très lumineux, fugato dès l'exposition… Jusqu'au début de l'Andante (II), néanmoins, je trouve que les cordes dominent beaucoup, dans un goût lyrique-romantique qui m'a évoqué (certes, avec une veine mélodique plus marquante) ses autres symphonies.
Et puis, au milieu de l'andante, d'étranges interventions babillardes de bois, comme un plot twist… j'attends de voir si ça va effectivement évoluer, c'est en cours d'écoute.
Je me demande s'il n'y a pas erreur d'étiquetage sur mon disque… j'avais plus l'impression d'entendre les Strophes de Sacher que du Caplet, vraiment très hardi m'a-t-il semblé… (Pourtant, j'ai passé les plages Dutilleux. Il faudra que je survole à nouveau tout le disque pour en avoir le cœur net.)
¶ RVW – Songs pour ensemble (dont les 4 Hymnes) – Partridge




Quel mélodiste, décidément !
¶ Warlock – Capriol Suite




Que j'aime cet archaïsme sans façon !

¶ Warlock – Songs pour ensemble (dont The Curlew) – Partridge



¶ Caplet – Le Miroir de Jésus – version Saphir



Le chœur n'est pas très joli.
¶ Caplet – Le Miroir de Jésus – version Accord (avec Schaer)



Moins précisément articulé, mais beaucoup plus agréable (et Hanna Schaer, quoi).
¶ Caplet – Mélodies (Le vieux Coffret, Paul Fort, etc.) – Schaer


¶ Dvořák – Rusalka – Neumann, Vienne live (Orfeo)





Ils ont coupé des choses, dont le délectable cuistot.

¶ Dvořák – Rusalka – Neumann, Philharmonie Tchèque studio





Nettement plus proprement joué (Vienne en mode routine, hein…) et plutôt mieux chanté, en outre. Super version, immense œuvre.
¶ Tchaïkovski – Onéguine – Levine (DGG)





Quelle version enthousiasmante ! Levine joue sa vie à chaque mesure, avec une impétuosité rare (et jamais clinquante), tout le plateau parle un russe fort décent, avec des timbres tellement savoureux ; même Ghiaurov est plus en mots que jamais, avec un russe aux mouillures très gourmandes.

¶ Tchaïkovski – Pikovaya Dama (extraits) – Orbelian (Delos)





De loin la meilleure version, sauf que ce ne sont que des extraits. Regrets d'autant plus éternels que certains des protagonistes sont morts maintenant…
¶ Tchaïkovski – Pikovaya Dama (tout) – Opéra de Belgrade, Baranovich (Classical Moments)





En intégrale, la version que j'aime le plus, de loin. Pourtant, l'Opéra de Belgrade en 1955, ça ne fait pas rêver. Il n'y a pas beaucoup de Lisa pas trop pénibles, pour commencer, et puis la typicité de l'orchestre (avec ces vents pincés à la tchèque, ces cordes tranchantes et un brin acides) ajoute au relief. Très propre pour l'époque aussi, son comme exécution, et chanteurs sans faiblesses.

¶ Hindemith – « Symphonie » Mathis der Maler – Pittsburgh SO, Steinberg



¶ Bloch – Concerto Grosso n°1 – Pittsburgh SO, Steinberg
C'était ma contribution au cycle « musiques sinistres ». Bon bon bon bon… Le Toch m'a assez ennuyé (pas vraiment de qualité, mais que c'est gris), le report très filtré que j'écoute massacre assez le grain et les couleurs (certes des dégradés de gris) de Mathis, et je ne sais pas si j'aurai la force de réécouter le Bloch, que je n'avais pas adoré la dernière fois, après ça…





J'aime décidément beaucoup. L'intrigue suit de très près le roman, à ceci près que le nœud des enjeux ne réside pas dans la conquête du monde par Dracula, mais dans son amour pour Mina – et une certaine réciprocité de la part de ses victimes. Wildhorn a de toute évidence beaucoup écouté les Miz, on y retrouve beaucoup de points communs musicaux. Très chouette.
¶ Büsser – Marche de Fête – Paradell



¶ Boëllmann – Toccata (de la Suite Gothique) – Paradell


¶ Usandizaga – Pieza sinfónica (tripartite) – Paradell



¶ Bélier – Toccata – Paradell



Qu'est-ce que ça emprunte à Bach (les marches harmoniques assez vivaldiennes…). Mais du coup c'est joli.
¶ Torres – Impresión teresiana – Paradell


