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[bruits de saison] – Fort Boyard symphonique

    Je m'aperçois que l'émission existe toujours – et qu'elle a même existé sans discontinuité –, avec une tendance à gommer la spécificité du lieu (portes assorties à l'épreuve, images retouchées numériquement avec des moyens qui évoquent les essais du début des années 2000, personnages sans rapport avec une ligne défensive inter-insulaire du premier XIXe ou une prison du second XIXe), une fragmentation extrême et une complexification du scénario, loin des débuts où des baroudeurs anonymes étaient filmés à l'heure de diffusion, de nuit, avec des caméras parfois en plan fixe dans les endroits difficiles.

    Ça a l'air cela dit toujours très sympathique, je remarque simplement que, si les lignes de forces sont restées très sensiblement les mêmes depuis 1990 (aussi bien la structure narrative général que le type d'épreuve), la dimension pittoresque est désormais largement atténuée au profit des personnages et des jeux eux-mêmes. Pas de bagnard ou de bohémienne, moins de plans sur les vieilles pierres.

fort boyard fin annees 1980
Chemins de ronde du fort dans la seconde moitié des années 80.
(crédits en bas de l'image)

    Mais si j'en parle ici, c'est que j'ai été frappé par l'évolution du générique. C'était, dès le départ, une trompette de synthèse sur timbales analogiques, mais tout à fait jubilatoire :

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(générique de 1995)

    Les rythmes martelés très bruts, mais irréguliers, et le thème simple (mais un de ceux immédiatement prégnants, de l'étoffe dont on fait les tubes) à la trompette stridente et épique constituaient des ingrédients excessivement simples, mais de nature à camper immédiatement une atmosphère.

    La musique de Paul Koulak a été conservée à travers les saisons mais remaniées (probablement par lui d'ailleurs). Très étrangement, la hauteur de la mélodie a été spectaculairement baissée, ce qui enlève beaucoup de son panache.

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(générique de 2017)

    La fidélité des timbres synthétiques est, étrangement, bien moindre qu'en 1995. (Vous aurez aussi remarqué que la musique ne sert plus que de fond aux images, et que la seconde partie du thème a tout simplement disparu.)

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    En constatant cela, je me suis à nouveau pris à rêver à une belle forme-sonate qui exploiterait ce thème, et suis allé chercher si quelque pékin ne l'aurait pas, pour commencé, tenté avec de réels instruments, voire orchestré.

    Hé bien si.


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(Symphonique de Police, en 2011.)

    C'est ici l'Orchestre Symphonique de Police (qui se présente lui-même uniquement sous le nom internationalisable « Police Symphony Orchestra ») qui officie. Police (à prononcer « pôlitsè ») est une petite ville à l'Est de la Moravie – à la pointe Nord du kraj de Zlín, pour ceux qui sont bons en géographie administrative tchèque – dont le nom ne rend pas les recherches commodes, mais ce n'est ni une ville de seconde importance, ni même de troisième (et peut-être même pas de quatrième). Son orchestre n'est d'ailleurs pas bien vaste, plutôt de format mozartien (quatre violoncelles dans l'enregistrement ci-dessus, et cinq permanents dans la nomenclature officielle de l'orchestre), et tous ses membres en sont bien jeunes – je n'ai pas l'impression, vu leurs propos sur leur site, que ce soient des professionnels non plus.

police symphony

    Toujours est-il que le Symphonique de Police aime à donner des pièces du répertoire grand public international, et, mieux, les documente par des captations. Or, Fort Boyard existe en de nombreuses déclinaisons étrangères, et sa notoriété a largement excédé la seule France – même si chacun regarde les émissions de son pays, naturellement.

    C'est ainsi que l'on peut goûter cette belle version incluant marches harmoniques et dépendances du thème (notamment la petite extension aux cordes). Hélas à la hauteur de la transposition basse des génériques plus récents (moins d'éclat des trompettes), mais tout de même, Vojtěch Stehlík nous emplit les esgourdes de ses timbales martelées. Hourrah.

    Malgré le contenu rudimentaire de la composition de départ (et pas vraiment étoffée lors de l'orchestration, énormément de doublures), ça fonctionne complètement pour moi. Voilà un joli bis pour changer « du » Menuet de Boccherini.

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Ne me jugez pas, je fais partie de ces âmes perdues qui aiment beaucoup le final de la Septième Symphonie de Mahler.

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(Gürzenich de Cologne, Markus Stenz.)

Et, sans doute encore moins imité, capable de me faire des boucles de fanfares de Richard Strauss.

Lecteur, en vos oraisons souvenez-vous de mes péchés.


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Commentaires

1. Le lundi 17 juillet 2017 à , par Diablotin :: site

Le lien vers les fanfares de Richard Strauss ne fonctionne pas et génère une erreur 404. Le serveur n'a pas supporté les martèlements intempestifs inclus dans cette notule estivale ;-) Je ne vois pas d'autre explication plausible...

