dimanche 23 juin 2024
Airs de cour mis en scène et avec marionnettes (CRR, Sainte-Chapelle de Vincennes)
Par DavidLeMarrec, dimanche 23 juin 2024 à 13:10 :: In vivo
Quel meilleur choix pour un dimanche que d'aller entendre et voir, sous les vitraux de l'Apocalypse milieu XVIe de la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes comme neuve, un recueil d'airs de cour Louis XIII (Guédron, F. Richard, Tessier, Cambefort, Moulinié, Boësset) par les jeunes ultra-préparés du CRR, restituant à la fois les airs dans leur diversité musicale (à voix seule ou en polyphonie madrigalesque) et mêlée de consorts de viole et de danses de cour, dans une déclamation restituée (certains, comme Gaël Lefevre ou Alice Marzuola, atteignent un beau naturel dans l'exercice !) et une gestuelle d'époque (entièrement tirée de gestes scéniques attestés, Tanaquil Ollivier y réussit avec une telle autorité !) et pour couronner le tout accompagné de jeux de marionnettes d'époque actionnées par les spécialistes Richard Pech et Jean-Christophe Carrage !
Moment d'art total, qui transforme ces sobres chansons en moments de théâtre et de musique où l'on ne sait plus où donner de l'oeil et de l'oreille, par des chanteurs & musiciens très solidement préparés par Lisandro Nesis et Caroline Bardot : le spectacle est particulièrement exaltant en lui-même, mais l'on voit de surcroît qu'un certain nombre d'élèves ont déjà une maturité artistique très avancée (et, tous, une excellente connaissance du style, il n'y a pas meilleur lieu que le CRR de Paris pour apprendre le baroque français). Quelques très belles voix en elle-mêmes (Alice Marzuola et Julie Dollat particulièrement brillantes ce soir ; j'aime beaucoup Tanaquil Ollivier, Pierre-Baptiste Parietti, Gaël Lefevre et Alexandre Jamar également), quelques-uns qui se révèlent dans la gestuelle ou les ensembles (lorsqu'il tient les parties intermédiaires ou de basse, Sébastien Tonnel fait remarquablement entendre le texte, sans du reste chercher à sombrer la voix !). Impressionné aussi par la maturité de Manon Marmouset de la Taille, qui accompagne depuis la viole les airs de façon particulièrement vibrante et sensible aux enjeux du texte et de la musique. Mais tous m'impressionnent comme très bons musiciens.
Très grand moment, qui fait écho aux cantates dont je parlais cette semaine. La boucle sera bouclée avec les motets mardi après-midi, même lieu !
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