Je me suis mis à la Clemenza di Tito de Mozart et Süßmayr depuis, composée la même année, je voulais me prendre une belle claque après cette semi-déception.
Et bien, les espoirs ont vite chu... L'orchestre a disparu... L'absence de dialogue est substituée par des récitatifs disetteux, voire chiantissime. Grosse régression du père Mozart!!
Surtout, ce n'est pas la même esthétique que les Da Ponte. Pour moi c'est un bijou (mais on en a reparlé depuis, on n'est pas tant en désaccord), même si les récitatifs sont un peu faibles (moins que ceux des Noces, mais pas franchement électriques, c'est certain. Süßmayr a fait bien mieux ailleurs.
Evidemment, pour l'innovation formelle, on est à des années-lumières de Don Giovanni, Tarare, Andromaque ou Lodoïska, c'est certain. Mais ce n'est pas non plus le propos. Intéressant de constater que chez les français, c'est le genre sérieux de la tragédie en musique qui porte les innovations, alors que dans l'opéra italien, c'est dans le non-serio que peuvent se dérouler les expérimentations les plus audacieuses.
En revanche, la beauté du résultat de cette Clémence est quand même assez ineffable.
En fait, Lodoïska vaut plus que mes premières impressions (à ouïr trop D'Indy, on se fourvoie!). Tu as vérifié la partition pour les sforzando ?
Non, j'attends l'enregistrement pour vérifier, mais il est impossible qu'il y en ait un à deux par mesure pendant tout l'opéra, ou alors ce serait véritablement un hapax. Ca ressemble plus à un "truc" de chef pour faire avancer le discours, et ça fonctionne plutôt très bien, même si ça sentait un peu le système.
Et tu vois que la fin du III est de bon niveau, je croyais que tu n'avais pas été impressionné par la Bataille.
Ah si, ah si, j'ai été abasourdi, on a peu d'exemples de figuralismes aussi réussis dans l'histoire de l'opéra, c'est du niveau de l'orage de Rigoletto. En termes de scène de bataille, je ne me souviens pas d'avoir été aussi impressionné. En plus, avec cet orchestre tranchant et très sonore, c'était pleinement spectaculaire.
Ce qui m'a laissé sur ma fin dans la fin du III, c'était davantage le final bizarre, comme amputé, sans moralité, mais c'est un problème plus dramatique que musical. Musicalement, c'est un peu difficile après le sommet de la bataille, mais ça se tient bien.
L'orchestre était quand même excellent, bien que sur-sonore. Je suis sûr qu'à la captation les chanteurs ne seront pas couverts. Tes fidèles lecteurs pourront s'y jeter allègrement, à mon avis.
Tout à fait, c'est au moins indispensable pour des raisons documentaires. Et puis il y a de très beaux moments où l'on se fait réellement plaisir.
Après, ce n'est pas forcément ce que j'appelle un chef-d'oeuvre, dans le sens où l'oeuvre serait pleinement aboutie et appellerait des réécoutes régulières. Mais incontournable tout de même.