Euh, pas tout à fait : Die Vögel (Braunfels) ont récemment été remontés plusieurs fois, notamment à Köln et Geneve.
Plusieurs fois ? J'ai le souvenir de Genève, en effet. Mais je n'ai pas eu l'impression qu'on les jouait partout en Europe. Surtout, je parie que maintenant qu'on les a joués, on se sentira la conscience suffisamment propre pour ne pas recommencer de sitôt.
Et tous les enregistrements des opéras de Siegfried Wagner chez Marco Polo sont des captations de spectacles live, si ma mémoire ne me trahit pas.
Heu, je crois que tu t'abuses.
Il n'y a que deux vifs, Bruder Lustig et Banadietrich (après vérification pour celui-ci, parce que les bruitages sont synthétiques et les voix très proches, c'est absolument indécelable à l'écoute). Pour tous les autres parus :
- Der Bärenhäuter
- Sternengebot
- Schwarzschwanenreich
- Sonnenflammen
- Der Heidenkönig
- Die Heilige Linde (CPO),
il s'agit de prises de studio. Oeuvres qui ne sont de toute façon jamais reprises à ma connaissance. Une série de représentations de deux opéras sur des scènes provinciales ne suffit pas à dire qu'on puisse les rencontrer aisément sur scène. :)
Par contre, le Palestrina de Pfitzner est bien malheureusement absent des scenes lyriques
Il y a des pertes plus incommensurables. Disons que pour la période, tout le monde ne pouvant trouver sa place, Pfitzner n'est pas le plus original, le plus personnel et le plus fascinant. [Schreker et Braunfels ont de ce point de vue beaucoup plus de chances de s'imposer, et c'est tant mieux.]
A choisir, je préfèrerais entendre Der arme Heinrich, dont Capriccio a sorti une version avec la toujours merveilleuse Michaela Kaune (facilité extrême dans tous les registres, engagement très sûr et très belle diction, y compris en français).
Les opéras qui traitent d'artistes sont en général une façon assez sûre de se vautrer. :-) Parce que l'intrigue en est généralement trop maigre, abstraite, prétentieuse et généralisante. [Pof.]
Il serait également difficile de passer sous silence les Zemlinsky et Busoni revivals (pour notre plus grande joie !)
Relatifs, tout de même. Disons qu'ils sont à présent considérés comme des compositeurs à part entière, qu'on a le droit de nommer et de programmer. Mais pour Zemlinsky, à part Eine Florentinische Tragödie et la Symphonie Lyrique, devenues des standards, parfois Der Zwerg, le reste ne tourne pas à plein régime. Mais il est vrai que beaucoup de ses oeuvres sont exhumées ici et là, encore un Kandaules l'an passé. Oui, pour lui, la bataille est en train d'être gagnée.
Pour Busoni, je vois moins. Il est vrai qu'il faut regarder dans tous les genres pour en avoir une idée plus précise. Généralement, on a plutôt tendance à le proposer comme complément de concert, il me semblait.
Bien sûr les représentations de Lyon et de Salzbourg de Doktor Faust.
Je trouve cela plus agréable que de suivre le petit livret, mais je comprends que cela restreint l'imagination.
Le problème est surtout que tu n'as pas le "vrai texte" sous les yeux, à moins de bien connaître la langue chantée (et qu'elle soit correctement articulée).
Mais je reconnais bien volontiers que c'est un confort !
Et je ne suis pas assez puriste pour suivre avec partition, je ne l'ai fait qu'une fois avec l'intégrale des sonates pour piano de Beethoven. J'avais trouvé l'exercice passionnant cela dit.
Ce n'est pas du purisme, c'est juste manière de s'occuper. :-) Ca permet de voir des choses plus précisément, c'est un type d'écoute assez différent.
Je n'ai pas vu les mises en scène de catégorie 1 dont tu parles, à mon grand regret (miam ! ça a l'air alléchant !), seulement certaines catégorie 2. Je dois avouer que je ne déteste pas les mises en scène archi ringardes avec chanteurs plantés au milieu de carton-pâte tremblotant, avec quelques mites furieuses d'avoir été interrompues en plein festin qui volètent autour des costumes.
La cotte de maille à pois rose et short assorti de Siepi est tout de même un grand moment. Del Monaco a le même, filière égyptienne.
Pour moi, c'est pire que tous les massacres. Même le massacre donne à penser, ne serait-ce que par l'absurde et le rejet, ce qu'est l'oeuvre de départ, ce qui lui est essentiel, ce qui en fait la spécificité. Peut-on imaginer du Gluck dans un monde trivial, par exemple ? A quelles conditions ?
La catégorie 2, elle, se contente d'un littéral premier degré même pas assumé, sans aucune direction d'acteurs. Pour moi, le salaire de ces gens est tout simplement volé, il n'y a aucun travail de fait. Et même plus, ils brident les interprètes.
