Je m’étonne que vous ne disiez pas un mot de la Geneviève de Marie-Nicole Lemieux.
Le rôle suscite le plus souvent peu de commentaires ; difficile à rater, mais rarement magnétique. Je vois les exceptions notables de l’éloquence profonde de Nadine Denize, ou du rayonnement vocal d’Yvonne Minton, mais guère plus.
Peut-être qu’après avoir lu ce que je vais en dire, vous penserez que j’aurais dû faire de même ;-) ! De toute façon, j’ai peu à dire sur cette « contralto ». Entre « … » parce que vraiment je ne comprends pas pourquoi on la « classe » dans cette catégorie, mais enfin passons là-dessus.
Comme j’ai pu le dire, la catégorie de contralto est tellement rare qu’elle peut être considérée comme plus ou moins fictive. (Nat’ gagne des points, je le concède, dans cette Atenaide qu’on m’a généreusement prêtée.)
Marie-Nicole Lemieux ne l’est pas plus que d’autres, mais certainement pas moins non plus. Il s’agit d’un très beau mezzo avec un beau tempérament, doté d’un très bon médium grave. Ca fait amplement l’affaire pour l’immense majorité des rôles de contralto, même si les amateurs les plus raffinés de seria trouveront à bon droit que ce n’est pas la voix exate de ces rôles.
Je la connais encore assez peu mais ce que j’ai écouté (quelques mélodies, un petit rôle dans Lucia, et cette Geneviève) ne m’a pas impressionnée : je n’entends rien de très personnel dans sa voix et comme vous connaissez mes goûts en matière de contralto, vous comprenez sans doute ce que je veux dire !
Son disque de mélodies est, je dois le dire, un échec assez cuisant. Voix ronde jusqu’à l’opacité, diction inexistante, et aucune conception, originale ou pas, ne filtre. En revanche, dans le seria et préparée par Spinosi, les résultats sont détonnants.
En écoutant M.-N. Lemieux, je m’étonne qu’elle semble avoir le vent en poupe, mais c’est le mieux pour elle ;-).
C’est plus pour le versant « baroque » de sa carrière, je vous rassure.
Vous n’avez pas vu son apparence de François-Joseph âgé ; je me suis demandée sans succès si c’était fait exprès et si oui, quel rapport il pouvait y avoir avec le royaume d’Arkel et celui divisé et finissant du vieil empereur…
Peut-être que Martinoty a remarqué, lui aussi, que les prophéties d’Arkel qui sonnent si creux ne se réalisent jamais… Une sorte de majesté vide. Ce n’est pas forcément absurde.
Ensuite, placer une référence aussi précise dans Allemonde, ce serait visuellement difficile pour moi ; aussi bien j’endure sans déplaisir le Ring de Stuttgart, aussi bien dans Pelléas, je me sentirais sans doute un peu gêné, même pour une vétille de ce genre.
J’ai bien apprécié J.-F. Lapointe en Pelléas. Il donnait un peu de dynamisme et de fougue sans paraître naïf, son jeu comme son chant m’ont semblé simples (c’est un compliment) et naturels.
Sans apprêts est le mot. (pour le meilleur et pour le pire) Une conception originale bienvenue, même si je préfère des Pelléas plus « hors du monde », pour des raisons de réception personnelle de la pièce.
J’avais déjà vu et entendu une fois Laurent Naouri (dans Platée). J’ai trouvé que son Golaud du début était assez « léger », presque insouciant (je m’attendais à plus d’inquiétude dans la première scène), mais cela dédramatisait agréablement la rencontre avec Mélisande. Côté chant, je ne le connais pas assez pour en dire quelque chose.
Le naturel de la déclamation, tout de même, de pair avec le respect, pourtant, du texte musical. Vraiment une liberté déconcertante. Et un Golaud extrêmement « proche » en effet.
Costumes et décors, sobres et sombres pour ce que j’en ai vu, m’ont semblé bien aller avec l’opéra, juste ce qu’il fallait pour l’évocation et laisser l’imagination libre. Mise en scène discrète et de bon goût.
Encore une fois, c’est bien dommage que le samedi soir Morphée me kidnappe sans ma permission !
Je viens de bannir son IP, il ne vous importunera plus. <|8o|]
]]>J’ai moi aussi trouvé que sa prononciation française était proche de la perfection, j’ai juste noté quelques « i » pas assez marqués à mon goût
Je vois très bien ce que vous voulez dire, ses "i" sont plus ronds, moins acides - c'est un reste de "i" slave, arrondi comme le "u". Et précisément vous aimez chez Nathalie ces "i" saturés en harmoniques, un peu acides, en tout cas pas doux comme ceux-ci... Les "i" de Magda sont en effet plus homogènes par rapport aux autres voyelles, c'est tout à fait exact. (je les trouve magnifiques, vous vous en doutez)
et parfois, ici ou là, une phrase peu intelligible. Je ne suis pas arrivée à savoir si c’est à cause de sa prononciation ou de la musique qui rend naturellement difficile la compréhension.
Ce peut arriver, elle est tout de même morave...
Pour revenir à M. Kozena, je la préfère dans de la musique baroque parce que je trouve que son timbre peut y être plus personnel qu’ici, mais c’est vraiment une affaire de goût.
