Idéologie et longévité
Par DavidLeMarrec, jeudi 3 avril 2008 à 00:34 :: Vaste monde et gentils :: #79 :: rss
En bouquinant dans la Structure du chant de Richard Miller, bible des professeurs de chant, mais pas du tout livre de chevet pour CSS [1], on a le plaisir de rencontrer des propos très raisonnables, qui tiennent notamment en compte la part nécessaire de travail musical (nous aurions dit stylistique) et textuel, qui mettent en garde devant des professeurs-marabouts (très fréquents dans cette discipline, de même que les incompétents dangereux [2]), etc.
En revanche, un petit soupçon de réflexe manifestement pas beaucoup interrogé pointe son nez ici ou là.
Notes
[1] Ce machin est farci d'exercices ! Il opère un effort extrêmement louable de synthèse et de hiérarchisation aussi objective que possible des différents enseignements, et tend vers une exposition scientifique des problèmes du chant.
[2] Tout simplement parce qu'il n'y a pas de vérification possible des compétences, et que la réussite dépend ici intimement d'une relation prof-élève, de la culture de l'élève qui doit se corriger et contrôler ce que lui dit son professeur, ce qu'il en fait, etc. Il est très facile d'être prof de chant en posant une plaque, et il est très facile d'être un prof de chant inefficace, même avec de vraies compétences par ailleurs.
§ Par exemple sur la messa di voce (mouvement de crescendo-decrescendo sur une note unique), où l'on prohibe le passage en voix mixte, parce que cela romprait la position musculaire, interrompant la continuité du son dans l'aigu. Fort bien, mais pourquoi certains y parviennent-ils avec bonheur ? Sans doute parce qu'ils ont préparé l'attaque en voix mixte, mais ça ne semble pas trop dans la doctrine ici, tout semble envisagé en voix pleine.
Cela dit, en feuilletant, on a peut-être manqué en point essentiel, mais cette position du 100% poitrine indiqué sur la boîte reste très fréquente chez la plupart des professeurs, ce qui aboutit souvent à durcir les voix si l'apprentissage n'est pas parfaitement abouti.
§ Surtout, on a souri en lisant le paragraphe sur les emplois. Il ne faut surtout pas sortir de sa nature vocale, ne pas faire trop de rôles 'lourds" trop vite. ("Lourd" comprend ici Donna Anna de Don Giovanni, pour se faire une idée...)
Il faut considérer à quel âge Gigli a abordé Radamès, nous dit-on (en substance). Si Gigli et les Grands Anciens l'ont fait...
La ragione ? Quelle raison à cette recommandation ? La longévité. La voix s'abîme et perd vite de son éclat - avant que l'âge physique coïncide avec l'âge vocal, c'est manifestement le problématique, car Miller est très lucide sur le rapport entre le physique et les contrats signables.
Pourtant, un chanteur employé dans un rôle trop lourd donne souvent un panache supplémentaire à son incarnation, et une couleur plus avenante simultanément. La longévité est-elle réellement le critère qui doit prévaloir pour le chanteur, plutôt que la chance de chanter certains rôles et sa pleine réalisation artistique ?
La réponse ne va pas de soi, bien sûr. Raison de plus pour ne pas faire mine de répondre par une évidence.
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Mais Mireille a choisi.
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Au demeurant, un livre d'une grande pondération, et extrêmement précis sur les phénomènes physiques. Assurément du travail documenté et sérieux, qui mérite sa réputation.
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