Diaire sur sol

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dimanche 22 juin 2008

Permanence mythique

Nous sommes sauvés, les mythes fondateurs se perpétuent, en s'adaptant toujours avec imagination et goût à leurs contemporains.

Merci France 2 ! [Qui est déjà, rappelons-le, ainsi que toute la classe politique l'a martelé, un service public de qualité.]

ELEKTRA

Dimanche 22 juin à 23:35 sur France 2 (95 min)
En 16/9
Interdit aux moins de 10 ans

L'histoire

Après la mort sanglante de ses parents, Elektra découvre qu'elle est ressuscitée. Dès lors, elle n'aspire plus qu'à se venger et se condamne à l'exil. Elle s'entraîne dans la plus pure tradition du ninjitsu et devient une tueuse professionnelle, la meilleure du circuit, une véritable légende. Mais elle découvre bien vite que donner la mort ne suffit pas à justifier son action. A bout de nerfs, elle sait que sa prochaine mission sera la dernière.

samedi 21 juin 2008

Cosma - Marius & Fanny - studio

CSS souhaite depuis plusieurs mois revenir sur cet opéra, qui pose beaucoup de questions sur la nature même du genre, ses frontières, et qui imite des recettes anciennes de façon assez surprenante.

Mais il faut juste signaler que le studio dirigé par Cosma, s'il conserve en effet les meilleurs moments, exalte plutôt les faiblesses de l'oeuvre, et présente une artificialité de son assez dommageable. Ne pas s'en tenir là pour en conclure qu'il s'agit de racolage facile.

La version de la création à Marseille, dirigée par Jacques Lacombe, révèle d'autres qualités.

En effet, l'oeuvre montre beaucoup de faiblesses : les vers (ou la prose) sont parfois très mauvais, la prosodie à plusieurs reprises maladroite, les récitatifs parfois ratés, on note une incapacité absolue à développer les thèmes (une pensée très filmique de la musique, par séquences brèves et autonomes), et de ce fait, on a l'impression d'une musique calibrée pour le disque d'extraits qui allait suivre, une suite de numéros de caractère, décousus.

Cependant, le résultat est d'une grande fraîcheur, extrêmement accessible, touchant parfois, avec quelque chose d'une maladresse véritable, très attachante. Il nous faut l'avouer l'avoir écouté assez régulièrement, après une certaine défiance initiale. Quelque chose de l'esprit de l'opéra comique du premier XIXe - de la simplicité, de la naïveté même, de la morale, mais aussi de la dérision. On y reviendra sans doute avec quelques extraits de la création pour en donner une idée.

Lully - Proserpine - Niquet

... juste un mot pour noter que le studio (contrairement à Callirhoé) est plutôt supérieur aux représentations de la recréation, et qu'on peut donc se précipiter. Son très confortable, pas trop artificiel, artistes plus en forme vocalement, et surtout plus nuancés. Toutes les outrances de Stéphanie D'Oustrac, très affectée en Callirhoé, ont disparu, les nuances tirent beaucoup plus vers le piano, avec beaucoup de tendresse et d'énergie, sans exagérer les poses. Les tempi du chef, comme pour Callirhoé, se sont un peu ralentis et variés au studio, mais avec un gain, ici, en subtilité.

On dispose de surcroît du prologue manquant au concert (et donc dans la parution du Monde 2).

On peut se précipiter, d'autant qu'il s'agit, musicalement parlant, d'une des toutes plus belles tragédies lyriques de Lully et d'une des plus belles interprétations dans ce domaine. Même les plus rétifs aux instruments d'époque pourront apprécier la rondeur absolue, et la variété des couleurs du Concert Spirituel.

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Et toujours avec le livre-disque indispensable de Glossa, extrêmement nourrissant intellectuellement, la parade invincible contre le piratage.

jeudi 19 juin 2008

Čiurlionis : Tchaïkovsky toujours d'actualité


Mikalojus Konstantinas Čiurlionis, qui est emblématiquement à la Lithuanie ce que Peteris Vasks est à la Lettonie, est l'un des très rares artistes doubles, autant connu en tant que peintre qu'en tant que compositeur.

Une musique aimable, habile, pas essentielle du tout mais assez réussie. [1]

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Son poème symphonique Dans la forêt semble teinté d'un gentil tchaïkovskysme, qui peine un peu sur la durée, mais sans déplaisir aucun. Dans les 'murmures de la forêt', on perçoit aussi quelques accents wesendonckiens. Le tournage dans le vide final semble aussi vouloir imiter Wagner (ou Mahler, ou Bruckner ?), mais avec moins de bonheur. On pense plutôt à la fin de la deuxième partie des Scènes de Faust de Schumann, chef-d'oeuvre absolu, mais qui à ce moment-là n'est pas précisément de la même ambition harmonique qu'un Wagner de la maturité...

