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Opéra et concert classique : audace, fréquentation et zombies – (1/2)


Trois événements simultanés, la création des Bains macabres de Guillaume Connesson et l'abandon des récitals de piano des Nuits Oxygène ainsi que ceux des Concerts de Monsieur Croche, me font poser des questions sur ce qui permet, aujourd'hui, de remplir une salle.



salle gaveau
La salle Gaveau, le prestige qui ne remplit pas (sauf pour Savall).



1. Survivre parmi les récitals de piano parisiens

Je commence par la part la plus triste. (Vous verrez, le volet « opéra » est beaucoup plus amusant.)

Les Nuits Oxygène ont cessé prématurément leur activité à Paris : concerts dans des lieux intimes choisis, avec des pianistes moins célèbres triés sur le volet, dans les répertoires qu'ils ont creusé parfois hors des sillons ordinaires (Lettberg dans Sibelius, Eckardstein dans Dupont…). Le festival se poursuivra peut-être dans d'autres villes européennes, mais le prix des salles parisiennes (qui menace aussi les activités de la Compagnie de L'Oiseleur) et l'absence de subvention rend, sans même parler d'équilibre financier, l'entreprise très difficilement soutenable.
    Pour l'heure, on peut profiter de certains de ces artistes sur le label associé, Artalinna (le site est aussi un véritable magazine, plus de 1800 chroniques discographiques de Jean-Charles Hoffelé !). En attendant un retour éventuel sous une autre forme.

La presse (musicale) a fait plus grand des Concerts de Monsieur Croche, sans doute en raison de la notoriété de son créateur (Yves Riesel, fondateur d'Abeille Musique, puis de Qobuz, qui ont marqué leur époque et saisi des inflexions majeures de la consommation musicale) et du prestige du lieu choisi, la Salle Gaveau.
    Moyens un peu plus étendus sans doute, et artistes plus célèbres : Peter Rösel, Billy Eidi, Evgeny Sudbin… Mais pas au point de remplir suffisamment pour équilibrer les coûts. Le récital de Sudbin, pianiste formidable qui a fait peu de disques récemment (hors le Trio de Tchaïkovski avec Gluzman, gravure splendide par ailleurs), et n'a pas forcément eu beaucoup de visibilité en France hors de son passage tout jeune à La Roque d'Anthéron, avait même dû être annulé faute de réservations.

Pourquoi cet échec, ou du moins ce nécessaire renoncement ?  Le communiqué de presse pointe la Philharmonie, qui siphonnerait toutes les subventions et toute l'attention des médias. Évidemment, accuser le succès des autres n'est pas une bonne explication, mais ce n'est pas complètement fantaisiste non plus. J'ose (sans les chiffres, donc vraiment au doigt mouillé) quelques pistes.

1) Le concerts classiques non subventionnés sont quasiment impossibles à équilibrer. Par rapport au coût d'un cachet, de la location d'un Steinway (+ transport, accord, assurance), de la salle (+ le personnel d'accueil, l'éclairage…), il faut ou remplir complètement, ou faire payer vraiment très cher.

2) Même pour moi qui suis en principe un garçon informé en matière de concerts parisiens, je n'en ai eu vent que par des mélomanes qui connaissaient personnellement Yves Riesel ou d'autres qui le connaissaient…  Il y avait un problème de communication, alors que je reçois très bien les informations de concerts dans des églises. Sans doute lié au modèle même de Gaveau, une coquille à louer pour des organisateurs de concerts : pas de brochure de saison, tout se remplit au fil du temps, il faudrait donc chaque mois se connecter pour vérifier, sachant que le programme y est très disparate, de Jordi Savall à des tubes par des orchestres de cacheton, ne s'adressant pas forcément à un public bien identifié. Malgré la notoriété du lieu, l'organisateur ne peut pas compter sur la salle pour informer son public – et malgré des publicités payées dans les médias spécialisées, la plupart des amateurs de piano autour de moi n'ont rien vu passer.

