Y compris dans le répertoire contemporain d'ailleurs, ou l'on croit trop souvent que tout est toujours "bien joué" et de manière identique, ce que l'écoute régulière de concerts et d'oeuvres reprises montre comme totalement faux.
Bien sûr que c'est faux, mais personne ne peut s'en apercevoir puisque ces oeuvres sont très peu données !
Par ailleurs, elles sont si complexes à mettre en place que sans un peu de raideur, difficile d'être exact... C'est là plus la repsonsabilité des compositeurs (ou des institutions qui privilégient tel ou tel courant "maximaliste", comme on voudra) que celle des instrumentistes, en l'occurrence.
Après, évidemment, moi je m'intéresse assez peu à mon propre plaisir ;-).
Oui, j'ai bien vu que tu n'allais au concert que pour asseoir ta documentation sur l'état de la musique... Mais à la fin des fins, si on s'intéresse à la musique, c'est bien parce qu'elle suscite quelque chose chez nous.
Je trouve plus sage, en tout cas à ma modeste place, de parler de ma perception subjective qui est une réalité objective, plutôt que de vouloir me hisser à l'objectivité en usant de procédés forcément en partie subjectifs. Mais je ne dis pas que personne ne puisse le faire : je me contente d'appliquer mes règles à moi-même, c'est déjà assez comme cela.
Mais je me demande si tu as déjà entendu (en vrai bien sûr) un grand concert "de chef" - il faut dire qu'ils sont rares.
Selon tes critères, possiblement non. Selon les miens, j'ai l'impression que oui. :) Pas forcément majoritairement dans ton répertoire : j'ai entendu plus de visions vertigineuses d'oeuvres avant 1750 qu'après, faute d'aller voir souvent les grandes machines qui mettent en valeur les orchestres traditionnels et qu'on entend tout le temps. Je suis plus dans la démarche d'aller voir une fois en concert chaque oeuvre qui m'intéresse que de faire des comparaisons, avec des exceptions bien sûr. Quand j'aurai entendu tout le répertoire en concert, j'aviserai.
]]>Mais j'ai beau adorer Järvi, avoir pris plus de plaisir à sa deuxième de Sibelius et à sa sixième de Proko qu'à la plupart des concerts de l'OPRF, il ne me viendrait jamais à l'idée de penser que l'OP sonne mieux dans ses meilleurs soirs qu'un OPRF seulement bon - et j'ai entendu cette saison autant l'un que l'autre. Il y a une certaine séparation à faire dans ce dont on parle.
J'entends clairement moins de couleurs (pour les détails, c'est variable) chez Radio-France, néanmoins.
Enfin, pour ce à quoi je voulais en venir, ou pour revenir à ce qui était ma remarque de départ, c'est que je me pose aussi la question de quel orchestre est le mieux à même de jouer la musique française (du début XXème en particulier) en France aujourd'hui, et que plus je l'entends plus je crois que c'est vraiment l'OPRF, pas dans une optique de continuation d'une tradition, mais dans une valorisation de ce qui fait la richesse véritable de ces partitions, et que cela passe peut être par une certaine froideur, par une transformation de l'image du rôle de la petite harmonie, par d'autres choix de couleurs de cuivres, etc. Ce qui manque vraiment, ce sont les chefs.
Ah, mais on est bien d'accord sur ce chapitre, le chef est capital pour imposer le style et l'équilibre, à partir du moment où on dispose d'un orchestre de pros tout à fait capables de s'adapter.
Pelléas n'a effectivement rien à voir (bien plus subtilement orchestré, et pas du tout le même équilibre par rapport aux voix), mais Langrée ayant donné l'une des plus belles lectures que j'aie pu entendre de l'oeuvre (Glyndebourne 2004), avec l'Orchestre de Paris qui est capable d'obtenir de très belles couleurs, bien plus variées que le Philhar, plus dans une forme de "tradition" et de "fondu", effectivement, je suis très confiant sur le résultat.
C'est d'ailleurs ce qui me fait réellement envie pour ce soir, parce que les chanteurs (et la pénurie de places qu'il vont causer) me tentent clairement moins.
et ce n'est pas dans les orchestres de province qu'on pourra entendre une vraie clarté de pupitre, et pas l'illusion sonore sur laquelle reposent leurs enregistrements et même leurs concerts.
Alors ça, il fallait l'écrire ! Les concerts des orchestres de province sont de l'illusion ? Je suis navré, même placé dans une mauvaise salle, j'ai entendu des choses bien plus claires et équilibrées chez des orchestres limités que chez des orchestres plus prestigieux, et même si intrinsèquement les instrumentistes n'ont clairement pas le même niveau que dans les plus grands orchestres, le résultat était finalement beaucoup plus net et valorisant.