2. Le lundi 17 juillet 2017 à , par DavidLeMarrec

Bonjour Diablotin !

Martèlements, assurément, mais intempestifs ? Je m'insurge.

C'est réparé, merci (un bout de code en moins qui a généré un bout de code en trop…). Il aurait tellement été regrettable pour vos vies que vous manquassiez cette subtile fanfare straussienne !

3. Le mardi 18 juillet 2017 à , par Ugolino le profond

On peut quand même dire que cet affreux thème est pompé sur la musique de Poledouris pour Conan le Barbare, qui est de tout aussi mauvais goût mais infiniment mieux écrite et orchestrée ?

4. Le mardi 18 juillet 2017 à , par DavidLeMarrec

Toujours les mêmes obsessions, je vois.

On peut dire ce qu'on veut, bien sûr, mais ça n'a pas grand rapport.

¶ Il y a des rythmes comparables avec des percussions seules, qui prouvent surtout que les deux ont écouté – ô surprise – le Sacre du Printemps, et éventuellement que Koulak a écouté Poledouris. Ou simplement un mélange de Schumann 2, Brahms 1 et Nielsen 4, hein.

¶ Il y a un mouvement mélodique comparable (peu ou prou 15% du premier thème de Fort Boyard), tout à fait banal d'ailleurs, on doit trouver ça dans plein de cantates baroques et de symphonies du XIXe siècle.

Ça fait peu.

L'usage en est aussi différent, puisque la musique de Poledouris est susceptible de muter (quelques jolies modulations) alors qu'un générique de télévision n'a pas du tout le même propos, censé être une boucle simple et identifiable, pas un accompagnement atmosphérique au long cours.

Par ailleurs, il n'est pas pertinent de parler d'orchestration pour une pièce au synthétiseur comportant trois instruments – honnêtement, trompette et timbales, avec des réponses aux cordes, le modèle est plutôt LULLY que Poledouris, à mon sens.

On a donc un rythme de timbales un peu décalé mais régulier (qu'on trouve dans plein d'œuvres symphoniques du XXe) associé avec un profil instrumental et mélodique qui est une sorte d'équivalent romantisé du Te Deum de Charpentier. Même s'il y a des moments qui ressemblent à Conan (qu'il a probablement écouté de toute façon), on est loin du plagiat.

5. Le mardi 18 juillet 2017 à , par Ugolino le profond

[couic]

6. Le samedi 22 juillet 2017 à , par DavidLeMarrec

Soyons honnête, je n'ai lu que la première phrase.

Je te remets un peu de perspective si jamais toi ou d'autres lecteurs se demandent d'où me vient cette fantaisie de censure.

Si tu t'es fait virer de multiples fois de Classik (pas par moi), un endroit qui est tout sauf hostile, c'est que tu étais désagréable avec les gens. Jamais pour tes opinions, qui ont toujours pu être exprimées librement. Xavier t'a d'ailleurs permis de revenir de multiples fois (même après ton exploit d'inonder nuitamment le forum de messages insultants), c'est être assez ingrat que de considérer que c'est la faute des autres.

Pour ma part, j'ai été patient également, je t'ai accueilli pendant plusieurs années ici, je t'ai répondu systématiquement, patiemment, même si le ton n'était pas toujours amène à mon encontre (pour info, plusieurs habitués que je tolère ça chez moi). Et même si cela me faisait prendre des risques juridiques (les accusations de plagiat contre des compositeurs en activité…) – mais ça aussi, tu considères sans doute que ça t'est dû, et que tu n'as pas plus à t'en soucier que du respect de tes interlocuteurs.

Je t'ai même fourni des enregistrements rares que tu cherchais.

Cela ne t'a pas empêché de mettre en cause mon « éthique » la dernière fois que tu es intervenu ici.

J'ai t'ai passé tous ces caprices, alors que je ne te connais même pas.

Tu reviens ici un an plus tard sans un mot d'excuse. Je ne te fais rien remarquer.
Mais c'est manifestement pour souligner ma « mauvaise foi ».

Je t'offre le luxe de cette explication (qui m'a tout de même volé un quart d'heure de ma vie, que je ne reverrai jamais), dernier cadeau de ma patience (d'ange), pour que tu ne te demandes pas toute ta vie pourquoi tout est si injuste. Ce ne l'est pas, tu offenses de façon répétée pour te plaindre ensuite d'être mal traité, tu ne peux pas espérer que les patiences les plus amples ne finissent par s'émousser quelque jour. Nous ne sommes qu'humains.

En ce qui me concerne, malgré toute mes velléités de bienveillance, j'éprouve aujourd'hui avec un soupçon de tristesse les limites qui montrent combien je ne suis qu'humain.

Tu as cessé d'être le bienvenu ici.

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