A titre personnel, j'aime beaucoup les "mises en espace", pas contraignantes pour l'imagination ni pour les interprètes, et on évite d'une part les transpositions absurdes, d'autre part de s'en remettre aux seuls décors et costumes. L'attention n'y est pas parasitée. Ca demande tout de même de ne pas être placé trop loin, parce que tout se trouve dans le détail du jeu - pas forcément adéquat pour Bastille, donc.
Mais j'ai vraiment l'impression que l'Idoménée dont je parle avec Ramon Vargas et Magdalena Kozena (enregistré en août 2006 à Salzbourg, j'ai vérifié) est un candidat sérieux au titre.
Le mien était à la même époque, mais à Vienne, sans doute. A moins qu'il y ait eu alternance, je n'ai pas vérifié.
Je suis allé voir sur le site de Decca... C'est la mise en scène des Herrmann, il y avait un extrait... Ca ressemble aux Herrmann, assez blanc, transposition dans costumes récents. Le tout sans grande excentricité. Je trouve ça plutôt très sage...
D'ailleurs, c'est le genre d'esthétique que j'aime bien : peu de choses à regarder, on va à l'essentiel. Même si, dans l'extrait que j'ai vu, il n'y avait à peu près que la robe d'Ekaterina Siurina comme idée...
La dernière fois que j'ai vu un spectacle d'aspect aussi fauché c'est dans une MJC à Saint Brieuc il y a quelques années (et encore...). Je n'arrive pas à trouver d'images sur le net, je mettrai des captures d'écran sur mon blog ce week end (arf je charge mon programme) : je suis particulièrement fan de leur idée d'intégrer Neptune à l'action, en faisant déambuler un personnage silencieux sur scène avec des algues en plastique sur la tête, un pyjama de couleur turquoise glauque (dans tous les sens du mot) et un T-Shirt sur lequel sont collées des coquilles de palourdes. L'effet est assez saisissant - on doit se réfréner de ne pas lancer une pièce à ce pauvre homme afin qu'il puisse se vétir dignement.
Ah, ok, lorsque tu dis trash, tu penses "fauché"... Moi je pensais à ce que le Regietheater a de supposément impertinent : transpositions, détournements, idéologie de la déconstruction, etc.
Le metteur en scène s'appelle Karl-Ernst Herrmann (il est aussi costumier, quel artiste complet ! )
Mince, j'aurais dû lire la suite avant d'aller chercher. :-)
et il est entré dans mon Panthéon personnel en bonne place avec Otto Schenk (mais aura t'il la longévité de ce dernier qui ne peut être le fruit du hasard ! ).
Ca fait déjà pas mal d'années que les Herrmann sévissent un peu partout en Europe. La dernière Clemenza parisienne était une reprise un peu modifiée de leur précédente mouture, sauf erreur.
La Traviata, je plaisantais !
Je ne savais trop qu'en penser... Lorsqu'on porte au pinacle Sutherland, Caballé et Gheorghiu en Traviata, toutes les méfiances sont permises. [Oui, trop tard, j'ai tout balancé, le monde entier le sait désormais.]
C'est un peu le même style mais moins magistral que pour Idoménée, qui touche à la perfection. J'ai plus pensé à une mise en scène de la Star Academy, ratée, mais avec gentillesse. Anna Netrebko m'a quand même bien fait rire avec sa grosse horloge.
Je n'ai pas vu cet extrait-là, j'ai juste vu quelques petits morceaux. Oui, ce n'est pas bien méchant.
Dans les deux cas le public est ravi, j'admire la bienveillance résignée des autrichiens.
Il est ravi de ce qu'il entend, je présume. Et à juste titre, en l'occurrence.
Pour les Gezeichneten aussi, mais comme personne n'a précisé que c'était coupé, que je ne m'en suis rendu compte qu'en suivant avec le livret, ils ne pouvaient pas nécessairement deviner... Mais où est sont donc passés Pietro et Martuccia, me demandais-je ?
P.S. : Tu peux utiliser les balises habituelles [ img] pour faire apparaître ton grand oeuvre. Le format png est un format spécifiquement Windows, en revanche, donc les Mac seront exclus de cette réjouissance.
C'est peut-être mon contraste qui est mal réglé, mais je ne suis pas particulièrement épouvanté.
