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[Carnet d'écoutes n°79] – Jean Sibelius contre les russes, Blandine Staskiewicz contre les vents, Kirill Petrenko contre les vieux


Kirill Petrenko célébré

Après s'être retirés, discrètement cette fois, les Philharmonistes de Berlin ont choisi Kirill Petrenko comme prochain directeur musical, à partir de 2018. La fin de l'ère des chefs à vie. Tout le monde en a parlé, et je ne comptais pas en rajouter inutilement, mais je suis à la fois surpris et très intéressé – donc je cause.

Comme déjà signalé à plusieurs reprises, le Philharmonique de Berlin n'est pas du tout l'orchestre qui m'intéresse le plus, même pas à Berlin, où le DSO Berlin (ex-RIAS) et la Radio (ex-Radio-Est) me fascinent infiniment plus, aussi bien par leurs qualités propres (grain, couleurs) que par leur répertoire (plus aventureux, bien que Berlin ait beaucoup exploré sous Abbado et Rattle) ou leurs chefs permanents.

Mais la nomination de Petrenko m'étonne, et pas seulement parce qu'il est jeune, a surtout dirigé du répertoire lyrique (voilà qui va radicalement changer, pour une proportion facilement inverse !) et avait plus ou moins laissé entendre qu'il n'était pas particulièrement intéressé : c'est la première fois, au moins depuis la mort de Furtwängler (on trouve mille trucs sur sa vie au temps des nazis, mais les infos sont beaucoup plus rares sur ses débuts… je n'ai pas pris le temps de chercher) que leur choix se porte sur le meilleur musicien ! Karajan, Abbado et Rattle n'étaient vraiment pas les meilleurs chefs de leur temps à la date où ils ont pris les commandes – ils se sont bonifiés, il est vrai, et sans doute d'autant plus grâce au long partenariat avec des musiciens de niveau extraordinaire. Mais Abbado au début des années 90 et Rattle au début des années 2000 étaient tout sauf des dieux incontestables de la baguette. Karajan avait un potentiel plus perceptible, mais son style idiosyncrasique ne s'est affirmé qu'une fois en poste définitif.

Les Berliner ont une clause de compétence universelle : ils choisissent les candidats, qui n'ont pas leur mot à dire. La seule chose qu'ils puissent faire, c'est accepter ou refuser. Il n'y a pas de candidatures officielles comme aux postes habituels de directeur musical. Cela explique assez largement les spéculations un peu nébuleuses qui ont afflué, et aussi la fuite sur Andris Nelsons, annoncé vainqueur avant la fin du scrutin lors de la dernière réunion, et qui a manifestement bel et bien été choisi avant de décliner (certains musiciens s'étant un peu trop tôt précipités sur les réseaux pour annoncer la victoire de leur chouchou).

Vu le style cursif et peu intrusif de Petrenko, je le voyais mener une carrière discrète de kapellmeister tournant avec des orchestres de région, façon Klaus Weise, Max Pommer, Günter Neuhold ou George Cleve (des modèles absolus pour moi : cursifs et animés, qui vont droit à la musique et au drame), tandis que son homonyme Vasily semblait capter toute la lumière (alors qu'il me paraît infiniment moins intéressant). Notamment en matière discographique, où Kirill n'a quasiment rien laissé.
Je l'avais entendu pour la première fois dans son Dalibor de 2004 avec la Radio de Vienne, où son élan, la simplicité de son trait, la clarté de ses plans, mais aussi la beauté lyrique de ses phrasés m'avaient beaucoup séduit. Pour le Ring à Bayreuth, tout récemment, on entendait les mêmes qualités de lyrisme lumineux qui n'occulte surtout pas les plans internes et la logique formelle. De ce fait, il y a peu à redouter de sa conversion dans le répertoire symphonique, vers lequel, vu ses qualités proprement musicales, il ne pouvait qu'être tenté, au moins pour une partie de sa carrière, de se diriger.

À ses qualités propres, il faut ajouter, du côté du répertoire, des habitudes assez rassurantes : lorsqu'il est venu diriger Berlin, il a joué une très généreuse Deuxième Symphonie d'Elgar (voir les extraits en vidéo et même, en 2012, deux Rudi Stephan dans le même concert (autre vidéo) ! Voilà qui augure grandement de la poursuite de l'exploration d'un vaste répertoire, en particulier les mouvements « décadents » germaniques et mitteleuropéens, favorisée par Rattle.

Pour toutes ces raisons, j'ai beau ne pas placer du tout les Berliner Philharmoniker dans mes orchestres chouchous, je risque d'être assez attentif à ce qui s'y passera dans les prochaines années.

