Diaire sur sol

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

jeudi 27 décembre 2007

Les musiques de scène

[Publication temporaire pour AMC : recensement non commenté, qui sera rapidement retiré.]

Liste de musiques de scène disponibles au disque. [C'est-à-dire de musique prévue pour agrémenter une pièce de théâtre, avec de la musique descriptive, des chants, des mélodrames.]

Totalement fragmentaire.

Lire la suite

mercredi 26 décembre 2007

Stefano Landi - IL SANT'ALESSIO - Christie, Lazar

Après la télédiffusion des représentations de Caen de ce saint Alexis, puis l'exécution à Paris, CSS, à défaut de disposer du temps de rédiger un produit finit, propose quelques pistes sur DSS.

L'oeuvre
  • Répété partout, seulement des contre-ténors dans tous les rôles, y compris féminins, à l'exception du père et du diable.
    • (Ce qui est authentique sur le plan de la « vraisemblance sexuelle » ne l'est pas sur celui de la nature vocale, puisqu'il s'agissait à l'origine de castrats, pour pallier l'interdiction de la participation des femmes au rite scénique religieux à Rome.) Voir CSS pour la distinction.
      • Un accroc dans la réclame, fondée ici essentiellement sur l'authenticité.
  • Musique très décriée. Il est vrai que Landi module très peu, très peu de variations de couleurs, avec sur la longueur un risque d'uniformité du récitatif d'une simplicité proche de la psalmodie. L'intérêt est ailleurs - on se situe dans la perspective de l'esthétique florentine de Peri et Cavalieri. Du texte brut mis en animation musicale.
    • A titre individuel, CSS, lorsque la chose est habitée, se déclare tout à fait satisfait. Ce fut le cas, William Christie et Benjamin Lazar nous ayant très agréablement surpris. [Au passage, on peut recommander la Rappresentazione d'Anima et di Corpo de Cavalieri par Christina Pluhar - et ses couleurs orchestrales comme d'habitude hors du commun.]
  • Très beaux trios d’affliction au début du III. Petits pas de danse avec objets allégoriques. Tout cela plus chatoyant que la moyenne de la pièce.
  • Démon convoqué dans des scènes de nature comique - bien qu'il ne soit, comme il se doit, jamais mis en doute, que la convention théâtrale ne se déchire jamais. Cet humour demeure donc dans le cadre prétendument mimétique du drame - pas de mise en doute de l'instance qui met en scène, on n'est pas chez Cervantes (encore que dans son théâtre, il n'en aille pas nécessairement de même que dans le Quichotte).
    • Humour qui consiste ou dans la bouffonnerie des valets, ou dans les jeux de mots présents dans les scènes de non-reconnaissance du démon - qui ne peut, comme on le souhaiterait pour plus de drôlerie, être finalement mis en déroute - il faut édifier.

--

Le livret
  • Recherche d'un bonheur éternel somme toute égoïste (Alessio balance en effet entre le secours porté aux siens et la perte de tous ses efforts pour obtenir le Ciel) qui plombe l'ici-bas (et ses autres habitants). Grande cruauté qui se sent d'autant mieux avec la littéralité assumée de la mise en scène.
    • Ce tout ou rien, ces sacrifices toujours augmentés par l'interdiction du recul d'un pas qui ferait perdre tout le bénéfice ; la doctrine de Brand se retrouve ici. (cf. Brand sur CSS)
      • Même perception de la religion où l’enfer est partout pour le saint (pas pour les autres), jusqu’à l’absurdité de la quête horrible, destructrice pour tous, et impossible en fin de compte. Donc un paradis, peut-être, sans doute, mais un leurre car inacessible. Et même pas le droit de se plaindre du côté de la famille, le Ciel leur ferme la bouche – sont finalement virés de scène pour ne pas gâcher le ballet.
      • Cruauté épouvantable dont on n'a pas tant l'habitude à l'opéra, surtout lorsque les divinités sont en jeu. Quasiment de l'Euripide, ces interventions malignes de la Divinité.

