on joue la dernière représentation du Prince Igor
de Borodine.
Pas une rareté, mais un événement qui résonne avec éloquence dans le
contexte politique de la région :
¶ Compagnie fondée en 1933
seulement, par un chanteur local.
Le bâtiment, dans son style néo-antique, est dû à Iosif Langbard,
prolixe dans ce style à Kiev (Ministère des Affaires Étrangères) et
surtout Minsk (Palais du Gouvernement, Académie des Sciences).
Depuis la première représentation (Carmen en 1933 !) et l'inauguration
(1939), le lieu et la troupe – qui inclut également un corps de ballet
permanent – sont devenues des vitrines nationales et
politiques. Beaucoup de tournées sont effectuées à l'étranger pour
promouvoir la culture du pays.
À la rénovation de 2009, on ajoute même quelques statues…
Je trouve piquante la programmation de
ce grand classique des scènes
russes (probablement avant même l'élection volée) : pour rappel, le
prince Igor, souverain légitime, fait l'admiration de ses ennemis,
livre bataille abandonné de tous, s'échappe de captivité et revient en
héros, acclamé par ceux-là même qui avaient espéré profiter de son
revers de fortune pour imposer leur joug au peuple fidèle.
La
transparence de l'allusion tisse une fois de plus les liens avec la
politique de la région…
(D'autres exemples bientôt !)
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie 1 jour, 1 opéra a suscité :
on joue Les
Musiciens de Brême, avec la musique de Gladkov (tirée du
dessin animé des années 60), le tout arrangé en comédie musicale par
Markelov et Novikov !
À partir de 6 ans – ce n'est pas une exception, il existe énormément de
créations lyriques jeune public en
Russie.
Ijevsk est la capitale de
l'Oudmourtie – où l'on pratique la langue oudmourte, de la famille
ouralienne, cousine des finno-ougriennes d'Europe. C'est une ville de
600.000 habitants dans le bassin de la Volga –
située à équidistance, sur la même ligne droite, des métropoles Kazan
et Perm.
La compagnie a été fondée dans les années 30 par d'anciens membres du
Bolchoï.
(J'aime
beaucoup l'architecture massive et bétonnée de la façade, très
avenante en réalité.)
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie 1 jour, 1 opéra a suscité :
🔵 Ce 25 mai, à l'Opéra d'Astrakhan
(désolé, les Slaves orientaux sont les seuls à
avoir conservé une production un peu originale par les temps qui
courent), on donne le Revizor
de Dashkevich (2007),
une adaptation de la pièce de Gogol qui se revendique « expérimentale ».
Pour mémoire, Revizor (qu'on
peut traduire par « L'Inspecteur général » / « L'Inspecteur du
Gouvernement ») de Gogol,
c'est
l'histoire fameuse de cette petite ville russe qui attend l'inspecteur
impérial, devant arriver incognito. Un jeune voyageur exigeant est pris
pour lui, et, même après avoir
compris la méprise, se prête au jeu. La fin est modifiée dans cette
version adaptée pour le théâtre lyrique !
Gogol se vantait de n'inventer aucune histoire, et celle-ci lui a été
soufflée par Pouchkine. Cette petite histoire, variation sur « à beau
mentir qui vient de loin », semble très populaire dans les cultures
slaves – c'est aussi la trame de La
mort de Monsieur Golouja, l'une des rares nouvelles de Branimir
Ščepanović à avoir été traduites en français (dans le même recueil, «
La Honte » est particulièrement réussi).
Dashkevich a composé dans tous
les genres : 3 opéras, 5 comédies
musicales, des cycles sur Blok ou Maïakovski, de la musique symphonique
comme de la musique de chambre…
Pour autant il reste reste essentiellement célèbre, en Russie, pour les
près de 100 musiques de films
et d'animés qu'il a écrites à l'époque
soviétique : Sherlock Holmes, Yaroslavna reine de
France (mieux connue chez nous comme Anne de Kiev, épouse
d'Henri Ier eu milieu du XIe siècle),
Bumbarash, L'Effondrement afghan...
