Le Lied en français – XXVI – Erstarrung (Winterreise n°4)
Par DavidLeMarrec, lundi 17 février 2014 à :: Projet lied français :: #2417 :: rss
Enjeux
Dans Erstarrung, on ressent particulièrement l'écart prosodique entre le français et l'allemand, plus concis, et surtout doté de syllabes faibles plus fortes, qui peuvent être affirmées musicalement (alors qu'il faut les dissimuler en français). Dans cette perspective, je n'ai pas dédoublé les notes pour certains « -e » de fin de mot, laissant au chanteur le soin de le faire plus discrètement que s'il était noté comme une moitié ou un quart de la valeur ; il est évident que pour un cycle du premier romantisme, il est cependant indispensable de les prononcer.
Et comme d'ordinaire, essayer d'éviter les temps accentués pour les nombreuses prépositions françaises (au sens souvent moins fort que les prépositions-adverbes qui précisent les verbes allemands) est une part importante de la gageure.
Peu d'adaptations rythmiques ont été nécessaires, à l'exception de quelques groupes écrits pour une seule syllabe, utilisés comme plusieurs syllabes pour pallier la longueur supplémentaire du français. Néanmoins, les moments importants (comme la ligne aiguë qui donne bonne part de son caractère à la pice) ont été préservés tel qu'écrits.
Comme toujours : le poème n'est pas fait pour être lu comme une traduction de Müller (ce ne sont pas des vers métriques, pour commencer !), mais pour être entendu comme une version française d'un lied de Schubert-Müller. Par ailleurs, les images et la relative niaiserie de celui-ci sont particulièrement cruels lorsqu'on veut le traduire – de façon inférieure à l'original, et en rendant ses naïvetés encore plus audibles pour le francophone.
Celui-ci, en particulier, n'est pas fabuleux en français, mais après l'avoir plusieurs fois récrit intégralement, il fait toujours saigner des yeux. En revanche, il me semble qu'une fois chanté, l'ensemble se défend – imparfaitement, mais l'original est bizarre aussi (même du côté de Schubert, cette prosodie un peu difforme sur ce texte fragile...).
Poème
Erstarrung / Pétrification
J'ai cherché dans le givre
L'empreinte de ses pas,
Lorsqu'au bras qui m'enivre
Nous traversions les champs plein d'appas.Je veux toucher l'acanthe,
Et creuser les rocs glacés
De larmes brûlantes
Et voir la terre, froide et lassée.Où trouver la jacinthe,
Où trouver les prairies ?
Les fleurs se sont éteintes,
Les herbes sont flétries.Ne puis-je quelque image
Emporter loin de ces lieux ?
Quand mes douleurs seront sages,
Qui me parlera de ses yeux ?Mon cœur est comme gelé,
L'image reste froide,
Que vienne le dégel souhaité,
Que fonde enfin l'image roide.
Partition
Laissons la Vertu triompher :
La ligne vocale française est disponible au format PDF sur le serveur de CSS.
On peut télécharger librement et dans le respect de la législation française les éditions du tournant du vingtième siècle publiées sur IMSLP. La ligne vocale se greffe exactement sur l'accompagnement.
Comme précédement : sur demande, je peux fournir une version adaptée à la tonalité de votre choix, ou collaborer sur les sources LilyPond.
Lorsque le travail sera fini, je proposerai sans doute plusieurs versions du cycle à différentes hauteurs.
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