Puisque
j'ai été invité à parler aussi de mes 10 disques les plus écoutés cette
année hors classique, je me lance donc.
Moins
de fado, de post-punk, de jazz et de kunqu que d'habitude, cette année
c'était plutôt exploration de la chanson.
Première
ligne : découvertes très vivement
appréciées.
1.
Le Sainte-Hélène des Lunaisiens figurait
déjà dans mes tops nouveautés classiques, mais il s'agit en réalité
surtout de marches militaires et de chansons, certes interprétées avec
des techniques lyriques…
2.
Je découvre Norah Jones 15
ans après tout le monde. Je ne suis pas ébloui par tout, mais dans les
reprises ou créations sélectionnées dans cette réédition, j'ai été
extrêmement séduit par son sens du climat.
3.
Je ne connaissais pas tous les Béranger de Montero,
je me suis régalé. (D'autant que j'avais besoin de points de repère
pour un concert que je dois monter.)
4. Éric
Amado a à la fois enregistré des chansons
historiques (sur Louis XVII, Bois-le-Prêtre, Craonne…) et des chansons
d'amour mélancoliques qui ont connu en leur temps un réel succès, mais
surtout beaucoup d'hommages à Paris. La diction limpide et la beauté du
timbre m'ont vraiment saisi.
Deuxième
ligne : doudous.
1.
Le (premier, je crois) disque de GPS Trio,
pour le tube « Comme il est doux de voir courir sur les montagnes »,
souvent entendu en fond dans les églises désertes au temps de l'Avent
(pas cette année), et qui dispose d'une simplicité et d'un rebond
particulièrement réjouissants. Moins intéressé par le reste de l'album,
mais il y a de jolies choses. (Pour la veillée de Noël, des athées
militants ont passé la soirée à me chanter certains titres du disque…
Expérience très déstabilisante d'entendre chanter en toute sincérité «
Louons le Seigneur d'un seul cœur » dans ces conditions, qui prouve
sans doute la qualité de l'album.)
2.
L'incontournable Blue de Joni
Mitchell. Tout le monde connaît, tout le monde aime. Je ne
crois pas qu'il y ait beaucoup d'albums dans l'histoire de la musique
qui aient ratissé aussi large. En tout cas autour de moi : les Beatles
laissent plein de gens indifférents (voire hostile), mais J. Mitchell,
jamais croisé un critique, et ceux qui ne connaissent pas se mettent à
aimer… De mon côté, je tiens « A Case of You » pour un monument, un des
meilleurs lieder jamais écrits en quelque sorte.
3.
Un album assez cross-over de Cristina
Branco, ma fadista de chevet. On y entend aussi bien de la guitare
lisboète que du piano, avec des reprises comme « A Case of You »
précisément…
4.
J'avais beaucoup écouté les bandes radio, mais Estefanía
Holman a enfin publié un album ave ses meilleurs
titres !
Troisième
ligne : explorations plus documentaires.
1.
7 CDs de chansons autour
d'épisodes de l'histoire de France, majoritairement interprétées
par des chanteurs anciens. Beau panorama de l'incarnation dans la
chanson…
2.
Pionnier du jazz et du rock en France, Mac-Kac ne
réussit pas tout, mais la réutilisation d'une chanson fameuse
américaine (issue d'un gospel, qu'on connaît en français sous le
version « Elle descend de la montagne à cheval ») pour produire « Moi
j'tuerai l'voyou qui a bu tout mon vin d'messe » m'a beaucoup
amusé.
3.
Anthologie assez pénible (effets d'exotisme cheap à
gogo) qui m'a surtout permis de réécouter l'horrible marche officielle
de l'Expo Coloniale de 1931, « Nénufar, t'as
du r'tard », irrésistible musicalement (ce chorus bondissant) mais
témoin d'une pensée raciste que même les plus vilains n'osent pas
aujourd'hui – chaque vers vaudrait de la prison ferme aujourd'hui.
Édifiant.
4.
Pour ma culture, les hits britanniques
de 1960. Un peu tard pour me plaire, mais on y retrouve le
réjouissant « Looking High High High » de Bryan
Johnson, second à l'Eurovision l'année où André Popp a gagné avec Tom
Pillibi chanté par Jacqueline Boyer !)
--
Et
comme je me suis rendu compte – ce qu'avait bien pressenti Benedictus –
d'un oubli impardonnable qui a occupé beaucoup de mon temps sonore
disponible, j'ai dû refaire le montage en incluant deux des trois
versions officielles de L'an 1999…
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