Ce petit papotage sur le livret ne me paraît pas complet si il ne dit pas que cette pièce est inspirée d'une légende indienne adaptée en Europe par Carlo Gozzi (celui de Turandot). Je ne connais pas bien cette tradition asiatique des femmes-serpents, transposée par Gozzi en femme statue. La légende chinoise du Serpent Blanc, avec sa facétieuse petite sœur Serpent Bleu-vert, m'a toujours fasciné dans les quelques versions que je connais, mais j'avoue que c'est très très superficiel.
La légende de Serpent Blanc est aussi l'oeuvre la plus célèbre de l'opéra du Sichuan sur cette légende-culte, il me semble que j'en avais parlé dans la série adéquate (même si ce n'est pas du Kunqu).
Pour moi, Wagner montre encore une fois qu'il est un homme d'intuitions. Il ne comprend pas vraiment les choses, il n'est pas un bon analyste, mais il les sent. Dans tous ses opéras, il est un mauvais philosophe, mais il a eu l'intuition de la psychanalyse, il a senti la vision marxiste du monde. Il ne comprend jamais rien de façon intellectuelle (ou alors c'est du fatras), mais il a une compréhension sensible des choses, comme Parsifal (sauf que je n'ai jamais compris ce que Parsifal avait compris).
Je crois que tu touches quelque chose de très juste. Visionnaire, mais pas théoricien le moins du monde : un artiste accompli, en somme.
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