Diaire sur sol

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dimanche 23 décembre 2007

Tchaïkovsky - SYMPHONIE n°4 - Eschenbach, Philadelphie

Une fois n'est pas coutume, une nouveauté. Entendue sur la NRK (radio norvégienne, cf. la liste des stations sur CSS).

Très impressionnant de maîtrise technique : à la fois grande puissance et retenue nécessaire. Grande amplitude de nuances, subtil rubato. Capacité d'infléchir élégamment la force au sein des tutti, de façon à toujours ménager une progression - grande allure que cette pudeur, et très efficace.
Tout à la fois la sauvagerie et la suavité requises, mais avec un rebond, un déhanchement qui font véritablement danser le tout.

La première fois que nous ne ressentons à ce point ni trivialité, ni sirop, ni lancinances dans cette symphonie difficile à maîtriser quant au goût. Un parcours comme contenu en un seul mouvement versatile.

Prise sur le vif qui se ressent à l'urgence extrême de l'ensemble de l'oeuvre.

dimanche 16 décembre 2007

Gustav Mahler - SYMPHONIE n°3 - Abbado, Lucerne 2007

Dernier mouvement.
Lent. Sections très détaillées, extrêmement pédagogique. Mais la tension n'est pas menée implacablement. Travail plutôt sur les sections des phrasés que sur les sections du mouvement entier, si l'on veut, même si la vue d'ensemble est très réelle, et même exaltée, limpide, expliquée comme chez aucun autre. Mais il privilégie (à dessein) l'épisode présent par rapport au développement.

Pour les autres mouvements.
Vraiment chaque élément exalté, faisant sens musical, voire dramatique, comparable à la Damnation de Markevitch. Incroyable comme chaque motif est audible et signifiant. Le tout dans un son d'une volupté et d'une clarté superlatives.

Tendresse du mouvement initial, et discontinuité, immobilité contemplative, comme un monde en train de se faire en effet. Capacité à timbrer différemment de façon expressive au sein d'une même phrase de l'orchestre bel et bien superlatif (bis) (les cuivres !). Et la trompette qui sonne aussi rond que du cor dans le dernier mouvement !

Ironie vraiment patente (piccolo du premier mouvement), et ce rire décadent et simple dans Mahler est toujours un régal.

mardi 11 décembre 2007

Le clavecin de Frescobaldi et Louis Couperin par Gustav Leonhardt

Intéressant, spécialement dans la musique française. Tout y est si « carré », cela ne danse guère, mais rend bien justice à cette musique. Concernant Loin des sons trop riches des instruments de Verlet et Ross. Pas les maniérismes de la première, ni les lourdeurs du second. Et pour comparer à d'autres « discrets », le propos est plus direct, lisible et fort que chez Rousset, par exemple.

Nous pouvons bien évidemment préférer la danse dans ce répertoire (Cummings, Ichise) ou les trilles voluptueux (Beaumont) ; cependant, l'intérêt ici est de se trouver en contact direct avec l'oeuvre, quasiment sans médiation - ce qui est suffisamment rare pour être précieux - tout est audible, rien n'est extrapolé.

Naturellement, dans Bach, ce jeu comportera sa part de raideur, mais qu'importe pour que ce qui nous a retenu ici !

(Remerciements à Vartan.)

lundi 10 décembre 2007

Sibelius - SYMPHONIES

Un mot, sur demande, sur leurs caractéristiques.

  • L'idée de contemplation y est importante - c'est une musique qui ne cherche pas nécessairement, à l'inverse de la musique d'école allemande, à « cheminer » vers un but. Ce qu'on pourrait rapprocher de la tradition du poème symphonique nordique - avec son apparent désordre formel et son hédonisme paisible : Alfvén ou Stenhammar, par exemple.
  • L'esthétique reste totalement dans le cadre de la tonalité, et l'on sent, particulièrement en fin de symphonie, une construction de la tension qui rappelle les grands symphonistes germaniques (tantôt l'expansion monumentale de Bruckner, tantôt le serpentin tendu à l'infini de Mahler). Nous sommes donc en présence de quelque chose de bâti, qui ressortit à la grande tradition symphonique européenne - et non pas d'une collection de thèmes et de motifs juxtaposés.
  • Peu de tensions internes, peu de contraste entre les mouvements. Une esthétique de la continuité.
  • Une orchestration ronde, confortable, pas très lisible.

On serait curieux d'entendre les structures exaltées, les pupitres tous audibles, les articulations plus tranchantes que ce n'est habituellement. Ce que nous n'avons pas, à ce jour, rencontré au disque.

vendredi 7 décembre 2007

Concertos pour violon

C'est mieux lorsque ça ne bave pas.

  1. Rudi Stephan (titré Musique pour violon et orchestre), très dramatique, quasiment décadent, dense et ramassé, insaisissable.
    • [Recommandation : Georg Kulenkampff / van Beinum. Libre de droits.]
  2. Robert Schumann, jamais donné, à tort, vraiment plus profond que la moyenne. Rondeau final proche de Beethoven.
    • [Pas de version de référence pour nous.]
  3. Franz Schubert, Konzertstück
    • [Notre version touchante avec le Sinfonia Varsovia n'est pas publiée.]
  4. Henri Vieuxtemps 5. Ce qu'on peut faire de mieux dans le lyrisme exacerbé, avec une tension mélodique permanente qui emporte sans cesse.
    • [Recommandation : Perlman / Barenboim.]
  5. Boris Tichtchenko (pour violon, piano et cordes Op.144). Le lyrisme dynamité d'un Chostakovitch humain. Avec une citation des Quatre Saisons. De beaux motifs très réduits, une harmonie en sables mouvants, mais jamais déceptive.
    • [Victoria Postnikova / Rozhdestvensky. Chez Fuga Libera.]
  6. Wolfgang Amadeus Mozart 3, 4, 5.
    • [De multiples versions excellentes : Dumay ou Mutter par exemple.]
  7. Pelle Gundmundsen-Holmgreen. Avec des citations beethoveniennes et schubertiennes ; cadences harmoniques interrompues, clins d'oeils multiples. Pour le jeu avec la tradition.
    • [Création : Åstrand/Dausgaard 2003. Non publié.]

Bien sûr, Paganini 1, Mendelssohn (mouvement lent du célébrissime), Beethoven (mouvement lent et surtout rondeau), Glazounov sont fréquentables aussi.

mardi 4 décembre 2007

Concerto vs. musique de chambre

Différence souvent significative chez le même artiste. Par exemple Queyras, inapproché à peu près dans l'ensemble des concerti qu'il a pu aborder, et parfois si discret en musique de chambre.

Côté violon (c'est apparemment moins vrai pour le violoncelle), ce sont parfois des artistes un peu trop généreux côté vibrato, pathos, au style parfois uniformément romantisé pour la musique de chambre qui tirent au contraire leur épingle du jeu.

  • Gil Shaham (invraisemblable émotion du mouvement lent chez Mendelssohn, par exemple, et rondeur chatoyante, sûreté du jeu dans les mouvements rapides)
  • Yitzak Perlman (Vieuxtemps 5, par exemple)
  • Sarah Chang dont l'hédonisme est évidemment calibré pour la forme concertante - y compris avec piano. Hilary Hahn semble faire de même (mais on serait curieux de l'entendre dans des formes plus intimistes).

Bien sûr, Isaac Stern plane sur toutes les catégoriess simultanément.