De toute façon, je ne vois pas bien où tu veux en venir. Mon propos n'a jamais été de comparer qui que ce soit... j'ai parlé d'un seul concert, dans lequel j'ai signalé une relative déception orchestrale, en tout cas rapportée au style que j'attendais ou aux qualités habituelles de cet orchestre.
Je me suis expliqué sur l'affaire du style, qui était, tel que c'était exprimé, sans doute trop sentencieux, alors que ça recouvrait pour partie une opinion plus personnelle.
Après, déterminer qui est meilleur que l'autre, ça ne m'intéresse pas vraiment. D'abord parce que je ne me déplace pas pour vérifier si les musiciens sont bons, mais pour entendre des oeuvres ; ensuite parce que je peux prendre beaucoup de plaisir avec des exécutions tendues techniquement, et que ma satisfaction finale n'a finalement pas de véritable corrélation avec le degré d'excellence technique - c'est une alchimie un peu plus complexe et subjective qui se met en place.
On doit vivre dans des univers parallèles
Ca, je l'avais remarqué depuis longtemps. -<:-)
Nous n'avons tout simplement pas la même façon d'envisager l'acte d'aller assister à un concert, on a souvent pu le vérifier.
Néanmoins, pour le détail :
=> Je trouve beaucoup de points communs entre Luxembourg et le Philhar, personnellement (en particulier pour les équilibres sonores), avec une prime au premier pour la musique française et au second pour la musique du second vingtième et XXIe.
=> J'entendais en particulier le souffle dans les flûtes, ce qui abîme le timbre, un détail qui me gêne beaucoup et que j'ai souvent entendu dans les orchestres français. Et c'était valable pour tous les flûtistes du pupitre.
=> Les cuivres, si, étaient incisifs, mais un peu débraillés, ce n'était ni tranchant ni rond, juste légèrement criard dans le forte, et surtout pas très lyrique, alors que leur partie est belle, et que je me souviens d'un concert dirigé par George Benjamin où ils avaient été hallucinants, en particulier dans l'Ascension de Messiaen.
=> Oui, les cordes dominent le spectre sonore du Philhar, et de manière générale. C'est d'ailleurs ce qui fait que, par goût, je n'ai pas d'affinité esthétique profonde avec cet orchestre. C'est peut-être aussi tout simplement une question d'effectif : si on empile les cordes mais qu'on conserve la même quantité de vents, il faut d'excellents chefs pour que les équilibres soient là (en gros qu'on entende bien toutes les lignes, ce qui n'était pas vraiment le cas hier).
Je suis sans doute pas mal imprégné aussi par mon goût des ensembles réduits et des orchestres sur instruments anciens, qui ont beaucoup plus de lisibilité, et c'est pourquoi les orchestres que j'aime le plus sont ceux qui ont cette clarté des plans. Généralement, malgré le son un peu rond et policé si je dois y mettre mon goût personnel, je n'ai pas du tout ce problème avec le Philharmonique de Radio-France, qui est au contraire lisible.
=> La fine bouche, on ne peut pas dire que ça me concerne, c'est le premier concert depuis deux ans sur lequel j'émets une réserve quant à l'orchestre... Je viens de Bordeaux, où j'ai fréquenté l'ONBA pendant dix ans, j'ai donc l'habitude de ce qu'est un bon orchestre professionnel moyennement investi, et c'est sans comparaison avec tout ce qu'on trouve à Paris, même avec les Pasdeloup, je trouve ! L'ONBA peut être de toute première catégorie dans un répertoire qui le motive, ou pour un disque, mais beaucoup de soirées peuvent être très partiellement mises en place (du type coups d'archet et vibratos non harmonisés).
Bref, je suis émerveillé de ce que j'entends à longueur de concert, et je ne suis vraiment pas dans la perspective de récriminer, a fortiori sur le Philharmonique de Radio-France que je trouve excellent d'habitude.
=> La tradition dont je parle, oui, elle tient aussi à un jeu différent, notamment des cordes plus rêches (ce qui vient effectivement d'une maîtrise moindre de l'instrument, les orchestres français ont considérablement progressé), mais si on met cinquante violonistes de niveau soliste avec un super son, on n'entend plus mes bois...
Cependant, il n'y a pas que cela (l'orchestre Radio-Lyrique et même de la RTF ne sont vraiment pas mes idéaux), on ne peut pas considérer que le fait de faire entendre tous les pupitres soit un gage de faiblesse technique.
Ce n'est même pas une question de style national, au demeurant, puisque je trouve que Duisburg sonne beaucoup mieux dans Debussy que le Philharmonique de Radio-France. Mais là, il s'agit pour toute cette histoire de style d'une affaire de goût personnel, de critères qu'on place ici plutôt que là.
En revanche, comme je n'ai pas trouvé les qualités habituelles du Philhar hier soir, je me suis trouvé avec ce que je n'aime pas chez lui sans les vertus qui me consolent amplement, d'habitude.