Et celui-là, on ne peut vraiment pas dire qu'il ait été choisi pour l'image !

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Les Scènes Historiques de Sibelius

Plutôt bien servies au disque (Barbirolli, N. Järvi, Berglund, Bostock, Rasilainen, Inkinen, Gibson…), mais assez peu célèbres, étrangement.

Ces pièces sont écrites en 1899 à l'occasion d'une sorte de célébration nationaliste au profit du Fond de Pension de la Presse, alors que la tutelle russe tendait à museler ou fermer les journaux. Parmi la musique « de scène » écrite pour le spectacle, Sibelius en tire une première Suite de trois pièces en 1911 puis, en 1916, une seconde, réutilisant les matériaux originaux avec une certaine liberté. À part est publiée la seule pièce à être restée célèbre, Finlandia, qui est à mon avis d'assez loin la moins raffinée des sept.


Car le langage qu'on entend, certes direct et évocateur, mais avec une assez grande variété, se mesure à la subtilité non pas des poèmes symphoniques, mais des symphonies elles-mêmes – on y retrouve beaucoup de traits d'harmonie, d'orchestration, de traitements motiviques très proches des symphonies 1, 2, 3 et 5.

Réellement à entendre. La version Rasilainen avec la Radio Norvégienne est bien sûr d'une aération et d'une coloration formidables, un premier choix, mais Pietari Inkinen et le Symphonique de Nouvelle-Zélande, en écoute ci-dessus, demeurent comme d'habitude une très belle référence.

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Blandine Staskiewicz seria

Bien qu'écoutant assez peu de récitals, a fortiori de seria, impossible de passer à côté du disque de Blandine Staskiewicz, immortelle Aréthuse (Proserpine de Lully), Callirhoé (Destouches), Sémélé (Marais), Ottone (Griselda de Vivaldi) Lucette (Cendrillon de Massenet), l'une des plus grandes déclamatrices de notre temps…

[Si bien qu'on aurait davantage aimé un récital de grands récitatifs du XVIIe au XXe, un peu à la façon des Tragédiennes de Gens-Rousset, mais c'était sans doute un peu trop demander pour un disque qui a dû être financé par crowdfunding !]

Et le résultat est impressionnant.


Le programme en lui-même, malgré son principe intéressant (étudier la tempête dans le seria), aboutit finalement à une collection assez dépareillée d'airs dont le rapport est parfois assez lâche avec le sujet (ainsi l'architube Ombra mai fu, qui ne fait qu'une allusion dans son récitatif liminaire aux orages auxquels le platane a résisté… mais d'autres plus rares ne sont pas toujours plus pertinents). Si bien qu'alors qu'on pourrait attendre une collection proprement fulgurante, on se retrouve face à un récital traditionnel, qui a plutôt le mérite inverse, celui d'être très varié en caractère – et c'est plutôt un atout, surtout pour un genre aussi homogène de l'opera seria.

La sensation vient plutôt des interprètes : la voix de Staskiewicz, légèrement nonchalante autrefois, a gagné en tonicité tout en conservant son timbre pharyngé très expressif (qui évoque une couleur très personnelle de voix parlée – alors qu'elle parle ne parle pas avec ce timbre-là) qui fait tout son charme. L'agilité est devenue très impressionnante, les trilles sont parmi les plus beaux qu'on puisse entendre actuellement (pas faits en vibrato, assez nettement articulés à timbre homogène), le passage, souvent criaillant chez les concurrentes (très audible dans Agitata da due venti où Bartoli et Cangemi tendent à « aboyer » leurs notes-charnières), est ici remarquablement lissé.
Plus important et plus difficile, on admire la souplesse du déhanché et de l'expression (qui en doutait ?), le tout couronné par des diminutions très différentes de la première énonciation du thème (loin des changements cosmétiques qu'on entend d'ordinaire), et d'une beauté mélodique (chose plus rare encore) au moins égale à la partie écrite par le compositeur.

Par ailleurs, parmi les airs moins célèbres, superbe Porpora agité (« Spesso di nubi cinto » dans Carlo il Calvo), superbe Vivaldi suspendu (« Sovente il sole » dans Andromeda liberata).

Je voyais mal l'intérêt, dans un récital discographique où la chanteuse n'a pas besoin de se reproser, d'introduire l'Ouverture d'Agrippina, mais je dois avouer qu'elle offre, surtout jouée avec ce grain chambriste mais non sans rondeur, une respiration enchanteresse au sein d'un programme intense (où elle s'intègre avec grande évidence).

