Carnets sur sol

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Le défi 2020 des nouveautés – épisode 15 : trios de référence, cycle RVW, Garanča apprivoisée, diamants brésiliens, Charpentier ultramontain, Verdi gallican


L'enfermement favorisant l'exploration discographie, une nouvelle et prompte livraison s'imposait.

winterreise_nawak.jpg

Du vert au violet, mes recommandations… en ce moment remplacées par des .
♦ Vert : réussi !
♦ Bleu : jalon considérable.
♦ Violet : écoute capitale.
♦ Gris : pas convaincu. ♠
(Les disques sans indication particulière sont à mon sens de très bons disques, simplement pas nécessairement prioritaires au sein de la profusion de l'offre.)

En rouge, les nouveautés 2020 (et plus spécifiquement de l'automne).
Je laisse en noir les autres disques découverts.
En gris, les réécoutes de disques.



nouveautés CD

OPÉRA


Haendel – Rinaldo – Aspromonte, Galou, Luigi De Donato ; Accademia Bizantina, Dantone
→ Déçu par cette lecture assez terne d'un des plus beaux seria de Haendel : Dantone a toujours été  un accompagnateur probe qu'un inventeur de textures, mais ici, sans le renfort du drame, c'est assez frustrant. D'autant plus qu'Aspromonte blanchit terriblement dans le seria (c'est dans le XVIIe déclamatoire qu'elle fait merveille), que Galou est dans un jour peu propice (ou bien est-ce l'aspect héroîque du rôle, à rebours de sa personnalité vocale ?)… il n'y a que Luigi De Donato qui, comme d'habitude (cf. le récent Samson d'Alarcón dans la livraison précédente, n°14), impose présence et mordant charismatiques. Dommage, l'œuvre mérite vraiment une discographie abondante et il y a encore de la place pour de nouvelles propositions…

[vidéo en direct de l'Opéra-Comique] : Rameau, Hippolyte & Aricie, Pichon (avec Elsa Benoit, Mechelen, Brunet…)
→ Orchestre splendide (ampleur, couleurs, énergie), œuvre toujours aussi peu passionnante pour moi, livret misérable, et voix qui vibrent quand même beaucoup pour ce répertoire (Benoit était fulgurante dans la Dame Blanche).

♥♥♥ Auber – Les Diamants de la Couronne – Raphanel, Einhorn, Arapian, Médioni ; Colomer (Mandala)
♥♥♥ Auber – Les Diamants de la Couronne – Raphanel, Einhorn, Arapian, Médioni ; Colomer (vidéo de la même production, Compiègne)
→ Sommet du livret haletant (merci Scribe) et d'une musique divertissante pourtant pleine de modulations, d'ensembles travaillés, de surprises… Un des plus beaux opéras comiques jamais écrits. (Peut-être même le plus beau en langue française…)  Distribution fabuleuse et orchestre audiblement passionné. Mise en scène tradi pleine de vie.

♥♥ Donizetti – Lucia di Lammermoor (Sextuor) – Rost, Ford, Michaels-Moore, Miles, Hanover Band, Mackerras
→ Ma version chouchoute (instruments anciens, vivacité)… version française exceptée évidemment.
Autres écoutes :
López-Cobos (Caballé, Carreras, Ramey)
Bonynge (Sutherland, Pavarotti, Milnes)

♥♥♥ Verdi – Rigoletto (extraits en français) – Robin, Michel, Maurice Blondel, Dens, Depraz, Noguera ; Opéra de Paris, Dervaux (Marianne Mélodie publication 2013)
→ Des fulgurances et des étrangetés dans la traduction… étonnant comme le mot juste qui éblouit alterne avec les laborieuses maladresses prosodiques (ou affadissements inutiles du sens). Exécution foudroyante.
→ trissé

♥♥ Verdi – Traviata (extraits en français) – Robin, Finel, Dens ; Opéra de Paris, Dervaux (Marianne Mélodie publication 2013)
→ Le livret est assez mutilé par les pudibonderies fadissimes de la traduction, mais entendre cette qualité de chant et d'incarnation demeure inestimable, et dans un français sublime.
→ trissé

Verdi – Le Trouvère (extraits en français) –  Juyol, Laure Tessandra, Poncet, Dens ; divers orchestres, Delfosse / Etcheverry / Dervaux (Marianne Mélodie publication 2013)
→ bissé

Verdi – Aida – Milanov, Thebom, Del Monaco, London, Hines ; Met, Cleva (Pristine)
→ Surtout remarquable par l'ardeur orchestrale (et bien disciplinée pour le Met de l'époque !). Mais si l'on veut le Del Monaco le plus sonore et glorieux, clairement la bonne adresse – je l'aime davantage, plus fragile et approfondi, plus tard.

