Toujours à la recherche d'une version recommandable de l'intégrale Duparc (même Mireille Delunsch n'y ayant pourvu !), CSS a poursuivi ses investigations. Ce disque publié chez Pierre Vérany présentait l'avantage de proposer Martine Mahé, Siebel inoubliable, et trop souvent sous-employée dans des seconds ou troisièmes rôles.

Malheureusement, l'expérience ne comble pas tout à fait nos attentes. Tout d'abord la prise de son, dotée de réverbération abondante et assez artificielle, qui sied mal à ce répertoire. Le piano est rejeté au loin, et très flou. Par ailleurs, Noël Lee propose une interprétation fortement noyée dans les jeux de pédale, une pensée un peu globale, pas très éloquente, et un résultat beaucoup moins captivant que ses Debussy très précis.

Vincent Le Texier bénéficie beaucoup de ces conditions sonores, et la voix pas particulièrement phonogénique prend une ampleur et un velours qui ne sont pas du tout l'évidence en salle. L'aigu reste difficile, mais on s'en moque assez dans ces pièces. L'interprétation, elle, demeure un peu 'grosse', mais tout à fait honnête. Très belle Phidylé, toutefois.

Et même Martine Mahé : voix ronde, mezzo clair, très beau timbre feutré, mais au prix d'un petit manque d'articulation et d'une certaine homogénéité expressive.

En règle générale, les audaces harmoniques de Duparc sont ici gommées par les choix interprétatifs, qui écrasent un peu de leur assurance lyrique ces raffinements.

On est heureux en revanche d'entendre une véritable intégrale, avec le duo La Fuite.

Un disque tout à fait bon, mais pas la référence incontournable que nous cherchions pour recommander sans coup férir.