Très belle réalisation, avec une réserve du côté de l'œuvre : la prosodie, c'est vraiment n'importe quoi. Il faut dire que non seulement le langage de Ligeti est peu compatible avec un chant proche de la parole, mais en plus qu'il existe des versions en quatre langues (suédois, allemand, anglais, et en français, deux traductions distinctes) ! J'ai aperçu deux fautes d'orthographe dans la version imprimée comme surtitrée, je me demande si c'est aussi le cas dans le texte fourni par les traducteurs.

Pour autant l'inventivité de sa musique est toujours aussi réjouissante, et les moments purement instrumentaux (klaxons, première évocation apocalyptique, entrée de la Suite de Nekrotzar, Canon après l'anéantissement…) sont assez merveilleux. Dommage que le surtitrage n'ait pas inclus les didascalies, ceux qui ne connaissaient pas l'œuvre ou n'avaient pas ouvert le livret (fourni, merci Radio-France ! I love you) ont dû passer à côté de l'essentiel.

Autre réserve, la « mise en espace » de Benjamin Lazar, je n'ai pas compris ce que c'était, parce que même pour les échanges très graphiques comme les casseroles sur la tête ou se cacher sous une table (sans parler, donc pas de contrainte de pupitre), il ne se passe strictement rien visuellement. Pour moi une simple version de concert, même pas particulièrement « jouée scéniquement ».

Mais ça reste une expérience très singulière que je rêvais de faire depuis toujours – la photo l'anéantissement selon Mesguich était partout dans les livres d'opéra quand je vivais en province.