Verdi – Aida (extraits en français) – Irène Jaumillot, Élise Kahn, Poncet, Borthayre (x2), Koberl ; Orchestre inconnu, Robert Wagner (Marianne Mélodie publication 2013)
→ bissé

♥♥ Verdi – Otello (extraits en français) – Jeanne Segala, Thill, José Beckmans ; Opéra de Paris, François Ruhlmann (Marianne Mélodie publication 2013)
→ trissé

♥♥ Offenbach – Barbe-Bleue – Séchaye, Vidal, Félix… ;  Opéra de Rennes, Campellone (plan fixe d'archives)

♥♥♥ Offenbach – Barbe-Bleue – Mas, Beuron, Mortagne ; Pelly, Opéra de Lyon (vidéo France 2, diffusion 2020)

Prokofiev – Guerre & Paix – Markov, Stanislavsky… (vidéo du Stanislavsky 2020)
→ Pas la soirée la plus voluptueuse musicalement ni inspirée scéniquement, mais très belles voix des jeunes premiers.



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MUSIQUE DE SCÈNE / BALLETS

Delibes – Ballets Sylvia, La Source, Coppélia – N. Järvi (Chandos)
→ Pas le plus marquant de Delibes, mais contenu de ploum-ploum plutôt magnifié par le grand geste unifiant de Järvi.

Grieg – Peer Gynt, les 2 Suites – Bergen PO, Ruud (BIS)
→ Un peu déçu à la réécoute, pas aussi singulier et coloré – ou bien était-ce davantage le cas dans la musique de scène totale par les mêmes ?

♥♥ Schmitt – Oriane & le Prince d'Amour, Tragédie de Salomé, Musique sur l'eau, Légende – Susan Platts, Nikki Chooi ; Buffalo PO, Falletta (Naxos 2020)
→ Passionnant ensemble de raretés (des premières ?) de Schmitt. Outre l'incontournable suite de Salomé (les pas d'action sont supprimés et le tout réorchestré pour très grand orchestre), que je trouve admirablement interprétée par Buffalo-Falletta, dont je n'avais pas de tels souvenirs d'excellence et de style (plus massifs et moins finement articules), on y rencontre la précieuse Oriane, une mélodie avec orchestre qui tire un réel profit des qualités de sophistication et de naturel conjugués dont peut faire preuve Schmitt !

Vaughan Williams – Job – Bergen PO, Andrew Davis (Chandos 2017)
→ Moins intéressé dans cette version (par rapport à Hallé-Elder présenté dans la livraison n°14), plus lisse, plans moins détaillés pour une œuvre déjà étale et homogène.



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MUSIQUE SACRÉE

Beretta, Merula, Cazzatti, Giambelli, Benevolo, Cavalli, Charpentier – Messes à chœurs multiples – Correspondances, Daucé (HM)
→ Il manque hélas les deux plus belles pièces de la tournée de concerts (de Legrenzi, évidemment), mais pour le reste, ce tour de la moitié Nord de l'Italie autour des messes et motets à chœurs multiples est un enchantement : découverte de traitements variés, du plus hiératique (Cavalli évidemment, toujours le dernier de la classe celui-là) aux irisations de Beretta. Rarissime, passionnant, très convaincant.
→ Le résultat semble avoir beaucoup mûri depuis les concerts de 2017 (entendu pour ma part dans l'acoustique peu favorable de la Seine Musicale) : j'avais été frustré par le choix de Daucé de magnifier les coloris au détriment de la danse dans ce Charpentier (qui n'est déjà le meilleur de son auteur en termes d'audace et de personnalité)… alors qu'ici, avec encore plus de chatoyances (infinies, réellement), l'impression de mobilité n'est jamais prise en défaut. Grand disque, même pour la version du Charpentier.

♥♥♥ Charpentier – Méditations pour le Carême – Camboulas (Ambronay)
→ Déjà présenté. Et notule en préparation.

♥♥♥ Campra – Exaudiat te Dominus, De Profundis – Christie (Erato)
→ Tantôt guerrier, tantôt tendrement méditatif, un chef-d'œuvre servi par les meilleurs !

♥♥♥ Beethoven – Missa Solemnis – Hanover Band, Kvam (Nimbus)

Berlioz – L'Enfance du Christ, arrivée à Saïs – Graham, Le Roux ; OSM, Dutoit (Decca)
→ Sympa, mais il existe tellement mieux.

Mendelssohn – Church Music, Vol. 2 - Vom Himmel hoch / Ave maris stella / Te Deum in D Major (Bernius) (Carus)
→ Un peu servilement du néo-Bach, sur cet album. Chœur et orchestre de Bernius un peu plus ternes qu'à l'habitude aussi.

♥♥ Mendelssohn – Church Music, Vol. 3 - 3 Psalms / Christus / Kyrie in D Minor / Jube Domine / Jesus, meine Zuversicht (Stuttgart Chamber Choir) (Carus)

Mendelssohn – Church Music, Vol. 6 - Psalm 115 / O Haupt voll Blut und Wunden / Wer nur den lieben Gott lasst walten (Bernius) (Carus)

♥♥♥ Mendelssohn – Chœurs sacrés Op. 39, 115, 116, Te Deum, Herr sei gnädig… Vol.7 – Bernius (Carus 2006)
→ Collection de merveilles riches et épurées… un sérieux candidat pour la livraison 1830 d' « Une décennie, un disque ».

