Terrible claque. Tout prend ici un tel relief ! Alternant délicatesse et violence, tout y est ciselé, incisif ; les paroxysmes véritables, à couper le souffle.

Les belles versions sont légion, mais celle-ci possède objectivement tout. Tout au plus Carnets sur sol préfère-t-il le solo de basson initial sur un tempo plus large et lyrique - mais ce moment se trouve si bien réalisé, avec cette entrée non pas suspendue, mais déjà dansante...

Bernstein était sans nul doute le plus indiqué sur le papier pour réussir cette partition : l'incisivité, la danse, l'abandon... aussi le risque de se retrouver un peu dépité était grand. Au contraire, la surprise est inverse.

avril 1972
London Symphony Orchestra
Leonard Bernstein

La version de 1958 a la réputation d'être encore nettement plus. Celle-ci a en tout cas le privilège de rester équilibrée et confortable, sans chercher absolument à subvertir à toute force.

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[A présent, il faut peut-être ajouter que du fait de la maîtrise technique qu'elle réclame, cette pièce ne se trouve quasiment que dans des interprétations irréprochables. Tout au plus certaines sont-elles un peu moins déhanchées (Boulez) ou un peu plus hédonistes qu'engagées (Salonen II), mais la haute valeur de notre Bernstein ne fait pas non plus redécouvrir une oeuvre déjà parfaitement servie.]