Un peu faible, mais charmant, surtout dans ses murmures centraux.

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Il en existe un enregistrement par Vladimir Fedosseyev.

Notes

[1] Attention, ce n'est pas notre avis sur Vasks, on parle bien de Čiurlionis uniquement...

Ladislav Kupkovič, la vengeance du slovaque

Petit conseil divertissant, manière de pouvoir enfin goûter un compositeur slovaque à peu près valable - l'emblématique Suchoń se complaisant malheureusement dans un postromantisme assez gris et fade : Souvenir, une pièce de concert conçue pour les bis, un ressassement à l'infini d'un non-thème (furieusement tonal), et la déception pendant plus de dix minutes de cadences et de nuances trompeuses qui semblent annoncer mille fins.

Très amusant. Existe au disque chez Philips (Gidon Kremer au violon, Elsbeth Moser à l'accordéon, Oleg Maisenberg au piano).

Haydn - Quatuors Op.76 - Kuijken



Quatuor de la famille Kuijken sur instruments d'époque. Aigre à n'en pas croire ses oreilles - sauf pour qui connaît le son Kuijken, très néerlandais [1], très direct, mais aussi très peu esthétisé. Sans concession, presque mécanique, donc un peu rude à l'écoute, mais au moins, voilà un Haydn qui n'est pas joué comme du Mendelssohn ! Et qui a beaucoup de caractère.

Les mouvements de danse sont extrêmement réussis - on sent bien ce que la formation de musiciens à l'école baroque a de précieux de ce point de vue. Il ne faut pas oublier que Sigiswald Kuijken a dirigé un Zoroastre de Rameau admirable de poésie... Ce qui suppose une excellente conscience des accentuations et une maîtrise parfaite de l'inégalité des notes égales.

A connaître, vraiment.

Notes

[1] Même s'ils sont belges, mais ça, c'est une autre affaire.

Concert d'improvisation (réussi)

Toujours difficile de prévoir la réussite d'un concert d'improvisation, mais CSS vous donne un bon tuyau, puisque c'est une valeur sûre, qui fait toujours de la vraie musique, sans complaisance. Proche des images, prenant toujours le risque de la surmodulation [1], maîtrisant tous les styles : un modèle.

Le jeudi 10 juillet à 20h30, Roméo et Juliette dans la neige de Lubitsch sera accompagné par Xavier Busatto au cinéma Balzac à Paris.

J'avais promis chez le Poisson Rêveur de proposer des concerts d'improvisation plus nourrissants que les choses charmantes, mais pas toujours consistantes, proposées par Gabriela Montero.

Les concerts de Xavier Busatto sont encore plus intéressants lorsqu'ils sont sur de l'improvisation seule (à doubles contraintes), à mon avis. Donc, si une date m'échappe, n'hésitez pas à courir aller entendre.

Notes

[1] Ce qui est moins audible et moins impressionnant pour le public, mais bien plus périlleux que des suites d'arpèges virtuoses sur un canevas harmonique très stable... D'où le mot d'exigence.

Tubique

Comment écrit-on un tube, un hymne national appropriable par tous ?

Certains voisins de CSS y parviennent fort bien. (A écouter absolument sur ce site, le Râga pour quatuor d'altos, un petit délice qui rappelle en bien des points les six premiers quatuors de Myaskovsky.)

dimanche 8 juin 2008

On n'est jamais mieux servi...

Etrange appel au protectionnisme, qui néglige totalement la vraie question : celle de la diction et du répertoire. Parce que placer des chanteurs francophones, souvent avec un mauvais italien, pour chanter du Verdi, ce n'est pas particulièrement indispensable.
Parler de diction, pourquoi pas (mais ils sont déjà embauchés pour cela dans les répertoires adéquats [1], donc pas de réclamations à faire) ; parler de répertoire, manifestement, ça n'est pas la question pour eux...

Amusant de constater que signent, bien évidemment, essentiellement les professeurs de chant qui peinent à placer leurs élèves ou les interprètes qui (pour plusieurs véritablement avec raison) s'estiment sous-employés.

Faire une pétition pour affirmer qu'on est victime d'injustice, qu'on vaut mieux que les autres, c'est une drôle d'idée !

Avec des relents protectionnistes et antimondialistes assez bizarres dedans, aussi.

http://www.le-parlement-des-artistes.org/