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[Carnet d'écoutes n°110] – Arnold Bax, les intégrales des symphonies


Là aussi, tiré d'une contribution (non retouchée) pour Classik.

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Ces symphonies sont l'un des corpus les plus célèbres… dans le milieu des pas célèbres.

Un quasi-classique des amateurs de symphonique, mais à peu près inconnu des mélomanes généralistes – ne me dites pas non, vous ne pourrez pas le réfuter, il n'y a par essence pas vraiment de mélomanes généralistes sur un forum spécialisé…

À titre personnel, j'aime beaucoup son caractère syncrétique (les 1 et 2 sont vraiment des récapitulations impressionnantes de l'état de l'art symphonique…), et aussi son aspect vaporeux, dont les arêtes structurelles échappent facilement (les 5-6-7 sont des sortes de Sibelius encore plus invertébrés et noyés dans des vapeurs très britanniques…).

Je ne trouve pas ça meilleur que d'autres symphonies britanniques du temps (le plus divers Vaughan Williams, les plus articulés et tempêtueux Bowen, Bliss, Moeran, Walton m'intéressent sensiblement plus), mais ça reste très intéressant – en plus ça se réécoute très bien, on peut passer très longtemps à côté de la forme…

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À ma connaissance (mais le grand-prêtre Mélomaniac viendra me corriger si je fais fausse route), trois intégrales en CD.

¶ Bryden Thomson et le London Philharmonic (Chandos).
¶ Vernon Handley et le BBC Philharmonic (Chandos)
(À ne pas confondre avec le Symphonic, sis à Londres : le Philharmonic se trouve à Manchester, et a un répertoire discographique un peu plus aventureux, même si les deux sont des orchestres « de radio », donc destinés par statut à l'exploration.)

→ Ces deux intégrales sont assez proches de mon point de vue : la prise de son Chandos, avant les années 2000, était vraiment lointaine et très réverbérée. On entend assez mal les détails, dans une musique où ils sont pourtant essentiels. Petit faible pour Handley néanmoins, un peu plus de netteté et de fermeté, mais tout est – vraiment – relatif.

¶ David Lloyd-Jones et le Royal Scottish National Orchestra (Naxos).
Là aussi, pas dans les meilleures années de Naxos, mais un spectre beaucoup plus lisible, des angles qui paraissent un peu plus fermes aussi. En revanche, les cuivres brament avec assez peu d'élégance (de ces gros cuivres gras britanniques, ce n'est même pas acide ou électrisant), ce qui est un peu pénible dans les symphonies les plus chargées (les premières surtout).
Néanmoins l'intégrale qui, sur la durée, m'a le plus convaincu (les 4-7 sont vraiment très bien).

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Tout récemment découvert la série chez Lyrita, avec le London Philharmonic dirigé par Myer Fredman dans la 2 et, contre toute attente, Raymond Leppard dans la 5.

Prise de son très crue, avec des cordes rugueuses, des bois très verts et en avant, on entend remarquablement les détails, dans une veine combattive (explicite pour la 2, moins impérative pour la 5) qui rend tout beaucoup, beaucoup plus saillant !

Sur les conseils de Mélomaniac, j'ai cherché à poursuivre la série, mais je n'ai pu mettre la main que sur la 6 avec le Philharmonia dirigé par Norman Del Mar. Évidemment, ce n'est pas la même chose que le LPO : la prise de son reste aussi lisible, mais on retrouve l'orchestre visqueux de ces années, avec ses cordes opaques, ses vents sombrés, cette impression de grosse pâte qui ne laisse passer la lumière qu'à regret… Il a vraiment fallu attendre la fin des années 90 pour que cet orchestre tienne le rang de sa notoriété (époque où, justement, sa visibilité et son nombre d'enregistrements ont fortement décliné), et encore, cela tient vraiment des enregistrements et des chefs – les témoignages Simax ne le montrent pas comme le meilleur orchestre du moment, clairement (et ne parlons pas des Brahms avec Thomas Sanderling !).

J'espère donc trouver le volume manquant.



