Concert sur sol n°113.

Entendre la quasi-totalité du cycle des Heures Persanes en concert, un événement ! Et l'expérience est vraiment singulière, on est immergé dans le langage étrange de Koechlin, parfois d'une simplicité diatonique absolue dans ses lignes mélodiques, mais toujours très surprenant dans ses progressions harmoniques, avec des choix de coloris aux confins de l'arbitraire, et toujours si naturels et cohérents. (En tout cas le public, même pour ceux qui ne connaissaient pas auparavant, est resté religieusement concentré et semblait très convaincu.)

En plus de tout cela, trois Préludes de 1929 de Messiaen (déjà totalement Messiaen, mais où l'on sent un peu plus qu'après l'empreinte de Chopin et de Debussy), deux Préludes de Debussy, et la Forlane et le Menuet du Tombeau de Couperin de Ravel.

Le tout couronné par une séance d'improvisation sur des sujets proposés par le public : → motifs de la Tétralogie de Wagner ; → Mario Bros dans le style du Faune de Debussy, peut-être la plus réussie, les deux composantes restant toujours très audibles, pour une fusion particulièrement improbable et parfaitement naturelle ; → le premier thème de Sibelius 1 en forme de valse ; → improvisation libre sur les premières mesures de Sibelius 5 (qu'on se rassure, on a quand même eu droit à un vol de cygnes !) ; → les motifs de Sibelius 4, joyeux et bondissants comme un chiot qui voit la mer pour la première fois pendant une aurore d'avril.

Programme très cohérent, très riche (deux bonnes heures de musique !), le plaisir d'entendre les Koechlin se déployer en salle – et avec un parti pris de netteté et de clarté assez différent de ce que l'on entend d'ordinaire dans cette musique, plus vaporeux –, dans leur durée et leur cohérence… et les réjouissantes improvisations qui sont la marque de fabrique du pianiste… Délectable moment, où l'on pouvait croiser quelques membres éminents de céans.