Voilà plusieurs années que Christine Schäfer se promène avec le cycle des Apparitions de George Crumb, imposé à ses différents accompagnateurs (encore, tout récemment, avec Pierre-Laurent Aimard à Paris). Elle l'enregistre avec le plus admirable d'entre eux, Eric Schneider.

Des pièces véritablement magiques et piquantes, un bon début, sans doute, pour approcher la musique contemporaine. Et cette gravure d'un compositeur aussi peu vendeur est inespéré.

C'est d'ailleurs le reste du programme qui laisse plus sceptique, malgré sa conception très intelligente (voulue par Christine Schäfer) - alternant, avant le cycle, extraits parlés de Shakespeare, pièces de Purcell et de Crumb. Dans ses Purcell, la diction se révèle totalement floue, pas de consonnes, et des voyelles monocolores. Un anglais terriblement indolent et désincarné. Toujours frustrant, mais dans la sobriété de Purcell, cela ne pardonne pas. La face sombre de Schäfer, contre laquelle elle lutte souvent efficacement.

CSS reste toujours aussi emballé par Schneider, avec sa musicalité infiniment élégante - ce jeu à la fois perlé et plein dans le baroque. Un artiste majeur de cet univers liederistique.

Et nous saluons avec déférence l'audace et l'intelligence du programme.

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(Remerciements à Morloch.)