Pour attraper un mi4 qui n´est pourtant pas si aigu que cela, j´ai besoin de pas mal de travail.
Je me demande si l´air de Mignon ( Connais tu le pays) sera , pour peu que je m´y applique, dans mes cordes. Qu´en pensez vous ?
Impossible à dire sans vous avoir entendue, mais en principe, vu ce que vous avez dit, oui, ça correspond et c'est sans danger.
Pour ce qui est de la couleur, je pense qu´il est tout á fait possible d´être soprano grave et léger comme on peut être soprano aigu et dramatique.
Je crois que l´on a tendance á confondre tessiture et couleur de voix, ce qui n´est pas pareil. Vous me suivez sans doute ?
Je vous suis, effectivement il y a un mimétisme parfois dommageable (beaucoup de mezzos "enflent" leur son), mais ça tient aussi tout simplement à la nécessité de passer le "mur de son" de l'orchestre, parce qu'une voix aiguë (de femme) n'a pas besoin d'autant harmoniques qu'une voix centrale pour y parvenir.
Mais c'est encore plus compliqué que ce que vous dites, parce que les sopranos baroques dont je parlais ont la plupart du temps des facilités dans l'aigu. Voir Karina Gauvin qui chante essentiellement du baroque (donc guère au-dessus du sol 4), et qui lorsqu'elle aborde le répertoire romantique, va plutôt vers Leïla, un vrai lyrique (avec ut 5 parfaitement négocié). Généralement, la légèreté va avec l'extension aiguë. Mais effectivement, une voix légère peut sombre et une voix dramatique claire, cela dit physiologiquement, on trouve vite ses limites avec ces classifications (on peut voir par exemple les cas de Valérie Millot et Hélène Bernardy, deux artistes au timbre clair que j'admire au plus haut degré, mais qui surcotent un tout petit peu leur poids vocal dans leur CV, surtout la première).
Mais je pense qu´avec un la4 convenable en étendue totale, je pourrai exploiter un fa4. Or, si je ne me trompe pas, c´est souvent exigé en registre de contralto même si peu d´airs le contiennent. Il y est dans Che faro senza Euridice qui est un chouia trop aigu pour moi. Toutefois, Orfeo de Gluck tire quand même plus sur le mezzo central que sur l´alto. Ca ne monte pas tres haut mais ca ne descend pas tres bas non plus ( si2). Je n´irai pas prétendre qu´une soprano grave peut le chanter mais une mezzo de type Von Otter ou Kasarova, oui. Du reste, elles l´on fait.
Oui, c'est un rôle de mezzo, chanté par les contraltos parce qu'il est central. Effectivement, si même Orphée est trop haut, il est plus sage, au moins pour l'heure, d'en rester au répertoire d'alto.
L'idéal est de chanter de la mélodie et du lied et de choisir ses hauteurs (ou alors, si vous le pouvez, de récrire les partitions dans la tonalité de votre choix). Ca aide bien à progresser !
l´air avec ses contre-fa est sans doute l´un des plus célebres pour soprano aigu colorature.
C'est même sans doute l'air d'opéra le plus connu du répertoire, assez nettement devant Nessun dorma et L'Amour est un oiseau rebelle...
Il faut dire qu'il est particulièrement spectaculaire, jubilatoire et dramatique.
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Oui, la VO pour mezzo, c'est certain. C'est sur la source de la version pour soprano que je m'interroge. Je suis dubitatif sur l'attribution à Rossini, mais je n'ai pas vérifié. Ca doit se trouver assez facilement, du reste.
En effet, les contre-notes de Callas sont particulièrement atroces, il n'y a que Varnay qui aurait pu la battre en laideur dans la Reine de la Nuit. :) C'est tout blanc, avec un gros vibrato (grande amplitude de la note), et poussé au maximum. Ca s'apparente bien plus au cri, même si on peut lui attribuer une hauteur.
Pour Gioconda, il y a deux solutions :
=> soit la profe dit non parce que ça ne correspond pas à la voix (ce qui est sans doute le plus raisonnable, surotut sur des rôles aussi meurtriers) ;
=> soit elle essaie de faire chanter tout de même le rôle avec la propre voix de la chanteuse. Ce sont des expériences sympas aussi le hors-piste. En tout cas, j'ai l'impression que cela m'a beaucoup enseigné en ce qui me concerne (aussi bien le confort du trop grave que la tonicité du trop aigu)... Et puis si les amateurs ne peuvent plus s'amuser, à quoi bon...
