Carnets sur sol

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dimanche 31 janvier 2016

Choses vues et choses à voir – Derniers concerts et concerts de février


Il en est un assez grand nombre dont je n'ai pas touché mot, voilà donc quelques rapides mentions. Deux concerts de décembre, puis quelques autres récents.



Arrangement pour orgue de Pelléas de Fauré (Louis Robillard), Pièces de fantaisie de Vierne, Salve Regina pour violon et orgue de Naji Hakim par Kumi Choi (CNSM, 17 décembre).

L'arrangement de cette aimable musique de scène pour orgue lui offre un caractère d'onirisme impalpable absolument remarquable. Si la pièce de Hakim est très jolie, les Pièces de fantaisie de Vierne, des standards finalement peu joués, explorent nombre de beaux matériaux.

L'intérêt était aussi d'entendre le petit orgue Rieger du CNSM – même facteur que celui de la Philharmonie. Les timbres sont un peu froids, surtout dans cette acoustique peu réverbérée, mais la simplicité pudique (difficile d'y registrer grassement, j'ai l'impression) et surtout la douceur extraordinaire des jeux de fonds font entendre des qualités similaires à celui de la Philharmonie (qui a bien sûr un plus grand potentiel dans le domain spectaculaire, un peu moins de métal aussi, possiblement du fait de l'éloignement du spectateur).

Belle expérience. [Et un grand salut aux Relations avec le public du CNSM, qui en l'absence de programme de salle sont allés chercher le détail de chaque pièce spécifiquement pour moi !]



Musique sacrée de Mendelssohn par l'Orchestre de Paris et Thomas Hengelbrock (Philharmonie, 17 décembre).

Pas ressenti le besoin d'en parler : beau concert, mais relative déception, dans la mesure où Hengelbrock n'a pas fait sortir l'orchestre d'une tradition un peu placide et épaisse (le Magnificat de Bach qui ouvrait la soirée, quoique joué avec beaucoup de soin, était tellement carré…), jusque dans Mendelssohn qui sonnait assez opaque, un peu comme du Schumann pas très bien apprêté.
Le Chœur de l'Orchestre de Paris n'était pas non plus dans son meilleur jour (ou sont-ce les chanteurs qui ont changé ?), de moins belles voix qu'il y a deux ou trois ans, et des phrasés moins étudiés, on sentait davantage le chœur de (très très bons) amateurs, alors que d'habitude la principale différence avec les chœurs professionnels réside dans les timbres, plus ouverts (ce qui constitue en réalité un avantage par rapport aux chœurs faits de grosses voix de solistes taillés pour Verdi).

Beau concert, mais où l'on n'entendait absolument pas la spécificité cinglante de Hengelbrock (pourtant un spécialiste assez hardi du baroque et des relectures – allant jusqu'à du Parsifal sans vibrato !), et où l'orchestre semblait un peu loin d'une affinité profonde avec cette musique. On espère que leur collaboration plus régulière dans les prochaines années permettra d'obtenir des résultats plus typés.




Quatuors avec piano de Joseph Marx (CNSM, 14 janvier).

Conférence-concert avec des étudiants du CNSM. La possibilité d'entendre des pièces excessivement rares, d'un postromantisme sophistiqué – pas du tout décadent à la façon de l'incroyable Herbstsymphonie, mais assez marquées par l'exigence structurelle et contrapuntique de Reger, et même par les couleurs harmoniques françaises (on entend tout de bon dans la Rhapsodie le thème de Green…), avec pour résultat une écriture très savante, et cependant tendue et colorée. De belles entrées étagées, des fugatos riches et plutôt accessibles. Je suis personnellement très sensible à la couleur obtenue par la sollicitation du violon essentiellement dans le grave de sa tessiture (et par le rôle très important, loin du remplissage traditionnel, de l'alto).

