Notre série se poursuit sagement.
Nous
passons sur les traductions en allemand de Dvořák et sur les
lieder en
norvégien de Grieg, parfois traduits en allemand eux aussi, sans
quoi
nous y passerions plus que notre jeunesse.
3.12.
Hugo Wolf
3.12.1.
Présentation
Hugo Wolf est, avec Schubert et Schumann, le troisième
principal pilier des récitals de lied. A peu près aussi
fréquent, on trouve aussi Mahler, mais qu'on pratique assez
modérément en versions réduites pour piano et
chant, et qui se trouve donc essentiellement comme complément de
concerts symphoniques dans la répartition traditionnelle
ouverture-concerto(iciavecvoix)-symphonie.
Wolf, qui, si l'on excepte son opéra
Der Corregidor et son quatuor
à cordes, a essentiellement écrit du lied, dispose avant
toute chose d'une solide implantation dans le récitals
germaniques.
On a longtemps patienté avant d'aborder ce compositeur, car il
est à notre sens l'un des plus difficiles à
caractériser. A cause de la variété des
traitements musicaux, à cause de son langage musical retors,
à cause de la responsabilité qu'il y a à
présenter une pierre angulaire du genre.
3.12.2.
Caractéristiques
En règle générale, on peut
caractériser le langage de Wolf par une sorte de stylisation, voire d'abstraction.
Le langage musical affiche une fausse simplicité, dans des
nuances de gris toujours un peu attristées, mais avec de
nombreux accidents - ici un rythme légèrement
modifié, là une harmonie qui n'avance pas, ici encore de
discrètes syncopes... Alors que sa constitution semble simple
à l'oreille, l'étude des partitions révèle
un travail très précis sur la musique pure. Ce langage
musical est ainsi doublement retors, parce qu'il affiche cette fausse
simplicité en la reconnaissant comme telle, parfois aux
confins de l'affectation. Un jeu très troublant.
Le traitement de la prosodie participe
lui aussi de ce trouble, puisque Wolf demeure toujours sur le seuil,
à la fois proche de la langue parlée, sans
"musicalisation" du propos prosodique (contrairement à Reger ou,
dans une certaine mesure, à Alma Schindler-Mahler), et dans des
lignes mélodiques qui sont absolument dépourvues
d'évidence, comme recréant un possible de la parole -
mais un possible improbable.Suite de la notule.