Diaire sur sol

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mardi 29 avril 2008

Arnold Bax - TROISIEME SYMPHONIE

Comme on est loin de ses poèmes symphoniques un peu gourds et très traditionnels !

On y entend successivement du tricot schrekerien, des jeux dans un son très français (on songe alors à l'Apprenti sorcier de Dukas) et, à l'initiale de plusieurs mouvements, du Mahler.

Très nourrissant. A la même époque que Sibelius et dans le même créneau d'un symphonisme continu, vraiment stimulant - plus captivant et plus varié pour les poulpiquets.

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Interprétation très lisible et assez soignée par Bryden Thomson chez Chandos.

jeudi 17 avril 2008

Lu dans une notice

... censée édifier les foules : livret d'un enregistrement Ormandy chez Sony, présentant Les Sylphides "de" Chopin.

Ballet dans lequel on a notamment adapté

le Prélude en la majeur Op.27 n°2.

Les amateurs apprécieront.

Une fois de plus, prudence en lisant des informations qu'on pourrait imaginer vérifiées...

Lili Boulanger - LES MELODIES - chez Timpani

Extrait d'une note à venir sur CSS.




Malgré la très grande réputation de Lili Boulanger, nombre de ses oeuvres demeurent somme toute de leur temps - du côté des Modernes, soit. Les Clairières dans le ciel, qui souffrent du pire fléau de la mélodie française, hélas tristement récurrent dans le répertoire - les textes nunuches. Globalement, une harmonie très debussyste, mais qui s'entend simplement dans un tricot assez régulier au piano. Le traitement vocal, lui, est à peine plus inspiré, d'une monotonie prosodique qui rappelle plutôt les non-debussystes (Ropartz par exemple).
La dernière mélodie, la plus intéressante, varie ses effets, en filant une esthétique funèbre proche de la dernière pièce de l'Intermezzo de Ropartz. Il faut absolument entendre cette oeuvre dans la version proposée par Timpani, où la clarté de Fouchécourt et surtout le piano toujours brillant d'Alain Jacquon servent avant autant d'investissement que possible ce cycle.

Les pièces pour piano solo et les quatre mélodies qui achèvent le disque sont nettement plus intéressants, quoique moins audacieux harmoniquement. L'esthétique en est plus proche de l'hésitation entre modernité et salon qui caractérise notamment Dupont. La belle voix corsée de Sonia de Beaufort y fait merveille, sans même parler du piano superlatif d'Alain Jacquon.

Eviter le disque de Martyn Hill chez Hyperion, qui dans un programme similaire, se montre un peu plus loin du texte et moins intelligible, malgré un très bon français. Accompagnement assez banal de surcroît, ce qui n'aide pas les Clairières.

Puccini - TURANDOT - le final Alfano I

Ecouté tout récemment, sur les instances d'Abigaille, le final d'Alfano I.

En effet, tout change. Beaucoup plus crédible psychologiquement, et bien plus intéressant musicalement. L'orchestre du disque Barstow est excellentissime, de plus.

Les caractères se développent, la musique reste plus instable, avec des frottements de cuivres, plus proche de Mahler en quelque sorte. Et les solistes s'en donnent à coeur joie - un peu glaçant, ce vrai-faux ilieto fine/i, exactement ce qu'on est en droit d'attendre ici.

Sans commune mesure en effet avec les autres propositions de final. Avec la traditionnelle exultation bien plate, ou bien avec le complément de Berio, très intéressant, feutré, funèbre, mais en rupture stylistique absolue avec le reste de l'oeuvre.

Indispensable pour pouvoir enfin profiter de l'esprit de l'oeuvre jusqu'à son terme.

Duparc - LES MELODIES - Mahé, Le Texier ; Lee

Toujours à la recherche d'une version recommandable de l'intégrale Duparc (même Mireille Delunsch n'y ayant pourvu !), CSS a poursuivi ses investigations. Ce disque publié chez Pierre Vérany présentait l'avantage de proposer Martine Mahé, Siebel inoubliable, et trop souvent sous-employée dans des seconds ou troisièmes rôles.

Malheureusement, l'expérience ne comble pas tout à fait nos attentes. Tout d'abord la prise de son, dotée de réverbération abondante et assez artificielle, qui sied mal à ce répertoire. Le piano est rejeté au loin, et très flou. Par ailleurs, Noël Lee propose une interprétation fortement noyée dans les jeux de pédale, une pensée un peu globale, pas très éloquente, et un résultat beaucoup moins captivant que ses Debussy très précis.

