Finale avec orchestre

Bernadetta Grabias (mezzo grave) accentue vraiment très platement son italien, amusant comme la voix est totalement comparable à Ewa Podles - je ne serais qu'à moitié étonné qu'elle ait suivi son enseignement.
Les graves extrêmement forts et poitrinés, un peu de souffle "sur" le timbre, cette volonté de chanter aussi un air de contralto (Isabella), ce besoin de montrer l'agilité, beaucoup de choses y font penser. Le public adore.

Elle semble beaucoup préoccupée de sa rondeur vocale et de son impact, ce n'est pas trop pour me plaire. Les phrases sont totalement écrasées, on se repose sur les voyelles, les articulations consonantiques (pourtant bien plus importantes en polonais qu'en italien !) sont faites mais comme ignorées.

En français, les voyelles, sans être indifférenciées, sont d'abord adaptées à la plénitude vocale, et les consonnes utilisées essentiellement lorsqu'elles servent d'appui.
Le chant a quelque chose de touchant, mais c'est assez terrifiant, comme incarnation, pour la petite Charlotte de Werther. Plus adapté au vérisme en effet.

A part cela, le programme mélange oeuvres célèbres et peu jouées. Et chantées avec beaucoup d'aplomb et d'impact. Sans doute impressionnant sur place.

Dans le Liber scriptus du Requiem de Verdi, le latin est un peu concassé. L'aigu, peu entendu jusqu'à présent, est assez urgent et électrique, ici aussi on peut penser à Podles (ou, pour une voix toute différente, Verrett). Après, difficile de jauger dans ce programme le potentiel aigu et donc l'inscription éventuelle comme contralto un peu "gonflé" plutôt qu'en tant que mezzo comme annoncé.
Ce Verdi est très impressionnant, tout de même, la vindicte divine est plutôt saisissante.

Le Mozart, évidemment, est linguistiquement en bouillie et vocalement assez... ailleurs, tant le type de voix étonne pour Chérubin. Le timbre est un peu plus acide aussi, du fait des efforts d'allègement (et concomitamment aux sourires...). Vraiment étrange, on dirait ici également un personnage bien campé, mais un autre personnage.

Même caractéristiques pour le Tchaïkovsky (La Pucelle d'Orléans), très vigoureux et inquiétant, pas très articulé non plus.

Le public est très impressionné, manifestement, il faut dire que ce type de voix et cette assurance sont rares.