--

Interprétation
  • Mise en scène à la façon de tableaux grâce à l'éclairage à la bougie. Gestuelle totalement statique de l'Italique XVIIe.
    • D'abord surprenant ou gauche, assez fascinant en fin de compte, avec ces gestes-ponctuation, et cet esthétisme.
    • Jeux du décor avec les fenêtres où paraissent les personnages au I et au II, très heureux.
  • Pourquoi les anges chantent-ils surnaturellement mal ? (réaction à la voix d'enfant...) Sinon, linguistiquement parlant, plutôt bien pour un petit français.
  • Parmi tous les exécutants, saluons :
    • Xavier Sabata (la mère), pour sa voix exceptionnellement ronde pour un falsettiste, une plénitude à elle toute seule - et une bonne expression.
    • Max Emanuel Cencic (l'épouse), très à l'aise en costume travesti, avec en particulier de beaux graves mats.
    • Alain Buet [notre Corésus !] (le père), toujours cette autorité pleine de simplicité. Et cette voix légèrement sèche si naturelle, si spontanée, cette interprétation soignée. Bon acteur de surcroît.
    • Et le tenant du rôle-titre, Philippe Jaroussky, qui tout en occupant le registre de pureté éthérée un peu uniforme qu'on attend de lui, soutient l'attention par sa musicalité. On aurait peut-être pu confier ce rôle à un chanteur plus « problématique » pour plus de recherche, mais dans ce registre littéral, le choix paraît cohérent, et de toute façon abouti.
    • William Christie et les Arts Florissants sonnent, sans diversité particulière de couleurs non plus, sans l'ascétisme qu'ils traînent parfois chez les Italiens.

--

Paradoxe du spectacle
  • Décalage intéressant (et frappant) de la Foi qui explique doctement que sur terre ne se trouvent que peines (destinées à éprouver en vue du Ciel, interprétation qui peut être analysée comme biaisée des Textes, puisque la Création ne se fait pas en vue de ce processus). Intéressant, car décalage de ce propos de la Foi, dans un festival où plus personne n'y croit, mais où l'on vient précisément prendre du plaisir très temporel...

--

CSS a donc fort aimé, en grande partie grâce à la fascination exercée par les tableaux vivants, dignes de La Tour, confectionnés par Benjamin Lazar. L'oeuvre en elle-même se devait impérativement d'être soutenue par un plateau de cette qualité - et fonctionnait très bien en l'occurrence.

Lire la suite

mardi 25 décembre 2007

Carl Nielsen - ALADDIN d'Oehlenschläger - Salonen

Musique de scène pour la pièce en cinq actes (en vers blancs, comme c'est la tradition dans le théâtre germanique) Aladdin eller den forunderlige Lampe (« Aladin ou la lampe magique ») d'Adam Oehlenschläger (cf. fonction recherche de CSS).

--

Coloré, chatoyant, souffle tenant à la fois du merveilleux et de l'épique. Evoque assez bien le romantisme pittoresque d'Oehlenschläger. On y rencontre même une polytonalité surprenante, avec le choeur de femmes qui se superpose à la musique ambiante, sur une autre tonalité. De façon très habile, la charge de parfums lourds d'Orient confine à l'écoeurement.

Dans la suite tirée de cette musique, on devine sans insister que Salonen se montre brillant, avec son savoir-faire orchestral bien connu.

Marche orientale - Rêve d'Aladin et Danse de la brume matinale - Danse hindoue - Danse chinoise - Marché d'Ispahan - Danse des prisonniers - Danse des Noirs
Choeur et Orchestre Symphonique de la Radio Suédoise
Esa-Pekka SALONEN
(chez CBS)

lundi 24 décembre 2007

La tragédie lyrique réformée

Les indispensables de la période, de notre point de vue. Plus encore que Gluck, Piccinni et Sacchini, ce sont Salieri et Johann Christian Bach qui nous fascinent.

Lire la suite

Darius Milhaud - LES CHOEPHORES - Markevitch

Musique de scène pour le texte de Claudel d'après le cycle orestique d'Eschyle.

Partition tout à fait fascinante. Ses fanfares polytonales, sa prosodie singulière - avec de longues séquences psalmodiées par la Coryphée, à laquelle répondent les échos ou les interjections affectives du choeur. Les retrouvailles avec l'esprit rituel du texte - comme chez Prodromidès ; on y rencontre même des percussions obstinées comme dans l'opéra du Sichuan (cf. la série de CSS sur le théâtre chanté chinois), avec un grand pouvoir de suggestion mystique.

Le reste a la simplicité de Milhaud, mais sans la niaiserie ou la pauvreté qu'on lui reproche parfois dans ses oeuvres mineures.