3) Le principe de Monsieur Croche était de faire du vrai récital traditionnel sans concession. Le programme n'était le plus souvent pas original (les Chopin / Rachmaninov / Ravel qu'on entend ailleurs), par des interprètes reconnus (Billy Eidi est une sommité du répertoire français XIXe, et qui a beaucoup enregistré !), mais peu célèbres.
    Or, pour moins cher, on peut avoir un autre pianiste qu'on ne connaît pas (à la carrière moins glorieuse peut-être, mais une très large partie du public, même mélomane, n'en saura rien), dans une jolie église chauffée ; ou alors voir Argerich / Zimerman / Barenboim pour 10€ à la Philharmonie, qui est ultrasubventionnée et peut se permettre des prix très en-dessous de la réalité des coûts.
    À cela s'ajoute l'expérience de spectateur à Gaveau qui n'est pas extraordinaire : beaucoup de places à visibilité réduite, une salle qui ouvre au dernier moment avec des queues sur des paliers décatis et jusque dans les escaliers, un programme (rien que pour avoir les pièces jouées) systématiquement payant, une absence de communication avec la régie qui fait parfois commencer le spectacle alors que tout le monde n'est pas placé, et pour couronner le tout le petit panneau indiquant qu'il faut financer nous-mêmes le personnel destiné à surveiller que nous ne prenions pas de meilleures places… On n'a pas forcément le sentiment de participer à une expérience singulière, contrairement à la Philharmonie neuve, spectaculaire, au personnel jeune, mélomane et avenant, à la notoriété considérable, aux prix bas.

4) À mon sens, vouloir exercer une compétition dans un répertoire déjà couvert par la Philharmonie et le TCE, qui disposent de lieux plus prestigieux et de subventions permettant une entrée de gamme moins chère, qui proposeront des pianistes plus célèbres et ont suffisamment de places pour accueillir du monde pour un récital de piano… est quasiment sans espoir si l'on ne propose pas un format différent.
    Pour se différencier dans cette tranche, il faut proposer des lieux originaux (dans un musée par exemple) ou des dispositifs plus attirants – en ce moment, des concerts aux bougies sont vendus comme des croisières, « une expérience inoubliable », tout en invitant les meilleurs jeunes ensembles de chambre… Les prix sont assez hauts mais le remplissage semble assez bon. Et on les voit très bien sur les réseaux sociaux où ils ont acheté beaucoup d'espace. Ils proposent quelque chose où le néophyte se sent prêt à aller (ou bien où soi-même on se sent prêt à l'emmener), pour aller entendre les mêmes trios de Schubert et Mendelssohn qu'on entend partout ailleurs, mais présenté sous un angle qui n'est pas celui de la musique pure. Je sais que ça indigne bon nombre de mélomanes, et cependant je ne suis pas sûr que pour remplir, ou même pour faire franchir la porte des salles, il ne soit pas nécessaire d'attraper dans un premier temps le public par des arguments extra-musicaux. Il ne s'agit pas de faire du concert une grande foire avec des ballons et des sketches, où plus personne n'écouterait la musique, mais de ménager une atmosphère, un événement qui réussisse sa captatio benevolentiæ.
    Je ne le dis pas non plus pour plaider pour les raretés, je crois que les concerts auraient été encore moins remplis si les programmes avaient été de type Ropartz-Cras-Ladmirault ou Roslavets-Liatochynsky-Mossolov, évidemment.  Ou alors il aurait fallu le présenter comme une sorte de festival patrimonial, avec un acteur qui vienne lire des poèmes poèmes, de belles photos de mer d'un photographe breton projetées pendant le spectacle… Je ne peux pas promettre que ça marche, mais je dirais que ça peut fonctionner potentiellement, alors que dernière Sonate de Beethoven par quelqu'un que personne ne connaît alors qu'on a toutes les vedettes qui la jouent pour moins cher à la Philharmonie…



Dans mon expérience (extérieure) de spectateur qui fait beaucoup de salles différentes, et beaucoup de soirs successifs dans les mêmes salles, je vois trois paramètres majeurs pour le remplissage, assez (tristement) immuables :