Bruckner – Motets – Chœur de la Radio Lettonne, Kļava (Ondine 2020)
→ Belle version où l'on retrouve à la fois les motets bien connus et les sopranos mêlant voix lyriques et techniques droites « de cristal », caractéristiques de la Radio lettonne.
→ Belles lectures apaisées, même si ma préférence va à des chœurs encore plus ecclésiaux (St Mary's d'Édimbourg, cathédrale de Bergen) ou dotés de courbures plus généreuses (Collegium Vocale de Gand) – par exemple.



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CONCERTOS

Mozart – Concertos pour hautbois et basson – Koopman
→ Très beau et fin, même si désavantagé par la facture qui lime l'impact des solistes et les places toujours à la frontière du refus d'obstacle !

♥♥ Martinů – Concertos pour violon 1 & 2 // Bartók, Sonate pour violon solo – F.P. Zimmermann, Bamberg SO, Hrůša (BIS)
→ Le premier d'un postromantisme tourmenté (comme « soviétisé »), le second typique des coloris orchestraux néoclassique. Pas du niveau des concertos pour violoncelle, mais change considérablement des habitudes. La virtuosité n'y empêche pas la musicalité, a fortiori avec Zimmermann qui ne cherche pas la chatoyance facile et mise tout sur l'élan irrésistible de son discours !
→ Pas particulièrement marqué par Bamberg-Hrůša-BIS, pourtant tiercé de chouchous, mais j'ai peu écouté ces œuvres, je ne mesure pas nécessairement à quel point ils en tirent le meilleur.
→ (J'ai distraitement écouté le Bartók, désolé.)

John Williams – Concerto pour basson – Robert Williams, Detroit SO, Slatkin (Naxos single)
→ Sans être le chef-d'œuvre ultime, l'un des tout meilleurs concertos pour basson.




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SYMPHONIES & poèmes orchestraux

Schubert – intégrale des Symphonies – Chamber Orchestra of Europe, Harnoncourt (ica / COE, publié en 2020 mais capté en 1988)
→  Parution d'un concert inédit de 1988, qui paraît moins essentielle alors que depuis dix ans, les parutions de verisons « musicologiques » des symphonies de Schubert se sont multipliées, avec des propositions très stimulantes ou plus radicales qu'ici.
→ Pour autant, l'association produit de belles choses, le chant des cuivres, les sforzati secs mais non excessifs dans cette acoustique réverbérée, les beaux aplats de cordes. Loin de l'Harnoncourt débordant de couleurs de la dernière période, mais une belle lecture, à défaut d'être désormais prioritaire.

Berlioz – Sara au bain pour chœur, quelques mélodies irlandaises orchestrées – OSM, Dutoit (Decca)
→ Captation assez lointaine et floue, dommage. Les pièces, avec le chœur vraiment moyen de l'OSM ou les chanteurs peu idiomatiques, ne sont pas servies au mieux – alors qu'il y a des merveilles, et que Dutoit-OSM ont montré leur valeur dans ce répertoire.

Berlioz –  Roméo et Juliette – Dragojević, Staples, Miles ; Radio Suédoise, Ticciati (Linn 2016)
→ Limpide, du côté d'un Berlioz fin et épuré, pas du tout son versant coloré et sauvage. (Pour la force intérieure, privilégier Ozawa, et Dutoit pour la couleur.)

♥♥♥ Czerny – Symphonie n°1 – Frankfurt (Oder), Athinäos (Christophorus)

♥♥♥ Roth – Symphonie en mi – Rückwardt

♥♥♥ Bowen – Symphonies 1 & 2 – Andrew Davis (Chandos)

♥♥♥ H. Andriessen – Libertas venit – PBSO Enschede, Porcelijn (CPO)
→ Quelle sombre épopée, mi-grandiose, mi-intérieure… !

♥♥♥ Graener – Variations orchestrales sur « Prinz Eugen » – Philharmonique de la Radio de Hanovre, W.A. Albert (CPO 2013)
→ On ne fait pas plus roboratif… mon bonbon privilégié depuis deux ans que je l'ai découvert par hasard, en remontant le fil depuis le dernier volume de la grande série CPO autour du compositeur (concertos par ailleurs tout à fait personnels et réussis).

Vaughan Williams – Symphonie n°2 – Hallé O, Elder (Hallé)
→ Transparence debussyste très bienvenue dans cette symphonie contemplative à laquelle je trouve, ainsi, de très belles qualités.

Vaughan Williams – Symphonie n°3 – LSO, Hickox (Chandos)
→ Remarquablement articulé, comme toujours (avec fond un peu brouillé à cause de Chandos, mais tout est très audible, capté de près), superbes gradations.

Vaughan Williams – Symphonie n°3 (premier mvt)
¶ LPO, Norrington (Decca 2017) *
→ Captation un peu frontale et dure.
New Philharmonia, Boult (EMI) *** **
→ Détaillé, tranchant et debussyste, superbe pensée.
LPO, Haitink (EMI)  *** *
→ Calme, mais très bien équilibré.
LSO, Hickox (Chandos) *** *** *
→ Remarquablement articulé, comme toujours (avec fond un peu brouillé à cause de Chandos, mais tout est très audible, capté de près), superbes gradations.
¶ Hallé O, Elder (Hallé) *** ***
→ Superbe lisibilité et aération, assez statique alla Faune
LPO, Boult (Decca) **
→ Prise de son un peu ancienne, par blocs, mais toujours très beau détail.
LSO, Previn (Sony) ***
→ Beau, un peu étale et hédoniste, frémissements intéressants, fond un peu brouillé.

