[Sélection lutins] Dix disques de piano
Par DavidLeMarrec, samedi 26 janvier 2013 à :: Goblin Awards, Sélection Lutins & Putti d'incarnat - Disques et représentations - Le disque du jour - Domaine chambriste - Discographies :: #2182 :: rss
Question posée : dix disques représentant des sommets de l'interprétation pianistique, ou en tout cas des aboutissements notables. Comme la réponse peut être un peu plus originale que les rayons de la FNAC, j'ai eu la fantaisie d'y répondre.
Tentative de sélection de dix disques majeurs pour moi, à la fois des oeuvres majeures et des exécutions particulièrement marquantes.
Bach - Suites Anglaises - Murray Perahia (CBS)
=> Lecture à la fois méditative et sensible aux inégalités et à la danse, une gravure légendaire à juste titre.
Rameau - Suite en sol et Suites en la - Alexandre Tharaud (HM)
=> Tharaud réinvente le toucher du clavecin sur un piano : de vrais trilles progressifs et organiques, une inégalité subtile, de la danse et de l'espièglerie partout. Absolument fascinant - ce qu'il fait est en principe techniquement impossible sur un piano.
La Suite d'hommage à Rameau (par Mantovani pour l'allemande, Connesson pour la courante, Pécou pour la sarabande, Campo pour les Trois Mains, Maratka pour la Triomphante et Escaich pour la gavotte) intercalée entre les mouvements de la seconde suite en la, et donnée seulement en concert, était également fascinante.
Bruckner - Adagio en ut dièse mineur - Fumiko Shiraga (BIS)
=> La réduction du mouvement lent de la Septième Symphonie, par Bruckner lui-même. Shiraga obtient des colorations incroyables, recréant l'orchestre de façon crédible au piano - là aussi, c'est en théorie inaccessible.
Debussy - Intégrale - François-Joël Thiollier (Naxos)
=> Parmi l'immensité de versions remarquables de Debussy, Thiollier se dégage à la fois comme l'une des plus inspirées et des plus singulières. Beaucoup de pédale, mais avec un grand niveau de détail et de phrasé dans ce brouillard assumé.
Koechlin - Les Heures Persanes - Herbert Henck (Wergo)
=> A oeuvre poétique, lecture poétique. La prise de son assure en outre une très grande profondeur des graves, remarquablement enveloppante.
Tournemire - Préludes-Poèmes - Georges Delvallée (Accord)
=> Parmi les oeuvres les plus virtuoses jamais écrites pour piano, mais avec un pouvoir d'évocation exceptionnel. Delvallée, plus célèbre comme organiste, émerveille par sa maîtrise olympienne, avec un son très dense.
Decaux - Clairs de lune - Marc-André Hamelin (Hyperion)
=> Ascétiques (avant la dernière pièce), explorant l'atonalité dès 1900, ces Clairs de lune mystérieux constituent un des corpus les plus fascinants pour l'instrument. Hamelin y ajoute son éloquence propre.
Hahn - Le Rossignol Eperdu - Earl Wild (Ivory Classics)
=> Long ensemble de plus de deux heures, aux atmosphères et aux techniques extrêmement diverses, une sorte de résumé de l'art du piano, dans l'interprétation d'un grand virtuose célèbre dans le "grand répertoire".
Roslavets - 5 Préludes - Tatyana Lazareva (Chandos)
=> Singularité et étrangeté de cette musique rendues évidentes - ce n'est pas une musique qui fonctionne "seule" (elle est même assez décevante à lire, semblant errer "gratuitement"), et Lazareva la sert remarquablement.
Takemitsu - Oeuvres hors reniées - Paul Crossley (CRD)
=> Crossley constitue le sommet de la maîtrise du discours et des textures dans les pièces pourtant invertébrées de Takemitsu (1,2,3,4,5,6,7). Grand moment de poésie. Pour les pièces de prime jeunesse, il faut se tourner vers le disque de Fukuma, le second plus intéressant
Boulez - Notations - David Fray (Virgin)
=> L'une des oeuvres les plus immédiatement belles et intelligibles de Boulez (avec lesquelles il a d'ailleurs signalé sa prise de distance). Les strates de cette musique sont exceptionnellement rendues ici, avec un résultat aussi éloquent et coloré que la version orchestrale.
Je n'ai pas pu ajouter ceux-ci, parce que même s'il s'agit d'excellentes versions d'oeuvres fantastiques, le critère de l'interprétation exceptionnelle n'est pas complètement rempli - en tout cas avec moins de singularité que dans les cas précédents.
Sibelius - Op.58 et autres - Gimes (Naxos)
Schmitt - Crépuscules et Ombres - Wagschal (Saphir)
Barber - Sonate - Pollack (Naxos)
Album The Ocean that has no West and no East : Webern, Wolpe, Messiaen, Takemitsu, Knussen, Lieberson et Wuorinen - Peter Serkin (Koch)
(J'aurais volontiers mentionné les Etudes de Ligeti, mais je n'ai écouté qu'Idil Biret en intégralité... et je ne développerai pas ici mon opinion sur son style pianistique.)
Et puis s'il faut compléter par d'autres grands disques de piano sur des répertoires moins essentiels :
Beethoven - Dernières Sonates - P. Serkin (Musical Concepts)
Chopin - Nocturnes - Ohlsson (EMI)
Chopin - Ballades - Vásáry (DG)
Brahms - Pièces tardives - Katchen (Decca)
Pierné - Variations, Passacaille - Wagschal (Timpani)
Ravel - Miroirs - Bavouzet (MDG)
Enfin, quelques disques où le piano n'est pas seul, mais où le pianiste a volé la vedette :
Schubert - Die Schöne Müllerin - Gothóni (Ondine, pas BIS)
Schubert - Die Schöne Müllerin - Deutsch (Decca)
Schubert - Die Winterreise - Richter (Philips)
Chopin - Concertos pour piano - Zimerman (DG)
Liszt - Via Crucis - De Leeuw (Philips)
Mendelssohn-Schumann-Reger - Lieder en duo - Deutsch (Capriccio)
Fanny Mendelssohn-Clara Wieck-Alma Schindler - Pöntinen (BIS)
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On peut aussi se reporter à notre sélection d'oeuvres autour du piano solo.
Commentaires
1. Le lundi 27 mai 2013 à , par Dégremont
2. Le mercredi 29 mai 2013 à , par François
3. Le jeudi 30 mai 2013 à , par David Le Marrec
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