La tragédie lyrique réformée
Par DavidLeMarrec, lundi 24 décembre 2007 à 20:57 :: Opéra :: #33 :: rss
Les indispensables de la période, de notre point de vue. Plus encore que Gluck, Piccinni et Sacchini, ce sont Salieri et Johann Christian Bach qui nous fascinent.
- Salieri : Les Danaïdes
- Ouverture semblable à s'y méprendre à celle de Don Giovanni - exactement sur le même patron.
- Trame terrible, d'une force dramatique implacable. La musique se montre elle aussi très sombre, une expérience.
- Salieri : Tarare
- Le sujet n'est pas comparable aux autres (avec sa grande part comique réjouissante prévue par Beaumarchais), mais musicalement, l'esprit est tout à fait semblable.
- Récitatifs remarquables, et moments de tragédie lyrique traditionnelle encore conservés :
- les invocations du prêtre, un peu à la façon du Jephté de Montéclair ;
- l'air méditatif de Tarare, qui peut rappeler le ton de celui de Dardanus en prison.
- Johann Christian Bach : Amadis de Gaule
- des moments d'interruption sous forme d'airs de facture assez mozartienne (celui de Lucio Silla), ce qui ne constitue pas le plus intéressant mais demeure vraiment réussi ;
- orchestre volubile qui contient beaucoup de petits motifs simultanément avec les épanchements vocaux, contrairement à tous ses concurrents bien plus linéaires ;
- certaines répliques sont empruntées au poème de Quinault, mais l'intrigue (identique pour sa partie principale) y est beaucoup plus ramassée, sans prolégomènes ;
- la grâce lullyste s'y mue en fureur avec un rare bonheur, totalement grisant (prosodie parfaite).
Et aussi, dans une moindre mesure :
- Gluck : Iphigénie en Tauride
- Le tube.
- Sacchini : Oedipe à Colone
- Sujet rarement traité d'une des meilleures tragédies de Sophocle (avec les modifications sensibles qui s'imposent, il faudrait s'étendre dessus à l'occasion).
- Piccinni : Iphigénie en Tauride
- Jumeau du tube, qui ne présente pas moins d'intérêt - des vertus assez semblables, en somme, bien que la postérité ait conservé à l'esprit les luttes acharnées de leurs partisans, abrités derrière des idéologies antagonistes. Le résultat sonore ressortit pourtant sensiblement à la même esthétique de la tragédie lyrique réformée : simplification à l'extrême de l'harmonie et des rythmes, goût des contrastes...
- Gluck : Iphigénie en Aulide
- Une des oeuvres où Gluck conserve le plus les codes de la tragédie lyrique traditionnelle, notamment le langage des divertissements.
A noter, le sujet d'Iphigénie en Tauride a aussi été mis en musique conjointement par Campra et Desmarest.
Les trois livrets (Campra & Desmarest, Gluck, Piccinni) sont différents.
Commentaires
1. Le samedi 5 janvier 2008 à 01:35, par DavidLeMarrec
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