Carnets sur sol

Ainsi derrière ce couple (en est-ce un, d'ailleurs, vu la pose un peu pétrifiée de celle qui tient son café ?) qui s'embrasse de façon pas particulièrement impudique par rapport à la norme française, on peut observer des visages où se lit, mieux que sur n'importe quelle argumentation, ce qui est, je crois, l'argument principal des opposants à ce type de législation libérale : mais cela ne se fait pas !

Et malgré les prétentions « apolitiques » et « aconfessionnelles » d'Alliance Vita ^[1], l'on entend les voix sincèrement suffoquées et l'on sent la rage viscérale de ceux qui se conforment à leur morale apprise. Un processus assez proche du racisme, les gens haïssent aisément ce qu'ils ne connaissent pas. En dehors des situations de cohabitation conflictuelle (où la généralisation est logique à défaut d'être vraie ou légitime), le racisme et l'homophobie sont comme par hasard bien plus vivaces dans les endroits où l'on ne voit pas beaucoup de gens correspondant à la catégorie détestée.

Vraiment le bon cliché, bravo !

Bien sûr, cela ne concerne qu'une certaine gamme d'arguments, et même qu'une certaine gamme de militants, mais je reste admiratif du pouvoir révélateur de cette image - surtout que ce type de rejet "moral" / "culturel" concerne, j'ai l'impression, la majorité des réticents.

(Sur le fond du débat, personne n'ayant de recul, personne ne sait. ^[2] Mais il me paraît assez évident que confier des enfants à des gens qui, contrairement aux hétéros, ne sont pas soumis mécaniquement à la fécondité, est une preuve de bonne volonté extrêmement rassurante. Je suis d'ailleurs très étonné que les associations ne fassent pas valoir cet argument déterminant, lorsqu'il y a tant d'enfants non désirés qui, eux, sont autorisés à naître et à souffrir. Dans cette perspective, je ne serais pas étonné que, dans le futur, les familles homoparentales représentent une forme de vitrine du luxe éducatif, au même titre que les autres types d'adoption.)