Diaire sur sol

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samedi 29 novembre 2014

R. Strauss — Vier letzte Lieder — Netrebko, Staatskapelle Berlin, Barenboim


Sans surprise, lecture très instrumentale, avec un bel orchestre moelleux et épais, une voix dans un allemand improbable (mais insuffisamment articulé pour que ce soit réellement moche…). La lecture de Netrebko, dans son genre très instrumental, est plutôt étonnante, avec un grain très intense, presque une lecture rageuse de ces pages. En tout cas dans Im frühling et September, parce que les deux derniers plongent un peu dans une mollesse hédoniste qui est encore moins ma tasse de thé.

C'est beau, mais à peu près l'exact inverse de ce que j'ai envie d'entendre.

Ce qui serait ? Plutôt du côté, pour en rester aux voix larges et glorieuses, de Grümmer-Kraus, Steber-Levine ou Jurinac-Sargent. Et puis, dans d'autres types plus affûtés, Te Kanawa (Solti, mais aussi Abbado), Cotrubas (bande avec Sinopoli), Meier (bande avec Metzmacher), Stich-Randall ou Kaune.

samedi 8 février 2014

Schubert - WINTERREISE - Güra, Berner


Christoph Berner s'y trouve plus habité que dans ses autres enregistrements et concerts, plutôt compassés (lieder de Wolf en concert, ensembles liederistiques de Schubert au disque et en concert...). Werner Güra aussi paraît assez motivé par l'ascension du monument, multipliant les accents expressifs sur les mots importants ; pourtant sa lecture reste extrêmement lissée et traditionnelle. C'est impeccable, mais pas vraiment bouleversant ; de plus, en vrai, la voix sonne très charpentée et opératique, et au disque on entend l'aigu perdre en timbre au lieu de s'alléger élégamment.

Paru chez Harmonia Mundi en 2009. Très bon disque, tout à fait dispensable dans le cadre de la discographie.

Schubert – WINTERREISE – Hynninen, Gothóni (I)


Dans un style très similaire au DVD réalisé cinq ans plus tard, le disque Ondine de 1988 révèle les mêmes étranges qualités. Jorma Hynninen ne s'appuie pas tellement sur les consonnes, sur les couleurs des voyelles ou sur l'accentuation pour être expressif, tout coule d'un flux assez égal, sur une voix sombre et lassée, légèrement soufflée (mais jamais détimbrée)... et pourtant, l'intensité vocale rend toujours le sens extrêmement présent. C'est, même, de ce point de vue, l'une des versions les plus habitées de la discographie.

De mon point de vue, peut-être le disque du Winterreise le plus également réussi dans chaque lied, avec une profondeur de sentiment pénétrante et pas loin d'être abyssale.

Cela s'appuie sur l'accompagnement de Ralf Gothóni, pas aussi déterminant que dans leur Meunière, mais parfaitement maîtrisé et tout à fait éloquent, jusque dans la sobriété extrême des derniers lieder.

mercredi 28 août 2013

Philippe GAUBERT - Mélodies

On navigue entre le Debussy du Faune (la mélodie, pas le poème symphonique), le Ravel des Histoires Naturelles, et des langages « modernes » mais plus stables (Ropartz, Koechlin, Cras...). Sans être absolument neuf, l'ensemble s'inscrit dans le courant des expérimentations de cette époque.

J'aime tout particulièrement les Trois Nouvelles Ballades sur Paul Fort, très colorées et évocatrices. Les Six Poèmes (Baudelaire, Fort, Réginer) sont aussi très beaux, un peu moins originaux, plus confortables et « aquatiques ».

Version : Parution récente, seul Timpani l'a enregistré... et c'est difficilement égalable. Mélanie Boisvert, Lionel Peintre et Alain Jacquon sont des spécialistes du genre depuis longtemps, et il est inutile de prendre du temps à détailler leurs vertus : tout est idéal, la beauté des timbres (piano inclus), la diction exceptionnelle, l'élégance suprême, la maîtrise de tous les aspects de ce style si spécifique...
Il faut l'entendre. (Et même l'acheter, pour que Timpani puisse poursuivre sa contribution exceptionnelle au patrimoine culturel français.)

mercredi 10 août 2011

Leonard Bernstein - Trio avec piano

Certes, on y trouve ici ou là un côté un peu bouffon alla Français, ou des jeux d'autmate, mais globalement l'oeuvre reste de facture classique et beaucoup moins divertissante qu'on pouvait l'espérer.

mercredi 16 septembre 2009

Thomas Quasthoff aujourd'hui

Divagations sur l'évolution d'une technique.

