Pour ce qui est des aigus, je ne montent pas forcément non plus si haut ( je bloque déjà au fa s'il faut tenir la note...) je crois sincèrement être un pur baryton léger, car même si je descend relativement grave (sol 3) je ne trouve pas la rondeur qui vient d'un baryton basse (que j'aurais rêvé être...).
Oui, clairement pas baryton-basse à en juger par le timbre et l'épaisseur des graves. J'émettais juste l'hypothèse, mais comme la voix me semble pleinement timbrée dans cette tessiture, baryton clair est tout à fait probable.
(Je vous ferai d'autant moins de procès douteux de ce côté que je me trouve dans une case vocale assez similaire...)
Je crois qu on ne peut pas "trahir" son timbre,
On tout modifier dans une voix, mais que les résultats soient convaincants ensuite. Ici, effectivement, vous semblez très proche de votre voix parlée, mais avec la qualité de timbre lyrique, c'est effectivement une très bonne base de travail à mon avis.
et ma voix ne colle pas sur des rôles de baryton verdi ou baryton basse (à mon grand regret).
Oui, effectivement, je pense que ce n'est pas votre nature.
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Merci pour Escamillo. C'est effectivement très réussi. L'expression est un peu douce pour du drame, sans doute, mais j'aime beaucoup ce traitement à la façon des mélodies. Surtout, vous avez une grande qualité, celle de respecter votre nature vocale et interprétative. Ca ne sonne pas comme un Escamillo standard, mais vous évitez tous les pièges de l'imitation.
D'après ce que je lis, vous avez en somme pratiqué depuis assez peu longtemps. Le résultat est vraiment excellent, très équilibré et très personnel.
Ce que je verrais de important à rectifier, ce serait peut-être la tendance à un peu de nasalité dans certaines configurations expressives. Ca donne un côté peut-être un peu trop léger et familier à la voix, et surtout il y a le risque d'aller toujours vers plus de nez (c'est le danger dans ces cas). Ca reste vraiment très à la marge, cela dit.
Et j'ai noté (pour faire le Beckmesser de service, mais je n'ai pas beaucoup à me mettre sous la dent comme vous le voyez) une ou deux voyelles un peu fermées, qui gagneraient à être plus naturelles.
Aucune de ces remarques ne peut être systématisée, donc ça veut dire qu'en travaillant encore quelques petites fois ces pièces, ce peut être facilement éliminé, ce n'est pas une mauvaise habitude structurelle.
En tout cas, encore bravo, en trois ans, obtenir cet équilibre et ce goût, ce n'est pas fréquent.
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J'ai l'impression que ma voix est faite pour les mélodies et les lieder...qui est déjà un répertoire magnifique. Ou bien des voix de barytons légers mais dans l'opéra il y en a peu qui sont intéressants (excepté le rôle majeur qu'est Pelléas et que je rêve de pouvoir travailler)
Oui, c'est un répertoire magnifique, peut-être le plus beau. Je plains les grandes voix très riches en harmoniques de ne pas pouvoir interpréter de façon très commode ce répertoire.
Sinon, le répertoire de baryton léger est effectivement assez peu passionnant si on n'est pas féru d'opérette, Pelléas excepté il est vrai.
Mais avec une voix claire comme cela, vous pouvez tout à fait chanter les barytons et les tailles baroques (chez Lully, Epaphus dans Phaëton, Méduse dans Persée ou La Haine dans Armide, par exemple, ou bien Corésus dans Callirhoé, Tancrède de Desmarest - un rôle de Le Roux, d'ailleurs). Ou bien les barytons à la française, tout simplement.
(Que ce soit difficile à partir du fa3 est normal, l'aigu s'acquiert progressivement et comme vous n'avez pas beaucoup couvert votre voix, vous vous feriez mal à trop vouloir monter, il faut y aller doucement et ça viendra. Peut-être en vous aidant de la voix mixte ? C'est très utile pour le lied et les barytons légers de toute façon.)
En effet, apparemment je ne peux pas cacher une de mes principales idoles...François Le Roux, c'est vrai que e l'ai énormément écouté, j'aime énormément son timbre et sa diction. J'essaye tout de même de ne pas le copier et de garder ma sincérité de timbre, que comme je vous disais dans le message précédent, j'essaye de garder la plus proche du parlé possible.
C'est amusant, c'est une doctrine qui est également assez mienne : même si les deux mécanismes diffèrent, s'appuyer sur la déclamation (plus que la parole quotidienne) parlée est une aide précieuse. Ensuite, on est forcé de s'éloigner du parlé sous peine d'être limité.