Inclut des thèmes tirés de chants d'enfants donnés à Avila en l'honneur de Thérèse.
¶ Franck – Choral en la mineur – Paradell



Vraiment pas celui que j'aime le plus des trois derniers chorals (je suis devenu fou du premier), mais ça se tient quand même plutôt bien, il n'y a pas à dire.
¶ Tchaïkovski – Le Voïévode – Kozhukar





Encore une merveille de jeunesse, quelque part entre l'épopée permanente d'Opritchnik et les grands numéros de Mazeppa (mais plus palpitant que ce dernier, je trouve). Du niveau de ses grandes œuvres de maturité, pour moi. (Quelle partie écrasante de ténor, au passage…)
¶ (Ronald) Corp – The Ice Mountain (Naxos)


Gentiment planant et plein de petits braillards. Instrumentation et harmonique de musical theatre, étrange.
¶ Bach – Prélude & Fugue BWV 546 – Hurford (Decca)


Le jeu, quoique un peu droit, n'est pas inintéressant, mais ces prises sèches et ce plein-jeu blanc et strident, c'est pas possible pour moi. (Déjà que je fais l'effort d'écouter du Bach, le moins est de m'offrir un peu de couleur.) Je retourne écouter mes Hinsz des Bovenkerk et Martinikerk…




Oh, il y a vraiment de la matière musicale pour une toccata (pourtant sur le patron Widor / Dubois / Boëllmann) !
¶ Stanford – Postlude en ré mineur – Willem van Twillert (Hinsz de Bolsward)

Très fade, pas le grand Stanford du Stabat Mater.
¶ Bach-Dupré – Sinfonia de la Cantate BWV 29 – Willem van Twillert (Hinsz de Kampen)


¶ Reger – Ein feste Burg Op.27 – Willem van Twillert (Deakons-Marcussen de Goes)



¶ Suppé – Requiem– Corboz




Vraiment étonnant, même les chœurs sont assez vindicatifs !
¶ Pierné – Étude de concert – Wagschal (Timpani)



(C'est la Passacaille qui est géniale, là c'est sympa mais pas indispensable.)
¶ Messiaen – Ascension – Hakim (Trinité)





¶ Messiaen – Ascension – Katowice, Wit (Naxos)




¶ Messiaen – Turangalîla – Katowice, Wit (Naxos)


(Tout de même, autant de complexité harmonique et contrapuntique pour obtenir un résultat comparable au jazz blanc des années 50, ça me laisse sacrément admiratif.)




Version très boisée, mais clairement pas le meilleur arrangement.
¶ traditionnel, Légendes sacrées, Les Têtes de Chien

J'aime pas les arrangements, ça cherche à faire un truc cool et ça ressemble pas à grand'chose au bout du compte. Déçu.
¶ van Gilse, Symphonie n°2, Symphonique des Pays-Bas, Porcelijn





¶ Brahms, Concerto n°2, Egorov, Symphonique des Pays-Bas





Croyez-le si vous voulez, je l'écoutais pour l'orchestre (très bien), mais alors Egorov, quel aplomb incroyable ! Je crois que c'est pianistiquement la meilleure version que j'aie entendue, loin devant Pollini, Barenboim, Richter ou Gilels…

https://www.bbc.co.uk/radio/play/b0bck31y
C'est du pur Currentzis, pour le meilleur (tous ces contrechants électrisants qu'on n'entend jamais comme dans son DG, bien sûr l'énergie) et pour le pire (son d'orchestre assez blanc – où sont les bois ? –, sorte de hâte un peu impavide comme dans son Sacre…).
La 2 m'a paru assez fade : rapide mais très peu dramatique. En revanche la 5 fonctionne très bien, même si le final est tout sauf grandiose / exaltant / triomphal / tragique, avec d'étonnantes baisses de tension.
Le plus amusant reste que ça me paraît une lecture assez peu originale (proche de ce que faisait Hogwood dans son intégrale pour l'Oiseau-Lyre, un label que je suis trop jeune pour avoir connu dans les bacs…), vraiment dans le (beau) standard des baroqueux percussifs / secs.
Et je vois que ça s'écharpe d'un peu partout sur la question du génie de l'imposture… Moi ça me paraît juste une très belle version (un peu hystérisante mais) pas très originale. Qui me plaît beaucoup au demeurant, parce que le baroqueux qui claque, ça sied très bien à Beethoven.



