Diaire sur sol

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mercredi 5 décembre 2007

Ibert - LE ROI D'YVETOT

Accessible à partir de deux vinyles enregistrés par Emmanuel Rosenthal.

Livret de Jean Limozin d'après André de la Tourrasse. La courte légende normande.

Titré opéra comique alors que ni dialogues parlés ni ton réellement comique. Témoigne bien de la confusion générique.




Changement saisissant de ton ; de la comédie de moeurs façon Angélique à une fin du monde arthurienne qui rappelle le ton du III du Roi Arthus de Chausson.

Jusqu'à faire tomber le sonneur. Violence incroyable de faire ça en scène ; viol des codes, ainsi, comme une péripétie fortuite, un bête accident, au milieu de l'opéra. Et deviennent aveugles dans leur place forte. Horrible.

Tous disent être les seuls survivants ; procédé comique appliqué au tragique extrême. Musique de même, sautillante - mais sans gaîté.

Si bien que le retour du comique se pare, musicalement, des couleurs du tragique - et que le spectateur ne peut plus y croire. Etrange flou.




Ose la répétition obsessionnelle des litanies - Saint Gilles... de façon jamais lanscinante, avec toujours ce charme léger et fascinant propre au meilleur Ibert.

Le roi blessé qui rêve aux royaumes accessibles - figure donquichottesque évidemment.

Des échos musicaux d'ardeurs guerrières parsifaliennes, ou des évocations textuelles du type "la joie - on n'en a pas tous les jours".




Se grippe, en guise de réjouissance, emballement pétrifiant, voire terrifiant.

Etrange fin joyeuse. Si eux ont choisi, reste indécidable pour nous spectateurs.




Musicalement, l'écriture nue et filmique d'Ibert - on songe à Golgotha - touche sans médiation, tout directement.

Maurice Emmanuel - LES MELODIES - Katz, Girod

  • très debussyste (et quelques rares fusées plus ravéliennes) : mêmes quintes directes, même suspension, certaines couleurs héritées
  • mais avec prosodie extrêmement naturelle ; pas du tout la ronde artificialité volontaire de Debussy (prosodie fantasmatique) ; accentuation au plus proche de la langue parlée ; c'est beau, d'ailleurs
  • le piano se suffit à lui-même, pourrait fournir des pièces isolées d'un album pour piano
  • Katz toujours opaque et pas franchement gracieuse, Girod toujours magique (et style, rien que la pédale, invraisemblablement optimal)

Nino Rota - CAPPELLO DI PAGLIA - Rota RCA

Retour à cette oeuvre légère mais consistante, pleine de charme.

De plus, la version de Rota en est excellente (Cortez, Basiola, le jeune Zancanaro...).

L'action déboule à une vitesse folle ! Vraiment le meilleur de l'opéra italien : lyrique, précipité, drôle.

Une version comique de Vanessa, en quelque sorte...




Comportements qui brisent les conventions sociales ; mais nullement gênant, jouissif même. Chose rare en fin de compte.

Joyeux tumulte du III qui rappelle le Barbier au II ; sauf que n'est pas ici un contexte salvateur.




IV : cortège totalement rompu ; jeu avec la convention du choeur de réjouissances, ici poussif et abattu.

Joie très bien écrite qui fait plaisir à voir ; on se doutait bien qu'on tournait en rond autour de la catastrophe pour trouver la solution tout près. Cependant rebondissements infinis, catastrophes sur le fil en cascade.

Rebondissements infinis, catastrophes sur le fil en cascade.




Vraiment réjouissant - le livret est absolument excellent, à la croisée de la tradition (avec des codes repris dans la constitution) et d'une efficacité vraiment admirable. Intrigue atypique aussi, où le héros ne participe nullement d'une tension amoureuse - est comblé du début à la fin, malgré certaines amusettes sporadiques du librettiste.

Voix d'Ugo Benelli, personnage principal, un léger corsé qu'on rapprocherait aujourd'hui de Flórez, mais douce et expressive. Italianité et précision verbale absolument délectables - tant repose sur ses épaules. Mazzucato beaucoup plus stridente et pâle, mais peu importe, vu la nature du rôle.




Rappel distribution :

Nino Rota
Le Chapeau de paille de Florence, farce musicale en 4 actes (Un enregistrement réalisé dans les Studios de la RCA en 1975.)
Ugo Benelli (ténor), Fadinard
Alfredo Mariotti (basse), Nonancourt
Viorica Cortez (mezzo-soprano), La Baronne de Champigny
Daniela Mazzuccato (soprano), Elena
Mario Basiola (baryton), Beaupertuis
Edith Martelli (soprano), Anaide et la Modiste
Giorgio Zancanaro (baryton), Emilio
Mario Carlin (ténor), L'Oncle Vézinet
Enrico Campi (basse), Un Caporal de la Garde
Angelo Mercuriali (ténor), un garde
Pier Francesco Poli (ténor), Felice, domestique de Fadinard
Sergio Tedesco (ténor), Le Vicomte de Rosalba
Choeurs et Orchestre de Rome [ndCSS : ?]
Nino Rota, direction
réf : OPERA 74321551092