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dimanche 21 septembre 2008

L'Age d'Or du lied

On le dit souvent par ici, c'est maintenant.

A cause de la diversification des « tubes » (bien plus nombreux que les quelques scies enregistrées jadis), grâce au choix merveilleux que permet le support discographique. Bien sûr. [1]

Mais aussi chez les interprètes, qui se révèlent bien plus concernés par ce qui fait l'essence du genre, à savoir le rapport de la musique au texte, que leurs aînés. (S'il faut généraliser, bien entendu.)

Suite à une question qui nous a été posée, voici les quelques notes informelles d'un embryon de réponse.

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Quels liedersänger [2] expressifs dans l'ancien temps ?

Je vois surtout Dietrich Fischer-Dieskau et Elisabeth Schumann (on pourra en proposer en section libre de droits). J'en oublie assurément. Je vois cité Gerhard Hüsch, et c'est très bien en effet. Même de très bons diseurs comme Lotte Lehmann se révèlent assez rigides au lied, il me semble.

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Mais pourquoi diable les interprètes plus récents seraient-ils plus soigneux dans l'expression ?

A mon humble avis.

C'est une différence globale d'attitude, liée au changement de statut du lyrique, qui revient un peu à son état premier (à la fois du théâtre [3] et de la musique) après plusieurs siècles de domination musicale.

Après, à toutes les époques, on trouvera de bons et de mauvais diseurs, mais disons qu'à l'exception de Fischer-Dieskau, les très bons diseurs, je les rencontre plutôt à partir des années 80, et même surtout depuis le renouveau baroque qui a promu de petits formats plus à même d'articuler clairement un texte et de respecter une ligne fine.

C'est une évolution globale, une diversification des spécialités. Dans les années 50 en France, par exemple, tous les chanteurs, même le moindre choriste, avaient une diction parfaite (pour tout un tas de paramètres qui s'expliquent [4]), et pourtant, si l'on regarde les interprétations de mélodie française par Panzéra ou Maurane, voire Souzay, l'ensemble est beaucoup plus fade textuellement que ce que font des chanteurs moins spécialisés, aujourd'hui (qui sont souvent moins compréhensibles et moins en style, d'ailleurs).

Pour prendre un exemple, je ne crois pas qu'un profil du type Le Roux ou Corréas aurait pu exister dans les années cinquante. (D'ailleurs plutôt que Bernac, dont je n'aime ni la voix ni l'expression, je recommanderais plutôt, dans le même format de baryton aigu et le même répertoire, Michel Carey - plus précis dans l'expression.)

Je pense donc que cela s'explique concrètement, de même qu'on peut expliquer la perte de style pour certains répertoires, dont la mélodie française, la plupart du temps chantée comme du lied ou comme du Donizetti...
La révolution baroque, la théâtralisation de l'opéra sont pour beaucoup dans ce changement positif, je crois. Pour la perte de style, c'est plutôt l'internationalisation des répertoires qui est en cause.

Et en tout cas, cela explique que les chanteurs de lied récents soient plus proches de la sensibilité des lutins, sans discréditer les autres (d'autant qu'il existe d'excellentes choses anciennes).

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Et au concert ?

[Ce qui ne nous empêche pas de regretter avec insistance l'absence absolue d'originalité des programmes de lieder (à part, parfois, dans les pays germanophones), se limitant à peu près toujours à :

  1. Die Winterreise (Schubert)
  2. Die Dichterliebe (Schumann)
  3. Bouquets de lieder de Schubert
  4. Avec orchestre, les Mahler
  5. Der Schwanengesang (Schubert)
  6. Liederkreis Op.39 (Schumann)
  7. Avec orchestre, les Wesendonck-Lieder (Wagner)
  8. Die Schöne Müllerin (Schubert)
  9. Parfois des bouquets de lieder de Schumann
  10. Un peu de Richard Strauss (toujours les cinq mêmes)
  11. Liederkreis Op.24 (Schumann)
  12. Un peu de Wolf, mais toujours les mêmes Möricke (voire quatre Goethe) - surtout dans les pays germanophones
  13. Il peut arriver que les trois plus célèbres de Liszt (parce que mis en musique aussi par Schubert ou Schumann) soient joués, une petite mode depuis peu


Vous aurez beaucoup de peine à entendre autre chose en concert. Vraiment beaucoup. Pourtant il existe d'autres cycles de Schubert, énormément de lieder jamais exécutés mais exceptionnels de Schubert, d'autres cycles de Schumann, et quantité d'autres compositeurs majeurs de lieder : Clara Wieck-Schumann, Max Reger, Alma Schindler-Mahler, Anton Webern... et bien d'autres compositeurs au minimum intéressants : Zelter, Loewe, Reichardt, Franz, Zemlinsky, Marx, Křenek, Holl...]