Je pense l'inverse personnellement, dans certaines (je dis bien certaines) pièces, justement, il y a un côté un peu propre du timbre, du style. En tout cas, moins original qu'ici. [Mais elle est souveraine aussi dans ce répertoire, il faut que j'ajoute son Scherza infida dans l'entrée adéquate.]
Je regrette beaucoup qu'elle n'ait pas été distribuée dans des rôles de premier plan de tragédie lyrique, mais tant qu'on a Blandine et Guillemette, on ne se plaindra pas !
Je ne sais pas si elle aurait toujours l'intensité et la clarté requises, mais pour les jeunes premières, elle ferait tout aussi bien qu'Anna-Maria Panzarella, je crois. (compliment [i]inside)
Enfin, il faudrait déjà qu'on en donne à Véronique Gens, de ces rôles, alors...
Là où je l’ai un peu moins appréciée, c’est dans son jeu d’actrice. Je reconnais que ce personnage de Mélisande, si différent des autres, doit faire percevoir ses particularités par son comportement. Et M. Kozena est bien arrivée à signifier cette différence, mais je n’ai pas trop aimé sa façon de le faire. Je n’arrive pas à prendre au sérieux ces airs hallucinés, les yeux presque exorbités comme dans le cinéma muet (qui là avaient leur raison d’être), ces regards dans le vague, ces pauses molles, légèrement langoureuses, rêveuses et éthérées. Pourtant le jeu de M. Kozena est restée sobre, elle a toujours été à la limite, plus c’eut été maniéré et ridicule, et elle a su alterner ces courts moments où Mélisande est « en dehors » avec d’autres où elle semble plus proche de la réalité de ses interlocuteurs. Finalement, ce n’était « pas mal » (et soyez-en certain, elle n'a été ni "bêcheuse", ni "Carmen"), dans la lignée du jeu expressionniste « traditionnel » pour une œuvre du début du XXe siècle, mais tempéré par la sobriété d’aujourd’hui (enfin quand on a du goût), malgré que cela soit peut être encore un peu caricatural ou convenu dans les moyens expressifs.
J'ai eu des échos très contrastés sur cet aspect (du réussi à l'insupportable), et je suis bien content d'avoir votre avis. Je suis en revanche incapable de rebondir, n'ayant vu la production.
Le reste du rebond suit. :-)
"Etonnant comme elle se montre beaucoup plus extravertie", "elle" qui ?
=> "Je réécoute la Mélisande de 2002 pour le centenaire de Pelléas, à l'Opéra-Comique (Marc Minkowski, Mahler Chamber Orchestra, Magdalena Kožená, Nathalie Stutzmann, Sébastien Bou, François Le Roux, Jérôme Varnier)."
:-))
Quant à la direction de Minkowski dans les oeuvres romantiques ou modernes, je manque de références, pourtant je ne sais plus quelle symphonie du XIXe j'ai entendue sous sa direction (ce n'était pas du Brahms) et ce n'est pas très bon signe !
Mais il y a vraiment du mieux. Cela dit, les orchestres trop amples ne sont pas encore trop maîtrisés par lui :), mieux vaut l'entendre dans du premier romantisme. Son Meyerbeer est assez bon, mais j'aimerais beaucoup l'entendre dans Marschner !
]]>Moi j'aime beaucoup le disque de Callirohé, je préfère aussi Staskiewicz
DAVISTO
- Jugé !
LE CHOEUR DES LUTINS
- Sauvééééééééééé !
mais j'adore Fernandes, c'est moins nuancé que Buet mais il se dégage une virilité, une assurance de sa voix qui me chavire à chaque fois (même dans Les Paladins, c'est dire!), je le trouve plus présent que Buet (qui patissait de la prise de son réverbérée de Beaune faut dire).
Ah, indéniablement, la présence vocale n'est pas comparable. A l'époque, j'avais même regretté qu'on nous donne si souvent des basses un peu sèches et tassées dans ce répertoire, mais je m'en repends aujourd'hui, devant l'accomplissement interprétatif de Buet et le naturel de son émission. J'ai aussi depuis entendu Deletré en salle, et il y a un charme particulier...
Fernandes, c'est surtout les nuances un peu rares et la lecture très sombre, plus que ne le demande le personnage à mon sens - d'où mon parallèle avec London en Golaud. Le texte n'est pas investi de façon bouleversante, alors que c'est tout de même un rôle en or !
Et, pour finir, sans doute aussi que je préfère un baryton dans ce type d'emploi qu'une basse trop riche.
Pour l'aigu et la vocalise, Aladin m'avait expliqué en termes techniques que cela tenait à sa diction surexposée, sans doute voulue par Niquet, mais qui risquait aussi de bousiller la voix; je serai malheureusement incapable de réexpliquer cela en détail mais je peux te retrouver ça si tu veux.
Je veux bien, mais je crois comprendre.
Oui, il prononce très en avant, du coup ça peut durcir certaines voix suivant leur technique de départ. Pour Buet, évidemment, c'est parfait.
Ca s'entend encore plus chez Jourdan, avec des voix qui se durcissent à cause des exigences de diction et de "r" uvulaires.
Merci pour tes impressions et précisions. :)