J'ai été surpris qu'alors que le concert était soutenu par le département d'histoire de la musique du Conservatoire, la présentation puisse se limiter à une exposition biographique (à quoi bon, avant la moindre note de musique ?) et à quelques procédés saupoudrés (quatre mesures aboutissant à une enharmonie, sans expliquer au profane ce que c'est, sans expliquer à l'initié en quoi elles sont intéressantes ici), mais à vrai dire, c'est la grâce de pouvoir entendre cette Ballade (généreusement développée à la façon d'un premier mouvement et avec fugato final à la façon d'un dernier) et cette Rhapsodie (mouvement lent), jouées avec chaleur par de jeunes musiciens qui, n'ayant commencé les répétitions que trois jours auparavant, se montraient d'une sûreté et d'une intelligence avec le style, et emportaient l'adhésion.



Scherzos fantastiques de Suk et Stravinski, Sixième Symphonie et Premier Concerto pour violoncelle de Martinů par Johannes Moser, Orchestre Philharmonique de Radio-France, Jakub Hrůša (Maison de la Radio, 15 janvier).

Programme passionnant et très varié, passant par le versant le plus romantique et généreusement de Suk (pour les autres aspect voir cette notule), le Stravinski le plus debussyste (quasiment du spectralisme avant la lettre), le modernisme jazzisant du Premier Concerto (avec un mouvement lent extatique qui évoque davantage l'esprit d'un Dvořák modernisé), le patchwork très dense de la Sixième Symphonie – que je trouvais justement un peu tape-à-l'œil, et qui mérite vraiment d'être goûtée en concert, détail après détail.
Deux œuvres de Martinů que je n'estimais pas particulièrement (contrairement aux quatre premières symphonies, pas exemple), et qui se révèlent véritablement captivantes dansle cadre propice de ce concert.

Tout cela avec les caractéristiques de Hrůša : pas très nerveux, mais toujours habité et trouvant plein de belles couleurs poétiques (mouvements rapides inclus). Par ailleurs, Johannes Moser m'a ébloui : bien que complètement de dos, le son parvenait sans effort, parfaitement timbré (pas du tout ce côté élimé et râpeux fréquent dans le violoncelle concertant, sans être du gros son pour autant)… le tout culminant dans une sarabande de Bach (Première Suite), murmurée mais timbrée comme à pleine puissance, osant même les diminutions dans les reprises. Il pourrait paraître un excellent violoncelliste parmi d'autres, mais dans la salle, on s'aperçoit vraiment qu'il s'agit d'un interprète particulièrement exceptionnel.

Les deux ont d'ailleurs commis un superbe disque Dvořák-Lalo (chez PentaTone) : le Dvořák, pas le plus incisif de la discographie, danse et rêve comme peu d'autres ; Moser, capté de près, paraît plus métallique qu'il ne sonne en réalité, mais y demeure est remarquable, simultanément délicat et vaillant. Une des plus belles références que j'aie trouvées pour ce concerto (je reste, autrement, fidèle à Rose-Rodziński et ai été enchanté par la découverte de Weilerstein-Bělohlávek, Veis-Pešek et Brunello-Pappano).

Salle même pas à moitié remplie, c'est peu dire que l'audace ne paie pas.



Symphonie n°103 de Haydn, n°5 de Schubert, Concerto pour piano n°23 de Mozart par Momo Kodama, le Philharmonique de Radio-France, Roger Norrington (16 janvier 2015).

Tout le monde a le droit à un sucre d'orge de temps à autre, il n'y a pas d'âge pour ça.

Encore une lecture exceptionnellement ludique de Haydn par Norrington ; après Norrington et Fey, qui a le mérite de faire l'intégrale, je trouve vraiment difficile d'écouter du Haydn scolaire, régulier, sérieux, tel qu'il est majoritairement donné – le peu de fois où on le donne encore, les ensembles « musicologiques » ne s'étant pas trop emparés de sa musique dans le même temps où les orchestres traditionnels semblent leur avoir cédé le terrain pour les symphonies de l'âge classique.
Chez Norrington (ou Fey), le moindre élément d'accompagnement prend sens, devient un battement autonome, et ce n'est pas qu'une fantaisie, on le voit bien muter dans la partition, rejoindre les indications explicites – et tout paraît aller de soi. [question un peu plus développée dans cette précédente notule]