La fin s'interrompt sur une déploration à caractère général sur le genre humain, avec cette universalité propre à Eschyle - négation de l'action où le sujet du drame (et sa seule 'action') est la présentation de la condition humaine même. La psalmodie et ses échos au choeur se taisent doucement mais subitement, à la façon abrupte de la tragédie lyrique. Point de postlude, seul le silence nous en indique le terme.

Malgré le son très sec de radio d'époque, avec un orchestre 'placé' trop en arrière des solistes, très belle interprétation, en particulier Claude Nollier vaillamment aux prises avec ses difficultés prosodiques et Markevitch qui parvient avec son Lamoureux à l'acuité que nous pouvons lui connaître dans sa Damnation de Faust publiée.

Un sujet passionnant qui mériterait quelques extraits musicaux et une entrée dûment rédigée sur CSS...
A mettre en perspective avec d'autres reconstitutions, à visée authentique ou non, de la musique grecque antique. [1]

Les Choéphores Op.24,
Deuxième partie de l'Orestie d'Eschyle
Geneviève Moizan, soprano
Hélène Bouvier, alto, Électre
Heinz Rehfuss, baryton, Oreste
Claude Nollier, récitante
Chorale de l'Université
Orchestre Lamoureux
Igor MARKEVITCH

Notes

[1] Il existe déjà deux notes sur le sujet, sur CSS : 'La tragédie grecque est un opéra'.

dimanche 23 décembre 2007

Tchaïkovsky - SYMPHONIE n°4 - Eschenbach, Philadelphie

Une fois n'est pas coutume, une nouveauté. Entendue sur la NRK (radio norvégienne, cf. la liste des stations sur CSS).

Très impressionnant de maîtrise technique : à la fois grande puissance et retenue nécessaire. Grande amplitude de nuances, subtil rubato. Capacité d'infléchir élégamment la force au sein des tutti, de façon à toujours ménager une progression - grande allure que cette pudeur, et très efficace.
Tout à la fois la sauvagerie et la suavité requises, mais avec un rebond, un déhanchement qui font véritablement danser le tout.

La première fois que nous ne ressentons à ce point ni trivialité, ni sirop, ni lancinances dans cette symphonie difficile à maîtriser quant au goût. Un parcours comme contenu en un seul mouvement versatile.

Prise sur le vif qui se ressent à l'urgence extrême de l'ensemble de l'oeuvre.

mercredi 19 décembre 2007

Debussy - PELLEAS & MELISANDE - Inghelbrecht (1962)

Poésie extraordinaire (les bois !). Toute l'orchestration y est lisible, toute l'atmosphère suspendue et précaire s'y trouve. Avec des moments d'acuité assez formidable. [1]

Le médium de Granger dispose de ces couleurs merveilleuses qui rappellent Crespin et Sarroca. Jansen débraillé mais plutôt touchant, intense parfois, moins niais que chez Desormière et Cluytens. Le choeur est superbe aussi, émouvant même - chose si rare dans cette page si courte. Roux, avec au besoin une profondeur méditative à faire pâlir tout Arkel, propose un Golaud tendre mais impulsif, avec une gestion assez complette des facettes du personnage ; et toujours aux confins du murmure. Concilie le grand seigneur et la brutalité grâce à cette proximité bienveillante qu'ont les grands - mais qui révèle aussi leur pouvoir. Très attachant en tout cas.

Lire la suite.

Notes

[1] Voyez l'entrée d'Arkel ou l'interlude des scènes II,1 et II,2.

Lire la suite

dimanche 16 décembre 2007

Haendel - « Ah, mio cor» - Récital Kožená / Marcon

Comme annoncé ici et là (et pourtant nous avions fait savoir notre scepticisme sur ce point), disque un peu sage. Par rapport à ses concerts brûlants, étonnante circonspection, une impression d'absence - les ravages du studio... Même la diction s'y trouve étrangement relâchée.

Sinon, voix splendide et sens de l'atmosphère, évidemment. Accompagnement de Marcon comme toujours très impressionnant techniquement. Plus frémissant.




(A lire aussi sur CSS, le compte-rendu de sa dernière Mélisande et l'esquisse de portrait de Magda.)

(Remerciements à Kia.)