[/ img]
Merci pour ces recommandations, tu as déjà gagné : j'ai pris le DVD Nagano des Gezeichneten. J'ai juste regardé les premières minutes et la musique m'a paru belle à mourir,
C'est à peu près cela, oui.
en plus la mise en scène a l'air très réussie,
Je le connais par la captation radio du 26 juillet 2005, je répugne assez au DVD pour des raisons strictement personnelles :
- on s'impose une vision qui biaise la réception de l'oeuvre, si c'est pour une découverte ;
- on perd souvent un peu de vue la musique, se laissant porter par le regard qui est prioritaire chez l'humain ;
- et surtout, on ne peut pas avoir le nez dans le texte ou la partition ; ce n'est pas gênant lorsque c'est un livret de belcanto italien, assez simple, avec des répétitions ; mais pour une oeuvre aussi bien écrite, je préfère.
Mais je les recommande lorsque les distributions sont bonnes, je sais que d'autres sont très sensibles à la dimension scénique, et je les comprends tout à fait, surtout que le surtitrage est un luxe pour les oeuvres un peu difficiles.
Il est vrai que je préfère m'échiner avec le texte original, même dans une langue rare et avec une traduction dans une autre langue en face, que de me contenter du texte traduit, mais c'est une préférence qui dépend de chacun !
je commençais à penser qu'à Salzbourg la norme était devenue le spectacle semi-pro pour maison de retraite (après visionnage de La Traviata 2005
Je croyais que tu avais aimé... Disons que ce n'est pas le spectacle le plus profond du monde. Juste inoffensif pour ce que j'en ai vu.
et de l'Idoménée 2006,
Avec Shicoff, c'est bien ça ? Captation radio un peu éprouvante... Disons diplomatiquement que c'était approximatif.
la mise en scène d'opéra la plus moche de tous les temps).
On parie ?
J'imagine qu'elle entre en catégorie 1, c'est-à-dire transposition sauvage et vilaine.
As-tu vu le Ring de Stuttgart ? J'ai beaucoup aimé l'Or du Rhin pour son analyse juridique des tenants et aboutissants du volet, mais l'ensemble de la fresque était d'une laideur rare, assez difficile à battre.
Sinon, on passe à la vitesse supérieure : as-tu vu le Rinaldo sur sofa rose (mise en scène tout à fait intéressante, au demeurant) ? Ou, le fin du fin, la Fledermaus de Neuenfels ?
Si tu réponds oui à toutes ces questions, je me prépare à te pulvériser avec la catégorie 2 que je résumerai en une illustration, celle-ci. Ose dire que tu n'as pas perdu !
Peuvent y entrer le Ring de Schenk, le Boccanegra du Met paru au DVD, et surtout les mises en scènes à l'ancienne mode d'Italie, avec les shorts égyptiens de l'Aida de Tokyo ou la légendaire Forza de Naples 1959. Cette dernière m'avait même inspiré une ébauche de billet, il y a quelques mois.
Voir ICI, il manque hélas le meilleur, le début, où l'on voit bien le décor. Don Carlo di Vargas arrive pour se venger de ce pauvre homme qui a tué Vargas père par accident. Pour échapper à la haine de Don Carlo, avec qui il s'était d'abord lié d'amitié, il s'est fait moine dans un couvent reculé, un ermitage.
Et ici, la mise en scène nous montre une cour proprette d'un village mexicain façon Zorro, avec son petit puits, ses petits commerces, un peu de nature alentour, et le comble de la conscience professionnelle du décorateur : au dessus de la grotte, un petit panneau : "ermitage". <:o)
L'enregistrement de cette soirée était merveilleux. La voir détruit vraiment tout... Un concours de glottes sur prétexte dramatique.
Quel dommage qu'il ne s'agisse que d'une version charcutée !
Quelle en est la raison ? La version complète est très longue ? ou bien c'est la difficulté de rassembler une équipe de chanteurs de même niveau dans une oeuvre pas assez connue ? J'espère que le sens de l'oeuvre n'est pas trop dénaturé. Je comprends mal la démarche qui consiste à ressuciter une oeuvre pour un large public, mais seulement à moitié.
Oui, c'est pour faire moins long pour la découverte pour le public, l'oeuvre intégrale dure près de trois heures sans les entractes. C'est ce qui arrive à tous les opéras un peu longs qu'on recrée... Le deal, en quelque sorte, est de ne pas assommer les spectateurs trop longtemps et de ne pas les faire rentrer chez eux trop tard. Les longueurs pourraient entamer le succès.
D'économiser sur les répétitions aussi, sans doute, puisqu'il y a tout à apprendre, on préfère se concentrer sur moins de musique et faire des répétitions moins longues.
En l'occurrence, ce ne sont pas les interprètes qui sont en cause, puisque Schwanewilms est spécialiste de ces répertoires, que Brubaker a chanté Peter Bezoukhov à Bastille... De toute façon, peu de choses sont coupées dans les rôles principaux. Ce sont les rôles secondaires qui sont tout à fait supprimés.
Si tu veux, je publierai le relevé précis des coupures que j'ai fait.
C'est au programme de ce week end.
J'espère que tu en toucheras quelques mots !
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