Étrangement, la soliste pour le Mozart était, elle, très traditionnelle (jolie main droite qui égrène avec de belles rondeurs les thèmes). Le Schubert m'a moins convaincu à vrai dire (il n'y a pas vraiment de parties intermédiaires à exalter, dans les symphonies, quasiment tout tient dans la mélodie et quelques jolies harmonies), mais le concert étant pour moi le lieu soit de l'immédiateté du verbe, soit de l'appréhension de machines complexe, les œuvres instrumentales essentiellement mélodiques, quand bien même je les adore comme cette symphonie, cessent assez vite de m'intéresser. Entendre ce thème lui-même répétitif subir une reprise, puis des réexepositions avec reprise, et des développements essentiellement modulés (très peu modifiés mélodiquement), éventuellement sujets eux-mêmes à des répétitions partielles, c'est peut-être exaltant quand on n'a pas le disque et qu'on se gorge du génie mélodique de Schubert, mais sinon, on finit par sentir le temps passer, d'autant que Norrington n'exalte pas du tout l'élan dramatique sous-jacent.

Autant la décontraction de Norrington sur les applaudissements d'une salle comble, donc peuplée de façon plus variée qu'un concert de spécialistes, m'est particulièrement sympathique (le compositeur prévoit des pauses, ce n'est pas comme si on interrompait la musique – applaudir sur la résonance me dérange bien davantage – sur instruments anciens ou en quatuor, on se réaccorde même entre les mouvements…), autant sa façon d'inciter le public à applaudir après chaque mouvement, même lorsqu'il n'y est pas particulièrement enclin (après un beau mouvement lent suspendu, par exemple dans le 23e de Mozart), finit par relever de l'histrionisme inutile.



Prélude à l'après-midi d'un faune, Premier Concerto pour violon de Prokofiev (Julian Rachlin), Cinquième Symphonie de Tchaïkovski, par l'Orchestre National de France et Daniele Gatti (Maison de la Radio, 20 janvier).

Fort d'une expérience exceptionnelle avec l'ONF dans un Tchaïkovski moins facile à réussir, je me préparais à de belles réjouissances, un peu déçu en comparaison. Ça fonctionne toujours magnifiquement, bien sûr, et l'orchestre est toujours très beau, mais Gatti exaltait plus les césures que les transitions, alors que la force de l'œuvre réside, à mon sens, justement dans son renouvellement permanent de poussées implacables. Comme le reste m'intéressait moins (le Prélude était de toute façon un rien indolent, sans évoquer la lassitude estivale pour autant), et que Rachlin, parfait mais assez peu puissant, ne m'a pas mené à réviser tellement à la hausse le Prokofiev concertant (si ce n'est que ça fonctionne superbement en concert, sans me toucher réellement pour autant), j'attendais sans doute un peu trop – on pouvait prédire que ce serait bon, mais qui peut prédire l'exceptionnel, auquel Paris nous habitue un peu trop ?

Très bel aria de la Troisième Suite pour orchestre de Bach en avant-concert comme hommage à Kurt Masur, murmuré avec beaucoup de présence, je ne croyais pas qu'un orchestre qui ne joue presque jamais rien avant Beethoven (et surtout des œuvres postérieures à 1850) pouvait interpréter avec autant de délicatesse une œuvre baroque.

Je rougis d'être blasé, et je bats ma coulpe en renonçant à pas moins de trois concerts aujourd'hui même, où cette notule est rédigée (hier, donc).



Concert tout Dutilleux : Deuxième Symphonie, Métaboles, Les Citations, Préludes pour piano (Maroussia Gentet) avec le Philharmonique de Radio-France et Kwamé Ryan (Maison de la Radio, 21 janvier).

Je reste toujours aussi extérieur aux Citations (qui me paraissent assez moches, absurdes et vaines), en revanche les Métaboles, qui me semblaient un peu superficielles au disque, on un impact particulier au concert, avec un effet vraiment roboratif.

Après un programme aussi riche, la Deuxième Symphonie, que j'aime beaucoup, arrive un peu tard ; je m'aperçois que j'aime surtout son premier mouvement, qui m'évoque par bien des aspects (déhanchement, thématique…) les extrémités de la Première de Walton.

Pour avoir souvent entendu Kwamé Ryan du temps de sa direction de l'ONBA, quelle belle surprise d'entendre une direction aussi engagée, fouettée sans foucades, dont le tranchant hausse véritablement l'intérêt de ces œuvres – avec l'ONBA, je le trouvais, quoique valable, trop gentil pour faire réellement avancer l'orchestre. Mais l'on peut être gentil et talentueux, manifestement. J'aime à penser que c'est bon signe pour moi.



