Une lecture atypique de Bruckner. A la fois de l'alacrité (qualité inhabituelle dans ces pages) et un caractère quasiment dansant, presque galant.

Plus encore, le son a quelque chose d'une tendresse moelleuse tout à fait inusitée chez ce compositeur. Quelque chose de feutré, un ton ancien - Berlin est méconnaissable. Vraiment surprenant, et immédiatement séduisant. La structure en est de plus lisible avec une grande aisance.

Lorsqu'on accepte de jouer Bruckner sans le décorum qu'on lui accole trop souvent, le résultat est tout de même bien plus digeste - Georges Prêtre a ainsi réussi une Quatrième confondante d'évidence, et d'aspect si clair !
Evidemment, cela ne résout pas les faiblesses lourdes de l'orchestration, mais elles ne font plus obstacle dans ce cas. Un peu de la même façon que ce qui peut apparaître comme des tunnels dans Parsifal disparaît lors d'une exécution à tempo raisonnablement dramatique comme le fait Boulez. Les phrasés sont alors sensibles et trouvent leur sens, sans se perdre de vue (et de souffle).

--

Sans doute que la collaboration avec Vienne, qui tend toujours à tiédir très sensiblement les options des chefs, n'est, pas plus que la nature de l'oeuvre, étrangère à la réussite moindre de la Neuvième par Carl Schuricht.

(Cette Septième de 1938 appartient désormais au domaine public. Rappelons incidemment qu'un Chant de la Terre d'anthologie est disponible dans la catégorie libre de droits de CSS par ce chef.)