Très bien écrit, comme toujours avec Boutry – quel dommage qu'on ne le joue pas plus (son très beau quatuor ravélo-berguien – en beaucoup plus simple, hein ! – en particulier.) Et que son legs soit assez largement des solos pour vents ou des pièces pour orchestre d'harmonie.
¶ Bellini – Norma, « Casta diva » – Sumi Jo (DGG)



Entendu ça en fond d'un reportage… Je me demandais qui cela pouvait être : voix très franche, assez peu converte, tout en conservant un moelleux magnifique… J'ai assez vite trouvé, parce qu'il y a assez peu d'artistes avec ces caractéristiques (Scotto, à côté, c'est Polaski : la voix n'est pas lourde mais toujours très couverte). Tiré d'un de ses récitals tardifs, où elle essaie des choses plus larges. J'ai adoré ça, et bien que je sois conscient, pour l'avoir entendue en scène, qu'on ne l'y entendrait guère, le résultat sur disque est absolument merveilleux.
¶ Beethoven – Symphonie n°2 – MusicAeterna, Currentzis (bande BBC3)





¶ Beethoven – Symphonie n°5 – MusicAeterna, Currentzis (bande BBC3)





Interprétation pas très originale en réalité, mais pleine de vigueur, et quelles œuvres ! (voir le fil dédié en rubrique « Concerts », Adalbéron y était)
¶ Magnard – Guercœur – Donostiarra, Toulouse, Plasson (EMI)




Belle révélation à la réécoute. (cf. fil concerné)
¶ Bruckner – Symphonie n°4 – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas (Hilversum), van Zweden (Challenge Classics)




Version très cursive, ce qui fonctionne très bien dans leurs Brahms, mais vraiment trop peu tendue pour Bruckner. Un peu lisse et pas passionnant. À chaque fois que je réécoute, j'ai un espoir (troisième tentative, au moins), mais non.
¶ Britten – War Requiem – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas (Hilversum), van Zweden (Challenge Classics)





Version très sobre et lumineuse, un peu à rebours, mais très réussie !
¶ Respighi – Belfagor – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas (Hilversum), Ashkenazy (Exton)



¶ Respighi – Belkis, reine de Saba – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas (Hilversum), Ashkenazy (Exton)



¶ Respighi – Vetrate di chiesa – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas (Hilversum), Ashkenazy (Exton)



Mélange de choses spectaculaires et colorées et d'autres moins marquantes. Mais globalement l'une des œuvres les plus intéressantes de Respighi.
¶ Respighi – Metamorphoseon modi XII – Philharmonia, Goeffrey Simon (Chandos)





… Mais son chef-d'œuvre absolu, ce sont ces Métamorphoses symphoniques… Soudain mâtiné de Hindemith (pour la richesse musicale, parce que pour les couleurs et la chaleur, ce sont celles du triptyque romain, un côté folklorisant de pâtre des Abruzzes et archaïsant néo-monteverdien en sus.

Cette version a plus de couleurs et d'élan que Rome SO & La Vecchia qui plus studieuse, je trouve.
¶ Gurlitt – Wozzeck, le meurtre et le couteau – Scharinger, DSO Berlin, G. Albrecht (Capriccio)





¶ Berg – Wozzeck, le meurtre et le couteau – Schwanewilms, Trekel, Graf (Naxos)



Un des meilleurs moments de l'œuvre, chez les deux (et superbe version Graf, contre toute attente – je n'avais pas adoré sa version avec l'ONBA et déjà Schwanewilms, vue en salle en 1999).
¶ H. Andriessen – Symphonie n°1 – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO forever)



¶ H. Andriessen – Suite de ballet – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn




¶ H. Andriessen – Étude symphonique – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn





¶ H. Andriessen – Variations et Fugue sur Kuhnau – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn




L'Étude est vraiment superbe. Quel orchestre, quel chef, quelle prise de son, aussi. (Sinon c'est la Symphonie Concertante qui m'impressionne le plus chez Andriessen.)
¶ Joline (Dolly Parton)
¶ H. Andriessen – Symphonie n°2 – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)