Proximité. Une portion du public va voir ce qu'il y a près de chez lui. Les personnes âgées qui vont salle Wagram (alors qu'on joue de meilleures symphonies de Beethoven à la Philharmonie pour moins cher), les banlieusards qui ne peuvent pas faire du transilien jusqu'à 1h du matin et vont dans le théâtre local voir successivement la pièce de théâtre grand public, le stand up à la mode, le concert de symphonique de la saison.
Certaines salles ont aussi une relation de confiance avec leurs habitués : j'en connais qui vont « à l'Opéra-Comique » ou « à Cortot », parce qu'ils savent que la qualité sera au rendez-vous. [Pour ma part, je le fais aussi, à l'Athénée… lorsqu'ils jouent un opéra dont je ne connais même pas le compositeur, j'y vais, même si le sujet ou l'esthétique ne me font pas envie en principe, parce qu'ils ont démontré qu'ils choisissaient bien leurs titres, réalisaient les choses très consciencieusement, et qu'on est bien (re)placé et bien accueilli…]

Vedettes. Placez quelqu'un de suffisamment célèbre, dans n'importe quel programme, c'est rempli. Quel que soit le programme, l'heure, le format, jetez Argerich ou Kaufmann sur l'affiche, vendez 100% des billets. (Pas sûr que la soirée soit amortie pour autant avec les cachets, puisqu'ils ne sont pas accompagnés par l'Orphéon municipal, mais en termes de prestige et de remplissage, c'est réussi.)  D'où ma tendance à me plaindre lorsque ces illustres personnes imposent des programmes rebattus (parfois par eux-mêmes, n'est-ce pas Dame A*** ?), alors qu'elles pourraient choisir des œuvres négligées qui leur tiennent à cœur, et permettre à un vaste public d'y accéder. Changer peut-être l'histoire de la musique, d'une certaine façon, comme le fit Bartoli en imposant Vivaldi (dont les mélomanes mêmes ignoraient à peu près l'importance du legs lyrique profane) sur toutes les scènes du monde.

Titres célèbres. Incluez la Cinquième de Beethoven, le Requiem de Mozart ou la Danse du sabre ; n'importe quel orchestre d'amateurs peut faire salle comble.

Dans le cas où vous ne pouvez pas vous appuyer au moins sur l'un de ces paramètres, et programmez des gens moyennement célèbres qui jouent des titres un peu moins courus dans un lieu qui ne soit pas le Champ de Mars ou la Pyramide du Louvre… il faut ruser et bien communiquer – faire appel à un sujet d'actualité, une occasion généreuse, un format inhabituel, un aspect festif… En tout cas créer une différence qui justifie vos prix plus élevés que lorsque la Philharmonie opère un home run en cumulant Kaufmann + Verdi + prix cassés.

Je me suis déjà fait la remarque, en observant les spectateurs fascinés durant les ciné-concerts, et parfaitement silencieux, qu'on aurait tout intérêt à diffuser de jolies photos ou des documentaires animaliers en fond pendant qu'on joue le grand répertoire : voilà qui occuperait l'attention des enfants, des impatients, des tousseurs, des déballeurs de bonbons, et laisserait les passionnés profiter en toute quiétude de leur concert – certes, au prix d'une petite nuisance visuelle. Même pour le plus chevronné, de petites images de hérissons gambadant dans le Vercors ne seraient-elles pas très bienvenues pour occuper l'esprit pendant la huitième itération du cor de postillon de la Troisième de Mahler ?  Manière de reprendre des forces avant les mouvements plus substantiels.

Les concerts où le public peut être debout ou circuler sont en général peu convaincants (on a mal au dos, on peine à suivre, il y a de l'agitation), mais on pourrait tout à fait tester (cela s'est fait) des concerts dans le noir (sans doute très dépaysant et vraiment intéressant), ou allongés – sur des matelas gonflables ou je ne sais quelle fantaisie… Ou, comme le fait Grégoire Ichou, des déambulations dans des monuments, où chaque pièce illustre un aspect de l'architecture, du mobilier, des collections… et se coule dans l'acoustique spécifique de chacune des salles.