Sa musique est très consonante,
des danses pittoresques, des ensembles
légers à l'harmonie très stable, comme on en a beaucoup produit dans
les Républiques du Sud.
¶ Une fois de plus dans cette région l'opéra rejoint la politique
:
ancienne cité de la Horde d'Or, soumise par Ivan le Terrible,
Astrakhan, tout proche de la Caspienne sur la Volga, fait partie de la
stratégie de rayonnement culturel russe à partir des Républiques du Sud
: son opéra à été décidé, supervisé et inauguré en 2011 par nul autre
que Vladimir Poutine.
Évidemment, le répertoire exalte le patrimoine et le fonds commun
russes, au sein d'un bâtiment aux dimensions considérables.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie 1 jour, 1 opéra a suscité :
🔵 Ce 24 mai, on donne au Théâtre de Comédie
Musicale de Saint-Pétersbourg, dont le
bâtiment est connu sous le nom « Théâtre du Palais du Ballet »
(!), une
adaptation russe de l'opérette la plus célèbre de LAJTAI
Lajos, A
régi
nyár (« Le vieil été ») – subtilement renommée pour l'occasion Été d'amour.
Exerçant de 1923 à 1958, Lajtai
se fait d'abord connaître avec ce
titre, écrit pour la scène hongroise, et incluant du folklore local.
L'œuvre est typique de son temps : rengaines de caractère, très courtes
(1 à 2 minutes !),
marquées par le jazz, le café-concert – et ici la valse viennoise.
L'œuvre est si populaire en Hongrie qu'elle existe sous trois formes
vidéo : en film (peu après la création), en téléfilm et en captation
filmée. Certaines de ses chansons ont aussi été empruntées pour égayer
des
films.
Juif, Lajtai quitte le pays avec sa femme et exerce dans les années 30
à
Paris, où il collabore avec Christiné (il écrit anonymement au moins
une chanson de La Poule) et
compose ses propres opérettes dans le
style français,
puis dans les années 40 en Suède (opérettes en suédois…) – où il
conserve son nom francisé, Louis
Lajtai.
¶ L'intrigue ? En pleine représentation d'un grand théâtre européen, la
prima donna s'évanouit : elle a aperçu dans le public celui qui
l'a
abandonnée 18 ans plus tôt.
Elle projette alors sa vengeance, mais leur fils (de 18 ans) s'éprend
de
la fille que son père absent a adoptée, ce qui va tout compliquer…
¶ La compagnie du Théâtre de Comédie Musicale de Saint-Pétersbourg naît
en 1927, de la fusion des troupes de « comédie musicale »
des villes de Kharkov et de Leningrad. Il s'installe dans la Rue
Italienne en 1938,
sur cette place emblématique dessinée par Carlo Rossi, l'architecte
italien des grands ensembles pétersbourgeois – cette place
accueille la
Philharmonie de Saint-Pétersbourg, le Palais Mihailovsky et le Théâtre
du même nom…
Vous avez vu les intérieurs.
Extérieur beaucoup plus banal, à l'italienne – et servant de parking.
Sans vouloir porter de jugement sur l'urbanisme italien ni l'élégance
russe bien sûr, c'est quand même un peu moisi.
À ne pas confondre avec le théâtre de
Comédie Akimov bien plus récent
et considérablement moins luxueux ! – sur la Perspective Nevski.
🔵
Ce 23 mai, on donne à l'Opéra de Sofia SS. Cyril and
Methodius,
opéra-oratorio à la gloire des évangélisateurs des Slaves orientaux.
Création posthume de l'œuvre de la compositrice bulgare Zhivka Klinkova (1924-2002), en
langue bulgare.
Si les plans de l'Opéra datent de 1921, sa construction, elle, s'étage
de 1947 à 1953.
On remarquera l'absence de colonnes façon Théâtre des Champs-Élysées
(béton armé, je suppose).
Jolie coupole, aussi.