¶ H. Andriessen – Ricercare – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ H. Andriessen – Mascherata – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ H. Andriessen – Rhapsodie Wilhelmus – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ Le Prisonnier de Hollande (Olivia Chaney)
¶ H. Andriessen – Ricercare – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ H. Andriessen – Mascherata – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ H. Andriessen – Rhapsodie Wilhelmus – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ Nénufar, t'as du r'tard (chanson raciste pour l'exposition coloniale de 1931)
¶ H. Andriessen – Ricercare – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ H. Andriessen – Mascherata – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




¶ H. Andriessen – Rhapsodie Wilhelmus – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




Ce n'est pas une erreur, j'ai trissé les trois pièces. Non pas que ce soient des œuvres à ce point exceptionnelles, mais je les ai beaucoup aimées cette fois, j'avais envie de m'en imprégner. Les mouvements contraires rétro du Ricercare me font craquer ; et le doux côté épique de Wilhelmus…
¶ Something Just Like This (adaptations multiples des Chainsmokers)
¶ H. Andriessen – Symphonie n°3 – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO)




Quant à la Troisième Symphonie, c'est la meilleure des quatre à mon sens, beaucoup plus directe, jubilant plus ouvertement de sa propre musique au lieu de s'astreindre à une sorte de sérieux presque sinistre. Plus proche de van Gilse 2 que de Pijper, en somme.
¶ H. Andriessen – Symphonie Concertante – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() Finalement, j'aime davantage les symphonies 3 & 4 : un petit côté pastiche par endroit, plus accessible mais un peu moins nourrissant. Très chouette néanmoins, ce n'est pas comme s'il existait par ailleurs des symphonies concertantes intéressantes (Szymanowski à la rigueur, mais Mozart, Langgaard ou Prokofiev, bof quand même). ¶ H. Andriessen – Chantecler – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Symphonie n°4 – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() Début sombre, mais de beaux moments de lyrisme ensuite ! ¶ H. Andriessen – Libertas venit – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() Commande de l'Orchestre du Brabant pour célébrer les dix ans de la libération de la province. Une lente marche, qui se pare d'échos menaçants (Dies iræ inclus), se charge de chants de guerre, et exprime avec lyrisme la fin de l'oppression. Quelque part entre le 1812 de Tchaïkovski et le Chant funéraire de Magnard, mais beaucoup moins spectaculaire que l'un et l'autre. ¶ H. Andriessen – Capriccio – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Canzona – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Intégrale pour orgue – Benjamin Saunders (Brilliant) ![]() ![]() ![]() ![]() Corpus très homogène, pas forcément à écouter d'une traite comme je l'ai fait, mais de toute beauté : d'une subtilité sans ostentation, sorte de Tournemire batave. ![]() Et réécoutes : ¶ H. Andriessen – Symphonie n°4 – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Libertas venit – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Capriccio – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Canzona – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() ¶ H. Andriessen – Libertas venit – Symphonique des Pays-Bas (Enschede), Porcelijn (CPO) ![]() ![]() ![]() ![]() -- Cycle Holst ¶ Holst – Les Planètes– Chicago SO, Levine (DGG) ![]() ![]() ![]() Oh ! Après tant de tentatives infructueuses, j'y ai enfin pris du plaisir ! Ce n'est pas très subtil, mais extrêmement neuf (et vraiment pillé par la musique de film épique américaine, de Williams à Horner). ¶ RVW – Fantaisie Greensleeves– Chicago SO, Levine (DGG) ![]() ![]() ¶ RVW – Fantaisie Tallis– Chicago SO, Levine (DGG) ![]() ![]() ![]() J'aime bien ces œuvres, mais c'est juste parce que j'étais trop occupé pour changer le disque que je les ai entendues aujourd'hui. ![]() ¶ Holst – Mars pour orgue– arrangement et exécution par Stangier (Acousence) ![]() ![]() Beaucoup plus raide, forcément. ¶ Holst – Les Planètes pour quatre mains– ZOFO Duet (Dorian Sono Luminus) ![]() ![]() ![]() Change totalement le visage de ces pièces, et on y entend le lien direct avec Debussy, dans Venus ; ainsi que d'autres filiations ailleurs. ¶ Holst – Symphonie en fa– Ulter O, Falletta (Naxos) ![]() ![]() ![]() ![]() Vraiment très sympathique, couleurs locales et médiévalisantes ! Pas un chef d'œuvre, mais roboratif ! ¶ Holst – A Fugal Overture– LPO, Boult (Lyrita) ![]() ![]() ![]() ![]() Profusif (mais assez peu fugué), très sympathique. ¶ Holst – A Somerset Rhapsody– LPO, Boult (Lyrita) ![]() ![]() Jolie cantilène. ¶ Holst – Beni Mora– LPO, Boult (Lyrita) ![]() ![]() ![]() Hit absolu dans l'histoire de se forum. Très sympa dans le genre de la caricature coloniale (moi j'aime bien ces trucs bigarrés qui ne ressemblent à rien). Sa caractéristique majeure est son final, avec le motif de flûte qui se répète en boucle sans moduler, pendant toute la pièce ! ¶ Holst – Hammersmith– LPO, Boult (Lyrita) ![]() ![]() ![]() ![]() Très méditatif, ample et sombre, puis pépiant de façon farouche, assez riche. |