Cela fait beaucoup de vertus pour un récital de seria, au delà de la simple jubilation glottologique : non seulement l'exécution en est immaculée et l'incarnation expressive, mais les variations des da capo sont soignés et inspirés comme (très) rarement.

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À bientôt pour de nouvelles aventures – pour tous ceux qui ne craignent ni les Russes, ni la Glotte.


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Commentaires

1. Le mercredi 24 juin 2015 à , par Faust

Bonjour

Les Berliner sont un orchestre fabuleux avec, en concert, un engagement, une force que je trouve toujours extraordinaires ! Mais, il y a beaucoup d'orchestres excellents sur la planète. Pour les entendre en France, il faut qu'ils puissent trouver le financement d'une tournée, ce qui n'est pas toujours possible ou encore enregistrer suffisamment et être correctement distribués.

Il est néanmoins difficile de dire ce qui se passera avec ce choix un peu inattendu de Petrenko, non pas musicalement, car, comme vous le dites, ce devrait être excellent, mais dans la politique globale de cet orchestre.

C'est, par principe, une excellente chose que ce soit l'orchestre qui décide du choix initial de son chef, et donc, ensuite, de poursuivre ou d'arrêter.

J'aurais évidemment préféré entendre le Ring des Berliner dirigé par Petrenko plutôt que par Rattle ... il y a quelques années !

Je ne sais pas si les Berliner de 1922 ont réellement choisi Furtwängler. Arthur Nikisch venait de mourir. Il dirigeait le Gewandhaus de Leipzig et Berlin. Furtwängler étant nommé au Gewandhaus de Leipzig, il a aussi succédé à Nikisch à Berlin en ces temps troublés. Il avait débuté à Mannheim en 1915, mais il était déjà considéré comme un grand chef avant d'être nommé à Leipzig et Berlin.

Je présume aussi que l'orchestre philharmonique de Berlin ne veut pas revenir à la période Karajan ou, tout de même, vers la fin, alors qu'il était en très mauvaise santé, leurs relations étaient, je crois, assez tendues. La période où les chefs étaient nommés " à vie " est révolue.

Mais, ils ont quand même un système un peu bizarre qui consiste à choisir l'heureux élu d'abord et à voir ensuite s'il est disponible !

2. Le jeudi 25 juin 2015 à , par David Le Marrec

Bonjour Faust !

Oui, je suis assez persuadé qu'ils emporteraient toute mon adhésion en vrai, parce qu'ils ont pour eux, contrairement à d'autres orchestres éminemment virtuoses, une sorte de chaleur et d'engagement qui demeurent toujours palpables (même si la sécurité absolue enlève un peu, je trouve, à la tension d'orchestres plus limités qui se dépassent le soir du concert).

Mais en France, ils ne se produisent qu'une fois par an à Paris, dans des archi-scies à prix en plus nettement majorés. Payer plus cher pour entendre un orchestre que je n'aime pas plus qu'un autre dans un répertoire déjà mille fois entendu, ça me tente modérément. J'ai néanmoins essayé quelquefois, lorsque j'aime particulièrement une de ces œuvres célèbres (j'avais essayé pour la Deuxième de Mahler, et la saison prochaine j'aurais même été prêt à ridiculiser ma réputation d'audace en allant écouté un bout d'intégrale Beethoven)… mais les places sont très difficiles à obtenir, car tout le monde se précipite dessus, pour ajouter à l'impossibilité.

Bref, les Philharmoniker, ce sera peut-être un jour, si je me déplace entendre Der arme Heinrich ou Die ersten Menschen à Berlin…

Effectivement, leur système est un peu étrange (comme pour les élections municipales d'autrefois, avec listes biffables), mais pas inintéressant… en tout cas, ils obtiennent un véritable partenaire, au moins sur le projet (quitte à être un tyran élu, que ce soit au moins sur un programme consenti), et une couverture publicitaire considérable.

Merci pour toutes ces précisions sur la période pré-Furtwängler, que je n'ai pas étudiée – il est vrai que vu le faible nombre de témoignages de Nikisch, leur faible qualité sonore (et, à mon sens, leur intérêt musical limité), ça n'incite pas trop à amasser de l'érudition sur le sujet.

Sinon, je ne l'ai pas mentionné, mais après recherche, Kirill petrenko a très peu enregistré :

¶ Trois volumes Suk pour CPO (2004, 2008 et 2012, en cours de réédition en coffret) avec son orchestre du Komische Oper.
¶ Deuxième Concerto de Rachmaninov chez Channel Classics (avec le LPO) .
¶ Palestrina de Pfitzner chez Oehms (avec l'Opéra de Francfort).