Vaughan Williams – Symphonie n°4 – Atlanta SO, Spano (ASO Media)
→ Superbe réalisation plastique qui rend moins suffocante l'atmosphère, sans renoncer à la tension. (On peut considérer que c'est passer à côté du propos, mais ça correspond bien à ce dont j'ai besoin, n'aimant pas trop le paroxysme permanent et terrifiant de cette symphonie.)

Vaughan Williams – Symphonie n°4
¶ Philharmonique de ?, Mitropoulos (Music & Arts)
→ Énergie débordante et sale, impressionnant. Sonne tellement Chostakovitch (en plus nourrissant).
¶ New Phia, Boult II (EMI)
→ Cuivres vraiment pouêt-pouêt anglais, mais cassant et impressionnant, véritable énergie.
¶ Atlanta SO, Spano (ASO Media)
→ Très rond, mais est-ce le but ?
¶ NYP, Bernstein (Sony)
→ Lent et écrasant.

Vaughan Williams – Symphonie n°5 – Royal PO, Menuhin (Virgin)
→ Cordes très phrasées, comme toujours. (Un peu trop pour cette symphonie suspendue, sans réelle prépondérance thématique ?)

Vaughan Williams – Symphonie n°5 – Brandebourg StO, Hilgers (Genuin)
→ Très lisse, un peu impavide, déçu malgré les colorations toujours exceptionnelles de la petite harmonie de Frankfurt sur l'Oder…
(puis Philharmonia & Collins chez BIS, pas beaucoup de relief non plus malgré la belle prise de son)

♥♥♥ Diamond – Symphonies 2 & 4 – Seattle SO, Schwarz (Naxos)
→ Toujours aussi motorique, roboratif et exaltant !



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MUSIQUE DE CHAMBRE

♥♥ Michl – Quatuors avec basson (Naxos)

♥♥ Beethoven – 6 Trios piano-cordes Op.1, Op.70, Op.97 – Trio Sōra (Naïve)
→ Très belle anthologie (manquent l'opus 11 qui existe aussi avec clarinette, l'opus 38 qui transcrit le Septuor, ainsi que la réduction de la Deuxième Symphonie, toutes des pièces de moindre importance que les 6 présents ici), interprétée avec l'ardeur admirable qu'on leur connaît. Profondeur de son, piano à la belle finesse de touche jusque dans les traits périlleux, et structurant le discours, violoncelle intense…
→ Deux petites réserves qui ne tiennent pas à l'interprétation en tant que telle : d'abord la lassitude qu'impose la suite de ces trios très similaires – et qui n'ont ni la variété ni la profondeur des Sonates pour piano ou Quatuors à cordes du Grand Sourd. J'aurais aimé avoir l'Op.1 n°1 et l'Archiduc couplés par exemple avec les Wieck-Schumann et Mendelssohn-Hensel qu'elles promeuvent formidablement en concert, ou leur Chausson, ou le contemporain (Kagel, des compositrices…) qu'elles servent magnifiquement.
→ Seconde réserve, un peu injuste, mais depuis le départ de leur violoniste Magdalena Geka (pour l'ONDIF), l'équilibre du trio s'est redistribué, plutôt autour de Pauline Chenais au piano, qui assure fabuleusement ce rôle, mais la personnalité généreuse des cordes se trouve bridée par ce nouvel agencement, ne leur permettant pas la même expansivité, et je ne peux m'empêcher de le regretter en les entendant.
→ Pour autant, si l'on n'écoute pas ce disque pour ce qu'il ne veut pas (un programme équilibré plutôt qu'une monographie) ou ne peut pas (l'ancienne équipe) être, c'est là une très, très belle et lecture des œuvres présentées, pleine de panache et d'une finistion remarquable.

Schubert – « In Stille Land », lieder pour quatuor à cordes (sans voix) + Quatuors 6 & 14 – Signum SQ (PentaTone)
→ Beaux lieder (pas les plus marquants, et la Jeune Fille & la Mort simplement dans sa première partie !), démarche originale. Tout est joué comme soufflé, susurré, de façon assez poétique et convaincante.
→ Le 6 (un de ses très beaux de jeunesse) est remarquablement joué, le 14 claque dans ses paroxysmes (mais la tension baisse brusquement dans les moments plus calmes). Une très très belle version de plus, qui aurait révolutionné la discographie il y a vingt ans, et qui aujourd'hui s'ajoute aux propositions superlatives des Jerusalem, Ehnes, Cremona, Leipziger, Debussy, Novus…

♥♥ Cherubini – Quatuors 3,4,5,6 – Venezia SQ (Decca)
→ Très beau, équilibré, détaillé dans une veine traditionnelle qui respire remarquablement entre les pupitres. (Un peu moins impressionné par les œuvres à la réécoute, en revanche.)