Vincent Le Texier bénéficie beaucoup de ces conditions sonores, et la voix pas particulièrement phonogénique prend une ampleur et un velours qui ne sont pas du tout l'évidence en salle. L'aigu reste difficile, mais on s'en moque assez dans ces pièces. L'interprétation, elle, demeure un peu 'grosse', mais tout à fait honnête. Très belle Phidylé, toutefois.

Et même Martine Mahé : voix ronde, mezzo clair, très beau timbre feutré, mais au prix d'un petit manque d'articulation et d'une certaine homogénéité expressive.

En règle générale, les audaces harmoniques de Duparc sont ici gommées par les choix interprétatifs, qui écrasent un peu de leur assurance lyrique ces raffinements.

On est heureux en revanche d'entendre une véritable intégrale, avec le duo La Fuite.

Un disque tout à fait bon, mais pas la référence incontournable que nous cherchions pour recommander sans coup férir.

vendredi 11 avril 2008

Pourquoi on préfère les méchants ?

(dans l'art, bien entendu)




Pas nécessairement par perversité gratuite, on peut défendre aussi la thèse du bon goût esthétique.

D'une part à cause du stéréotype des gentils, souvent exceptionnellement peu crédibles psychologiquement.

D'autre part en raison du peu d'intérêt structurel des bons caractères sur le plan dramaturgique : comment maintenir une tension sans dysfonctionnements ?

En fin de compte, il est tout à fait normal de préférer l'idiosyncrasie des villains au désespérant conformisme moral et social des good guys. Ou bien d'apprécier, précisément, le côté haïssable de ces gentils pénibles - ou bien plus détestables que la moralité d'une oeuvre désire nous les montrer. Côté opéra, l'exemple de Calaf dans Turandot paraît excellent : il est pensé comme héros, mais intéresse justement à cause de sa vanité criminelle. Du panache mais pas d'éthique. Un gentil haïssable et très payant - parfait, en somme.

Puisqu'on vous le dit : une nécessité esthétique de bon goût.

Amusettes

... linguistiques.

De petites choses qu'on ne sait pas nécessairement.




Le persan et le pachtou sont des langues indo-européennes. Parfaitement.




Le français est assez répandu en Roumanie, aisément compris, et assez parlé. Mais ce n'est pas pour la raison qu'on peut croire (l'amitié entre les Latins). C'est à ces diables de slaves, qui ont corrompu le beau latin roumain, qu'on le doit ! Le tsar s'est chargé de répandre les idées de la Révolution pour faire échec aux Ottomans, et cela s'est notamment manifesté par l'usage du français comme langue véhiculaire de l'armée.

Par ailleurs, le roumain est la seule langue romane parlée dans des proportions honorables qui dispose encore de déclinaisons. Oui, les petits gars de l'Est sont habitués au travail forcé, ils ne rechignent pas devant l'effort, eux !




Les octets avec lesquels nous mesurons l'encombrement de la mémoire de nos ordinateurs sont en réalité le résultat de l'extension du langage binaire.

Avec le langage binaire, on ne peut opposer que 0 et 1. L'octet envoie simultanément huit unités d'information binaire, ce qui permet de communiquer des informations beaucoup plus évoluées que des nombres - des lettres et des caractères spéciaux par exemple. C'est ce qui permet de faire fonctionner nos merveilleuses petites bêtes.




Voilà pour quelques amusettes du jour.

jeudi 10 avril 2008

Abus de langage

Une petite question qui trotte en tête de CSS depuis longtemps.

Les jeunes gens écrivent la locution orale désormais bien connue comme suit :

C'est abusé.

On se pose alors une question pour ainsi dire métaphysique. D'instinct, cette graphie étonne, parce qu'on peut très facilement analyser la « phrase » comme un présentatif suivi d'un groupe nominal : « c'est un abus ». Ce qui nous conduirait à l'orthographier comme suit :

C'est abuser.

L'infinitif constitue un équivalent traditionnel du nom. Tout va bien.




La version la plus courante est plus problématique, mais y aurait-il d'autres hypothèses que la confusion un peu désinvolte avec un passé composé ou une forme passive ?

On peine à trancher par ici.

mercredi 9 avril 2008

France Musique[s] et Sixtus

Voilà bien longtemps que je n'avais pas écouté des présentations sur France Musique[s], qui me font invariablement perdre un temps précieux à récriminer sur CSS.

Cette fois-ci, la présentation du concert fin XVIIIe français de Mireille Delunsch (à l'Opéra-Comique, avec Le Cercle de l'Harmonie et Jérémie Rhorer) :

Gluck voulait plus de naturel à l'opéra, contre le côté figé de l'opéra seria de Haendel.