Mais ça révèle déjà un profil, pas vraiment le genre à ne jouer que les quatre scies germaniques toute sa vie. Pas Thielemann, quoi.

3. Le jeudi 25 juin 2015 à , par Faust

Donc, je serai ridicule la saison qui vient ! Je n'ai évidemment pas opté pour l'intégrale ... Mais, je n'ai pas résisté à l'envie de les entendre au moins une fois la saison prochaine ! Ceci étant, je ne vois toujours pas l'intérêt de leur avoir demandé une intégrale Beethoven dirigée par Rattle !

Je ne sais pas si l'on dispose d'une vraie biographie de Furtwängler, au demeurant pas très facile à faire pour la période où il prend la direction des Berliner. Il avait la réputation d'avoir une battue particulièrement imprécise. Mais, il fait partie des très rares chefs qui ont leur propre son, totalement inimitable.

Je crois que le règne des tyrans à la Toscanini est totalement révolu !

4. Le mercredi 1 juillet 2015 à , par David Le Marrec

Bonsoir Faust !

Pardon pour le délai de réponse.

Non, bien sûr, il n'y a rien de ridicule là-dedans – s'il y a bien UN symphoniste qui mérite d'être surreprésenté au concert, c'est bien Beethoven. Je parlais seulement du décalage entre l'identité de CSS qui va souvent chercher les œuvres rares (et aborde les autres par des détours), et ma consommation personnelle de concerts, largement constituée de raretés, mais où je ne dédaigne pas les plaisirs simples et exaltants comme une symphonie de Beethoven – d'ailleurs j'étais à Radio-France samedi pour la Deuxième avec Koopman et le Philhar, excellent moment !

Je trouve les Beethoven symphoniques de Rattle très bien (Fidelio m'avait considérablement moins convaincu).


Il avait la réputation d'avoir une battue particulièrement imprécise. Mais, il fait partie des très rares chefs qui ont leur propre son, totalement inimitable.

Oui, c'était volontaire semble-t-il, pour conserver une forme de fébrilité chez ses musiciens. Et certains soirs, ça fonctionne incroyablement ! (quasiment tous ses studios sont d'une rigidité mortifère en revanche… à part la Quatrième de Schumann, je ne vois pas trop ce que je recommanderais)

Ses détachements des bois du spectre de l'orchestre m'ont toujours fasciné, mais c'est effectivement ce son dense et rocailleux de cordes (quoique brouillon, donc) qui a fait son empreinte sonore.


Je crois que le règne des tyrans à la Toscanini est totalement révolu !

Le milieu reste extrêmement hiérarchisé (témoin la déclaration du violoncelle solo de New York qui revendiquait très tranquillement que l'orchestre jouait délibérément sa propre version sans suivre le chef s'il n'avait pas une réelle impulsion un peu autoritaire), mais les musiciens ne suivraient plus des chefs aussi violents que Toscanini, je le crois aussi.


Sinon, à propos de l'auditorium de Radio-France : de tout en haut, comme je l'espérais, on entend très bien, en particulier côté cour (il y a un écho sur les violons côté jardin). Très bonne surprise !
Très correctement rempli, mais c'était samedi soir avec un programme Haydn-Mozart-Beethoven… D'ailleurs le public applaudissait entre les mouvements, j'étais étonné de voir une clientèle de non habitués (de tous âges, incluant les rangs de première catégorie) venir à Radio-France. Ça fait plaisir (sauf aux quelques fâcheux qui essayaient de leur interdire d'applaudir).

5. Le samedi 4 juillet 2015 à , par Faust

Bonjour

Si, j'aurais pu m'abstenir pour Rattle dans Beethoven !

Je ne doute pas que le concert du Philharmonique dirigé par Koopman ait été intéressant, y compris sur le plan acoustique. J'étais allé cette saison à un concert similaire avec les mêmes. Avec Koopman, le Philharmonique s'efforce de jouer comme un orchestre sur instruments d'époque (je suis quand même assez partagé sur le résultat). Je présume que l'effectif n'était pas considérable ? Donc, cela sonne bien dans la salle et vraiment très bien au dernier étage. C'est l'un des paradoxes de cette salle. Mais, dans le grand répertoire romantique, cela vous enlève toute émotion et, parfois, cela sature un peu ! Mon dernier concert de la saison avec eux était l'un des derniers concerts de Chung qui n'était vraiment pas exaltant. Hormis les remarquables solos de trompette d'Alexandre Baty, la 5ème de Mahler vue par Chung est vraiment sans intérêt, le tout étant encore aggravé par l'acoustique sèche de la salle.