Fanny Mendelssohn-Hensel – Quatuor – Asasello SQ (CAvi)
Fanny Mendelssohn-Hensel – Quatuor – Ébène SQ (Virgin)

Schumann – Quatuor n°3 – Kuijken SQ
→ Très décevant : pas du tout tranchant, et assez mou, toujours doux et ne claque jamais, même dans les paroxysmes du scherzo – j'ai peut-être été trop bien habitué par les jeunes quatuors !

Schumann – Quatuor n°3 pour piano quatre mains – Duo Eckerle (Naxos)
→ Survol. Toute tension est perdue, pas intéressant (et interprétation assez molle).

♥♥♥ Arenski, Chostakovitch, Mendelssohn – Trios n°1 – Trio Zeliha (Mirare)
→ Trois chefs-d'œuvre ultimes, dont le rare Arenski, d'où émane une générosité thématique russe au carré, à la façon de ce que fait Kalinnikov dans la symphonie. La structure et l'harmonie ne sont pas aussi inventives que chez Tchaïkovski, mais l'expansivité mélodique y est réellement comparable. L'étonnant Chostakovitch de jeunesse demeure tout aussi grisant par ses poussées de sève à la fois conquérantes et désolées. Quant au sommet de sombre fièvre que constitue le trio de Mendelssohn, on l'aura peu souvent entendu aussi généreux et lisible.
→ Dans un son pur à la française, le Trio Zeliha se distingue, pour chaque pupitre, par une netteté, un charisme, un abandon absolument hors du commun, du diamant soyeux… Ce n'est ni très russe, ni très allemand, mais le discours de chaque pièce semble porté à son point d'ébullition, là où la musique nous renverse par delà les styles – avec une sobriété d'exécution qui leur fait honneur, a fortiori à leur âge, dans un répertoire qui appelle facilement l'emphase.
→ Je les ai entendus jouer ce programme en salle, une des grandes expériences de ma vie de mélomane. Je n'ai tout simplement jamais entendu un trio, en plus de son grand élan collectif, qui soit à ce point à un tel niveau individuel (Galy, Quennesson, Gonzales Buajasan) dans chaque partie. Rare d'avoir une violoniste aussi intouchable techniquement, un violoncelliste avec un tel grain, un pianiste à ce point souple dans les nuances et intégré au discours… Ma crainte est donc que les offres avantageuses d'une carrière soliste ne finissent bientôt par les séparer.
→ (Je ne sais pas ce qui s'est passé avec la pochette.)

♥♥ Debussy – Quatuor, les 3 Sonates – Orlando SQ (Accord)

Goldmark – Quintettes piano-cordes Op.30 & 54 – Quatuor Sine Nomine, Triendl (CPO)

♥♥♥ Weingartner – Sextuor pour quatuor, contrebasse & piano / Octuor pour clarinette, cor, basson, quatuor & piano – Triendl (CPO)
→ Complètement fasciné par le Sextuor pour piano et cordes (la pochette dit Septuor à tort). Un lyrisme extraordinaire.
→ bissé

Schoeck – Sonate pour clarinette basse & piano – Henri Bok, Rainer Maria Klaas (Clarinet and Saxophone Classics 1999)
→ Étrange influence rhapsodique et déhanchée du jazz sur du Schoeck !  Capté de trop près, timbres assez vilains des instruments. Se trouve aussi, en version orchestrée par Willy Honegger, dans le disque Venzago contenant notamment la version ultime de Besuch in Urach (avec Rachel Harnisch, en version orchestrale).

N. Boulanger, Stravinski-Piatigorski, Piazzolla, Carter – « Dear Mademoiselle », violoncelle & piano – Astrig Siranossian, Nathanaël Gouin, Daniel Barenboim (Alpha)
→ Bel album original d'hommage à Nadia Boulanger. Je n'ai pas totalement été saisi par les œuvres, mais le plaisir de la rencontre est grand, avec un violoncelle aux teintes très mélancoliques. Les Boulanger sont même accompagnés par Barenboim, que je suis stupéfait de retrouver dans un répertoire si peu couru, comme accompagnateur d'une jeune artiste et sur un label moins internationalement exposé – de plus humbles que lui auraient refusé !  Occasion aussi d'écouter Gouin, fabuleux pianiste (voir ses récents Bizet) et la rare Sonate de Carter, qui hésite entre romantisme, atonalité et jazz.

♥♥♥ Takemitsu – Bryce, Toward the Sea I… – Aitken (Naxos)



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PIANO SOLO

Beethoven – Sonate pour piano n°4, écoute comparée
→ Say, Nat, Goode, Buchbinder II, Grinberg, Pommier, Kovacevich, Bellucci, Barenboim DGG, Lortie, Barenboim 2020, Backhaus II, Bilson, Barenboim 66…
(Choisi seulement des grandes versions. Placées dans mon ordre d'appréciation personnel, les six premiers, et plus singulièrement les trois, m'éblouissant tout à fait.)

