samedi 25 novembre 2006
Le disque du jour - XIII - Debussy joue Debussy
Je ne goûte que peu la plupart des versions sur le marché
des pièces pour piano de Debussy, qui recèlent pourtant
de petits bijoux. Avec des souvenirs particulièrement
terrifiés de pianistes excellents par ailleurs, mais assez
étrangers à cette esthétique - tel Krystian
Zimerman.
Si, tout de même, le souvenir des beaux phrasés de l'Isle Joyeuse par Eugen Indjic (2003) - sans doute parce qu'alors baigné dans l'univers chopinien, le ton de cette lecture m'a plus aisément séduit. Par ailleurs, certaines similitudes dans la sobriété, dans un son de tissu plus que de minéral, avec le disque du jour.
Le disque du jour ?
Ceci :
On connaît fort bien les enregistrements laissés par Rachmaninov, mais Debussy ? Car Debussy a joué pour des rouleaux perforés de pianos automatiques, ce qui rend possible une restitution certes imparfaite, mais dans un son irréprochable. Et la surprise joue à plein : la restitution, si elle n'a pas le poids du toucher exact ou le legato parfait des exécutions in vivo, n'en demeure pas moins excellente - bien supérieure à ce que laisse deviner un rouleau sonore des premiers temps de l'enregistrement musical.
Si je recommande le disque par Debussy lui-même, c'est que l'interprétation en est remarquable - sinon, très honnêtement, la curiosité de l'authenticité se lasse bien vite. On échappe à ces lectures façon diamant, régulières, froides, étincelantes. Ici, au contraire, le toucher est feutré, le ton intimiste, les phrasés et les nuancés irréguliers - ce n'est pas un concertiste professionnel, mais un "amateur" plus qu'éclairé qui intervient. Loin de s'attarder sur la perfection des traits virtuoses, exécutés de façon un peu globale, c'est sur l'harmonie que porte l'effort, sur la stylisation des motifs, la mise en valeur des voix, des échos, des structures à l'oeuvre dans la pièce.
Et une simplicité exceptionnelle, dépourvue d'épate. Il n'est que de constater le tempo très modéré et la façon très stable des Arabesques, nullement aquatiques ou supralegato, morceaux charmants quoique superficiels que l'on entend habituellement.
Dans le même temps, un ton de conversation de salon, une proximité bonhomme de cette musique qui touche plus qu'elle n'impressionne.
C'est, au final, l'interprétation à laquelle je reviens le plus volontiers. Elle propose une véritable redécouverte de ces pièces rebatues - et une redécouverte plus précieuse que la découverte, à mon goût.
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Si, tout de même, le souvenir des beaux phrasés de l'Isle Joyeuse par Eugen Indjic (2003) - sans doute parce qu'alors baigné dans l'univers chopinien, le ton de cette lecture m'a plus aisément séduit. Par ailleurs, certaines similitudes dans la sobriété, dans un son de tissu plus que de minéral, avec le disque du jour.
Le disque du jour ?
Ceci :
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La seconde Arabesque. Vous noterez l'attention portée la basse, soit délicatement déposée, soit légèrement décalée par rapport à la main droite, dans le but d'obtenir des climats très précis.
La seconde Arabesque. Vous noterez l'attention portée la basse, soit délicatement déposée, soit légèrement décalée par rapport à la main droite, dans le but d'obtenir des climats très précis.
On connaît fort bien les enregistrements laissés par Rachmaninov, mais Debussy ? Car Debussy a joué pour des rouleaux perforés de pianos automatiques, ce qui rend possible une restitution certes imparfaite, mais dans un son irréprochable. Et la surprise joue à plein : la restitution, si elle n'a pas le poids du toucher exact ou le legato parfait des exécutions in vivo, n'en demeure pas moins excellente - bien supérieure à ce que laisse deviner un rouleau sonore des premiers temps de l'enregistrement musical.
Si je recommande le disque par Debussy lui-même, c'est que l'interprétation en est remarquable - sinon, très honnêtement, la curiosité de l'authenticité se lasse bien vite. On échappe à ces lectures façon diamant, régulières, froides, étincelantes. Ici, au contraire, le toucher est feutré, le ton intimiste, les phrasés et les nuancés irréguliers - ce n'est pas un concertiste professionnel, mais un "amateur" plus qu'éclairé qui intervient. Loin de s'attarder sur la perfection des traits virtuoses, exécutés de façon un peu globale, c'est sur l'harmonie que porte l'effort, sur la stylisation des motifs, la mise en valeur des voix, des échos, des structures à l'oeuvre dans la pièce.
Et une simplicité exceptionnelle, dépourvue d'épate. Il n'est que de constater le tempo très modéré et la façon très stable des Arabesques, nullement aquatiques ou supralegato, morceaux charmants quoique superficiels que l'on entend habituellement.
Dans le même temps, un ton de conversation de salon, une proximité bonhomme de cette musique qui touche plus qu'elle n'impressionne.
C'est, au final, l'interprétation à laquelle je reviens le plus volontiers. Elle propose une véritable redécouverte de ces pièces rebatues - et une redécouverte plus précieuse que la découverte, à mon goût.
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Ce billet, écrit à par DavidLeMarrec dans la catégorie Le disque du jour - Domaine chambriste a suscité :
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