Suite Les Biches de Poulenc, Nocturnes de Debussy, Pulcinella de Stravinski, Les sept beautés de Garayev, Suite Le Parfum de Thilloy. Orchestre Lamoureux, Antoine Marguier (TCE, 24 janvier).

Programme très original et attirant, mais les surprises n'ont pas été à la hauteur des attentes. Les Biches sont une valeur sûre de la réjouissance primesautière, et les Nocturnes demeurent fascinants (même si, au concert, à l'exception de Fêtes, je suis surtout frappé par l'impression d'immobilité, d'exploration spectralisante). Je n'ai jamais été particulièrement inconditionnel de Pulcinella, donc je ne peux guère me prononcer (mais c'est toujours une musique agréable).

En revanche, les deux raretés n'avaient vraiment rien d'essentiel. Les sept beautés (en quatre mouvements…) déploient un climat oriental un peu convenu, bien réalisé, dans une musique sans grand mystère mais entraînante. Pour un début de concert du dimanche, c'est très bien. La programmation du Parfum de Thilloy demeure en revanche une énigme : je n'ai que rarement entendu une musique aussi indigente, ressassant ce qui n'est même pas un thème sur un aplat banal de cordes monochromes, et utilisant pendant la moitié de l'œuvre un coup de grosse caisse sur chaque temps… J'ai entendu quantité d'œuvres écrites sur logiciel MIDI par des amateurs qui n'avaient pas étudié, percluses de maladresses, qui valaient mieux que ça. Je ne suis même pas sûr que, hors Glass, que j'aurais volontiers souffert à la place, j'aie jamais écrit ce genre de chose ici, mais c'est vraiment mauvais (ou plus exactement sans contenu, nul serait presque plus approprié).

L'Orchestre Lamoureux n'était pas en grande forme… Je les avais pourtant beaucoup admirés dans leur superbe Pénélope de Fauré, mais ici, indépendamment des qualités individuelles (cor solo pas extraordinaire, contrebasse solo très limitée), réelles par ailleurs, il est difficilement concevable qu'un orchestre professionnel puisse à ce point multiplier les décalages dès que le tempo est rapide. Et par décalage, je ne parle pas d'une petite dissociation de pupitres, mais vraiment des violons qui ne jouent pas les même notes en même temps, parce qu'ils ne tiennent pas la vitesse !  Considérant le niveau individuel, cela sent un peu le manque de travail individuel ou de préparation collective, et c'est un peu dommage considérant le programme original, qui s'écoute au demeurant très bien, mais qui aurait gagné à plus de soin.

Pourtant, j'aime lorsqu'on sent la tension de musiciens qui se confrontent à des difficultés, souvent plus intéressante que l'assurance des très grands orchestres, mais ce n'était pas l'enjeu de l'instant qu'on entendait ici, plutôt l'absence d'enjeu des jours précédents, hélas.



Hommage à Boulez (Philharmonie, 26 janvier).

Très belle réussite, voir la notule correspondante.



Cinquième Symphonie de Bruckner. Orchestre de Paris, Paavo Järvi (Philharmonie, 28 janvier).

Le concert débutait par le 24e concerto pour piano de Mozart : difficile d'entrer dans ce type de musique quand on attend du Bruckner…  Néanmoins, très bel accompagnement engagé mais délicat, et surpris de trouver Lars Vogt touchant : sa froideur habituelle se fond parfaitement dans le classicisme, faisant du piano une composante de l'orchestre, ne cherchant pas à exalter les thèmes… son timbre de diamant glisse sur la masse des accompagnateurs, sans faire chanter, purement minéral, presque abstrait, laissant tranquillement Mozart parler tout seul. Très convaincant.