♥♥♥ Beethoven – Complete Piano Sonatas – Fazil Say (Warner)
(pour l'instant écouté les 1-2-4-5-6-7-27-28-29-30-31)
→ Poursuite de l'écoute amorcée il y a quelques mois lors de la parution.
→ Outre l'aisance de Say dans les plus redoutables défi techniques, on bénéficie aussi d'une riche palette harmonique, où la résonance remplit réellement les interstices de la musique, tout en restant d'une limpidité exemplaire (à laquelle la prise de son rend justice). À l'usage ces derniers mois, je n'ai pas trouvé version qui magnifie mieux l'ambition et l'ardeur de ces pages, et avec une telle qualité de réalisation. Beaucoup de pédale, mais toujours pour créer des rencontres harmoniques, jamais par réflexe ou paresse. Seul défaut (il y en a toujours un) : le micro étant proche, Say grogne beaucoup pendant les mouvements rapides avant de frapper les accords, c'est un peu impatientant dans les sonates de facture plus classique du début du corpus.

♥♥ Beethoven – Sonates pour piano n°28, 30, 32 – Lugansky (HM 2020)
→ Toujours ce toucher incroyablement présent et plein, avec ce sens du phrasé qui permet de donner du liant très bienvenu aux âpretés de Beethoven. On sent la grande maturation – il jouait peu Beethoven, dans sa jeunesse, à l'époque où je suivais ses concerts de plus près.
→ 28 sublime. 32 acérée, presque dure, très animée et découpée, d'une tension remarquable. 30 davantage dans la norme du très haut niveau.
→ Sonne avec une qualité d'attaque légèrement dure et cristalline, une palette harmonique compacte qui évoquent les pianos d'époque.

Schumann – Fantasiestücke Op.12
¶ Nat (3 premiers chez Documents)
¶ Frankl

♥♥ Schumann – Fantasiestücke Op.12 & Intermezzi Op.4 – Daniela Ruso (Amadis)
→ Captation sèche et proche, mais superbe son, jeu très découpé et charismatique !  Pour  des œuvres de  qui ne sont pas les plus jouées, mais pas les moins inspirées de son auteur !




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LIED & MÉLODIE

Schubert – Die schöne Müllerin – Ian Bostridge, Saskia Giorgini (PentaTone)
→ Très belle version, en particulier pour le piano de diamant de Giorgini, acéré comme peu dans ce cycle (on peut songer, dans un style plus détaché, à l'épique tranchant de Gothóni).
→ Bostridge y est comme toujours sophistiqué, frémissant et habité, mais la voix, un peu plus terne désormais, en fait sa Meunière la moins extraordinaire, que ce soit son étrange première avec Johnson ou le point d'équilibre assez ultime entre sinuosité et classicisme avec Uchida.

♥♥♥ Schumann, Frauenliebe und Leben // Brahms, lieder – Garanča (DGG)
→ Divine surprise… Garanča, impératrice des volapüks, livre une interprétation vibrante, tétanisante d'intensité de ces Brahms denses et sublimes, et même du très-enregistré Frauenliebe de Schumann !  Avec une voix qui a peut-être vieilli et où elle tire des couleurs très inhabituelles, davantage replacées vers le nez, un léger mixte obtenu en teintant de couleurs de poitrine, elle obtient une interprétation qui semble remonter le temps, et produit un effet charismatique immédiat, sans du tout négliger la diction. Splendide programme, exécution très prenante – un petit coup de foudre pour moi qui, d'ordinaire, n'aime pas sa diction brumeuse et son chant à la fois lisse et légèrement hululant. Le lied révèle une tout autre artiste !
→ bissé

Mahler – Lieder eines fahrenden Gesellen (arr. A. Schoenberg) – Bär, Linos Ensemble (Capriccio)
→ Bär manque un peu d'assise et de mordant ici, pour une fois !



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LISTE D'ÉCOUTES à faire – nouveautés

→ alcyone Marais
→ vladigerov symphs 1 & 2
→ schmitt salomé ( & raretés) falletta
→ arte scordatura
→ trios alayabiev glinka rubinstein, brahms Trio (naxos)
→ martynov : utopia
→ rasi art de la fugue consort de violes
→ vasks viatore, distant light, radio munich
→ boccherini les ombres
→ leningrad concertos
→ albums toccata classics : fürstenthal, carrillo, sivelöv, osca da silva
→ auvinen lintu
→ rudolf wagner genesis
→ passacaglie d'amore nisini
→ grondahl legacy

→ britten saint nicolas
→ nigl rihm beethoven lieder
→ proko 5 miasko 21 v.petrenko oslo
→ brahms trios le sage
→ schubt s2 & 3 zender basel kamO
→ huvé beeth pianoforte
→ gran partita ogrintchouk ccgbw BIS
→ dall'abacco il tempio armonico
→ barenboim beethoven intégrale n°5
→ monteverdi terzo libro alessandrini naïve

(plus tous les autres des listes précédentes…)



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LISTE D'ÉCOUTES à (re)faire – autres

À nos morts ignorés Antoine - Boulanger - Caplet - Debussy - Hahn - Gurney  Mauillon Le Bozec

bär cantates bach (olaf bär)

weingartner

triendl :
fibich dohnanyi sext,
kiel piaQ,
gernsheim quint
goetz quint
gilse tanzskizzen
magnard trio laurenceau

Rutland Boughton : Symphonie No. 3, concerto pour hautbois No. 1 (Vernon Handley) (hyperion)

Wolf Bostridge

fervaal hogué et bardes

koechlin thal & grothuysen

chaîne mathias vidal

RVW 4 : spano, bernstein, boult-phia, berglund
RVW 5 : Hilgers-FkftOder, collins-BIS, menuhin, boult-phia, elder, marriner, barbirolli,
RVW 6 : boult-LSO, elder, berglund, a.davis BBCSO, c.davis BayRSO,
RVW 8 : Jurowski-LPO

tout CPO
tout Hortus
(Timpani c'est à peu près fait)

(plus tous les autres des listes précédentes…)




… et à bientôt pour une prochaine livraison ! 

