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vendredi 20 avril 2018

Les meilleures versions symphoniques de Star Wars


1. La part de Williams

Il y a assez longtemps que j'ai découvert que ce qui m'avait toujours le plus fasciné dans Star Wars, longtemps avant que je ne devienne mélomane, à l'âge où l'on est fasciné pour les cabrioles néons à la main, était le pouvoir de suggestion de sa musique. Bien sûr, l'univers est riche et cohérent, parvient très adroitement à faire référence à des cultures diverses ainsi qu'à lui-même, l'équilibre entre épopée et humour, tout ce qu'on voudra ; mais je crois que c'est réellement la musique qui, même pour les non mélomanes, fait tenir tout cela. Figurez-vous du Glass ou un discipline un peu terne d'Alfred Newman, et considérez ce que ce pourrait donner. Il n'y aurait probablement pas eu de suite.

Les thèmes wagnériens, les élans richardstraussiens, les bataillées marquées par Stravinski et Prokofiev, tout cela aboutit pourtant à un ensemble très varié stylistiquement mais cohérent, interpénétré de lui-même, largement fondé sur la technique du leitmotiv utilisée par Wagner et Strauss. À la fois limpide dans ses thèmes et atmosphères pour le grand public captivé par l'action, et remarquablement soigné et inventif dans le détail. Surtout, tout cela porte l'essentiel des atmosphères, même si les films (enfin, certains…) disposent de leurs propres considérables vertus.

Au demeurant, John Williams, très talentueux creuset du meilleur de la musique qui l'a précédé (il a même recréé, vraisemblablement sans la connaître, un des beaux passages de la Natursymphonie de Hausegger), m'impressionne moins dans ses autres œuvres : chacune a sa couleur propre, mais les thèmes ne paraissent pas à ce point tous dériver les uns des autres, ni mener aussi décidément la conduite du drame lui-même.
Il y a tout de même de belles choses à entendre en dehors des fanfares de Superman ou des hymnes d'Indiana Jones, comme son Concerto pour basson, qui sans être un chef-d'œuvre, dispose d'un charme plus spécifique que ses autres concertos (qui sont pourtant plus ambitieux).



kozena_vader
All this time, Darth Maugda was a hidden Sith Lord.



2. Star Wars sous son meilleur jour

Lorsqu'on est vraiment intéressé par la question, l'univers SW est assez peuplé en fans pour mettre la main sur les BOs complètes, incluant l'accompagnement des dialogues saccagés par le texte et les bruitages (dans la prélogie, il est vraiment difficile d'entendre la musique de certains moments), même lorsqu'il n'y a pas eu de publication officielle en disque de l'intégralité de la musique. Les partitions, intégrales ou réduites, aussi s'achètent ou s'échangent assez aisément.

Néanmoins, le plaisir de voir en action tout cela est assez particulier, et je vous suggère donc le meilleur de la très abondante offre vidéo.

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a) La plus belle Suite

La Suite traditionnelle (Fanfares d'ouverture du IV, Thème de Leïa du IV, Marche impériale du V, Salle du Trône du IV) existe en de très nombreuses versions.

La limpidité et l'élan de celle du Philharmonique de Bergen dirigé par Andrew Litton surpasse tout ce que j'ai entendu par ailleurs. C'est peut-être également lié à mon tropisme, que je ne nie pas, pour les timbres acidulés et clairs des orchestres nordiques (et en particulier norvégiens), dont Trondheim, Bergen, la Radio Norvégienne et l'Opéra d'Oslo sont les plus exaltants représentants.

La vidéo est disponible uniquement sur le site de critiques Bachtrack, qui dispose de tout un fonds établi en partenariat avec de très grands orchestres européens de première veine, simplement moins célèbres qu'Amsterdam ou Berlin : Philharmonique de Bergen, Radio Norgévienne, Chambre de la Radio Néerlandaise mais aussi, très abondamment représentés au disque, Symphonique de Göteborg (DGG, Chandos), Philharmonique Royal de Stockholm (BIS) et Gürzenich de Cologne (EMI, Oehms).
Pourquoi cacher ainsi ce fonds extraordinaire dont la visibilité doit être dérisoire par rapport aux maisons qui diffusent directement sur YouTube, comme la Radio de Francfort (ou, plus épisodiquement, le Symphonique de Trondheim) ?  En tout cas, il existe, et mérite véritablement de s'y attarder, de s'y perdre même.