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Commentaires

1. Le dimanche 8 octobre 2017 à , par Diablotin :: site

C'est marrant, cette appréciation du Philharmonia :-) Avec Sinopoli, dans les années 80-90, et en particulier dans la musique anglaise -ses très beaux Elgar, par exemple-, je ne le trouve pas particulièrement opaque. Peut-être est-ce dû aux ingénieurs du son -Sinopoli enregistrait pour DGG, le Philharmonia est beaucoup plus souvent enregistré par EMI, dont les prises de son durant les décennies 70-80-90 furent assez grises et ternes- ?
Je ne suis plus tout-à-fait un mélomane généraliste -du moins ai-je la prétention de le croire ;-) -, mais les symphonies de BAX me parlent cependant assez peu -et pourtant, j'aime beaucoup la musique anglaise !-. Plus généralement, ce n'est pas dans ce genre très formel que les musiciens anglais ont le mieux réussi, me semble-t-il.

2. Le dimanche 8 octobre 2017 à , par DavidLeMarrec

Dans les années 90, il commence à se normaliser, mais jusque dans les années 80, c'est assez . Les singularités de Sinopoli compensaient très bien ça, c'est vrai, mais c'est d'autant plus fragrant lorsqu'on écoute le même chef diriger la même œuvre avec ou sans le Philharmonia. Frappant, vraiment (pour le répertoire britannique, on peut le faire dans la même prise de son et dans les mêmes années…).

Les symphonies de Bax sont tout sauf formelles, tout de même ; ou alors formelles au sens sibélien-explosé… Ses poèmes symphoniques sont justement beaucoup moins intéressants, assez pétaradants, gras et particulièrement peu raffinés. Mais oui, c'est un univers un peu à part dans ses symphonies, même dans l'offre déjà déviante singulière des compositeurs britanniques.

Je trouve qu'il y a quantité de symphonies anglaises très réussies dans ces années, en fait (j'en propose quelques-unes comme les Bliss, Moeran ou Bowen). Ça a été une surprise, mais le fonds n'est pas du tout aussi lisse et terne qu'on pourrait le croire en débutant l'exploration. Tu dois bien avoir toi-même quelques doudous dans cette zone-là, non ?

3. Le dimanche 22 octobre 2017 à , par Diablotin :: site

Pour ma part et pour ce qui touche aux œuvres orchestrales anglaises post-victoriennes, j'aime assez, en ce moment, les rhapsodies de Stanford, ainsi que son concerto pour violoncelle, et j'écoute également pas mal de Walton. Le fait est, cependant, qu'il me reste trop de choses à explorer -je pioche aussi abondamment dans l'énorme catalogue d'archives du blues...- selon mon temps disponible :-) !!!

4. Le dimanche 22 octobre 2017 à , par DavidLeMarrec

J'ai aussi écouté pas mal de Stanford dernièrement, j'aime beaucoup la sobriété et l'atmosphère positive des symphonies, même si elles se ressemblent un peu entre elles (glané quelques beaux scherzos, aussi !). Le Stabat Mater est étonnant, vraiment inspiré de bout en bout et très vivant, une vision inhabituellement dramatique.

Je n'ai pas (encore) essayé les Rhapsodies, genre où les compositeurs, en tout cas à l'orchestre, m'intéressent moins en général (Moeran, Alfvén… sans parler de Debussy, hein). Ça s'approche de quoi ?

5. Le lundi 23 octobre 2017 à , par Diablotin :: site

C'est de la très bonne et très agréable musique, dont tu trouveras une assez belle description ici : http://www.musicweb-international.com/classrev/2004/jan04/Stanford_Rhapsodies.htm
C'est plus concis que ses symphonies, forcément, et plus varié aussi. Son concerto pour clarinette est intéressant aussi.
Je me rappelle que j'avais acheté tout cela en lot au début des années 90 -sept CD à prix fracassé dans un bac à soldes en Allemagne, les ventes ont dû être misérables hors UK et je ne les avais jamais vus en France : Vernon Handley/Ulster Orchestra + d'excellent solistes, chez Chandos-.

6. Le lundi 23 octobre 2017 à , par DavidLeMarrec

Merci ! Le concerto pour clarinette est absolument délicieux, il fait partie de mon top – avec Cartellieri, Copland, Adams et Hakola

Oui, je suppose que ça ne peut pas se vendre hors localement, et encore. C'est pour ça que ces labels sont des trésors !

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