(Notez que je ne suis pas certain de poursuivre le format l'an prochain, trop de notules plus stimulantes en souffrance pour faire la chronique des disques, je le crains.)


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Commentaires

1. Le mercredi 18 novembre 2020 à , par Benedictus

Bonjour, David!

La 4ᵉ de RVW par Mitropoulos chez Music & Arts (dans le genre sale et méchant, difficile de faire plus à mon goût, en effet!), c'est avec le Philharmonique de New York - dont le nom officiel était alors Philharmonic-Symphony Orchestra (en général on écrivait pour préciser «New York Philharmonic-Symphony Orchestra», abrégé NYPSO.) C'est un concert d'avril 1953; je crois qu'ils l'ont aussi enregistrée en studio chez Columbia / CBS.

Les deux trios dont tu parles (Sōra et Zeliha), tu crois qu'ils pourraient me plaire?

De mon côté, dans les nouveautés que je vais tâcher d'écouter, il va y avoir des contemporains belges sur instruments anciens (un disque Boesmans / Bartholomée / Foccroulle / Mernier avec entre autres Clématis et L'Achéron, chez Ricercar, et E vidi quattro stelle de Foccroulle, une scène pour baryton, soprano, cornet à bouquin, trombones, harpe et orgue sur des fragments du Purgatoire de Dante, chez Fuga Libera.)

Et puis des nouveautés dont tu as déjà parlé: le Mahler / Karg, le Charpentier / musique polychorale italienne et The Queen's Delight.

2. Le mercredi 18 novembre 2020 à , par Benedictus

(Au fait, tu n'as toujours pas pu écouter le disque d'Alcione par Savall?)

3. Le mercredi 18 novembre 2020 à , par DavidLeMarrec

Benedictus !

Merci pour la précision onomastique : ce nom qui ne précisait rien m'avait fait penser à un orchestre qui n'avait pas été identifié – ça paraît tard pour ce genre d'incertitude, mais après tout on a bien un Pelléas de studio où, malgré les nombreux témoins qui ont survécu longtemps, on n'a jamais pu identifier, manifestement, la composition de l'orchestre. (Peut-être était-ce un orchestre ad hoc, mais je n'ai jamais lu nulle part d'autre mention qu' « indéterminé ».

Les interprètes des Sōra et Zeliha, assurément ! Je ne suis pas sûr qu'une intégrale (certes ardente, et fût-elle la meilleure) des trios de Beethoven te comble particulièrement (ce n'est pas aussi original et charismatique que leur Chausson ou leur Kagel n°2 d'avant le départ de Geka) ; mais un Arenski et un Mendelssohn sobres et intenses, pourquoi pas ! En tout cas, je les tiens, avec les Zadig, pour les meilleurs trios que j'ai jamais entendus, en salle ou au disque, vraiment du premier choix.

Oh, le Boesmans-Bartholomée est avec L'Achéron ? Je me demandais pourquoi ça sortait chez Ricercar. Ça fonctionne rarement, ces attelages, mais ça rend curieux quand même.

Non, Alcione, je n'ai toujours que le vieux disque (pas fameux en plus, pas du tout les mêmes musiciens ni la même esthétique) des Suites d'airs à joüer

Bonnes écoutes à toi !

4. Le jeudi 19 novembre 2020 à , par Benedictus

précision onomastique


Comme disait John Lennon. (Désolé.)

Oh, le Boesmans-Bartholomée est avec L'Achéron ? Je me demandais pourquoi ça sortait chez Ricercar. Ça fonctionne rarement, ces attelages, mais ça rend curieux quand même.


Programme du Ricercar, avec les interprètes:
Boesmans: Ricercar sconvolto → B. Foccroulle
Mernier: Fancy upon Teares → L’Achéron
Foccroulle: Nigra sum → B. Foccroulle, A. Foccroulle, L. COlson
Bartholomée: Toccata, Scena → Clematis / P. Davin
Foccroulle: L’uscita dell’inferno → InAlto
Bartholomée: Le Tombeau de Marin Marais → Ensemble Alarius (S. & W. Kuijken, R. Kohnen & J. Rubinlicht - bande de la création, 1968)

En fait, ce sont trois ensembles et un organiste qui publient déjà chez Ricercar. (Pourquoi dis-tu que ces attelages fonctionne rarement, tu as des exemples précis?)

Non, Alcione, je n'ai toujours que le vieux disque (pas fameux en plus, pas du tout les mêmes musiciens ni la même esthétique) des Suites d'airs à joüer


Ah? Moi, j'en garde un très bon souvenir, de ce disque.