Pas de chance, Gluck a précisément écrit du seria dans le goût de la fin du XVIIIe, c'est-à-dire avec des airs encore plus longs que chez Haendel.

Gluck s'est inscrit dans une réforme (malheureuse, mais c'est une autre histoire [1]) de la tragédie lyrique, ce qui n'est pas franchement la même chose. Pas du tout, pour être plus précis.

Ce n'est pas que ce soit grave, mais à force d'être imprécis, on obtient un magnifique contresens.

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De la même façon, à propos de l'opéra de Cherubini :

Médée, ce personnage terrible qui voudrait tuer ses enfants.

On se situe sur la frange, ici encore. Elle ne souhaite pas les tuer ; en revanche elle les tue.

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Profondeur des commentaires qui ne compense pas franchement, comme trop souvent :

[Un mot sur la genèse italienne de l'oeuvre, puis : ] nous sommes donc au moment où Eurydice est ramenée par Orphée des Enfers, mais elle s'interroge sur son attitude bizarre.

[Commentaire sur l'oeuvre de Spontini après l'annonce du lieu de création : ] Il s'agit donc d'une jeune vestale qui s'appelle Julia.

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En revanche, on saluera l'effort méritoire d'Anne-Charlotte Rémond pour prononcer « légitimement » Gluck.




Côté musique, en effet Mireille Delunsch semble légèrement inhibée sur des rôles qu'elle a pourtant chantés mainte fois ; étrange.

Notes

[1] Ceci est un appât à Bajazet. Immanquable.

Première parution Agostini !

Pour la première fois, les délicieuses saveurs de Lodovico Agostini reçoivent les honneurs du disque !

Les lutins avaient assisté à la version concert, et une note était même en préparation dans les limbes de CSS. Avec une agréable présentation. Techniquement, les instrumentistes n'étaient pas tout à fait irréprochables (à la flûte et au lirone), et la justesse relative chez les trois chanteuses. Néanmoins, les inédits d'Agostini étaient assez excitants. Pas du niveau de Marenzio ou du dernier Gesualdo, nettement moins surprenants, mais véritablement d'un goût parfait.

La pratique en concert et le studio ayant vraisemblablement gommé certaines imperfections, le disque paraît prometteur.

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Information lue chez le Poisson Rêveur.

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Pour mémoire, on peut consulter des partitions d'Agostini sur ce site, disponible dans la liste des sites de partitions gratuites de CSS.

jeudi 3 avril 2008

Idéologie et longévité

En bouquinant dans la Structure du chant de Richard Miller, bible des professeurs de chant, mais pas du tout livre de chevet pour CSS [1], on a le plaisir de rencontrer des propos très raisonnables, qui tiennent notamment en compte la part nécessaire de travail musical (nous aurions dit stylistique) et textuel, qui mettent en garde devant des professeurs-marabouts (très fréquents dans cette discipline, de même que les incompétents dangereux [2]), etc.

En revanche, un petit soupçon de réflexe manifestement pas beaucoup interrogé pointe son nez ici ou là.

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Notes

[1] Ce machin est farci d'exercices ! Il opère un effort extrêmement louable de synthèse et de hiérarchisation aussi objective que possible des différents enseignements, et tend vers une exposition scientifique des problèmes du chant.

[2] Tout simplement parce qu'il n'y a pas de vérification possible des compétences, et que la réussite dépend ici intimement d'une relation prof-élève, de la culture de l'élève qui doit se corriger et contrôler ce que lui dit son professeur, ce qu'il en fait, etc. Il est très facile d'être prof de chant en posant une plaque, et il est très facile d'être un prof de chant inefficace, même avec de vraies compétences par ailleurs.

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mercredi 2 avril 2008

Une autre façon de chiffrer la campagne américaine

Oui, toujours sur les votes, mais au lieu d'opérer des sondages globaux sur la population, des projections sur le comportement comparé des Etats. Intéressant pour remettre en perspective tout un tas de choses, et notamment l'idée que certains Etats consultés pendant les primaires proposeront un candidat qui ne sera de toute façon jamais élu chez eux lors de l'élection générale. De quoi penser, des chiffres bruts.

Très favorable à H. Clinton, mais la démonstration est convaincante, et seules des données chiffrées sont offertes, ce n'est pas non plus un éditorial.

Carnets sur sol est toujours friand de ces approches qui évitent les boulevards.

Proposé par Rico.