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dimanche 22 mai 2016

MacParis, printemps 2016


La MacParis (Manifestation d'Art Contemporain) du printemps 2016 (il en existe une autre, automnale) se déroule jusqu'à aujourd'hui au Bastille Art Center. Très séduit par le principe, j'en touche un mot.

bastille arts center macparismacparis
Une porte cochère ouverte sur la rue débouche sur l'exposition.

¶ C'est gratuit, et plus que gratuit, c'est ouvert. Dans un lieu original qui change chaque année, on peut entrer à loisir, les portes sont ouvertes, même pas de billet symbolique. Les œuvres sont exposées sans protection, les fascicules d'information traînent négligemment sur de petites tables, les artistes sont présents autour d'un verre… pas du tout intrusifs, simplement disponibles pour parler de leur démarche, recueillir les impressions des visiteurs, boire un coup avec eux. Au détour d'un couloir, je vois ainsi l'un des plasticiens remettre un bout de la matière utilisée pour ses œuvres à des visiteurs curieux, leur expliquer comment la pétrir, etc. Personne pour règlementer la prise de photos (on est même incité à sortir les portables, chaque artiste ayant son QR code), pour dire dans quel sens déambuler… le sentiment d'être le bienvenu dans un lieu dans le prolongement de la rue, de ville, mais avec le confort et l'intimité d'une maison amie.
On peut aussi bien y passer incognito sans y être arrêté une seule fois, ou bavarder autour de chaque œuvre, pas du tout l'ambiance des grandes expositions solennelles, avec leurs stands et leurs regards intéressés ou inquisiteurs, vous jaugeant au gré de votre probabilité d'acquisition.

¶ Le lieu est très beau. Sous un grand puits de jour, une grande salle unique et sa mezzanine débouchent sur de petites pièces environnantes… à la fois spacieux et pourvu de mille recoins, un bâtiment pas si ancien qui respire pourtant une forme d'authenticité perdue. Le tout très bien exploité par la disposition des œuvres.

bastille arts center macparisbastille arts center macparis

¶ Par ailleurs, et je ne m'y attendais pas forcément, j'ai été assez fortement touché par deux des collections proposées (ce qui est plutôt beaucoup, sur une vingtaine d'exposants, lorsqu'on n'est pas forcément tout uniment enthousiaste des tendances bien en cour). Sans surprise, de son des réalisations relativement traditionnelles, qui ne cherchent pas l'effet, mais qui, dans le cadre réel d'une exposition, ont un impact assez fort.

=> La série photographique des Wastelands de Julien Cresp : des lieux utilitaires ou industriels partout autour du globe qui, par leur abandon, on atteint la poésie des ruines. Avec de grands angles majestueux, des teintes nostalgiques et toujours poétiques. C'est tout simple, peut-être, mais ça marche. J'y voyais pour la première fois l'intérieur des fameuses prisons cubaines inspirées du panopticon de Bentham (ce qui m'a valu une petite conversation avec l'artiste, charmant et facile d'accès), et toutes autres sortes de lieux reculés où il serait compliqué de se rendre pour le simple mortel, et qui n'intéressent pas vraiment les photographes des guides touristiques, à supposer que ces lieux soient licites d'accès, ce qui n'est pas souvent le cas.
Son site reproduit une grande partie de la série, en haute qualité.

julien cresp
« 1000 tout rond », l'intérieur de la prison désaffectée, avec le phare du veilleur.
Photographie de l'œuvre prise dans l'exposition et diffusée avec le consentement de l'artiste.

julien cresp
Tiré de la sous-série « Sanctuaires ».
Volontairement ou pas, l'angle de ce simple escalier évoque les poursuites infinies des gravues de Piranesi.
Photographie de l'œuvre prise dans l'exposition et diffusée avec le consentement de l'artiste.



julien cresp
« Nature divine », Mexique.
Photographie de l'œuvre prise dans l'exposition et diffusée avec le consentement de l'artiste.



julien cresp
« Saint ciment », Italie.
Photographie de l'œuvre prise dans l'exposition et diffusée avec le consentement de l'artiste.



=> Frédéric Messager explore, lui, un rapport très physique au dessin, par exemple en retravaillant sans cesse des fragments déchirés, compressés, qu'il fait enfler aux murs au fil des jours. Ce qui était présenté pour la MacParis, tirée de la série des Vues nouvelles, relevait d'une démarche plutôt inverse, entièrement numérisée avant le tirage sur papier coton : une photographie de paysage déformée numériquement par la superposition de dessins.
Le résultat est stupéfiant : on sort d'un tiroir (comme au Musée Moreau !) une sorte de gravure dont les détails paraissent figurer quelque chose d'à la fois indécelable et familier, un paysage abstrait ou d'un autre monde.

frédéric messager
Frédéric Messager, Faire des mondes – Vue nouvelle n°7-9_back back.rif
Reproduction tirée du site de l'artiste.

Pour percevoir l'aspect fractalaire et le grain de gravure, je me permets de proposer deux détails de deux œuvres différentes, pris sur place – hélas pas pu croiser l'artiste pour lui demander son avis, mais je crois que cela permet de bien mieux se rendre compte de l'intérêt des « toiles » que la reproduction officielle.

frédéric messager
frédéric messager
Deux détails des Vues nouvelles, captation sauvage.

--

Je n'ai cité que ce qui m'a plu, mais on y trouvait aussi beaucoup d'œuvres de vidéastes ou plasticiens beaucoup plus tournés vers l'installation. Remarquablement éclectique sur une si petite surface, donc.

Une belle expérience de visite que je recommande, deux fois par an, toujours gratuitement. 

David Le Marrec

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