Lady Macbeth est en principe écrit pour mezzo, avec un aigu arrogant effectivement, donc accessible aux sopranos dramatiques. On trouve vraiment toute la gamme, depuis Elisabeth Höngen, vrai mezzo central (voire grave, en tout cas spécialiste des rôles proches de l'alto), jusqu'à Martina Arroyo, un soprano grand lyrique...
Je pense que quand Mado Robin passait au-delá du contre-sol , c´était en voix de tête car en voix de sifflet, cela n´aurait pas été considéré comme un " cas" vocal, des mezzos et même des altos pouvant monter au moins jusqu´au do5 en whistle register.
Pour une soprano aigue ( ce qu´elle était) , monter en voix de tête au minimum jusqu´au fa5 n´est pas si exceptionnel ( Mozart a écrit jusqu´au sol5) mais ce qui est déjá plus rare, c´est de pouvoir rester en voix de tête apres le sol5. Or , Mado Robin donnait le si bémol5, le si5 et il me semble que pas mal d´ouvrages ont attesté le do6.
Il y a au minimum le ré 6 de fermement attesté. Dans les enregistrement que j'ai entendus, elle passe comme les autres en voix de flageolet dans l'extrême-aigu, et assez tôt d'ailleurs. Sa voix n'est pas tant décalée qu'allongée vers l'aigu. Elle avait d'ailleurs peu de graves, mais pas spécialement moins qu'un autre soprano léger sans sa "malformation" physiologique.
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Voix de flageolet
Voix de flagoelet et voix de sifflet: voilá , c´est ce que je n´arrive pas á distinguer. Est-ce que c´est synonyme ? Est-ce que ca passe de l´un á l´autre tout d´un coup ? Par exemple, en ce qui me concerne, je sens et entends tres bien qu´á partir du la4, ma voix ne reste plus en voix " lyrique": les notes deviennent petites, grésillantes. Je suis hors tessiture. Est-ce donc ma voix de sifflet qui commence á partir du si bémol4 ?
En ce qui me concerne, je fais la distinction entre la voix de flageolet, qui est effectivement plus étroite mais où les cordes vocales vibrent, et la voix de sifflet, où le son provient de l'air qui passe entre deux cartilages.
Vous posez votre doigt au milieu de votre cou et vous sentirez bien sur les cordes vibrent...
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Mady Mesplé
Et dans la série des sopranos aigus, il y a un timbre que je ne peux pas supporter, c´est celui de Mady Mesplé. On me dira sans doute que les soprani de ce type ont toujours un timbre acide , ce que je réfute catégoriquement parce qu´Elizabeth Vidal n´a pas un timbre acide. Certes clair mais pas acidulé.
Elisabeth Vidal ne provient pas de la même école, c'est une façon plus moderne, plus "ample" (un peu plus terne aussi) de concevoir le son (la place du larynx et les résonateurs sont assez différents).
En ce qui me concerne, j'aime beaucoup Mady Mesplé, surtout lorsqu'elle tient les parties parlées des opérettes, où elle fait valoir un esprit d'un tranchant rare !
La voix chantée, effectivement, est un peu étroite (et pas aussi clairement articulée que je le voudrais, à cause des harmoniques aiguës), mais enfin, ce petit vibrato serré me plaît bien, à moi.
Sur les techniques d'homme, je suis d'accord aussi que les voix modernes sont souvent assez lourdes et en manque de souplesse.
Ca a toute fois changé, peut-être sous l'influence des baroqueux, depuis une vingtaine d'années : on retrouve un souci de la clarté d'articulation des mots et un usage abondant de la voix mixte chez certains interprètes (Yann Beuron par exemple chante tous les répertoires avec une voix superbement mixée).
la différence est claire quand on écoute des enregistrements de la première moitité du siècle dernier, à mon avis, quoique cette époque était déjà très éloigné des périodes baroque ou classique, quand on dit que la façon de chanter était plus souple et léger avec plus de tête. Je serais inéressé de savoir si pout les aigus les chanteurs ce temps-là utilisaient un pur son de contraténor, ou si c'ètait une voix mixte légère avec beaucoup de tête... Je suppose que c'est difficile de savoir puisqu'on n'a pas d'enregistrements et les termes tels que "voix de tête" ne sont pas toujours utilisé de la même façon par tout le monde.
Certains spécialistes émettent des hypothèses très précises, mais je dois avouer qu'en écoutant les enregistrements les plus anciens, quand je vois la distance qui séparent rien que vingt années, je pense qu'il n'est pas du tout possible d'imaginer ce qu'était le chant de jadis.