On peut aussi tenter, dans la programmation, de rapprocher des œuvres selon des thématiques (sur l'imitation de la nature ou des automobiles, par exemple), de façon très concrète. Ou bien des concerts-ateliers (un peu sur le mode Zygel) avec des démonstrations d'effets (qu'est-ce que ça change si on ajoute du vibrato, double le tempo, remplace la clarinette par un cor…) qui pourraient carrément devenir des concerts en eux-mêmes – une symphonie de Mozart dont on écrirait un arrangement où les hautbois jouent les parties de cordes et inversement… !  En tout cas quelque chose qui change des formats parfaitement arbitraires Ouverture-Concerto-Symphonie – qui a le désavantage de forcer à trouver une intro souvent mineure et moins bien travaillée en répétition, de frustrer les amateurs d'instrument et de forcer les mélomanes à attendre la seconde partie pour entendre de la musique intéressante…

Je sais que toute une partie des mélomanes sérieux considèrent que ce type de démarche ludique, qui ne respecte pas l'intégrité des œuvres, est indigne du concert ; pourtant, c'est aussi faire de la musique, et permettre de l'entendre autrement. Je ne dis pas que cela doit devenir la norme, mais en faisant du concert autre chose que la répétition comparée des mêmes œuvres abstraites par des interprètes différents, on peut peut-être se faire une place auprès des grandes institutions. Si c'est donner un programme Beethoven-Brahms-Ravel dans une salle moins cotée et par un pianiste peu connu, on a perdu d'avance. La différenciation est indispensable à mon sens, fût-ce de façon moins radicale – répertoire alternatif, adjonction de récitant, glisser une Fantaisie écrite par le pianiste sur des thèmes célèbres, prévoir une séquence improvisation…

Si vous voulez risquer votre argent, j'ai des idées pour vous.



2. L'opéra de l'avenir

Seconde étape, plus festive, autour des possibilités de nouveaux sujets et formats ouvertes par l'opéra contemporain…

Pour le second épisode, à venir bientôt.



(Je ne serai pas en mesure, pour des raisons techniques, de répondre aux commentaires avant la semaine prochaine, d'avance mes excuses.)

Pour vous occuper, vous pouvez continuer de suivre les nouveautés discographiques qui continuent d'être commentées, ou la série Un jour, un opéra qui a été alimentée chaque jour depuis le 15 janvier (je ne promets pas pour cette semaine).

À bientôt, estimés lecteurs !


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Commentaires

1. Le lundi 27 avril 2020 à , par antoine

Cette nuit, une heure du matin du lundi 27 avruk, sur Arte des trios de Beethoven joués par Barenboim, personnage hautement estimable par ailleurs, et deux partenaires à l'archet : décevant, une interprétation quasi scolaire et sans vie...

2. Le lundi 27 avril 2020 à , par DavidLeMarrec

Avec son fils Michael et Soltani, je suppose ? Ils font une tournée ces temps-ci avec les trios de Beethoven. Intégrale des symphonies, des sonates, des trios, le moins qu'on puisse dire est qu'il aura contribué à cette année anniversaire – et, bien sûr, pas dans le domaine de la redécouverte de pépites négligées, ce n'est pas le style de la maison (la seule chose un peu aventureuse qu'il joue sont les Boulez, je crois bien).

Par ailleurs, hautement estimable, ça dépend du point de vue, le boss comme l'être humain semblant particulièrement odieux ainsi qu'en attestent de nombreux témoignages, par exemple ceux recensés dans ce long article : https://van-us.atavist.com/the-titans-shadow.

3. Le lundi 27 avril 2020 à , par Benedictus

Les Boulez, il les joue vraiment bien, d'ailleurs - et d'une manière qui renouvelle assez sensiblement l'écoute.

4. Le mardi 28 avril 2020 à , par DavidLeMarrec

Je ne trouve pas – assez lyrique & épais, comme d'hab' : ça fait surtout entendre la mélodie supérieure, en somme. (Mais je n'ai écouté que ses Notations, avec un orchestre pas au top de surcroît.)

Je n'y ai rien remarqué qui déroge à ses habitudes (pénibles) d'interprétation, en tout cas.

5. Le mardi 28 avril 2020 à , par Benedictus

Ah, oui, tu parles du disque Erato avec l'ODP, je l'avais oublié, celui-là...
Non, en fait je faisais référence au disque DG avec son Divan Est-Ouest. En particulier, une version très étonnamment «viennoise» de Dérive 2, avec au contraire tout un travail sur les lignes et les strates (là où Boulez / EIC est au contraire pointilliste, et tous les instruments sur le même plan.)