¶ Holst – Japanese Suite – LSO, Boult (Lyrita)


Cycle orchestres de Radio des Pays-Bas
¶ (Yves) Ramette –Symphonie n°5– Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Jan Stulen (Navona)



♪♪ Quoique du second XXe, complètement tonal – c'était un organiste… –, et on y entend beaucoup d'effets reçus de Beethoven et Mahler, quoique l'harmonie soit clairement du (début du…) XXe siècle. Anachronique, mais assez bien fait.
¶ Diepenbrock – Lieder orchestraux (anniversaire vol.3) – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, London Promenade O, Residentie Den Haag, Otterloo, van der Berg et autres




¶ Diepenbrock – Lieder orchestraux (bissé)
♪♪ De très belles mises en musique de poèmes célèbres en néerlandais, allemand (Heine, Brentano, Novalis) et français (Baudelaire, Verlaine), d'un beau lyrisme calme, de beaux miroitements orchestraux, et une très belle poésie, français inclus – on peut songer, en particulier dans la Bonne Chanson, à une sorte de Fauré qui aurait un talent d'orchestrateur beaucoup plus diaphane et irisé, plus rural aussi.
♪♪ Évidemment, Otterloo procure un relief tout particulier à ses participations, et pour ne rien gâcher, les poèmes français sont interprétés par Bernard Kruysen ! Vraiment un disque à entendre.
¶ (Benjamin) Wallfisch – Speed – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, B. Wallfisch (Quartz)




♪♪ L'occasion de vérifier la considérable maîtrise technique de l'orchestre (j'en vois de plus haute renommée, comme la Radio du Danemark ou le Royal Philharmonic, qui auraient probablement un peu plus de peine à tenir ce type de stress test), avec des sur-suraigus impeccablement justes, des articulations rythmiques complexes parfaitement nettes, des timbres inaltérés par l'effort.
♪♪ Cette pièce de 13 minutes explore des atmosphères très différentes et assez figuratives. Rien d'original, on retrouve les cliquetis en nuage, les rafales de cuivres varésiens, des suspensions plus chostakovitcho-herrmannien… car tout en utilisant les outils de l'orchestre du XXe siècle, Wallfisch écrit une musique complètement tonale, une sorte de Connesson qui aurait pris en compte Ligeti et Murail. Et cela fonctionne assez bien, à défaut de révolutionner quoi que ce soit.
¶ Michael Torke (1961-) – Livre des Proverbes – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, de Waart (Ecstatic Records & Decca)




♪♪ Quelque part entre l'atmosphère déhanchée de Bernstein et quelque chose de plus minimalisme, pas si éloigné des harmonies pures de Gregory Spears (Fellow Travelers, pour ceux qui ont le tort de ne pas lire CSS), très simple, très agréable, doucement dansant.
¶ Wagner-Vlieger – Suite des Meistersinger– Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, de Waart (Challenge Records)





¶ Wagner-Vlieger – Deux entractes tragiques– Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Otto Tausk(Challenge Records)




Ça ressemble beaucoup à Rosamunde de Schubert…





Bissé.
¶ Wagner-Vlieger – Suite de Tristan– Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, de Waart (Challenge Classics)