Gustav Mahler - SYMPHONIE n°3 - Abbado, Lucerne 2007

Dernier mouvement.
Lent. Sections très détaillées, extrêmement pédagogique. Mais la tension n'est pas menée implacablement. Travail plutôt sur les sections des phrasés que sur les sections du mouvement entier, si l'on veut, même si la vue d'ensemble est très réelle, et même exaltée, limpide, expliquée comme chez aucun autre. Mais il privilégie (à dessein) l'épisode présent par rapport au développement.

Pour les autres mouvements.
Vraiment chaque élément exalté, faisant sens musical, voire dramatique, comparable à la Damnation de Markevitch. Incroyable comme chaque motif est audible et signifiant. Le tout dans un son d'une volupté et d'une clarté superlatives.

Tendresse du mouvement initial, et discontinuité, immobilité contemplative, comme un monde en train de se faire en effet. Capacité à timbrer différemment de façon expressive au sein d'une même phrase de l'orchestre bel et bien superlatif (bis) (les cuivres !). Et la trompette qui sonne aussi rond que du cor dans le dernier mouvement !

Ironie vraiment patente (piccolo du premier mouvement), et ce rire décadent et simple dans Mahler est toujours un régal.

vendredi 14 décembre 2007

Lorraine Hunt-Lieberson / Robert Tweten - récital inédit (2002)

Alice Tully Hall, New York
20 octobre 2002




Pourtant CSS n'est pas de l'ordre des inconditionnels devant Lorraine Hunt-Lieberson, avec des raideurs, des maniérismes, une voix qui n'est pas "refermée", avec des cris sur les jointures. Une diction très moyenne aussi, tout étant prononcé très en arrière.

Pourtant, on se captive au fil de ce récital. Dès le Scherza infida introductif, très rapide mais bien personnel.




Hunt, toujours ces sons droits, ces choses criées, mais lorsque habitude prise, très prégnant.

Programme délicieux et infiniment varié.
Haendel (3), Debussy (2), Ravel, Chausson, Fauré, Paladilhé (oui !), Gordon, Turina, Rodrigo, Mahler (2), Schumann, Schubert, Telson & Brewer. Une carte de visite à laquelle ne manque que les Neruda de Lieberson.

Et puis ces "a" ouverts si richement, ces "u" pleins, tout cela si caractéristique des américaines... (Jennifer Larmore et surtout Della Jones)

jeudi 13 décembre 2007

Purcell / Crumb - SONGS - Schäfer, Schneider (nouveauté CD)

Voilà plusieurs années que Christine Schäfer se promène avec le cycle des Apparitions de George Crumb, imposé à ses différents accompagnateurs (encore, tout récemment, avec Pierre-Laurent Aimard à Paris). Elle l'enregistre avec le plus admirable d'entre eux, Eric Schneider.

Des pièces véritablement magiques et piquantes, un bon début, sans doute, pour approcher la musique contemporaine. Et cette gravure d'un compositeur aussi peu vendeur est inespéré.

C'est d'ailleurs le reste du programme qui laisse plus sceptique, malgré sa conception très intelligente (voulue par Christine Schäfer) - alternant, avant le cycle, extraits parlés de Shakespeare, pièces de Purcell et de Crumb. Dans ses Purcell, la diction se révèle totalement floue, pas de consonnes, et des voyelles monocolores. Un anglais terriblement indolent et désincarné. Toujours frustrant, mais dans la sobriété de Purcell, cela ne pardonne pas. La face sombre de Schäfer, contre laquelle elle lutte souvent efficacement.

CSS reste toujours aussi emballé par Schneider, avec sa musicalité infiniment élégante - ce jeu à la fois perlé et plein dans le baroque. Un artiste majeur de cet univers liederistique.

Et nous saluons avec déférence l'audace et l'intelligence du programme.

--

A lire également sur CSS : Un Winterreise souriant (Schäfer / Schneider).

(Remerciements à Morloch.)

mardi 11 décembre 2007

Marschner hors opéra

A connaître : l'atmosphère très singulière de son Septième Trio, évoquant des instants opératiques dirait-on par manière de raccourci, ou plutôt dévoilant un savoir-faire très sûr du climat jusque dans la musique de chambre.

Côté lied, un Roi de Thulé très dramatique ! Non pas une ballade lanscinante (comme chez Zelter par exemple), mais un récit menaçant. Original, et non pas une pratique discrète comme celle d'autres spécialistes opératiques (Meyerbeer, Wagner, Gounod, Thomas, Paladilhé...).