Le répertoire (fascinant sujet dans les théâtres slaves, déjà évoqué),
outre les grands standards russes, inclut surtout de l'italien
(beaucoup de Verdi) et du français, essentiellement chanté par des
interprètes
nationaux. (Avec des techniques vocales qui restent assez
slaves-orientales, quoique beaucoup plus en gorge et moins efficaces
qu'autrefois, comme dans la plupart des écoles nationales aujourd'hui,
Tchèques peut-être exceptés.)
Exemple tout frais de cette année du traitement du
répertoire italien à Sofia, en
vidéo (Attila de Verdi).
J'en disais ceci :
Verdi
– Attila – Plamen
Kartaloff ; Radostina Nikolaeva, Daniel Damvanov, Ventselav
Anastasov, Orlin Anastasov ; Opéra de Sofia, Alessandro Sangiorgi
(Operavision 2021)
→ Représentation très tradi en plein air. Mixage façon pop, voix
captées de très près. Pourtant, on sent bien la projection limitée (les
aigus ne claquent pas), les voix ne claquent pas (malgré la beauté des
graves), même les Bulgares sont donc affectés par le changement de
placement (les aigus de la soprane et des clefs de fa sont assurés sans
difficulté mais poussés, voilés, sans impact).
Sous l'impulsion d'une nouvelle direction du théâtre, Wagner n'y
pénètre progressivement que depuis 2010, sans vouloir
traiter quiconque de bouseux.
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie 1 jour, 1 opéra a suscité :
Un an et demi de crise universelle après, reprise de ce petit défi :
chaque jour, j'explore un opéra donné dans un théâtre du monde, en
donnant quelques éléments sur son intrigue, sa musique, son contexte
esthétique, l'histoire du théâtre où il est représenté.
(Et, lorsqu'il est possible, un lien avec des extraits.)
Cette balade, déjà amorcée pendant les années passées, permet de
découvrir des mondes insoupçonnés : beaucoup de titres locaux qu'on ne
trouve pas aisément au disque, dans des langues inattendues, ou bien
des titres qui existent, mais qu'on n'aurait jamais trouvés en
cherchant au hasard ! Le répertoire d'opéra, à l'échelle d'une
année ou, comme ici, d'une journée – où je sélectionne chaque jour le
titre et le lieu qui me paraissent les plus piquants ou les plus
parlants –, révèle une grande diversité de contenus, et souvent très
accessibles. Beaucoup d'opéras contemporains pour la jeunesse, par
exemple, tirés de livres spécialisés à succès ! Et puis des
opéras qui servent de doublage à des films, qui exploitent des
intrigues d'exploration du globe, de recherche mathématique, d'histoire
grande (Kennedy, Marily Monroe) ou petite (les employés des partis
politiques américains dans les années 60), de fantastique…
On peut aussi y trouver, dans certains pays à la politique tendue, des
échos d'influences – lire les titres donnés actuellement à Lviv ou Kiev
par rapport à ceux de Donetsk est à ce titre éclairant ! Ou voir
la place des autocrates locaux dans l'édification des lieux,
l'inclusion dans le tissu urbain ou au contraire la façon dont la
maison d'Opéra a redessiné une part de la ville…
Ce sont des vignettes écrites pour Twitter dans le train pendant mes 3h
de trajet quotidien, aussi la syntaxe en est-elle un peu plus sommaire
qu'à l'habitude. Je les importe, ici, supposant que ce genre de
curiosité doit être au cœur des inclinations d'une partie du lectorat
de CSS…
(Et entre day job, reprise
des concerts, de la vie sociale et poursuite des balades pédestres
patrimoniales étendues, je manque de temps, pardon, pour produire des
notules de qualité ces dernières semaines. Retour prochain.)
Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie _ - 1 jour, 1 opéra a suscité :
Cet aimable bac à sable accueille divers badinages :
opéra, lied,
théâtres & musiques
interlopes,
questions de langue
ou de voix...
en discrètes notules,
parfois constituées en séries.
Beaucoup de requêtes de moteur de recherche aboutissent ici à propos de questions pas encore traitées.
N'hésitez pas à réclamer.