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b) La Suite alternative

Encore à Bergen, où Edward Gardner (décidément, les grands chefs ne se trompent pas et s'y succèdent, comme Urbański à Trondheim…) a donné en plein air la Suite, un peu moins léchée (et puis amplifiée…), mais sous un état différent, la Marche Impériale étant incluse dans le premier numéro habituel, et le thème de Leïa étant remplacé par le thème de Rey – une des grandes réussites musicales des derniers épisodes, là aussi simplicité et typicité, même si l'imaginaire sonore de Williams semble s'être sensiblement déwagnérisé. Voyez cette présentation qui met en valeur se trois principaux motifs (le premier rythmique, les deux autres plus mélodiques).

On trouve aussi, tiré du même concert, les Suites de Harry Potter et de James Bond (incluant le générique historique et un arrangement de Skyfall !).

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c) La (très) grande Suite

Mais, plus important que tout cela, l'Orchestre National du Danemark a donné un concert constitué d'une heure (contre 15 à 30 minutes pour les Suites habituelles) de musique tirée des deux trilogies. Il existe certes orchestres plus virtuoses ou chatoyants en Europe, mais il peut tout jouer néanmoins, et se trouve dirigé par Antony Hermus, manifestement très enthousiaste – et un spécialiste des musiques germaniques décadentes.
[Vous pourrez également trouver une courte Suite de Star Trek par le même orchestre, qui juxtapose les musiques des différentes productions, depuis TOS – les ondes Martenot y sont remplacées par le chœur ! – jusqu'aux derniers films, en passant par Jerry Goldsmith évidemment.]

C'est une occasion assez rare de voir jouer certains moments emblématiques dans les films, mais peu donnés au concert : les grands affrontements (contre Darth Maul dans le I, sur la planète-fonderie dans le III), les tricots vénéneux de l'incertain thème d'Anakin (début du III), les élans lyriques des scènes d'amour sur le balcon de la Résidence d'Été de Naboo (dans le II)…

Bien sûr, j'aimerais aussi voir toutes les musiques de transition et de dialogue, comme Naxos l'a fait en reconstruisant The Sea Hawk (partition détruite) de Korngold, et cela s'écoute remarquablement en musique pure, tout autant les passages masqués, d'autant plus dans des partitions où chaque articulation est soignée (beaucoup de musiques de film peinent à survivre sans l'image, même en en conservant les meilleurs morceaux).

Je compte pour cela sur les ciné-concerts (où, certes, les dialogues et bruitages vont concurrencer pour partie la musique), et il se trouve que la Philharmonie me fait la saison prochaine la grâce (par mon chouchou l'ONDIF, de surcroît !) de programmer quatre journées de la saga (IV,V,VI,VII). Que j'ai hâte de pouvoir contempler dans leur entièreté, donc.

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d) Vieilles références

Bien sûr, John Williams, lui-même chef très compétent, demeure très fréquentable dans ses œuvres (ici, le thème de Rey par le Symphonique de Seattle, qui ne m'avait jamais frappé par son caractère si capiteux !), en particulier dans les originaux avec le LSO. On peut en particulier y savourer le timbre inimitable du cor de David Cripps, vraiment différent de ceux qu'on entend d'ordinaire, que ce soit chez les anciens ou chez les modernes.




finley windu
As powerful as Master Findu.



3. Star Wars sur sol

J'ai conscience que Williams n'a pas toujours bonne réputation auprès des mélomanes classiques ; pourtant, c'est un formidable terrain de jeu pour tous les wagnéro-straussiens, on y trouvera le même genre d'amusette.

Il a bien sûr été question de Star Wars sur CSS à de multiples reprises, sur le plan musical. Notamment autour de ses adaptations, comme ces incroyables compositions pour deux pianos à partir du matériau de Williams, ou ces réjouissants pot-pourris pour piano en costumes.

Et, bien sûr, l'hilarant hommage choral de Moosebutter (citations de répliques de Star Wars sur des musiques de Williams dont aucune n'est Star Wars), qui a été très populaire chez les chœurs américains pendant quelques années.

En attendant les nouveautés du prochain volet (il y en a toujours un prochain pas loin, forcément).

Notez bien que les illustrations sont réalisées sans trucage : simple cadrage sans aucune retouche.
David Le Marrec

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