Avec Koopman, le Philharmonique s'efforce de jouer comme un orchestre sur instruments d'époque (je suis quand même assez partagé sur le résultat). Je présume que l'effectif n'était pas considérable ? Donc, cela sonne bien dans la salle et vraiment très bien au dernier étage. C'est l'un des paradoxes de cette salle. Mais, dans le grand répertoire romantique, cela vous enlève toute émotion et, parfois, cela sature un peu ! Mon dernier concert de la saison avec eux était l'un des derniers concerts de Chung qui n'était vraiment pas exaltant. Hormis les remarquables solos de trompette d'Alexandre Baty, la 5ème de Mahler vue par Chung est vraiment sans intérêt, le tout étant encore aggravé par l'acoustique sèche de la salle.
Flûte, j'espérais que c'était l'emplacement qui empêchait ce plafonnement des épanchements… Si ça ne change rien pour les gros effectifs, c'est dommage.
De mon côté, j'ai beaucoup aimé la lecture de Koopman : il travaillait sur l'allègement du spectre au lieu de s'intéresser à la tension, mais ça fonctionnait assez bien, en particulier dans Beethoven. Et puis dans le scherzo, le sens de la danse était vraiment inimitable.
Ce n'est pas une référence absolue : on pouvait trouver un peu plat le rapport entre attaques et tenues – le grain reste le même au début et sur la tenue du son, comme chez Hogwood par exemple –, ce n'était pas forcément très urgent, mais ça restait très cohérent et convaincant. De toute façon, une symphonie de Beethoven, ça se rate difficilement, surtout si le chef a un minimum de maîtrise et de choses à dire.
Concernant les applaudissements entre les mouvements, que l'on retrouve aussi parfois à la Philharmonie, je trouve cela assez drôle. C'est Lamoureux, au XIXème siècle qui a entrepris de discipliner les spectateurs qui, avant lui, applaudissaient (ou sifflaient) entre les mouvements ou demandaient même de bisser tel ou tel mouvement ! Lamoureux a aussi beaucoup oeuvré pour l'exécution des oeuvres de Wagner en France. Il va de soi que l'on n'interrompt pas l'exécution d'une oeuvre de Wagner ...
Hier, pour Lecouvreur, le chef (Oren) avait carrément bidouillé la partition (en conservant un bout d'orchestration avant, un bout après) pour permettre d'applaudir les ariosos… Mais j'y suis résigné, c'est le répertoire glottophile italien, on ne peut rien contre ça, c'est comme applaudir les décors pour l'opérette ou les variations pour le ballet, ça fait partie du genre.
(jamais entendu d'explosions après les Wääääääääääääääääälse d'ailleurs, alors que c'est pour partie le même public glottocompatible)
Ils se retrouvent entre professionnels et si le chef n'est pas considéré par l'orchestre comme un bon professionnel, cela ne peut pas marcher. C'est ce qu'exprime assez brutalement ce violoncelle solo du Philharmonique de NY. Si cela est récent, je présume qu'il visait - directement ou indirectement - l'actuel titulaire du poste, Alan Gilbert ...
Non, c'était plutôt pour dire que l'autorité et la vision personnelle étaient indispensables chez un chef : il précisait qu'un jeune chef invité qui commençait par dire qu'il était très honoré de travailler avec le NYP n'était déjà plus écouté. Les musiciens attendent manifestement un leader, pas un co-interprète accommodant.
]]>Il avait la réputation d'avoir une battue particulièrement imprécise. Mais, il fait partie des très rares chefs qui ont leur propre son, totalement inimitable.
Oui, c'était volontaire semble-t-il, pour conserver une forme de fébrilité chez ses musiciens. Et certains soirs, ça fonctionne incroyablement ! (quasiment tous ses studios sont d'une rigidité mortifère en revanche… à part la Quatrième de Schumann, je ne vois pas trop ce que je recommanderais)
Ses détachements des bois du spectre de l'orchestre m'ont toujours fasciné, mais c'est effectivement ce son dense et rocailleux de cordes (quoique brouillon, donc) qui a fait son empreinte sonore.
Je crois que le règne des tyrans à la Toscanini est totalement révolu !
Le milieu reste extrêmement hiérarchisé (témoin la déclaration du violoncelle solo de New York qui revendiquait très tranquillement que l'orchestre jouait délibérément sa propre version sans suivre le chef s'il n'avait pas une réelle impulsion un peu autoritaire), mais les musiciens ne suivraient plus des chefs aussi violents que Toscanini, je le crois aussi.
Sinon, à propos de l'auditorium de Radio-France : de tout en haut, comme je l'espérais, on entend très bien, en particulier côté cour (il y a un écho sur les violons côté jardin). Très bonne surprise !
Très correctement rempli, mais c'était samedi soir avec un programme Haydn-Mozart-Beethoven… D'ailleurs le public applaudissait entre les mouvements, j'étais étonné de voir une clientèle de non habitués (de tous âges, incluant les rangs de première catégorie) venir à Radio-France. Ça fait plaisir (sauf aux quelques fâcheux qui essayaient de leur interdire d'applaudir).