Comme le promettait le disque avec la Radio de Francfort (plus ou moins ce qu'on a fait de mieux dans cette symphonie), le Bruckner de Järvi était tétanisant. Un sens du détail extraordinaire, une tension jamais relâchée, et pourtant un respect impressionnant des ruptures et des silences, laissant la résonance s'évanouir dans la réverbération généreuse de la Philharmonie. Une lecture rapide, mais pas du tout cursive, très dense, lumineuse mais d'une intensité quasiment suffocante.
Par rapport au disque, les attaques sont un peu moins précises (la discipline d'orchestre n'est pas tout à fait équivalente), mais l'adaptation à la salle est totale (alors que la prise de son hors sol de RCA n'est pas fabuleuse), en particulier dans la gestion de ces ruptures qui n'étaient pas du tout aussi sensibles en studio. Moins parfait mais plus incarné, d'une certaine façon. De toute façon, on peut faire différemment (plus lyrique ou monumental, plus précipité ou méchant), mais difficilement mieux que ça. Le premier mouvement-monde, le mouvement lent, le scherzo-ländler (qui évoque, joué ainsi, l'ironie de Mahler), la fugue et le choral finals, tout pourrait servir d'exemple dans les écoles de direction – et en particulier un sens de la transition à peu près sans égal chez les chefs en exercice, jusque dans les silences (qui semblent ne pas freiner la progression.



L'Âge d'or espagnol : chansons de la Renaissance et du baroque pour soprano et vihuela ou guitare. Bárbara Kusa, Eduardo Egüez (Billettes, 27 janvier).

Programme très original, vraiment difficile à entendre sous nos contrées (à l'exception de Santiago de Murcia, à l'occasion de ses petits Marizapalos). Progression chronologique :
– avec vihuela (là aussi, on en voit peu souvent en concert en France) pour la partie renaissante ; Juan del Encina, Luys de Narváez, Juan Vásquez, Lluís del Milà, Diego Pisador, Alfonso Mudarra, Estevan Daça ;
– avec guitare (baroque) pour la partie baroque (Torréjon y Velazco, Manuel de Egüés, José Martínez de Arce, Santiago de Murcia, Juan Manuel de la Puente et deux chansons anonymes).

Mentions particulières pour Luis de Milán (Toda mi vida bos amé), Esteban Daza (Ay fortuna cruel), Torréjon y Velazco (Luceros volad, corred) et l'anonyme Que alegre se viste el ayre, si vous désirez aller tester différents styles présents.

Bárbara Kusa est un véritable soprano, qui révèle sa gloire vocale dans les dernières pièces baroques, un peu plus aiguës, et qui chante le reste du programme, vraiment bas de tessiture, dans une émission très intime et adaptée, un peu voilée, un peu soufflée, non dénuée de quelques raucités typiquement ibériques – vraiment au confin des univers, et si l'on sent la technique d'opéra (tendance à couvrir légèrement les voyelles, émission pas ouverte comme dans la musique traditionnelle, un peu moins intelligible aussi), on n'est vraiment plus du tout dans le registre des techniques utilisées pour chanter sur scène. Nous sommes dans la chanson raffinée et intime, qu'elle nous susurre, assise, sans ostentation.

Très beau parcours, très belle expérience, par des spécialistes capables de mettre en valeur des lignes de force dans ce répertoire qui reste très confidentiel – au disque aussi.

(Étrange de chanter uniquement des chansons du XXe siècle en bis – Todo cambia et Alfonsina y el Mar,  la seconde même pas préparée –, une demande de l'organisateur nous ont-ils dit. C'est très sympa, et ce n'est pas tous les jours qu'on les entend avec guitare baroque et diminutions au continuo, mais il aurait été possible aussi d'alterner avec des piécettes piquantes de l'époque, il n'en manque pas, ou bien, vu leur français impeccable, un petit air de cour.)



Actes manqués.

Évidemment, non seulement il ne s'agit que de mon choix, lié à ce que j'aime le plus entendre en concert, mais il y a aussi eu quantité de choses qui avaient l'air bien chouettes et que je n'ai pu voir pour diverses raisons (et notamment la présence d'activités plus intéressanes que le concert, permettez) :
Père de Strindberg (Richelieu) ;
La Maison de Bernarda Alba (Richelieu) ;
– Quintette à cordes de Zemlinsky (Garnier), la plus belle œuvre de tous les temps pour cette formation, rien de moins, deux mouvements achevés et parmi les plus intenses que la décadence ait jamais produits ;
– Suite d'Aladdin de Nielsen tirée de la musique de scène pour Oehlenschläger (il n'existe aucune traduction française de la pièce, mais ça se trouve en anglais dans les bibliothèques ou chez les bouquinistes suffisamment achalandés), à la Philharmonie.

