Non, on ne peut pas modifier le commentaire, mais un gentil courriel avec la version définitive du commentaire peut éventuellement me permettre d'opérer une substitution au bénéfice de la postérité. :)
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Je ne suis pas d'accord sur la version de Reyne.
Ce n'est pas théâtral au sens qu'il n'y a pas d'effets ostentatoires, oui, mais le drame, lui, est incroyable. Pas par ses rebondissements, pas par son urgence (comme le fait incroyablement Christie 87), mais en créant réellement du climat, en refusant justement les ornementations chargées. On est aux antipodes de la belle musique ce qui est au fond cohérent avec le choix d'Amaya Dominguez, j'y entends plutôt la musique et le drame tout nus.
C'est justement cet aspect sans apprêts qui me touche, plus profondément que 2011 et peut-être même que 1987 (qui me paraît pourtant plus réussi du côté des critères "objectifs").
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Sur l'authenticité, ça n'a jamais été un argument de ma part, je parlais uniquement d'imaginaire : en lisant la partition d'Atys, on voit un art encore sobre, qui n'a pas les complexités écrites qu'on trouve en lisant Roland ou Armide. Beaucoup de récitatif, par exemple. En quelque sorte et toutes proportions gardées, ce Lully-là fleure encore son Cavalli alors que l'autre annonce davantage le lyrisme triomphant du XVIIIe siècle.
Tout cela reste de l'ordre de la nuance, mais c'est cette nuance que j'entends chez Reyne (qui en cela se rapproche bien plus du studio de Christie en 1986, sauf que chez Reyne tout fonctionne dramatiquement), et elle m'est chère.
Sur la question de l'érudition, oui, les musiciens étaient nombreux et nous venions même de parler en privé des témoignages de Marais (toi) et d'indifférence à l'argument authentique (moi). J'ai même souvent dit les problèmes de la notion sur CSS : sur le principe, j'aurais même été plutôt hostile a priori à l'usage des instruments d'époque, s'il n'y avait tout simplement eu la preuve concrète que ça apportait un supplément fantastique.
Ce qui m'intéresse est juste que ça fonctionne. :)
Autrement dit : Reyne apporte une couleur spécifique, nocturne, intimiste, qui entre remarquablement, de mon point de vue, en écho avec le poème et la musique écrite d'Atys. Quelle que soit la façon dont on l'a jouée par le passé.
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Par ailleurs, ce qui a surtout changé chez Christie, outre les évolutions interprétatives, c'est ce partie pris de faire vraiment du théâtre. Ça s'entend dès le prologue avec ce « Le Printemps quelque fois... », par exemple. Ça s'entend dans les orchestrations, par exemple dans cette fameuse scène de la descente de Cybèle, où tout le continuo est tonitruant lors de la reprise prononcé entre deux chœurs. Oui, c'est choix interprétatif, ce n'est pas écrit dans la partition, mais cela participe de ce geste dramatique : chez Reyne, la descente de Cybèle est pas plus dramatique qu'un autre passage.
Ici aussi, je suis en désaccord. Le Prologue m'a laissé assez froid (alors que je le trouve formidable) en 2011, et au contraire j'entends le plus souvent la primauté de la musique dans les choix orchestraux.
Ce qu'il y a de génial en 2011, c'est qu'avec la qualité des chanteurs (et de leur entraînement, Richter n'étant pas un spécialiste du genre !) et la vision formidable de Villégier, on obtient un résultat dramatique suprême en plus de cette magnifique musique. Mais avec le son seul, la couleur de cet Atys serait infiniment plus brillante.
Je pense enfin qu'écouter Reyne après Christie est plus facile, parce qu'on est déjà imprégné du sens dramatique imparti par Christie.
Justement, non, parce que j'ai trouvé la clef de certains passages en écoutant Reyne ("Quand le plaisir est agréable", rien de moins que ça !).
(Puis si on veut être mesquin, Amaya, c'est pas Stéphanie...)
Je parlais de vision et de résultat d'ensemble. Si on regarde les distributions, ce sont sans doute Christie 1987, suivi de pas très loin par Christie 2011, qui sont les plus superlatifs. Mais ici aussi, le côté modeste des voix de Reyne (pas au sens limité, mais au sens de moins "typés") a quelque chose qui rejoint très bien le projet.
Au passage, il a quand même la meilleure Sangaride, très belle vocalement et bien plus complexe psychologiquement que les autres... :)
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