Mais effectivement, sur les enregistrements qui nous sont parvenus, on entend des voix très mixées, peu vibrées (ou alors avec une fréquence plus rapide de battement), et un peu plus nasales aussi en moyenne. Sans parler du larynx bien plus haut alors.
Il me semble aussi que le fait de chanter avec une position basse du larynx joue un rôle - que cela à tendance de créer un son avec plus de poitrinée - êtres vous d'accord?
Oui, c'est indubitable, on a tendance à baisser beaucoup le larynx ces dernières décennies dans le grand répertoire, et ça produit effectivement un son plus sombre, qui facilite les harmoniques de poitrine.
Je suis toujours étonné par les jeunes barytons actuels qui développent des couleurs de basse, avec une couverture très lourde.
En plus avez-vous des idées sur l'effet de différentes techniques pour soutenir le son avec le corps en utilisant des muscles abdomiaux etc?
Vous voulez dire selon que l'on enfle ou dégonfle le ventre lors de l'inspiration, par exemple ?
Votre explication des voix lyriques de femme est intéressante. Donc ce serait l'équivalent de la voix de fausset de l'homme alors, comme une voix de contraténor (qui lui aussi doit ajouter un peu plus de poitrine dans son fausset pour les graves). Donc la vraie voix de poitrine ne serait que utilisé par certaines chanteuses de pop ou rock ou jazz probablement?
Elle est aussi utilisée dans le bas de la tessiture chez les femmes (ce peut arriver à partir du fa 3 à peu près, comme pour les hommes en fait), mais effectivement, c'est celle qu'on entend beaucoup en pop, rock et jazz, oui !
]]>Très bon exposé, mais je suis un peu surpris que vous êtes d'avis que la plupart de chanteurs masculins d'utilisent pas la voix mixte - je pensais que c'était plus ou moins impossible de chanter de belles notes lyriques dans l'aigu sans utiliser cette méthode. J'aurais pensé que la mode moderne est pour un son assez poitriné avec le larynx bas, mais toutefois non pas totalement en "voix de poitrine"
C'est en réalité ce que je vais montrer dans la suite (vous avez lu une inroduction à la voix mixte que je n'ai pas encore annoncée, je voulais ajouter les exemples avant de signaler la mise à jour). :-)
Comme la voix mixte se produit à différents degrés, il est toujours possible de mixer certaines notes, certaines voyelles, ou même de chanter en permanence avec quelque chose d'un peu mixé (c'est très audible chez Bergonzi ou Pavarotti, par exemple). C'est plus une affaire de pourcentage, finalement, qu'une réalité binaire, puisque la voix mixte n'est pas un registre à part entière.
Néanmoins, pendant vingt à trente ans, on a surtout eu la formation de voix pleines, et on chantait Faust comme on aurait chanté le Duc de Mantoue, pas question de transitions mixtes audibles, on attendait des chanteurs qu'ils demeurent vaillants en toute circonstance.
Beaucoup des chanteurs de cette période avaient un manque de souplesse évident, donc (il suffit d'écouter les airs de Nadir enregistrés à partir de la disparition progressive des méthodes françaises...).
Quoique je suis moins connaisseur de la voix féminine, je pense aussi que c'est discutable de dire que la voix typique de femme utilise le même méchanisme que la voix de fausset d'un homme. Beaucoup de personnes pensent que les femmes ont elles aussi un fausset (peut être est-ce plutôt ce que vous appelez flageolet?) et j'aurais pensé que peut-être la voix robuste d'une chanteuse d'opéra s'apparente plus à la voix mixte d'un homme (souvent, au moins en anglais - ma langue maternelle - on appelle les deux "head voice" - voix de tête, ce qui complique les choses...). Pour moi j'aurais dit que peut-être la principale différence entre une voix lyrique d'homme et une voix lyrique de femme est que le passage est plus bas pour la femme donc elle passe plus de temps dans la "head voice" et l'homme plus de temps dans la voix de poitrine.
D'un point de vue physiologique, il semble que ce soit bien un mécanisme de voix de tête et non un allègement de la voix de poitrine qui soit employé par les femmes (c'est assez audible d'ailleurs).
Mais comme elles sont dans leur registre principal en voix de tête, elles mixent à l'envers, d'une certaine façon, en épaississant leur voix de tête avec des couleurs plus "poitrinées" tandis que les hommes allègent leur voix de poitrine avec des couleurs plus "entêtées".
Merci pour tous ces riches rebonds !
Et bonne journée.