Déçu en réécoutant : franchement, les Appels sans la ligne mélodique, et cet enchaînement d'accompagnements, bof. Mais je crois que j'aime moins Tristan, aussi, tout simplement.
¶ Herman Strategier – Rapsodia elegiaca – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Haitink (Etcetera)


¶ Herman Strategier – Musique pour faire plaisir – Chambre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Krol (Etcetera)


¶ Herman Strategier – Concerto pour accordéon – Chambre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Krol (Etcetera)


¶ Herman Strategier – Sextuor – Hexagon Ensemble (Etcetera)


¶ Herman Strategier – Partita in modi antichi – Chambre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Spruit (Etcetera)



¶ Herman Strategier – Præludium en Fuga – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Fournet (Etcetera)



Ces deux orchestres ont une histoire totalement distincte (le premier est celui de Hilversum, jamais fusionné, le second le fruit de nombreuses fusions et dissout depuis 2014). Pour l'anecdote, le Philharmonique est le premier orchestre que Haitink ait dirigé en concert public, en 1954 (il en a pris la tête en 1957, avant que Fournet ne lui succède, ce qui ne le rajeunit pas exactement).
Sinon, des pièces assez délibérément archaïsantes de ce compositeur local ; je n'ai rien trouvé de bouleversant là-dedans, sauf le Prélude & Fugue très sympathique.
¶ Joep Franssens – Roaring Rotterdam – Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, G. Albrecht (Etcetera)




Tonal mais d'une écriture « globale », par blocs, atmosphérique, alla Corigliano. Très séduisant au demeurant.
¶ Joep Franssens – Harmony of the Spheres – Chœur de la Radio des Pays-Bas, G. Albrecht (Etcetera)




Splendide écriture planante, dans la veine de ce que font les meilleurs nordiques.
¶ Joep Franssens – Magnificat – Chœur & Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, G. Albrecht (Etcetera)



Très réussi aussi, dans ce genre.
¶ Badings – Scherzo symphonique – Orchestre de la Radio des Pays-Bas, Henrik Schaefer (Etcetera)


¶ Badings – Concerto pour violoncelle n°2 – Chambre Philharmonique de la Radio des Pays-Bas, Michael Müller, Henrik Schaefer (Etcetera)


¶ Badings – Symphonie n°2 – Orchestre de la Radio des Pays-Bas, Henrik Schaefer (Etcetera)


L'Orchestre de la Radio des Pays-Bas a lui été fusionné (lui-même fruit de fusions), dans le Philharmonique de la Radio que vous voyez dans le reste de la playlist. Il n'est pas directement lié non plus à la Chambre Philharmonique de la Radio. Je vous ferai un petit schéma dans le bon fil le moment venu, car le Philharmonique des Pays-Bas, le Symphonique des Pays-Bas, le Phliharmonique de la Radio des Pays-Bas, le Philharmonique de Chambre des Pays-Bas, l'Orchestre de la Radio des Pays-Bas, l'Orchestre de l'Omreop (Radio des Pays-Bas) et le Symphonique de la Radio des Pays-Bas sont tous des orchestres différents, même pas tous dans les mêmes villes.

Sinon, Badings ? Du Badings : du postromantisme XXe tardif bien fait, mais pas particulièrement palpitant.
¶ Per August Ölander – Symphonie en mi bémol – Symphonique de Västerås, Harry Damgaard (Sterling)


¶ Bengtsson – Vettern – Symphonique de Gävle, Liljefors (Sterling)


¶ Weyse – Sovedrikken (Ouverture) – Orchestre Royal Danois, Hye-Knudsen (Sterling)




Du beau classicisme tardif, plein d'entrain !
¶ Olsson – Symphonie en sol mineur – Symphonique de Gävle, Liljefors (Sterling)




Tellement Alfvén, dans le début de l'adagio !