Le clavecin de Frescobaldi et Louis Couperin par Gustav Leonhardt

Intéressant, spécialement dans la musique française. Tout y est si « carré », cela ne danse guère, mais rend bien justice à cette musique. Concernant Loin des sons trop riches des instruments de Verlet et Ross. Pas les maniérismes de la première, ni les lourdeurs du second. Et pour comparer à d'autres « discrets », le propos est plus direct, lisible et fort que chez Rousset, par exemple.

Nous pouvons bien évidemment préférer la danse dans ce répertoire (Cummings, Ichise) ou les trilles voluptueux (Beaumont) ; cependant, l'intérêt ici est de se trouver en contact direct avec l'oeuvre, quasiment sans médiation - ce qui est suffisamment rare pour être précieux - tout est audible, rien n'est extrapolé.

Naturellement, dans Bach, ce jeu comportera sa part de raideur, mais qu'importe pour que ce qui nous a retenu ici !

(Remerciements à Vartan.)

lundi 10 décembre 2007

Sibelius - SYMPHONIES

Un mot, sur demande, sur leurs caractéristiques.

  • L'idée de contemplation y est importante - c'est une musique qui ne cherche pas nécessairement, à l'inverse de la musique d'école allemande, à « cheminer » vers un but. Ce qu'on pourrait rapprocher de la tradition du poème symphonique nordique - avec son apparent désordre formel et son hédonisme paisible : Alfvén ou Stenhammar, par exemple.
  • L'esthétique reste totalement dans le cadre de la tonalité, et l'on sent, particulièrement en fin de symphonie, une construction de la tension qui rappelle les grands symphonistes germaniques (tantôt l'expansion monumentale de Bruckner, tantôt le serpentin tendu à l'infini de Mahler). Nous sommes donc en présence de quelque chose de bâti, qui ressortit à la grande tradition symphonique européenne - et non pas d'une collection de thèmes et de motifs juxtaposés.
  • Peu de tensions internes, peu de contraste entre les mouvements. Une esthétique de la continuité.
  • Une orchestration ronde, confortable, pas très lisible.

On serait curieux d'entendre les structures exaltées, les pupitres tous audibles, les articulations plus tranchantes que ce n'est habituellement. Ce que nous n'avons pas, à ce jour, rencontré au disque.

vendredi 7 décembre 2007

Concertos pour violon

C'est mieux lorsque ça ne bave pas.

  1. Rudi Stephan (titré Musique pour violon et orchestre), très dramatique, quasiment décadent, dense et ramassé, insaisissable.
    • [Recommandation : Georg Kulenkampff / van Beinum. Libre de droits.]
  2. Robert Schumann, jamais donné, à tort, vraiment plus profond que la moyenne. Rondeau final proche de Beethoven.
    • [Pas de version de référence pour nous.]
  3. Franz Schubert, Konzertstück
    • [Notre version touchante avec le Sinfonia Varsovia n'est pas publiée.]
  4. Henri Vieuxtemps 5. Ce qu'on peut faire de mieux dans le lyrisme exacerbé, avec une tension mélodique permanente qui emporte sans cesse.
    • [Recommandation : Perlman / Barenboim.]
  5. Boris Tichtchenko (pour violon, piano et cordes Op.144). Le lyrisme dynamité d'un Chostakovitch humain. Avec une citation des Quatre Saisons. De beaux motifs très réduits, une harmonie en sables mouvants, mais jamais déceptive.
    • [Victoria Postnikova / Rozhdestvensky. Chez Fuga Libera.]
  6. Wolfgang Amadeus Mozart 3, 4, 5.
    • [De multiples versions excellentes : Dumay ou Mutter par exemple.]
  7. Pelle Gundmundsen-Holmgreen. Avec des citations beethoveniennes et schubertiennes ; cadences harmoniques interrompues, clins d'oeils multiples. Pour le jeu avec la tradition.
    • [Création : Åstrand/Dausgaard 2003. Non publié.]

Bien sûr, Paganini 1, Mendelssohn (mouvement lent du célébrissime), Beethoven (mouvement lent et surtout rondeau), Glazounov sont fréquentables aussi.

mercredi 5 décembre 2007

Ibert - LE ROI D'YVETOT

Accessible à partir de deux vinyles enregistrés par Emmanuel Rosenthal.

Livret de Jean Limozin d'après André de la Tourrasse. La courte légende normande.

Titré opéra comique alors que ni dialogues parlés ni ton réellement comique. Témoigne bien de la confusion générique.