J'aime beaucoup François Le Roux également, un interprète très subtil, qui peut irriter par ses choix très affirmés, mais qui finit toujours au bout de plusieurs écoutes à me convaincre totalement...
Pour le timbre, j'en suis moins friand, la nasalité n'est pas toujours maîtrisée à partir de la fin des années quatre-vingt dix, et ça donne des résonances arrières pas toujours belles. Evidemment, à l'époque de son Pelléas avec Abbado, c'est sans comparaison possible.
Concernant mon travail vocal, j'ai le regret de dire que je travaille seul en ce moment, j'ai été inscris en conservatoire 2 ans et puis suite entrée dans la vie active, il y a eu déménagement, et mes horaires ne me permettent pas de m'inscrire dans cette structure. Professeur particulier j'y songe, mais il faut trouver la bonne personne, j'ai vu 2 profs sur Paris et je ne me suis pas senti à l'aise...
Oui, c'est toujours le problème, trouver la bonne personne. Entre les mauvais profs (nombreux dans ce métier) et les incompatibilités de style ou de méthode, il faut chercher longtemps.
Travailler seul n'est pas forcément une tare si vous avez comme il semble un recul critique sur votre pratique vocale. Un peu de culture lyrique, une oreille attentive à ses enregistrements, de la prudence et du travail patient peuvent faire pas mal de choses, surtout lorsqu'on a des bases saines comme les vôtres.
Je n'ai pas vraiment de répertoire particulier, enfin comme tout jeune chanteur j'ai travaillé des arie antiche...du vaccai....et puis un certain nombre de petites mélodies de Gounod, Bizet, Massenet, donc en effet beaucoup de français (personnellement je m'y retrouve, j'adore) un peu d'Allemand et un peu d'anglais. Je n'ai travaillé des airs d'opéra que par moi même jamais avec un professeur...encore une fois, il est difficile pour moi de me sentir vraiment à l'aise sur certains territoires où j'ai l'impression (peut être n'est-ce qu une impression) que ma voix ne colle pas. Peut être devrais-je travailler certains airs de Don Giovanni, qui n'est pas nécesairement un baryton grave. Si vous avez des exemples, je suis preneur.
Cela dit, il n'y a aucun obstacle pour travailler pour se faire plaisir dans des répertoires qui nous sont inaccessibles sur les scènes. Bien qu'également baryton 'à la française', je n'hésite pas à chanter ce qui me fait plaisir, aussi bien Siegmund que Wotan (voire Brünnhilde octaviée, les si bémol en moins). Ca peut permettre de travailler sa couleur, de ressentir des choses différentes, et aussi de poser un regard différent sur ces oeuvres à cause de ce nouvel aspect un peu incongru qu'apporte un timbre étranger.
A partir du moment où vous ne brusquez pas votre voix, aucun territoire n'est interdit, même si en termes de couleur, de tempérament et de puissance, vous aurez nécessairement des niches qui s'imposeront à vous (et d'autres qui s'éloigneront).
Pour les rôles, je vous en ai proposé quelques-uns (dans le domaine baroque) qui sont assez modérément lyriques dans un premier temps, pour ne pas brusquer vos habitudes. Mais dans le répertoire français postérieur, on trouve beaucoup de choses très intéressantes. Pour ceux qui sont libres de droits, je peux peut-être même vous en transmettre quelques-uns de difficiles à trouver.
Je vois par exemple Nevers dans les Huguenots, ce sont des répliques courtes, très intéressantes dramatiquement, avec de belles lignes. Saint-Bris aussi (de même que Bertram dans Robert) est chantable par un baryton, même si ce n'est pas prévu pour.
Ensuite, il y aurait des rôles de baryton très français comme Gunther dans Sigurd ou Hernani chez Hirschmann, mais c'est difficile si le bout de l'aigu vous fait mal, il est assez sollicité. Je regarderai si je ne trouve pas quelque chose auquel je n'ai pas pensé à l'instan.
Don Giovanni peut faire l'affaire, oui, mais c'est en somme assez grave pour une voix de baryton (la couleur claire convient très bien en revanche). Le Comte Almaviva est peut-être un peu plus dans les bonnes hauteurs, mais son air est franchement casse-figure, il faut plutôt travailler le rôle dans son ensemble.
Je vous souhaite en tout cas une excellente soirée, et continuez surtout !