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Un petit voyage dans l'univers miraculeux du lied.

J'ai fait le choix d'une présentation chronologique, afin de couvrir un vaste champ et de donner une idée des possibles offerts par le lied.

J'ai aussi fait le choix de pièces pour la plupart peu jouées en concert, de façon à ne pas ennuyer ceux qui connaissent déjà, et d'inciter à la découverte. Mais rien que du premier choix.

Je tâcherai de présenter un peu précisément chaque pièce.

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- Définition : Une mise en musique d'un poème allemand. (terme également employé pour le domaine scandinave, moins souvent cependant que "mélodie")
=> voix et piano
=> mais orchestre

- J'ai fait le choix je crois raisonnable de m'en tenir au piano et au chant, j'avais peur de ne pas être au point en faisant l'orchestre en même temps.

- Naissance :
=> milieu XVIIIe
=> moment d'un désir de fournir en langue locale (bourgeoisie, accès en tout cas d'autres classes aux opéras)
=> on peut se pencher sur l'opéra :
====> Initialement, exaltation du théâtre par la puissance de la déclamation chantée.
====> Rapidement, fascination pour la voix, avec développement de pyrotechnies vocales. Le texte devenait incompréhensible, très secondaire, et par conséquent il n'était pas nécessaire de chanter dans la langue (à plus forte raison devant des publics choisis qui, pour certains connaissaient l'italien).
====> Hors la France, l'italien a donc colonisé en même temps que l'opéra toute l'Europe.
====> Pour ce qui nous intéresse, cependant :
=> A existé pendant quelques années, au début du XVIIIe, de l'opéra en langue allemande à Hambourg (Telemann, Kaiser). Parfois mêlé d'italien et de français (Orpheus de Telemann). Le reste de l'Europe écoutait seulement de l'italien (à l'exception de la France et, partiellement, de la Suède).
=> mais il faut attendre l'éclosion du Singspiel, opéra comique en langue allemande, avec dialogues parlés (comme l'opéra comique français), pour que cette volonté de s'adresser dans la langue, de donner un texte compréhensible à tous, soit affichée. C'est l'époque de l'Enlèvement au Sérail de Mozart.

=> le lied naît dans ce contexte d'intérêt pour la langue. Commencé avec le fils Bach, il est encore pratiqué de nos jours. Mozart ou Rihm, par exemple, en ont écrit.

Nature et paradoxes :
=> "Chanson", traduction littérale (mélodie partout ailleurs, de la Russie à France, sauf le song anglais et américain, voire les genres italiens comme la canzone)
=> revendique une filiation populaire ; sinon une évidence, du moins une simplicité. Au départ, souvent strophiques (un même thème utilisé pour chaque strophe du poème, et l'expression ne filtre donc que par le texte et éventuellement la variation de son interprétation à chaque reprise).
Mais rapidement (dès Beethoven) :
=> mais devenu très raffiné et retors, difficile d'accès - d'où nécessité de cette présentation. Sorte de laboratoire intime de la pensée musicale d'un compositeur.
=> Devenu le lieu privilégié d'un rapport littéraire. Ou plutôt d'une appropriation d'ordre littéraire par un compositeur.

Il utilise le chant d'opéra (qui permet de chanteur longtemps et sans amplification, je vais couper le micro tout à l'heure), mais ne requiert pas la même ampleur. Certaines pièces seraient même chantables en voix naturelle. Du moins les premières écrites...

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Je vous propose à présent de passer à l'illustration pratique.

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On a ensuite présenté les caractéristiques de chaque compositeur, que vous retrouverez ici en détail, la spécificité de la mise en musique de chaque pièce (choix par rapport au texte, structure musicale, effets de sens, etc.), enfin une rapide traduction improvisée. Cela pour chaque pièce.

Le tout en une heure et demie.

Mais une heure et demie de chefs-d'oeuvre (célèbres ou non), et de chefs-d'oeuvre accessibles. Accueil favorable en particulier pour An die Leier, Das Wirtshaus, Die alten bösen Lieder, Liebst du um Schönheit (Clara Wieck-Schumann), et une certaine stupeur admirative pour l'écriture retorse d'Alma Schindler-Mahler, bien évidemment. De surcroît, l'histoire de sa tragédie de compositrice fait toujours recette.

Il nous a même été loisible d'ajouter Gebet de Wolf (pas nécessairement représentatif, avec des tensions d'effet beaucoup plus appaisant que de coutume, mais très accessible), de façon à ne pas laisser cette pierre angulaire des concerts de lieder dans l'ombre - à en toucher ainsi quelques mots.

Et, pour nous séparer une fois notre sainte évangélisation accomplie - ite missa est - le bien nommé Seligkeit de Schubert.




(En raison de la précipitation de l'organisation, nous n'avons pas pu fournir comme nous le souhaitions un fascicule comprenant nos traductions en juxtalinéaire.)




Site officiel de la manifestation.