Diaire sur sol

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lundi 21 janvier 2008

Antonín Dvořák – TE DEUM

Incroyable jubilation quasiment transielle qui l'ouvre ; l'orchestre, avec ses timbales déchaînées mais jamais menaçantes, déborde d'une extase extravertie à faire peur.

Le reste de l'oeuvre retourne à un ton plus recueilli - avant toutefois d'exploser à nouveau dans une certaine allégresse finale. Le ton plus posé des airs de la soprane et des récits de la basse sonne plus légitimement solennel, mais toujours avec cet élan très sentimental que maîtrise si bien Dvořák.

Une oeuvre très surprenante, qui n'a sans doute pas les charmes du Requiem, porté de bout en bout par une inspiration sans égale, mais qui captive par ses choix - ainsi que leur belle réalisation.

A ranger aux côtés du Magnificat-passacaille H.73 de Charpentier, à la présentation duquel nous nous activons depuis quelques semaines.

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Interprétation écoutée :

Orchestre symphonie de Prague, Gaetano Delogu. Concert d'inauguration de la Salle Smetana de Prague, après sa restauration en 1994-1997. (Concert hélas inédit, au vu des superbes couleurs de l'orchestre, qu'on a déjà vantées sur CSS à propos du Concerto pour violoncelle de Dvořák.)

vendredi 4 janvier 2008

Walter Braunfels - TE DEUM

On classe régulièrement Walter Braunfels parmi les décadents, peut-être du fait de sa réhébilitation via feue la collection Entartete-Musik de Decca.

Il est vrai que l'agréable insolence d'un sujet comme Die Vögel ("Les Oiseaux"), livret qu'il réalisa lui-même d'après la pièce homonyme d'Aristophane, laisse entrevoir cette fantaisie du temps qui se manifestait notamment dans des livrets parfois simultanément triviaux, fantastiques, historiques, satiriques, et ciselés avec beaucoup de soin.

Cependant, musicalement, le langage demeure tout de même extrêmement proche d'un postromantisme assez orthodoxe, plus comparable à Reger [1], Humperdinck, Siegfried Wagner ou Pfitzner qu'aux postraussiens. Un héritier de Wagner en ligne directe, en somme.

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C'est en cela que l'écoute de ce Te Deum est révélatrice. Elle se montre même étrange ; tout est si traditionnel, avec une solennité parfaitement sérieuse, sans l'échappatoire de la dérision et de l'excès, si caractéristique des décadents.

En réalité, on songe plus au Bruckner liturgique (et même à celui très grandiose du Te Deum), au Holst de Mars, voire à Orff, qu'aux Viennois. Même si le langage, évidemment, demeure extrêmement soigné (et infiniment plus riche que chez les deux derniers). Comme dans la liturgie brucknerienne, on retrouve des moments d'appaisements, matérialisés par des entrelacements de voix solistes sur tempo plus modéré - bien qu'aucun tempo effréné soit jamais de mise -, d'inspiration quasiment mozartienne. On songe aussi à l'Offertoire du Requiem de Verdi [2].

Aucune velléité d'être novateur en tout cas, malgré la délicatesse de seconds plans orchestraux assez passionnants - ce millefeuille est assez caractéristique de la période et du décadentisme -, que Manfred Honeck, dans son concert de 2004 à la tête de la Radio Suédoise, n'exalte pas nécessairement dans leur entièreté. Il faut dire que malgré ses beautés, l'orchestration conserve quelques opacités de la tradition allemande (légèrement rehaussées d'écoutes de Berlioz, manifestement).

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La plus grande particularité se manifeste sans doute dans la scansion précipitée, étrange, du texte liturgique, comme poursuivant une transe sans fin. On touche parfois au minimalisme à venir, y compris dans l'orchestration.

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A propos de Braunfels.

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Notes

[1] Cf. fonction recherche de Carnets sur sol.

[2] Version ultime, libre de droits, disponible sur Carnets sur sol

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