N.B. : Il n'a pas été possible d'ajouter tous les liens correspondants, mais vous pouvez vous reporter aux chapitres consacrés au lied, dans la colonne de droite de Carnets sur sol. Beaucoup d'auteurs ont été abordés.

Notes

[1] En revanche, la mélodie française, même si elle bénéficie du disque, est interprétée dans un nombre généralement très limité d'oeuvres-phares, plus jamais donnée seule au concert, et très rarement en style ou même avec une diction impeccable.

[2] Chanteurs de lied

[3] En est témoin la place aujourd'hui réservée à des metteurs en scène inventifs ou prestigieux, ce qui n'était pas du tout le cas jadis.

[4] Notamment le fait de ne chanter que dans sa langue et devant un public de sa langue, ce qui est à la fois plus facile pour maîtriser sa phonation que dans une langue étrangère et plus exigeant pour être compris que devant un public qui en tout état de cause ne maîtrise pas la langue de l'oeuvre.

jeudi 17 avril 2008

Lili Boulanger - LES MELODIES - chez Timpani

Extrait d'une note à venir sur CSS.




Malgré la très grande réputation de Lili Boulanger, nombre de ses oeuvres demeurent somme toute de leur temps - du côté des Modernes, soit. Les Clairières dans le ciel, qui souffrent du pire fléau de la mélodie française, hélas tristement récurrent dans le répertoire - les textes nunuches. Globalement, une harmonie très debussyste, mais qui s'entend simplement dans un tricot assez régulier au piano. Le traitement vocal, lui, est à peine plus inspiré, d'une monotonie prosodique qui rappelle plutôt les non-debussystes (Ropartz par exemple).
La dernière mélodie, la plus intéressante, varie ses effets, en filant une esthétique funèbre proche de la dernière pièce de l'Intermezzo de Ropartz. Il faut absolument entendre cette oeuvre dans la version proposée par Timpani, où la clarté de Fouchécourt et surtout le piano toujours brillant d'Alain Jacquon servent avant autant d'investissement que possible ce cycle.

Les pièces pour piano solo et les quatre mélodies qui achèvent le disque sont nettement plus intéressants, quoique moins audacieux harmoniquement. L'esthétique en est plus proche de l'hésitation entre modernité et salon qui caractérise notamment Dupont. La belle voix corsée de Sonia de Beaufort y fait merveille, sans même parler du piano superlatif d'Alain Jacquon.

Eviter le disque de Martyn Hill chez Hyperion, qui dans un programme similaire, se montre un peu plus loin du texte et moins intelligible, malgré un très bon français. Accompagnement assez banal de surcroît, ce qui n'aide pas les Clairières.

Duparc - LES MELODIES - Mahé, Le Texier ; Lee

Toujours à la recherche d'une version recommandable de l'intégrale Duparc (même Mireille Delunsch n'y ayant pourvu !), CSS a poursuivi ses investigations. Ce disque publié chez Pierre Vérany présentait l'avantage de proposer Martine Mahé, Siebel inoubliable, et trop souvent sous-employée dans des seconds ou troisièmes rôles.

Malheureusement, l'expérience ne comble pas tout à fait nos attentes. Tout d'abord la prise de son, dotée de réverbération abondante et assez artificielle, qui sied mal à ce répertoire. Le piano est rejeté au loin, et très flou. Par ailleurs, Noël Lee propose une interprétation fortement noyée dans les jeux de pédale, une pensée un peu globale, pas très éloquente, et un résultat beaucoup moins captivant que ses Debussy très précis.

Vincent Le Texier bénéficie beaucoup de ces conditions sonores, et la voix pas particulièrement phonogénique prend une ampleur et un velours qui ne sont pas du tout l'évidence en salle. L'aigu reste difficile, mais on s'en moque assez dans ces pièces. L'interprétation, elle, demeure un peu 'grosse', mais tout à fait honnête. Très belle Phidylé, toutefois.

Et même Martine Mahé : voix ronde, mezzo clair, très beau timbre feutré, mais au prix d'un petit manque d'articulation et d'une certaine homogénéité expressive.

En règle générale, les audaces harmoniques de Duparc sont ici gommées par les choix interprétatifs, qui écrasent un peu de leur assurance lyrique ces raffinements.

On est heureux en revanche d'entendre une véritable intégrale, avec le duo La Fuite.