Changement saisissant de ton ; de la comédie de moeurs façon Angélique à une fin du monde arthurienne qui rappelle le ton du III du Roi Arthus de Chausson.

Jusqu'à faire tomber le sonneur. Violence incroyable de faire ça en scène ; viol des codes, ainsi, comme une péripétie fortuite, un bête accident, au milieu de l'opéra. Et deviennent aveugles dans leur place forte. Horrible.

Tous disent être les seuls survivants ; procédé comique appliqué au tragique extrême. Musique de même, sautillante - mais sans gaîté.

Si bien que le retour du comique se pare, musicalement, des couleurs du tragique - et que le spectateur ne peut plus y croire. Etrange flou.




Ose la répétition obsessionnelle des litanies - Saint Gilles... de façon jamais lanscinante, avec toujours ce charme léger et fascinant propre au meilleur Ibert.

Le roi blessé qui rêve aux royaumes accessibles - figure donquichottesque évidemment.

Des échos musicaux d'ardeurs guerrières parsifaliennes, ou des évocations textuelles du type "la joie - on n'en a pas tous les jours".




Se grippe, en guise de réjouissance, emballement pétrifiant, voire terrifiant.

Etrange fin joyeuse. Si eux ont choisi, reste indécidable pour nous spectateurs.




Musicalement, l'écriture nue et filmique d'Ibert - on songe à Golgotha - touche sans médiation, tout directement.

Maurice Emmanuel - LES MELODIES - Katz, Girod

  • très debussyste (et quelques rares fusées plus ravéliennes) : mêmes quintes directes, même suspension, certaines couleurs héritées
  • mais avec prosodie extrêmement naturelle ; pas du tout la ronde artificialité volontaire de Debussy (prosodie fantasmatique) ; accentuation au plus proche de la langue parlée ; c'est beau, d'ailleurs
  • le piano se suffit à lui-même, pourrait fournir des pièces isolées d'un album pour piano
  • Katz toujours opaque et pas franchement gracieuse, Girod toujours magique (et style, rien que la pédale, invraisemblablement optimal)

Nino Rota - CAPPELLO DI PAGLIA - Rota RCA

Retour à cette oeuvre légère mais consistante, pleine de charme.

De plus, la version de Rota en est excellente (Cortez, Basiola, le jeune Zancanaro...).

L'action déboule à une vitesse folle ! Vraiment le meilleur de l'opéra italien : lyrique, précipité, drôle.

Une version comique de Vanessa, en quelque sorte...




Comportements qui brisent les conventions sociales ; mais nullement gênant, jouissif même. Chose rare en fin de compte.

Joyeux tumulte du III qui rappelle le Barbier au II ; sauf que n'est pas ici un contexte salvateur.




IV : cortège totalement rompu ; jeu avec la convention du choeur de réjouissances, ici poussif et abattu.

Joie très bien écrite qui fait plaisir à voir ; on se doutait bien qu'on tournait en rond autour de la catastrophe pour trouver la solution tout près. Cependant rebondissements infinis, catastrophes sur le fil en cascade.

Rebondissements infinis, catastrophes sur le fil en cascade.




Vraiment réjouissant - le livret est absolument excellent, à la croisée de la tradition (avec des codes repris dans la constitution) et d'une efficacité vraiment admirable. Intrigue atypique aussi, où le héros ne participe nullement d'une tension amoureuse - est comblé du début à la fin, malgré certaines amusettes sporadiques du librettiste.

Voix d'Ugo Benelli, personnage principal, un léger corsé qu'on rapprocherait aujourd'hui de Flórez, mais douce et expressive. Italianité et précision verbale absolument délectables - tant repose sur ses épaules. Mazzucato beaucoup plus stridente et pâle, mais peu importe, vu la nature du rôle.