Le son est vraiment défavorable, on entend surtout les défauts de l'orchestre, et assez mal les chanteurs ; par ailleurs peu de mots chez Bumbry, et Wixell qui essaie d'épaissir de façon absurde, un peu décevant par rapport à l'idéal promis par l'affiche.
¶ Lyapunov – Symphonie n°1


Très gentil, plutôt agréable, mais absolument inoffensif ; on retrouve les thèmes russisants qui affleurent chez Tchaïkovski, sauf qu'ici il ne se passe à peu près rien.
¶ Schumann – Genoveva – G. Albrecht (Orfeo)



Autant cette œuvre me grise avec Masur, autant à chaque fois dans les autres contextes, même en concert, j'y entends surtout sa faible veine mélodique, son statisme, ce qu'elle veut tenter sans y réussir.
¶ James Carr – The Dark End of the Street (& album)



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Cycle Engegård SQ
Je découvre cet ensemble récent (fondé en 2006) et le mets à l'épreuve. Arvid Engegård, le premier violon, lui donne son nom, et il arrive, de fait, après une carrière particulièrement accomplie : nombreux enregistrements comme soliste, ancien konzertmeister de la Camerata de Salzbourg sous Végh, ancien premier violon du Quatuor Orlando…
¶ Schumann – Quatuor n°3 (scherzo) – Engegård SQ (BIS)





Ce scherzo est un bon test, et BIS y confirme sa clairvoyance en matière de choix de quatuors à cordes : non seulement personne ne les capte mieux, mais comme pour le Stenhammar SQ, on a ici du tout premier choix. J'ai rarement entendu un son aussi fin et un discours aussi étagé et engagé dans du Schumann. Le scherzo a proprement parlé est encore plus ardent chez d'autres, mais l'ensemble du corpus de Schumann est en revanche porté à un degré d'intelligence rare, alors qu'il n'est pas forcément très avenant ni coloré.
¶ Haydn – Quatuor Op.77 n°1 – Engegård SQ (2L)





Finesse, énergie, hauteur de vue… encore plus fort que les Alcan, avec un son splendide (très typé norgévien, on croirait entendre Trondheim, où Engegård a étudié et débuté !).
¶ Haydn – Quatuor Op.76 n°3 – Engegård SQ (2L)





Et ici, ça égale tout à fait les Takács, soit l'absolu absolu de ce qu'il est possible de faire en structure et en chaleur. Grand, grand ; et ceux qui y parviennent dans Haydn sont excessivement rares.
¶ Bartók – Quatuor n°5 – Engegård SQ (2L)


Vraiment pas celui que j'aime le plus, mais joué avec cette finesse de trait, cette aération, cette lisibilité, on sent davantage la jubilation musicale que les affects oppressants qui s'y bousculent !
¶ Haydn – Quatuor Op.76 n°5 – Engegård SQ (2L)




¶ Grieg – Quatuor – Engegård SQ (2L)




¶ Schumann – Quatuor n°1 – Engegård SQ (2L)



¶ Schumann – Quatuor n°2 – Engegård SQ (2L)



¶ Schumann – Quatuor n°3 – Engegård SQ (2L)




Grande, grande référence !
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¶ Weingartner – Septuor pour piano et cordes – Ensemble Acht, Triendl (CPO)



¶ Weingartner – Octuor pour piano, vents et cordes – Ensemble Acht, Triendl (CPO)




Très agréable, sans qu'il y a là d'exceptionnellement marquant. Autant j'ai adoré le pastoralisme trop classique pour ne pas être un peu décadent (sorte de Mozart romantique qui sait secrètement que Schreker existe) de la Première Symphonie, et beaucoup goûté la sobriété des guatuors, autant je n'ai pas complètement senti la nécessité de l'exhaustivité des publications (j'ai écouté les six symphonies parues, et elles se ressemblent vraiment beaucoup, sans apporter de couleurs nouvelles).
Il en va un peu de même avec ces pièces de chambre, surtout le Septuor : beau mouvement lent, belle Danza funebre (pas du tout solenelle ni terrible ni funèbre) finale, mais mobiliser un septuor pour tenir le propos d'un trio du milieu du XIXe siècle, pourquoi ? L'Octuor va chercher des alliages de couleurs un peu plus originaux grâce aux vents (grosse place de la clarinette et du cor) ; on a un peu l'impression d'entendre du post-Czerny, mais comme pour la Première Symphonie, l'œuvre conserve sa verve et son charme propres.
À bientôt pour de nouvelles aventures – tout aussi exotiques, mais je l'espère plus ordonnées et consistantes !
Commentaires
1. Le samedi 11 août 2018 à , par Diablotin :: site
2. Le samedi 11 août 2018 à , par Diablotin :: site
3. Le dimanche 12 août 2018 à , par DavidLeMarrec
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