5. Le jeudi 19 novembre 2020 à , par Diablotin :: site

Hello David !

Malgré nos appréciations généralement divergentes sur l'interprétation des sonates de Beethoven, il semble que vous ayons au moins un point de convergence : Barenboim 2020, que j'ai personnellement trouvé bien à la peine, notamment dans les dernières sonates ! En revanche, son intégrale DGG du début des années 80 est plutôt pas mal.
Pour la 4, j'aime beaucoup Gilels -évidemment- et Benedetti-Michelangeli, tous les deux chez DGG.

6. Le jeudi 19 novembre 2020 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Benedictus !

Ah oui, L'Achéron, Clématis et les Kuijken, sympa ! Ça explique en effet pourquoi c'est Ricercar qui publie ça.
Je disais décevant, parce qu'en général, même chez des compositeurs « raisonnables » (comme ici), l'emprunt d'instrumentarium traditionnel ou ancien conduit surtout à des sortes de solipsismes où on va au bout des possibilités techniques à base de suraigus et crissements ou, dans le meilleur des cas, où le langage habituel du compositeur est reproduit. Je n'ai jamais entendu, à ce jour, d'utilisation d'un instrumentarium exotique qui apporte réellement quelque chose de supplémentaire au discours d'un compositeur vivant.

Il y a des choses intéressantes par touches : le concerto pour percussions de Hosokawa, mais il s'agit de sa culture, ce n'est pas un emprunt exotique à proprement parler ; ou la Sonata da caccia (avec oboe da caccia) d'Adès, mais finalement il s'agit d'un instrument de facture moderne. Globalement, je serais bien en peine de citer un exemple convaincant de composition contemporaine pour viole de gambe – pour clavecin, il y a Takemitsu et Ligeti, mais ce sont des compositions pour clavecin moderne à tempérament égal, en vérité…

Me vient aussi à l'esprit le Tempest Songbook de Saariaho : c'est plutôt joli, mais elle traite là aussi les instruments anciens comme un instrument moderne dont elle cherche à repousser les limites, il n'y a finalement pas de différence (à part que c'est plus dur à jouer) avec le spectre sonore d'œuvres qu'elle a pu écrire pour instruments modernes.

C'est simplement cette convergence d'observations qui explique ma prévention : je ne vois aucune raison structurelle pour laquelle il n'y aurait pas de bonnes œuvres contemporaines écrites pour vieux crincrins et pouêt-pouêts !  Mais je ne puis nier le soupçon de gadgétisation lorsque j'en vois passer.

--

Suites à joüer d'Alcione

Le disque n'est pas mal (mais pas du tout les mêmes interprètes, c'était la vieille garde catalane qui jouait) ; j'en ai un assez mauvais souvenir après avoir entendu Savall en salle en 2003 donner à la fois Farnace (imparfait techniquement, mais agréable) et ces Suites (vraiment très sèches et cassantes, manquant absolument de séduction, de couleur, d'évocation et de rebond). Mais les disques, grâce aux possibilités du studio et à la qualité exceptionnelle des techniciens d'Alia Vox, sont beaucoup plus convaincants – le Farnace m'avait vraiment impressionné, on n'entendait pas du tout ça en salle, et pourtant c'était un petit théâtre à l'italienne, et j'étais dans les premiers rangs de l'orchestre, le nez sur eux…

7. Le jeudi 19 novembre 2020 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Diablotin !

Oui, en effet, Gilels et ABM, pas trop mes adresses, trop lisse pour moi – mais je dois à l'honnêteté qu'ABM m'intéresse si peu en général, et dans Beethoven notamment, que je n'ai jamais essayé ses Sonates.

Je n'ai pas osé essayer Barenboim dans les dernières sonates : en salle, j'ai été impressionné par son grand sens de la structure (et son comportement de caractériel capricieux), mais il y a des choses où les doigts ne suivent plus. Ça restait raisonnable – j'ai aussi entendu Zimerman en mettre à côté, et Pollini complètement en déroute dans du Chopin –, et tout à fait satisfaisant dans le cadre du concert, mais même avec le confort du studio, ce doit être un peu tendu dans certaines pages, désormais. Par ailleurs, j'ai trouvé son jeu assez lisse ainsi joué / capté, moins de relief qu'en salle ou que dans ses précédentes intégrales, que j'apprécie beaucoup (sans y revenir trop non plus).

Donc, en réalité, je trouve ça très bien, ce que j'ai entendu (très partiellement !) de cette intégrale… c'est plutôt sur la nécessité de graver pour la quatrième (et même la cinquième à ce qu'on m'a dit ?) fois ces Sonates, alors que ce sera moins bien vu son âge (et le temps passer à diriger), et qu'il aurait pu, sans même parler d'entrer dans l'Histoire en mettant à l'honneur un compositeur qu'il serait le premier à mettre à l'honneur, au moins enregistrer un cycle du grand répertoire qu'il n'a pas déjà gravé de multiples fois. Énigme.

(Surtout qu'en même temps il accompagne du violoncelle de Nadia Boulanger pour Alpha… je n'y comprends plus rien !)

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