Et d'autres.




Bons plans.

Jusqu'à aujourd'hui, l'Opéra de Massy fait de grosses réductions sur ses productions peu remplies (ordinairement assez chères). J'ai même la possibilité, si cela intéresse quelqu'un, d'obtenir des places à 1€ pour le récital de Laurent Naouri (Die Winterreise) mardi prochain – je ne le recommande pas particulièrement, en l'état de son émission de plus en plus flottante et (délibérément, d'ailleurs) hululante, ni vu son style et son allemand, mais s'il y a des curieux, ce n'est pas un gros risque à ce prix, et le Winterreise, c'est toujours un plaisir.

Pour les autres bons plans, voir ci-dessous une sélection de places peu chères (et plutôt bien placées) que je revends.



En Février ?

Programmation de la Philharmonie et de la Maison de la Radio aidant (je fais délibérément une orgie de Järvi avant son départ, vu qu'il me donne à chaque fois la meilleure version jamais entendue, disque inclus, et que les sympathies entre Harding et l'OP sont encore à étudier), le programme très conservateur de l'Opéra (et fermeture du Comique) s'y ajoutant, très peu d'opéra cette saison. Sur 41 soirées, seulement Ariadne, Orfeo, Moses et la Damnation (pas précisément des nouveautés, en outre). Assez peu de récitals aussi. Février va apporter un peu de glotte dans cet univers aride de la musique pure.

À venir : Dante de Godard le 2 (Versailles), Le Prince de bois le 4 (Philharmonie), improvisations sur l'orgue Rieger de la Philharmonie le 5, Rinaldo de Haendel le 10 (TCE), Requiem de Verdi le 12 (Philharmonie), Chanson européenne au XVIIe siècle le 14 (38 Riv'), le mirifique Quatuor Hanson le 20 (Soubise).

Et peut-être : Fedele dans les concerts Présence (le 13 ?), Trio de Bridge le 13 (Soubise), Motets de Bach et Mendelssohn à Notre-Dame le 16, Orfeo de Rossi le 19 (Versailles), intégrale des symphonies de Mendelssohn par le COE (20 et 21), Villanesche alla napoletana le 21 (38 Riv'), L'Aiglon d'Ibert-Honegger le 21 à Marseille, Le Miroir de Jésus de Caplet le 23 (Notre-Dame), Sonates pour violon et piano de Bach le 24 (Soubise), transcriptions pour vents le 27 (Soubise).

Je signale aussi les Debussy de Tsallagova le 3 (amphi Bastille), la soirée clavicorde à Saint-Germain le 13, le concert de lieder et mélodies L'Oiseleur des Longchamps le 16 (Spohr, La Presle, Polignac…).

Par ailleurs, sont, comme toujours, à vendre quelques bonnes places pour pas cher (pour celles qui ne sont pas encore mises en ligne, on peut m'écrire) :
  • Concertgebouworkest (fouetté par Bychkov) le 5.
  • Rinaldo le 10. J'y serai tout de même.
  • Mitridate (Petibon, Devieilhe, Spyres, Dumaux, Papatanasiu, Dubois, Haïm) le 16.
  • Mendelssohn 2 & 3 par le COE le 20. Éventuellement deux places si je n'y vais pas.
  • Mendelssohn 1, 4 & 5 par le COE le 21. Éventuellement deux places si je n'y vais pas.
  • Meistersinger le 1er mars. J'y serai tout de même.
  • Sibelius 3 (Järvi) le 2 mars.
  • Sibelius 3 (Järvi) le 3 mars (deux places). J'y serai tout de même.
  • Bruckner 9 (Philhar', Inbal), le 4 mars. J'y serai tout de même.
  • Meisersinger le 9 mars. 
  • Printemps de Debussy, Pour une fête de printemps de Chausson, Les Animaux modèles de Poulenc et le Concerto pour orgue à la Maison de la Radio le 10 mars. J'y serai tout de même.

(En garçon organisé, j'avais fait en sorte de ne manquer de rien… et vous en profitez à présent.)

David Le Marrec

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