On s'amuse comme on peut - avec les discours politiques en passant l'aspirateur en vaquant.

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Un peu de compassion à l'écoute du sympathique discours d'Hervé Morin, un jeu de jolis équilibres à l'image du logo Nouveau Centre (un tiers de rouge sur la gauche et deux tiers de bleu sur la droite... mignon comme tout).

Un discours soigné (bien écrit, d'ailleurs), respectant à la lettre les articulations logiques (même si, avec le flou généralistes des discours politiques, il est difficile d'y percevoir un fil particulièrement signifiant).

Et c'est là où l'on peut sourire, en voyant ce solide second devenir líder, sans une réelle préparation. Sa formation est moins complète que d'autres (IEP de Paris sans ENA), son talent pour la parole publique moins mis à l'épreuve.
Si les commentateurs surestiment souvent les talents d'orateur de François Bayrou (surtout piètre rhéteur, à vrai dire), le contraste n'en est pas moins saisissant. L'ensemble du discours est prononcé en hésitant, en trébuchant, interrompant brièvement des groupes de mots, toujours en équilibre pour ne pas s'empêtrer, la prononciation comme en retard sur le débit de parole. Ce qui entraîne à plusieurs reprises et des erreurs plus ou moins malheureuses : un "ne" au milieu d'une phrase purement affirmative ou, plus amusant, un "moi" remplaçant un "nous".

Au milieu de ce discours équilibré sans ridicule et stylistiquement agréable, des lieux communs un peu usés se baladent, uniques références mal digérées d'une formation très généraliste :
- « l’homme un loup pour l’homme » (signal : moi aussi j'ai de la culture latine)
- « comme maître et possesseur » (signal : j'ai assimilé Descartes au point de pouvoir le paraphraser)
- « nature / culture » (signal : d'ailleurs j'ai eu une super note en philo au bac)
- « soulever des montagnes » (signal : hou-hou ! la vraie démocratie chrétienne, c'est par ici !).

Etrange décalage entre la qualité de l'écriture, la difficulté de l'élocution et la banalité presque drolatique des références.

En tout cas attachant. Le pauvret était soulagé de finir.