Enthousiaste, vraiment. Un des meilleurs spectacles que j'aie vus à l'opéra depuis longtemps. En plus, avec mon pass jeune, j'étais en parterre au troisième rang (et pour la relativement modique somme de 20 € !).
Excellente soirée pour moi aussi !
On peut critiquer certains points de mise en scène, qq libertés prises par Willy Decker pas toujours justifiées (ou alors c'est que je n'ai pas compris, ce qui est fort possible). Par exemple, il fait se rencontrer Erik et le Hollandais avant la dernière scène, ce qui fait qu'on ne comprend plus sa terreur lorsqu'il rencontre le Hollandais pour de bon, et que son cauchemar devient réalité, sauf à dire que Erik est un pleutre, ce qui est faux et contraire à la façon dont Klaus Florian Vogt l'a chanté. Autre chose: Senta se tue avec un couteau, au lieu de se jeter dans la mer, ce qui rend son suicide 1/ plus violent 2/ presque trivial, on se croirait dans Wozzeck, ce qui est en contradiction avec l'œuvre il me semble. Plus un effet un peu "cheap" pour la transfiguration de leurs silhouettes enlacées au-dessus de l'océan…
Je suis assez d'accord avec tout ça, j'ai de lourdes réticences sur cette mise en scène. Je ne suis pas contre les tentatives de subversion, mais ici, tout le reste était tellement littéral et la direction d'acteurs tellement absente (ou absurde, comme le départ du Hollandais qui se place à l'opposé de la porte en annonçant qu'il quitte les lieux...), que ça ne prenait vraiment pas.
L'affrontement Erik / Hollandais n'était pas inintéressant, mais finalement peu exploité (Erik n'en tire aucune conséquence), et surtout tout le relationnel tombait à plat : le père arrive tout d'un coup et se dit que donner sa fille à un fantôme, maintenant que celui-ci le dit, c'est pas bien...
D'accord pour la trivilalité du suicide domestique, mais c'était un changement qui pouvait malgré tout se défendre, puisque tout ici manquait volontairement de grandeur.
La Senta de Pieczonka était très à l'aise vocalement, rien à dire, bonne incarnation. Elle a plu au public en tout cas. James Morris un peu juste à froid pour son "Dich frage ich", tendu dans l'aigu, mais très bien dans le duo avec Senta.
Lors de ma soirée, depuis ma place au second balcon et avec mes oreilles (ça fait beaucoup de paramètres différents !), j'ai au contraire trouvé que Pieczonka poussait pas mal, et que Morris mixait magnifiquement Dich frage ich, le plus beau moment de son interprétation et peut-être la plus belle vision de ce passage que j'aie entendue (après Pavlo Hunka tout de même). C'est typiquement un moment qui passe beaucoup mieux sur scène, parce que les contrastes dynamiques sont plus sensibles. Et au piano, malheureusement, les trémolos augmentent mécaniquement le volume, donc il faut vraiment se déplacer en salle pour le vivre.
Vogt magnifique bien sûr, sans ces effets disgracieux "de poitrine" que font les ténors quand ils sont gênés par des rôles trop légers pour eux.
Quels effets ? Les notes poussées ?
Enfin, le pilote qui vous faisait tant envie ne m'a pas renversé, mais il faut dire qu'il chante 5 min seulement…
Moi, il m'a bouleversé. :) Et quand on pense qu'il chante par ailleurs Hérold et Lully !
Et les chanteurs n'étaient pas si livrés à eux-mêmes que cela, il y avait un certain engagement …
Ils ont peut-être progressé depuis l'autre soir, mais ce n'est pas tout à fait l'impression que j'ai pu avoir : ça dépendait beaucoup des interprètes. Les deux ténors, oui, s'investissaient vraiment. Les autres, c'était plus modeste, et Morris était loin d'être le pire.
Merci pour les comptes-rendus, et bonne journée !
Sentierdelune :]]>
Enthousiaste, vraiment. Un des meilleurs spectacles que j'aie vus à l'opéra depuis longtemps. En plus, avec mon pass jeune, j'étais en parterre au troisième rang (et pour la relativement modique somme de 20 € !). On peut critiquer certains points de mise en scène, qq libertés prises par Willy Decker pas toujours justifiées (ou alors c'est que je n'ai pas compris, ce qui est fort possible). Par exemple, il fait se rencontrer Erik et le Hollandais avant la dernière scène, ce qui fait qu'on ne comprend plus sa terreur lorsqu'il rencontre le Hollandais pour de bon, et que son cauchemar devient réalité, sauf à dire que Erik est un pleutre, ce qui est faux et contraire à la façon dont Klaus Florian Vogt l'a chanté. Autre chose: Senta se tue avec un couteau, au lieu de se jeter dans la mer, ce qui rend son suicide 1/ plus violent 2/ presque trivial, on se croirait dans Wozzeck, ce qui est en contradiction avec l'œuvre il me semble. Plus un effet un peu "cheap" pour la transfiguration de leurs silhouettes enlacées au-dessus de l'océan…
Mais je m'aperçois que je donne un tableau assez noir d'une mise en scène sinon très correcte. La Senta de Pieczonka était très à l'aise vocalement, rien à dire, bonne incarnation. Elle a plu au public en tout cas. James Morris un peu juste à froid pour son "Dich frage ich", tendu dans l'aigu, mais très bien dans le duo avec Senta. Tout à fait acceptable en tout cas. Vogt magnifique bien sûr, sans ces effets disgracieux "de poitrine" que font les ténors quand ils sont gênés par des rôles trop légers pour eux. Rien à dire non plus pour Salminen en Daland. Enfin, le pilote qui vous faisait tant envie ne m'a pas renversé, mais il faut dire qu'il chante 5 min seulement… Et les chanteurs n'étaient pas si livrés à eux-mêmes que cela, il y avait un certain engagement …