Concernant les applaudissements entre les mouvements, que l'on retrouve aussi parfois à la Philharmonie, je trouve cela assez drôle. C'est Lamoureux, au XIXème siècle qui a entrepris de discipliner les spectateurs qui, avant lui, applaudissaient (ou sifflaient) entre les mouvements ou demandaient même de bisser tel ou tel mouvement ! Lamoureux a aussi beaucoup oeuvré pour l'exécution des oeuvres de Wagner en France. Il va de soi que l'on n'interrompt pas l'exécution d'une oeuvre de Wagner ...

Depuis l'entre-deux-guerres - ou un peu avant ? - les chefs sont encensés et sont devenus de véritables idoles. Ils en arriveraient presque à éclipser les compositeurs. Mais, ils sont, comme les musiciens, des professionnels de la musique. Ils se retrouvent entre professionnels et si le chef n'est pas considéré par l'orchestre comme un bon professionnel, cela ne peut pas marcher. C'est ce qu'exprime assez brutalement ce violoncelle solo du Philharmonique de NY. Si cela est récent, je présume qu'il visait - directement ou indirectement - l'actuel titulaire du poste, Alan Gilbert ...

6. Le mardi 7 juillet 2015 à , par David Le Marrec

Bonjour Faust !


Avec Koopman, le Philharmonique s'efforce de jouer comme un orchestre sur instruments d'époque (je suis quand même assez partagé sur le résultat). Je présume que l'effectif n'était pas considérable ? Donc, cela sonne bien dans la salle et vraiment très bien au dernier étage. C'est l'un des paradoxes de cette salle. Mais, dans le grand répertoire romantique, cela vous enlève toute émotion et, parfois, cela sature un peu ! Mon dernier concert de la saison avec eux était l'un des derniers concerts de Chung qui n'était vraiment pas exaltant. Hormis les remarquables solos de trompette d'Alexandre Baty, la 5ème de Mahler vue par Chung est vraiment sans intérêt, le tout étant encore aggravé par l'acoustique sèche de la salle.

Flûte, j'espérais que c'était l'emplacement qui empêchait ce plafonnement des épanchements… Si ça ne change rien pour les gros effectifs, c'est dommage.

De mon côté, j'ai beaucoup aimé la lecture de Koopman : il travaillait sur l'allègement du spectre au lieu de s'intéresser à la tension, mais ça fonctionnait assez bien, en particulier dans Beethoven. Et puis dans le scherzo, le sens de la danse était vraiment inimitable.
Ce n'est pas une référence absolue : on pouvait trouver un peu plat le rapport entre attaques et tenues – le grain reste le même au début et sur la tenue du son, comme chez Hogwood par exemple –, ce n'était pas forcément très urgent, mais ça restait très cohérent et convaincant. De toute façon, une symphonie de Beethoven, ça se rate difficilement, surtout si le chef a un minimum de maîtrise et de choses à dire.


Concernant les applaudissements entre les mouvements, que l'on retrouve aussi parfois à la Philharmonie, je trouve cela assez drôle. C'est Lamoureux, au XIXème siècle qui a entrepris de discipliner les spectateurs qui, avant lui, applaudissaient (ou sifflaient) entre les mouvements ou demandaient même de bisser tel ou tel mouvement ! Lamoureux a aussi beaucoup oeuvré pour l'exécution des oeuvres de Wagner en France. Il va de soi que l'on n'interrompt pas l'exécution d'une oeuvre de Wagner ...

Hier, pour Lecouvreur, le chef (Oren) avait carrément bidouillé la partition (en conservant un bout d'orchestration avant, un bout après) pour permettre d'applaudir les ariosos… Mais j'y suis résigné, c'est le répertoire glottophile italien, on ne peut rien contre ça, c'est comme applaudir les décors pour l'opérette ou les variations pour le ballet, ça fait partie du genre.

(jamais entendu d'explosions après les Wääääääääääääääääälse d'ailleurs, alors que c'est pour partie le même public glottocompatible)


Ils se retrouvent entre professionnels et si le chef n'est pas considéré par l'orchestre comme un bon professionnel, cela ne peut pas marcher. C'est ce qu'exprime assez brutalement ce violoncelle solo du Philharmonique de NY. Si cela est récent, je présume qu'il visait - directement ou indirectement - l'actuel titulaire du poste, Alan Gilbert ...

Non, c'était plutôt pour dire que l'autorité et la vision personnelle étaient indispensables chez un chef : il précisait qu'un jeune chef invité qui commençait par dire qu'il était très honoré de travailler avec le NYP n'était déjà plus écouté. Les musiciens attendent manifestement un leader, pas un co-interprète accommodant.

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David Le Marrec

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