Un disque tout à fait bon, mais pas la référence incontournable que nous cherchions pour recommander sans coup férir.

samedi 1 mars 2008

Arnold Schönberg - PIERROT LUNAIRE - DeGaetani

Un autre disque du jour.

Lecture formidablement fluide, accompagnement décadent extrêmement délicat, presque dansant.

Jan DeGaetani propose une déclamation d'une ductilité absolument hors du commun. Bien que parlée, la voix glisse avec précision le long des hauteurs, et sans la moindre affectation - l'écueil qui fait sombrer à peu près tout le monde dans cette pièce. Presque de la fraîcheur !

Tchaïkovsky - LES MELODIES - Kazarnovskaya

Un disque du jour.

Pour signaler l'excellente version de Kazarnovskaya chez Naxos. Le label propose l'intégrale pour trois fois rien.

Beau mezzo, et surtout une diction à se noyer. Aucune 'grosseur' de timbre, de trait, d'expression.

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A propos, on note aussi des portions communes avec certaines pièces pour piano, l'écho est amusant.

Ecriture extrêmement pudique pour du Tchaïkovsky, mais toujours la même évidence, la même tendresse, la même séduction si forte.

jeudi 21 février 2008

Retranscription des notes des lutins pour le concert du 21 février

Conformément à ce qui nous a été demandé à plusieurs reprises , voici le squelette de l'introduction de la "conférence-concert" de CSS.

Attention, ces notes, ainsi que le bref compte-rendu de ce qui a été effectivement proposé, n'ont que pour but de satisfaire les curieux qui avaient réclamé un retour de ce genre. Ca n'a pas grand intérêt en soi, surtout que pour ce qui est du choix des pièces, on s'y jette volontiers des fleurs : que des chefs-d'oeuvre sans exception, et tout à fait accessibles pour une initiation... Mais comment pourrions-nous exprimer que Clara Wieck-Schumann et Alma Schindler-Mahler méritent leur place de seconde zone ? C'est précisément leur excellence qui nous les a rendues indispensables... (et non l'inverse, même si on aimerait bien...)

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vendredi 14 décembre 2007

Lorraine Hunt-Lieberson / Robert Tweten - récital inédit (2002)

Alice Tully Hall, New York
20 octobre 2002




Pourtant CSS n'est pas de l'ordre des inconditionnels devant Lorraine Hunt-Lieberson, avec des raideurs, des maniérismes, une voix qui n'est pas "refermée", avec des cris sur les jointures. Une diction très moyenne aussi, tout étant prononcé très en arrière.

Pourtant, on se captive au fil de ce récital. Dès le Scherza infida introductif, très rapide mais bien personnel.




Hunt, toujours ces sons droits, ces choses criées, mais lorsque habitude prise, très prégnant.

Programme délicieux et infiniment varié.
Haendel (3), Debussy (2), Ravel, Chausson, Fauré, Paladilhé (oui !), Gordon, Turina, Rodrigo, Mahler (2), Schumann, Schubert, Telson & Brewer. Une carte de visite à laquelle ne manque que les Neruda de Lieberson.

Et puis ces "a" ouverts si richement, ces "u" pleins, tout cela si caractéristique des américaines... (Jennifer Larmore et surtout Della Jones)

mardi 11 décembre 2007

Marschner hors opéra

A connaître : l'atmosphère très singulière de son Septième Trio, évoquant des instants opératiques dirait-on par manière de raccourci, ou plutôt dévoilant un savoir-faire très sûr du climat jusque dans la musique de chambre.

Côté lied, un Roi de Thulé très dramatique ! Non pas une ballade lanscinante (comme chez Zelter par exemple), mais un récit menaçant. Original, et non pas une pratique discrète comme celle d'autres spécialistes opératiques (Meyerbeer, Wagner, Gounod, Thomas, Paladilhé...).

mercredi 5 décembre 2007

Maurice Emmanuel - LES MELODIES - Katz, Girod

  • très debussyste (et quelques rares fusées plus ravéliennes) : mêmes quintes directes, même suspension, certaines couleurs héritées
  • mais avec prosodie extrêmement naturelle ; pas du tout la ronde artificialité volontaire de Debussy (prosodie fantasmatique) ; accentuation au plus proche de la langue parlée ; c'est beau, d'ailleurs
  • le piano se suffit à lui-même, pourrait fournir des pièces isolées d'un album pour piano
  • Katz toujours opaque et pas franchement gracieuse, Girod toujours magique (et style, rien que la pédale, invraisemblablement optimal)