6. Le mardi 28 avril 2020 à , par antoine

David, soit, mais moi je ne l'écoute et ne le vois que de loin...et d'ailleurs existe-t-il un seul personnage (suffisamment grand pour être connu) sans le moindre défaut?

7. Le mardi 28 avril 2020 à , par DavidLeMarrec

@Benedictus : Oui, le disque de Barenboim avec l'Orchestre de Paris est le moins bon enregistrement des Notations, à mon sens…

Je n'ai pas essayé la version du Divan – j'ai fini par éviter soigneusement Barenboim, du moins à partir de la fin des années 90 où il n'a plus livré grand'chose de mieux que lourd, à mon sens – exception notable de ses Schumann avec la Staatskapelle de Berlin, je ne m'explique pas comment il a pu réussir ça, dans les symphonies où la lourdeur est la plus naturelle et la plus rédhibitoire ! Je note, pour une réécoute future de l'œuvre.

8. Le mardi 28 avril 2020 à , par DavidLeMarrec

@Antoine :

Il ne s'agit pas vraiment du moindre défaut, mais d'une personnalité globalement problématique. :) Disons que de meilleurs musiciens qui fassent moins de dégât, oui, je dois pouvoir trouver.

Évidemment, personne n'est parfait, et encore moins en général les vedettes. Mais Barenboim n'a vraiment pas le meilleur ratio génie / vilenie.

(Vu l'hagiographie qui l'entoure, oui, on ne le sait pas forcément si on ne tombe pas dessus par hasard ! Pour ma part, ce sont des camarades de concert qui m'ont raconté le cérémonial des félicitations post-concert de la part de ses musiciens, se succédant pour lui remettre un compliment dans la loge verte ! Ça situe tout de suite le personnage, et il semble que ce ne soient pas des bruits de couloir mais bien une tradition attestée !)

9. Le mercredi 29 avril 2020 à , par Benedictus

Je ne suis pas ces choses-là de très près, mais j'ai même plutôt l'impression, justement, qu'aujourd'hui, certains des chefs les plus starisés (et chouchous des grands orchestres), comme Andris Nelsons ou Yannick Nézet-Séguin, auraient même plutôt tendance à cultiver l'autorité bienveillante. Certes, le problème, c'est que ça s'entend un peu trop dans leurs interprétation; mais d'un autre côté, si les Bruckner de Nelsons et Nézet-Séguin sont tout à fait anodins, ils ne sont pas non plus aussi ratés que ceux de Barenboim.

10. Le jeudi 30 avril 2020 à , par DavidLeMarrec

Ce sont deux aspect assez distincts (pour ne pas dire étanches) : oui, les orchestres n'acceptent plus qu'on leur parle à la manière Toscanini, qu'on les contraigne à la façon Reiner, qu'on se déifie façon Karajan… Pour autant, l'attitude plus « horizontale » des chefs en répétition ne garantit absolument rien sur leur caractère humainement fréquentable – je n'ai jamais eu de mauvais écho sur les deux que tu cites, mais souvent, quand on regarde de près, la notoriété corrompt, et beaucoup se comportent en roitelet, voire chassent avec un peu trop d'aise dans leurs prébendes d'ascenseur.

C'est vrai que Nézet et Nelsons ne sont pas exactement des interprètes spécialistes du paroxysme et de l'outrance, mais je ne suis pas persuadé qu'il y ait une corrélation si étroite entre l'homme et l'œuvre – des gars antipathiques qui font du robinet d'eau tiède, on en a beaucoup.

Quant à Bruckner… ma foi, je ne suis pas sûr de te suivre. J'aime énormément Nézet-Séguin, ultime dans Mozart, excellent dans Mendelssohn, Brahms ou Mahler… mais justement, ses Bruckner sont vraiment ratés pour moi : tout est lisse d'un trait, égal, sans enjeu. Alors que Barenboim, je le trouve inutilement lourd et à rebours (à essayer d'obturer le spectre – j'avais même pondu une notule pour m'en plaindre), mais globalement, ça fonctionne, on comprend le principe de la musique qu'il joue – même s'il y a infiniment plus efficace et satisfaisant.

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David Le Marrec

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