Rappel distribution :

Nino Rota
Le Chapeau de paille de Florence, farce musicale en 4 actes (Un enregistrement réalisé dans les Studios de la RCA en 1975.)
Ugo Benelli (ténor), Fadinard
Alfredo Mariotti (basse), Nonancourt
Viorica Cortez (mezzo-soprano), La Baronne de Champigny
Daniela Mazzuccato (soprano), Elena
Mario Basiola (baryton), Beaupertuis
Edith Martelli (soprano), Anaide et la Modiste
Giorgio Zancanaro (baryton), Emilio
Mario Carlin (ténor), L'Oncle Vézinet
Enrico Campi (basse), Un Caporal de la Garde
Angelo Mercuriali (ténor), un garde
Pier Francesco Poli (ténor), Felice, domestique de Fadinard
Sergio Tedesco (ténor), Le Vicomte de Rosalba
Choeurs et Orchestre de Rome [ndCSS : ?]
Nino Rota, direction
réf : OPERA 74321551092

mardi 4 décembre 2007

Concerto vs. musique de chambre

Différence souvent significative chez le même artiste. Par exemple Queyras, inapproché à peu près dans l'ensemble des concerti qu'il a pu aborder, et parfois si discret en musique de chambre.

Côté violon (c'est apparemment moins vrai pour le violoncelle), ce sont parfois des artistes un peu trop généreux côté vibrato, pathos, au style parfois uniformément romantisé pour la musique de chambre qui tirent au contraire leur épingle du jeu.

  • Gil Shaham (invraisemblable émotion du mouvement lent chez Mendelssohn, par exemple, et rondeur chatoyante, sûreté du jeu dans les mouvements rapides)
  • Yitzak Perlman (Vieuxtemps 5, par exemple)
  • Sarah Chang dont l'hédonisme est évidemment calibré pour la forme concertante - y compris avec piano. Hilary Hahn semble faire de même (mais on serait curieux de l'entendre dans des formes plus intimistes).

Bien sûr, Isaac Stern plane sur toutes les catégoriess simultanément.

Campra - REQUIEM - Niquet

Toujours ce 'plafonnement' qui tend vers le grave, ce caractère très ramassé de l'écriture vocale. Ce côté étonnamment massif et statique aussi.

De très beaux moments de majesté déplorante. Mais nettement plus besogneux qu'un Desmarest (ou qu'un Destouches), pour prendre les exacts contemporains. Quelque chose de plus appliqué, de plus banal.

Réjouissant néanmoins - si l'on peut dire en de pareilles circonstances.

lundi 3 décembre 2007

Les nouveaux supports sociaux

A propos des modérément utiles Twitter, Facebook ou MSN, réponse à l'exagération de l'article de Jacques Cheminade qui nous a été soumis :

Lire la suite

Indispensables scéniques du premier romantisme allemand

  • Beethoven - Leonore / Fidelio
  • Beethoven - Christus am Ölberge
  • Weber - Freischütz
  • Weber - Oberon
  • Schubert - Fierrabras
  • Schubert - Alfonso und Estrella
  • Schubert - Lazarus
  • Marschner - Der Vampyr
  • Schumann - Szenen aus Faust
  • Schumann - Egmont (musique de scène)
  • Wagner - Der Fliegende Holländer
  • Hjalmar Borgstrøm - Thora på Rimol (bien plus tardif mais dans le même esprit)


Attention aux versions coupées ou calamiteuses.




Des articles et des versions libres de droits se trouvent en fouinant sur CSS.

Lesueur - PAUL & VIRGINIE - Niquet

  • Avec narrateur prenant souvent le pas sur les dialogues.
  • Choix de la distanciation, soulignant avec ironie mais empathie les conventions et répétitions, la pauvreté du propos ; image d'une époque regardée derrière la vitre.
  • Il est vrai qu'en l'occurrence n'est vraiment plus comestible comme tel.
  • Mais déconstruction très habile ici.
  • Nous épargne des dialogues vraimnent faibles et inutiles, ici, et si CSS va jusqu'à le dire...
  • Les chanteurs jouent le jeu d'ailleurs, belle cohérence du spectacle.
  • Vraiment très piquant, et pour le coup délectable sans regret. Remarquable adaptation.
  • La défiance comme esthétique.

Diaire sur sol

Les lutins de Carnets sur sol produisent, dans la coulisse, un nombre assez conséquent de notes en tout genre, d'ébauches, etc. dont la teneur, quoique incomplète, pourrait potentiellement intéresser les lecteurs de CSS sur la pléthore de sujets que nous ne pouvons traiter. Du moins pour certaines d'entre elles.

Aussi, ce Diaire sur sol en sera le bras clandestin, où l'on jettera, sans effort d'organisation ni d'écriture, des données et découvertes glanées jour après jour.




Point d'attentions pédagogiques, point de mise en forme. Une bête collection d'instantanés.




Pour le bac à sable sérieux, voir Carnets sur sol.