Bonsoir Jean-Christophe !
J'étais assuré, en indiquant ceci, que mon versant philistin superficiel fût exposé au grand jour. Je l'admets volontiers, et ne chercherai pas le discuter.
Il est évident, comme je le mentionnais, que cette entreprise de dit rien du propos profond des tableaux en question, et se limite à la surface. On pourrait se figurer un procédé semblable mis au service de l'intelligibilité de la composition, par exemple – mais vu la somme de travail nécessaire, il faut pour l'instant se contenter de ce que l'on a.
À vrai dire, le plaisir que j'y trouve est davantage d'ordre 'architectural' (ou à tout le moins spatial) : cela ne magnifie pas forcément la toile, mais permet d'entrer dans un univers qui se trois-dimensionne, et de déambuler dans de beaux imaginaires qu'on croyait figés. C'est ce plaisir physique particulier qui fait le prix de l'expérience.
J'ai envie de pousser la provocation un peu plus loin et de comparer ça au concert : oui, dans l'absolu, tout se trouve déjà dans la partition, et l'homme instruit n'a pas besoin d'aller au concert (et peut-être même pas du disque) pour entendre ce qui est écrit. Néanmoins, être confronté à la présence physique est un vrai luxe délectable. Pour moi, c'est assez comparable ici, même si l'interprète exalte plutôt la virtuosité ou la puissance que la structure.
Quand à la décadence de notre époque sur le rapport aux œuvres d'art, oui, sans doute pour l'élite, qui était bien plus ambitieusement formée, mais pour le reste...
(J'adore ce moment, très significatif de la rémanence du travers de « joliesse » que vous soulevez : )
Et la noce, déjà lasse, perdant de son respect, traînait ses souliers à clous, tapait ses talons sur les parquets sonores, avec le piétinement d’un troupeau débandé, lâché au milieu de la propreté nue et recueillie des salles.
M. Madinier se taisait pour ménager un effet. Il alla droit à la Kermesse de Rubens. Là, il ne dit toujours rien, il se contenta d’indiquer la toile, d’un coup d’œil égrillard. Les dames, quand elles eurent le nez sur la peinture, poussèrent de petits cris ; puis, elles se détournèrent, très-rouges. Les hommes les retinrent, rigolant, cherchant les détails orduriers.
Merci pour cette réaction (car je ne doutais pas de votre bouillonnement, fût-il silencieux, sur un tel sujet :) ).
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