La culture slovaque inexistante?
Pour les Français oui, comme la culture française pour bon nombre de personnes habitant cette étendue de terre à bisons située en Amérique du Nord. Esse est percipit... (oui, je peux être pédant)
C'est bien en cela que je pose une vraie question : à quoi peut-on avoir accès ? Et comment expliquer ce silence ?
Je crois savoir que tu t'es toi-même longuement posé la question...
Je me doute bien qu'il y a une culture slovaque, l'inverse n'est pas possible, mais tandis que la Lettonie ou Malte, par exemple, ont fourni leur lot d'hommes célèbres, d'écrivains ou de compositeurs, on peine à en trouver qui ait acquis une reconnaissance internationale ou qui aient dépassé une appartenance locale, dans le domaine slovaque, alors même que la langue est lisible par les voisins...
Cela dit, la Slovénie est dans un cas encore pire, et ce n'est pas Uros Krek et ses semblables qui m'en dissuadent.
Commençons humblement par Dobšinský (Pavol). Ce barbu fils d'enseignants ferait passer, par la volubilité de sa plume autant que la précision et l'élégance de son écriture, un Perrault ou un La Fontaine pour des journalistes de 20 Minutes.
Poursuivons tranquillement avec Jesenský (Janko). Que dire de cet intellectuel touche-à-tout qui, maîtrisant la prose et l'art de la traduction, a développé et affirmé son génie littéraire dans l'écriture en vers?
Troisième rapide exemple, le géant de la littérature slovaque Hviezdoslav. Sa poésie n'envie en rien la puissance et les "rodomontades" de notre "génie" Hugo, ni la mélancolie et la violence de Baudelaire.
Merci pour ces éléments, c'est intéressant en effet ! Je me méfie cependant des comparaisons nominatives et superlatives, parce que conjuguer Hugo et Baudelaire, je veux bien, mais ça demande à être étayé.
Citer des noms célèbres? Oui. Kráľ, Kukučin, Vajanský, Tajovský... Est-ce bien raisonnable d'en parler? Que cherche t-on ici...? Aurait-on en mon absence prouvé que l'absence de diffusion due à un manque de traduction serait la marque d'une absence de culture?
Il y a peu de temps, tu ne tenais pas ces discours dithyrambiques, et j'aurais été bien aise de pouvoir ajouter ces noms à ma liste !
Quant aux preuves, il me semblait évident que cette note contenait de l'humour local :
voir ici.
Parlons un peu de musique. Il est sûr, qu'à l'esprit musical de l'esthète français se montreront, se découvriront plus facilement des noms tchèques... David, tu parles justement de Cikker et de Suchoň. Tu oublies quelques noms. Puis-je ici citer Moyzes Alexander? Veuillez chercher son nom sur Wikipédia et lire les articles français ou allemand suivant les langues que vous maîtrisez. Ou ce fameux compositeur d'opérettes, sorte d'Offenbach slovaque (j'entends David s'esclaffer): Gejza Dusík?
Tu as des disques à recommander ? Parce que pour la musique, la question de la diffusion liée aux langues ne se pose pas, de loin, de façon aussi aiguë...
Quant à l'économie... David, voyons, pourquoi ne se baser que sur une seule donnée, que je suppose être celle du produit intérieur brut? Quid de la croissance économique? Quid des indices de consommations? Quid du développement monétaire et bancaire? Quid, quid, quid, quid?
J'ai pris un élément éloquent (qui n'est de toute façon plus d'actualité depuis que nous sommes vingt-sept), mais il s'agissait juste de planter le décor - si la Slovaquie est attractive pour les investisseurs, c'est largement à cause des bas salaires, ce qui ne facilite pas le voyage, l'accès à la culture, etc.
Encore une fois, le propos était purement badin, et surtout très interrogatif ; tout l'inverse d'une démonstration étayée qui aurait une thèse à soutenir.
Mon cher ami. Je vais me moquer très gentiment de vous et espère ne conduire à aucune discorde entre nous. Mais un gourmet mangeant du couscous au pâté peut-il sérieusement se permettre de juger du niveau culinaire d'un pays? Argh. Citons rapidement sans développement: tous les produits cuisinés au pavot (non, pas juste des pains saupoudrés de pavots pour les BOBOs en manque d'exotisme): halušky, šulence, pirôžky... liste sans fin et succulente autant que déroutante; soupes diverses ne présentant pas trois fils de vermicelles et une patte de poule dans une assiette ébréchée; gâteau liant, mariant, chantant les fruits, les céréales et les épices; goulash qui ne sont en rien des produits hongrois, sortons des clichés... La preuve est faite, régalez-vous.
Vous êtes bien autorisé à ironiser, puisque, ne m'étant rendu en Slovaquie, je tenais les remarques culinaires de votre bouche... Je suis ravi d'apprendre qu'elle s'est acclimatée avec bonheur.
Patrimoine linguistique... David. Qu'est-ce que le slovaque. Ce n'est ni plus ni moins que la lingua franca de langues slaves. Moi, sombre béotien, peux me faire comprendre des Russes et autres satellites. De plus, il est un chiffre qui frappe l'oeil: un petit Robert français, édition normale, comprend 60 000 mots, tandis qu'une édition abrégée d'un dictionnaire slovaque en comprend 70 000... Cherchez la faille. Non pas qu'il s'agisse-là d'une preuve de supériorité. Je notifie ici un "indice". David, toi qui es un être intelligent et cultivé (sans moquerie aucune, je te connais et t'estime, tu le sais), tu sais très bien en quoi l'aspect verbal est un trésor linguistique. Si je pouvais, j'afficherais ici une partie de la grammaire abrégée que je rédige à mes heures perdues pour vous montrer en quoi l'aspect pousse la langue dans raffinements orgasmiques pour un linguiste. Je ne viens que d'effleurer deux points qui m'ont sauté à l'esprit. Je développerai ultérieurement.
Oui, pourquoi pas.
Je suis un peu attristé de constater tant d'aigreur, comme si tu découvrais mes interrogations sur le patrimoine slovaque. Sans compter que le tir groupé n'est pas, si tu me le permets, d'une élégance suprême.
A propos, tu as vu des choses à l'Opéra de Bratislava ?